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APPLICATION

De la flamme perdue des fours à réchauffer le fer au chauffage des générateurs de machines à vapeur destinées à faire mouvoir les appareils de fabrication.

Par M. EUGENE FLACHAT.

Le régime des cours d'eau qui servent de moteur au plus grand nombre des forges françaises devient de plus en plus variable.

Le déboisement et les progrès de la culture favorisent l'écoulement presque immédiat des eaux qui tombent sur la surface de la terre, de sorte que les pluies les plus abondantes n'entretiennent plus les cours d'eau que très-peu de jours après qu'elles ont cessé.

Lorsque quelques chaleurs précoces viennent fondre, dans les premiers jours du printemps, les neiges qui couvrent les montagnes, les crues deviennent très-considérables; mais dès les premiers jours de sécheresse le volume des cours d'eau se réduit notablement et devient insuffisant comme moteur.

Il faut alors que les usines auxquelles ils distribuaient leur force cessent leur fabrication.

Ces chômages sont très-dispendieux ; ils entraînent pour le fabricant des pertes d'intérêt du capital dont ses établissements représentent la valeur, des pertes sur ses ouvriers, et enfin des pertes pour la remise en train de ses usines. Cependant l'emploi d'autres moteurs que les Tome XVII, 1840.

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cours d'eau pour suppléer à l'insuffisance de ceuxci répugne toujours beaucoup au fabricant à cause de la cherté du combustible.

Pour la fabrication de la fonte, le combustible employé par les machines soufflantes mues par la vapeur peut aller de la moitié aux deux tiers du poids de celui qui entre dans les hauts-fourneaux. L'application de la flamme sortant par le gueulard des hauts-fourneaux, au chauffage des générateurs de vapeur, a produit l'économie entière du combustible employé pour les machines soufflantes.

Pour la fabrication du fer, la proportion du combustible employé pour la partie chimique de la fabrication, et celle employée à la génération de la vapeur des machines motrices sont ordinairement comme à 0,6 ou 0,8.

Cette proportion indique comme on le voit une part bien considérable pour le combustible employé comme moteur dans la fabrication du fer; la difficulté est de trouver cette quantité de combustible dans des pays où le bois devient de plus en plus rare et cher, et suffit à peine à la partie chimique de la fabrication de la fonte et du fer; la cherté de la houille dans la plupart des pays de forge ne permet pas d'ailleurs de l'employer pour les machines à vapeur.

Aussi l'application des flammes perdues des gueulards des hauts-fourneaux, des fours à puddler et à réchauffer le fer à la génération de la vapeur des machines motrices a-t-elle été tentée fréquemment, mais les essais n'avaient pas réussi.

A Imphy une machine de 120 chevaux a été établie; cinq fours à puddler ou à réchauffer, et deux feux d'affinerie envoient encore aujourd'hui

leur flamme sous plusieurs chaudières, mais leur produit en vapeur est insuffisant et une chaudière chauffée par une chauffe spéciale est annexée à ces appareils.

Il en est de même à Fourchambault qui a suivi l'exemple d'Imphy.

A Châtillon-sur-Seine le même système a été établi.

En Angleterre enfin, cette application, telle qu'elle est décrite par MM. Coste et Perdonnet, n'avait pas eu un succès plus étendu.

On conçoit d'après cela que les propriétaires de forges mues par des cours d'eau, aient reculé devant les dépenses considérables d'établissement des machines et de leur alimentation en combustible.

Un pareil système n'était pas un remède à la difficulté de leur position.

Parmi les forges qui peuvent être placées au premier rang par l'importance et la qualité de leurs produits, et qui sont le plus exposées à souffrir du chômage résultant des variations des cours d'eau moteurs, se trouvent les forges d'Abainville; l'Ornain, sur lequel ces forges sont situées et dont les sources sortent de l'oolithe moyenne, est tellement variable que pendant près de quatre mois de l'année la force motrice qu'il fournit à l'usine n'est pas de plus du quart de celle que peuvent absorber les différents moteurs hydrauliques qu'il fait mouvoir; le développement considérable de la fabrication dans ces usines, inspira donc à leur propriétaire, M. Muel-Doublat, la pensée de suppléer à l'insuffisance momentanée de son cours d'eau, par l'emploi d'une machine à vapeur chauffée par la chaleur perdue des fours à

réchauffer le fer. Il n'avait pas d'abord l'espoir que l'on pût parvenir sans l'emploi d'une chauf ferie spéciale à engendrer toute la vapeur nécessaire à la machine; mais l'expérience conduisit à un résultat que l'on n'avait pas osé espérer, celui de tirer de la chaleur perdue de deux fours à réchauffer, toute la vapeur nécessaire à une machine de cent chevaux.

Cet exemple a depuis été heureusement imité dans les forges de Sionne, appartenant à M. Gustave Muel, frère de M. Muel-Doublat; une machine de trente-cinq chevaux y est chauffée par la chaleur perdue de plusieurs fours.

Dans les forges de Montataire, M. Bineau, ingénieur des mines, après avoir examiné les appareils d'Abainville, a établi sur des dispositions à peu près analogues, une machine de 60 chevaux, chauffée par la chaleur perdue de plusieurs fours à réchauffer le fer.

Pareil établissement a été fait à Tronçay, par M. Cavé, pour une machine de 50 chevaux.

Ce n'est donc pas une amélioration d'une application exceptionnelle dont il s'agit ici, mais bien confirmée par une expérience de trois années et par des applications nombreuses. La description des appareils construits à Abainville, nous a paru devoir être précédée de quelques indications succinctes sur l'ensemble de cet établissement.

MINIÈRES.

Quatre gîtes de minerais de fer, dits de roche, sont en exploitation, savoir :

1° Ormançon.
2° Ribeaucourt.
3° Montreuil.

Un quatrième gîte est exploité par concession dans les bois de la commune de Tréveray.

LAVOIRS.

Des concessions de lavoirs à mines près des terrains à mines, existent en nombre suffisant pour les besoins des usines dans les terrains de Montreuil et Ribeaucourt, ainsi que dans le val d'Ormançon.

BOCARDS ET PATOUILLETS.

Le nombre de bocards exploités par les forges est de quatre, savoir :

1° Un bocard à 16 pilons et 2 cuves de patouillets, dans le val d'Ormançon.

2o Un bocard de 8 pilons et 2 cuves de patouillets, situé à Montreuil, près Joinville.

3o Un bocard de 8 pilons et 2 cuves de patouillets, dans le val d'Ormançon et en amont du premier.

4° Un bocard de 8 pilons et 2 cuves de patouillets, à Tréveray.

Toutes ces usines sont situées sur de grandes routes ou à leur proximité, et dans un rayon en moyenne de 2 kilomètres des forges; elles produisent par an 18,000 queues de mines de 12 pieds cubes.

HAUTS-FOURNEAUX ET Fonderie.

Ces hauts-fourneaux sont au nombre de quatre, savoir :

Haut-fourneau dit la Poudrerie, situé à 300 mètres des forges. L'ensemble de l'usine se compose de 2 halliers, 2 halles à charbon; le cours d'eau donne constamment 18 chevaux de force;

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