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ciproquement que je n'ai rien de caché pour vous, et que ce n'est point par flatterie que je vous loue, puisque je prends la liberté de vous censurer. Scito eum pessimè dicere, qui laudabitur maximè. En effet, quand une chose ne vaut rien, c'est alors qu'on la loue démesurément, et qu'on n'y trouve rien à redire, parceque tout y est également à blâmèr. Il n n'en est pas de même de vos vers; ils sont aussi naturels qu'on le peut désirer, et vous ne devez pas plaindre le sang qu'ils vous ont coûté.

Ne vous amusez pas pourtant à vous épuiser les veines pour continuer à faire des vers, si ce n'est qu'à l'exemple de la femme de Sénèque vous ne vouliez témoigner la grandeur de votre amour; mais je ne crois pas que les beaux yeux qui vous ont blessé soient si sanguinaires, et que ces marques de votre amour lui soient plus agréables qu'une santé forte et robuste.

M. du Chêne est votre serviteur. M. d'Houy est ivre, tant je lui ai fait boire de santés. Et moi je suis tout à vous.

que

On voit, par plusieurs traits répandus dans ces lettres, celui qui les écrivoit étoit né railleur. basyap stie nom ob edenkame

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M. l'Avocat vient de m'apporter une de vos lettres,
et veut absolument que nous
us soyons re
réconciliés
ensemble. Je gagne trop à cette réunion pour m'y
opposer. Aussi-bien, comme les choses imparfaites
recherchent naturellement de se joindre avec les
plus parfaites, je serois un monstre dans la
nature,
si; étant
creux comme je suis, je refusois de me
joindre et de m'attacc
de m'attacher au solide, tandis que ce
même solide tâche d'attirer à lui ce même creux.

Quod quoniam per se nequeat constare, necesse est
Hærere!

C'est de Lucrèce qu'est cette maxime; et c'est de
lui que j'ai appris qu'il falloit me réunir avec M.
l'Avocat. Et il faut bien que vous l'ayez lu aussi,
car il me semble que
la lettre que vous avez c
à ce grand partisan du solide est toute pleine
maximes de mon auteur. Il dit, comme vous,

écrite

des

qu'il

Ces plaisanteries sur le mot creux roulent sur ce que M. l'Avocat avoit toujours ce mot à la bouche, pour dire inutile, frivole, etc.

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ne faut pas que tout soit tellement solide qu'il n'y ait un peu de creux parmi nous.

Nec tamen undique corporeâ
Omnia naturâ, namque est in

tenentur

inane.

Mais sortons de cette matière, qui elle-même est trop solide, et mélons-y un peu de notre creux.

Avouez, monsieur, que vous êtes pris, et que vous laisserez votre pauvre cœur à Bourbon. Je vois bien que ces eaux ont la même force que ces fameuses eaux de Baies: c'est un est un lac célèbre en Italie, quand il ne il ne le seroit que par les louanges d'Horace et des autr autres poëtes latins. On ns. On y alloit en ce temps, et peut-être y va-t-on encore, comme vos semblables vont à Bourbon et à Forges. Ces eaux sont chaudes comme les vôtres, et il y a un auteur qui en rapporte une plaisante raison. Je voudrois, pour votre satisfaction, que cet auteur fût, ou Italien ou Espagnol; mais la destinée a voulu encore que celui-ci fût Latin. Il parle donc du lac de Baies, et voici ce qu'il en dit à peu près

C'est là qu'avec le dieu d'amour

Vénus se promenoit un jour.

Enfin se trouvant un peu lasse,

Elle s'assit sur le gazon;
Mais ce mauvais petit garçon,
Qui ne peut se tenir en place,
Lui répondit: Cà, votre grace,
Je ne suis point las comme vous.

Vénus, se mettant en courroux, placqnakert Lui dit : Fripon, vous aurez sur la joue. 19q nu sku

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200 g Cependant tous ses petits frères, постое гіс Les Amours qu'on nomme vulgaires, Stel dors Peuple qu'on ne sauroit nombrer,an variert Passoient le temps à folâtrer, ov a9gerial prov Ce seroit le perdre à crédit, que m'amuser que m'amuser à vous faire le détail de tous leurs jeux: vous vous imaginez bien quels peuvent être les passe-temps d'une troupe d'enfants qui sont abandonnés à leur caprice.

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Jooy kaldalmbe *97 yous jugez bien aussi que les Jeux et les Ris, ruoa zum Dont Vénus fait ses favoris,

Et qui gouvernent son empire,

Ne manquoient pas de jouer et de rire. quite a

LETTRE VIÍ.

A M. DE LA FONTAINE.

Usoz, 11 novembre 1661.

J'ai bien vu du pays et j'ai bien voyagé

AI

Depuis que de vos yeux les miens ont pris congé.

Mais tout cela ne m'a pas empêché de

songer

tou

jours autant à vous que je faisois, lorsque nous nous voyions tous les jours, que son sh taut

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Nous fit courir même fortune,

Et nous mît chacun en danger qurb
De ne plus
lus jamais voyager.

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Je ne sais pas sous quelle constellation je vous
écris présentement; mais je vous assure que je n'ai
-point encore fait tant de vers depuis ma maladie :
jecroyois même en avoir tout-à-fait oublié le métier.
Seroit-il possible que les muses eussent plus d'cm-
pire en ce pays que sur les rives de la Seine ? Nous
le reconnoîtrons dans la
dans la suite. Cependant je com-
mencerai à vous dire en prose que mon voyage a
été plus heureux que je ne pensois. Nous n'avons
eu que deux heures de pluie jusqu'à Lyon. Notre
compagnie étoit gaie et assez plaisante : il y avoit
trois huguenots, un Anglois, deux Italiens, un
conseiller du châtelet, deux secrétaires du roi, et
deux de ses
ses mousquetaires; enfin nous étions au
nombre de neuf ou dix. Je ne manquois pas tous
des soirs de prendre le galop devant les autres pour
aller retenir mon lit; car j'avois fort bien retenu
cela de M. Botreau, et je lui en suis infiniment
obligé ainsi j'ai toujours été bien couché; et
quand je suis arrivé à Lyon, je ne me suis senti
non plus fatigué que si du quartier de Sainte-Ge-
neviève j'avois été à celui de la rue Galande.

A Lyon je ne suis resté que deux jours, et je
Racine. 5.

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