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[36.] LECTURE :

Histoire du français.

La langue française n'a pas toujours existé; elle n'était pas au XIIIe ou au XVIe siècle ce qu'elle est de nos jours. Vous ne comprenez pas ce que crie Roland, dans la vieille chanson du XIe siècle :

Mielz vueil morir que hontage me venget.
(Mieux je veux mourir que la honte me vienne.)

.

Mais le poète qui a écrit cela, s'il revenait au monde, ne comprendrait pas mieux ces simples mots : je vous dis de réciter votre géographie. En son temps, les mots réciter et géographie n'existaient pas, et je vous dis de ne s'employait pas dans le sens de je vous commande. La langue française a donc son histoire.

En Gaule, les habitants parlaient diverses langues : le gaulois, l'ibère et le ligure. Le pays ayant été conquis par les Romains, leur langue remplaça les langues indigènes on parla le latin ou romain, ou roman.

Les conquérants francs parlaient un idiome germanique : le franc ou francique; mais comme ils étaient peu civilisés, et que leur langue pouvait exprimer moins d'idées que celle des Gallo-Romains, ils se mirent, eux aussi, à parler roman. A partir de Hugues Capet, les rois mêmes cessèrent de parler le franc.

Dans les nombreuses seigneuries du monde féodal, il se parlait des variétés différentes de la même langue romane; ce sont ces dialectes qui ont subsisté sous le nom de patois. Mais à partir du XIVe siècle, le roi de France imposa peu à peu son autorité aux seigneurs; le dialecte de ses États, celui de l'Ile-de-France, l'emporta sur les parlers rivaux. Depuis le XVIe siècle, le français est la langue officielle; ce fut d'abord celle de l'administration, puis celle des lettres et enfin des sciences. Romains étaient-ils plus civilisés que les Gaulois? 5. Et les Francs, étaient-ils aussi civilisés que les populations de la Gaule vaincue? 6. A partir de quel siècle le français fut-il vraiment la langue nationale de notre pays?

[Ex. 37.] 1. Qu'avez-vous appris de Roland dans votre histoire de France?

2. Quelles œuvres les trouvères ont-ils composées pour célébrer les exploits de ce guerrier? 3. Connaissez-vous le grand chef romain qui a conquis la Gaule?

4. Les

38. AVANT LA COMPOSITION FRANÇAISE: Parler français.

Le maître montre une gravure représentant un oiseau et en demande le nom. « C'est une glène », répond Henri, récemment arrivé de Picardie. Tous les écoliers se mettent à rire. C'est qu'au lieu d'employer le mot poule, Henri a dit un mot du patois de son pays.

Les enfants qui parleraient ainsi patois s'exposeraient à n'être pas compris en dehors de leur village.

CONSEIL: En parlant et en écrivant, efforcez-vous de n'employer que des mots français. Evitez les mots patois et les mots étrangers. qu'ils expriment souvent en patois et même en argot.

Ex. 39. Faire dire et écrire aux élèves les noms français des choses

LEÇON

EXPLICATIONS

EXEMPLE

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Dès les temps les plus éloignés, dans tous les pays qui nous sont connus, et même chez les animaux féroces ou chez les oiseaux aussi bien que dans l'espèce humaine, la mère a toujours cherché instinctivement à construire à son petit un nid aussi moelleux et douillet que possible, de façon à lui éviter des chocs et à le garantir du froid.

En disant cette simple phrase, j'ai prononcé tous les sons de la langue. Quelques-uns de ces sons: a, è (dès) ou..., formés dans le larynx par les vibrations des cordes vocales, sont ensuite modifiés par les résonances qui ont lieu dans la bouche. Ils sont différents l'un de l'autre suivant qu'on change la forme de la bouche et la position de la langue et des lèvres. Ce sont les sons voyelles.

Les voyelles a, é, o, eu se prononcent parfois en laissant passer un peu d'air dans les fosses nasales, où se produit une résonance particulière; elles deviennent nasales: an (dans), in (instinct), on (son), un.

Une voyelle, pure ou nasale, peut former une syllabe: a, ou, en. Les autres sons: d, l, s, ch... ne peuvent former une syllabe qu'à l'aide des voyelles; aussi les appelle-t-on sons consonnes (qui sonnent avec).

Les sons se divisent en sons voyelles et en sons consonnes. Un son voyelle peut à lui seul former une syllabe ou même un mot: a, ou. Les voyelles pures sont :

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Un son consonne ne forme une syllabe qu'en s'ajoutant à un son voyelle : la, cherché. Les consonnes sont :

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Il y a de pauvres bébés à qui la mort prend leur mère aussitôt qu'ils ont reçu d'elle le premier baiser. A l'âge de quinze jours, ma petite Henriette n'avait plus la sienne. Ses grands-parents l'emmenèrent pour l'élever; ils habitaient loin, trop loin, et l'on devine avec quelle joie je retournais vers elle dès que cela m'était possible.

Cette fois-là, j'étais plus impatient encore que de coutume. J'allais entendre ses premiers mots, bégaiements informes et doux que l'oreille écoute et que le cœur achève de deviner et de comprendre.

Après qu'elle m'eut dit deux ou trois fois papa, je lui donnai un chocolat. Elle le mangea longuement, et le morceau était fini que ses petites lèvres, sa petite langue remuaient encore, cherchant les miettes oubliées dans les replis de sa bouche.

— «< Eh bien! Qu'est-ce qu'on dit à papa? » demanda la grand'maman. Comme on lui avait fait souvent sa leçon, tout le monde attendait que l'enfant répondit: merci. Mais Henriette n'était pas un perroquet. Elle prit un air de grave réflexion, elle chercha, chercha; visiblement elle fouillait dans son pauvre vocabulaire; enfin elle avait trouvé le mot juste. « On dit? — insistait la grand'mère l'enfant.

Ex. 45.1. Comment appelle-t-on l'enfant qui a perdu sa mère? - 2. A quel âge la petite Henriette devintelle orpheline? 3. Qui se chargea de l'élever? 4. Pourquoi ce jour-là le père était-il plus impatient que d'habitude de revoir son enfant? 5. Celle-ci trouva-t-elle bonne la friandise du papa? 6. A quoi songeait surtout Henriette lorsque sa grand'mère l'invitait à remercier le père? 7. Pourquoi fut-elle longtemps à trouver le mot juste?

Entore! (encore), » acheva

B.

[Ex. 46.] 1. Dans pauvre bébé, quel est le sens de l'adjectif pauvre? Avec quel sens le mot pauvre est-il employé plus bas? 2. Quelles personnes désigne-t-on sous le nom de grands-parents?`- 3. Quels sont les contraires des mots : joie, impatient, premier, doux, longuement? — 4. Que signifient les expressions élever un enfant, achever de deviner, faire la leçon à quelqu'un, être un perroquet? 5. Quel son l'enfant ne pouvait-elle prononcer convenablement?

:

47. VOCABULAIRE :

La nourriture du bébé.

Maman, nourrice, nourrisson, biberon, tétée, lait, lactation, caillot, bouillie, soupe, digestion, indigestion, goutte de lait, frère de lait.

Allaitement maternel, artificiel, mixte, mercenaire. Lait pur, frais, baptisé, contaminé, bouilli, stérilisé, pasteurisé.

Allaiter, donner le sein, téter, sucer, vomir, sevrer.

Ex. 48. Copiez les mots du VOCABULAIRE en les séparant en syllabes. Ex. 49. Écrivez les mols qui ont été formés de lait.

[Ex. 50.] Conjuguez le verbe boire sous la forme négative au présent, au passé composé et au futur absolu de l'indicatif.

51. GRAMMAIRE : PRONONCIATION DES VOYELLES

« Pourquoi cours-tu donc, petit Jean ? Je vais chercher ma EXEMPLE mère. Sais-tu où elle se trouve? Ta maman est avec une autre femme sur le cours. >>

EXPLICATIONS

LEÇON

En lisant le texte précédent, un petit Alsacien dira: che vais jercher; il confond les consonnes j et ch. Un écolier d'Auvergne dira: chais-tu, en mettant la consonne ch à la place de s. Un enfant des Vosges dira peutêtre ma mére, en rendant fermée la voyelle qui est ouverte dans mère. Venu de Marseille, il dira: une oltre, en rendant ouverte et brève la première voyelle de autre, qui est fermée et longue; et il fera sonner l's de cours, comme dans course.

Il faut éviter ces divers défauts.

Quand on parle ou quand on lit, il faut s'efforcer de prononcer comme les gens de Paris qui parlent bien.

Dans certains mots, une voyelle est brève; dans d'autres, elle est longue. La même voyelle peut souvent aussi être ouverte ou fermée :

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Il ne faut pas

neuve, creuse

dur, vue

ajouter de sons qui n'existent pas dans les

mots; il ne faut pas prononcer par exemple :

l'e quand il est muet: j'appelle, j'appellerai,

ni certaines lettres qui n'écrivent aucun son: respect, exempter.

Ex. 52. Copiez les conseils sui

vants :

Les accents provinciaux.

Il faut donner aux voyelles l'intonation acceptée par Paris. Presque toutes les provinces méridionales ont, en prononçant les voyelles, un accent qui prête au ridicule. C'est tantôt l'é, tantôt l'o, tantôt l'u qui sont défigurés combien de gens prononcent chaquin pour chacun! Exercez-vous donc, si vous voulez lire en public, à placer sur chaque voyelle l'accent qui lui convient; songez qu'une brève, mise au lieu d'une longue, suffit pour gâter la meilleure phrase.

E. LEGOUVÉ.

L'Art de la Lecture, J. Hetzel, édit.

Ex. 53. Dans le texte suivant, soulignez d'un trait les é fermés et dé deux traits les è ouverts:

Le petit soulier.

Je ne crois pas qu'il y ait rien. au monde de plus riant que les idées qui s'éveillent dans le cœur d'une mère à la vue du petit soulier de son enfant, surtout si c'est le soulier de fète, des dimanches, du baptême; le soulier brodé jusque sous la semelle, un soulier avec lequel l'enfant n'a pas fait un pas encore. Ce soulier-là a tant de grâce et de petitesse, il lui est si impossible de marcher que c'est, pour la mère, comme si elle voyait son enfant.

V. HUGO (1802-1885).

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Je me trouvai un jour, dans ma jeunesse, à un bal donné par un médecin célèbre par la guérison du bégayement «< Monsieur, dis-je à un de mes voisins, voulez-vous me faire vis-à-vis pour la contredanse? - Vo-o-olontiers, monsieur. Ah! un bègue! >> me dis-je.

On passe des rafraîchissements. « Monsieur, dis-je à un autre jeune homme, voudriez-vous me passer une glace? - V.. v.... voici! — Ah! un second bègue! » Je me trouve en face d'un de mes anciens camarades de collège. « Ah! ah! c'est toi, me dit-il. Te te... ra... ra... ra... rappelles-tu comme je bé... bé... bé... gayais au collège? Oui Eh bien... je suis venu... trouver M. Co... co... co... lombat (c'était notre amphitryon) et depuis ce moment, je suis... tout à fait gué..... gué........ gué .. ri! » Ce souvenir m'a toujours rendu un peu incrédule à l'endroit des' bégayeurs qui ne bégayent plus.

Ex.55.1. En quoi consiste le défaut du bégayement? 2. Connaissez-vous d'autres défauts de prononciation?

E. LEGOUVÉ. L'Art de la Lecture, J. Hetzel, édit.

3. Qu'est-ce que faire vis-à-vis à quelqu'un ? 4. Que nomme-t-on rafraîchissements? 5. Citez-en quelques-uns. 6. Les mots camarade, compagnon, ami ont-ils exactement le même sens?— 7. Être incrédule est-ce bien le contraire de être crédule?

[Ex. 56.] Quelle voyelle longue y a-t-il dans bégayement? 2. Quels noms portent les trois voyelles du mot célèbre? 3. Indiquez quatre mots de la lecture où l'e muet final ne se prononce pas, mais fait prononcer la consonne précédente. 4. Quelle lettre ne correspond à aucun son dans les mots : dans, donné, dis, voulez, ah, passer, second, moment?

57. AVANT LA COMPOSITION FRANÇAISE: Parler et lire correctement.

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Pour dire qu'il se trouve bien, Paul emploie une expression populaire : je suis comme un coq en pâte; mais en prononçant pâte, il rend l'a bref et ouvert, et l'on entend: un coq en pattes, ce qui fait un sens ridicule.

...

On ne doit pas dire non plus des pots comme des peaux, un bois comme un boa, ou une hotte pleine comme une haute plaine.

Certains mots diffèrent très peu : éruption et irruption, réflexion et réfection. Ce n'est que par une bonne prononciation que l'on peut les distinguer. Quand un ignorant dit: une tête d'oreiller pour une taie il donne à ce dernier mot, sans doute inconnu de lui, la forme d'un mot connu, mais tout différent. Ces confusions sont très fâcheuses.

CONSEIL: En parlant ou en récitant, évitons de déformer les mots par une mauvaise prononciation.

Assurons-nous de la forme des mots savants, étrangers ou difficiles, que nous ne connaissons pas bien.

Ex. 58. & Écrivez les mots qui ont une certaine ressemblance de prononciation avec les mots suivants :

Accident, affilé, allusion, anoblir, apurer, colorer, conjecture, consommer, dégoûter, éminent, événement, importer, influence, infraction, invasion, venimeux.

[Ex. 59.] Rétablissez les expressions correctes:

Enroser un jardin, le liméro de la maison, l'errière d'une voiture, une lanterne à la sainte Hélène, de la pommade de bourriquet, être en brise-bise avec quelqu'un, applaudir un artisse, rembourrer un solliciteur.

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