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des mains des Barbares, et s'y fit reconnoître. Sa femme Zénobie marchoit avec lui à la tête des armées qu'elle commanda seule après sa mort, et se rendit célèbre par toute la terre pour avoir joint la chasteté avec la beauté, et le savoir avec la valeur. Claudius II, et Aurélien après lui, rétablirent les affaires de l'Empire. Pendant qu'ils abattoient les Goths avec les Germains, par des victoires signalées, Zénobie conservoit à ses enfans les conquêtes de leur père. Cette princesse penchoit au judaïsme. Pour l'attirer, Paul de Samosate évêque d'Antioche, homme vain et inquiet, enseigna son opinion judaïque sur la personne de Jésus-Christ, qu'il ne faisoit qu'un pur homme (1). Après une longue dissimulation d'une si nouvelle doctrine, il fut convaincu et condamné au concile d'Antioche. La reine Zénobie soutint la guerre contre Aurélien, qui ne dédaigna pas de triompher d'une femme si célèbre. Parmi de perpétuels combats il sut faire garder aux gens de guerre la discipline romaine, et montra qu'en suivant les anciens ordres et l'ancienne frugalité, on pouvoit faire agir de grandes armées au dedans et au dehors, sans être à charge à l'Empire. Les Francs commençoient alors à se faire craindre (2). C'étoit une ligue de peuples Germains, qui habitoient le long du Rhin. Leur nom montre qu'ils étoient unis par l'amour de la liberté. Aurélien les avoit

(1) Euseb. Hist. eccl. lib. v11, c. 27, et seq. Athan. de Synod. n. 26, 43: tom. 1, p. 739, 757, etc. Theodor. Hær. Fab. lib. 11, c. c. 8. Niceph. lib. vi, c. 27. · (2) Hist. Aug. Aurel. c. 7. Flor. c. 2. Prob. c. 11, 12. Firm. etc. c. 13.

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battus étant particulier, et les tint en crainte étant empereur. Un tel prince se fit haïr par ses actions sanguinaires. Sa colère trop redoutée lui causa la mort. Ceux qui se croyoient en péril le prévinrent, et son secrétaire menacé se mit à la tête de la conjuration. L'armée, qui le vit périr par la conspiration de tant de chefs, refusa d'élire un empereur, de peur de mettre sur le trône un des assassins d'Aurélien; et le sénat, rétabli dans son ancien droit, élut Tacite. Ce nouveau prince étoit vénérable par son âge et par sa vertu; mais il devint odieux par les violences d'un parent, à qui il donna le commandement de l'armée, et périt avec lui, dans une sédition, le sixième mois de son règne. Ainsi son élévation ne fit que précipiter le cours de sa vie. Son frère Florien prétendit l'Empire par droit de succession, comme le plus proche héritier. Ce droit ne fut pas reconnu Florien fut tué, et Probus forcé par les soldats à recevoir l'Empire, encore qu'il les menaçât de les faire vivre dans l'ordre. Tout fléchit sous un si grand capitaine : les Germains et les Francs, qui vouloient entrer dans les Gaules, furent repoussés; et en Orient aussi bien qu'en Occident, tous les Barbares respectèrent les armes romaines. Un guerrier si redoutable aspiroit à la paix, et fit espérer à l'Empire de n'avoir plus besoin de gens de guerre. L'armée se vengea de cette parole, et de la règle sévère que son empereur lui faisoit garder. Un moment après, étonnée de la violence qu'elle exerça sur un si grand prince, elle honora sa mémoire, et lui donna pour suc

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cesseur Carus, qui n'étoit pas moins zélé que
lui
pour la discipline. Ce vaillant prince vengea
son prédécesseur, et réprima les Barbares, à qui
la mort de Probus avoit rendu le courage. Il alla
en Orient combattre les Perses avec Numérien
son second fils, et opposa aux ennemis, du côté
du Nord, son fils aîné Carinus qu'il fit César.
C'étoit la seconde dignité, et le plus proche degré
pour parvenir à l'Empire. Tout l'Orient trembla
devant Carus: la Mésopotamie se soumit; les:
Perses divisés ne purent lui résister. Pendant que
tout lui cédoit, le ciel l'arrêta par un coup de
foudre. A force de le pleurer, Numérien fut prêt
à perdre les yeux. Que ne fait dans les cœurs
l'envie de régner? Loin d'être touché de ses maux,
son beau-père Aper le tua mais Dioclétien
vengea sa mort, et parvint enfin à l'Empire, qu'il
avoit désiré avec tant d'ardeur. Carinus se réveilla,
malgré sa mollesse, et battit Dioclétien : mais en
poursuivant les fuyards, il fut tué par un des
siens, dont il avoit corrompu la femme. Ainsi
l'Empire fut défait du plus violent et du plus
perdu de tous les hommes. Dioclétien gouverna
avec vigueur, mais avec une insupportable va-
nité. Pour résister à tant d'ennemis, qui s'éle-
voient de tous côtés au dedans et au dehors, il
nomma Maximien empereur avec lui, et sut
néanmoins se conserver l'autorité principale.
Chaque empereur fit un César. Constantius Chlo-
rus et Galérius furent élevés à ce haut rang. Les
quatre princes soutinrent à peine le fardeau de
tant de guerres. Dioclétien fuit Rome, qu'il trou-

voit trop libre, et s'établit à Nicomédie, où il se fit adorer, à la mode des Orientaux. Cependant les Perses, vaincus par Galérius, abandonnèrent aux Romains de grandes provinces et des royaumes entiers. Après de si grands succès, Galérius ne veut plus être sujet, et dédaigne le nom de césar. Il commence par intimider Maximien. Une longue maladie avoit fait baisser l'esprit de Dioclétien, et Galérius, quoique son gendre, le força de quitter l'Empire (1). Il fallut que Maximien suivît son exemple. Ainsi l'Empire vint entre les mains de Constantius Chlorus et de Galérius; et deux nouveaux césars, Sévère et Maximin, furent créés en leur place par les empereurs qui se déposoient. Les Gaules, l'Espagne, et la Grande-Bretagne furent heureuses, mais trop peu de temps, sous Constantius Chlorus. Ennemi des exactions, et accusé par-là de ruiner le fisc, il montra qu'il avoit des trésors immenses dans la bonne volonté de ses sujets. Le reste de l'Empire souffroit beaucoup sous tant d'empereurs et tant de césars les officiers se multiplioient avec les princes les dépenses et les exactions étoient infinies. Le jeune Constantin fils de Constantius Chlorus se rendoit illustre (2): mais il se trouvoit entre les mains de Galérius. Tous les jours, cet empereur, jaloux de sa gloire, l'exposoit à de nouveaux périls. Il lui falloit combattre les bêtes farouches par une espèce de jeu mais Galérius n'étoit pas moins à craindre qu'elles. Constantin,

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(1) Euseb. Hist. eccl. lib. vin, cap. 13. Orat. Const. ad Sanct. cœt. 25. Lact. de Mort. Persec. c. 17, 18. — (2) Lact. ibid. c. 24. BOSSUET. XXXV. 8

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échappé de ses mains, trouva son père expirant. En ce temps, Maxence fils de Maximien, et gendre de Galérius, se fit empereur à Rome, malgré son beau-père; et les divisions intestines se joignirent aux autres maux de l'Etat. L'image de Constantin, qui venoit de succéder à son père, portée à Rome, selon la coutume, y fut rejetée par les ordres de Maxence. La réception des images étoit la forme ordinaire de reconnoître les nouveaux princes. On se prépare à la guerre de tous côtés. Le césar Sévère, que Galérius envoya contre Maxence, le fit trembler dans Rome (1). Pour se donner de l'appui dans sa frayeur, il rappela son père Maximien. Le vieillard ambitieux quitta sa retraite, où il n'étoit qu'à regret, et tâcha en vain de retirer Dioclétien son collègue du jardin qu'il cultivoit à Salone. Au nom de Maximien, empereur pour la seconde fois, les soldats de Sévère le quittent. Le vieil empereur le fait tuer; et en même temps, pour s'appuyer contre Galérius, il donne à Constantin sa fille Fauste. Il falloit aussi de l'appui à Galérius après la mort de Sévère; c'est ce qui le fit résoudre à nommer Licinius empereur (2): mais ce choix piqua Maximin, qui, en qualité de césar, se croyoit plus proche du suprême honneur. Rien ne put lui persuader de se soumettre à Licinius; et il se rendit indépendant dans l'Orient. Il ne restoit presque à Galérius que l'Illyrie, où il s'étoit retiré après avoir été chassé d'Italie. Le

(1) Lact. de Mort. Persec. c. 26, 27. — (2) Lact. ibid. c. 28, 29, 30, 31, 32.

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