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monde. J.C. humain maudit de Dieu; la première promesse de la rédemption, et la victoire future des hommes sur le démon qui les a perdus.

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La terre commence à se remplir, et les crimes s'augmentent. Caïn, le premier enfant d'Adam et d'Eve, fait voir au monde naissant la première action tragique ; et la vertu commence dès-lors à être persécutée par le vice (1). Là paroissent les mœurs contraires des deux frères : l'innocence d'Abel, sa vie pastorale, et ses offrandes agréables; celles de Caïn rejetées, son avarice, son impiété, son parricide, et la jalousie mère des meurtres; le châtiment de ce crime, la conscience du parricide agitée de continuelles frayeurs; la première ville bâtie par ce méchant, qui se cherchoit un asile contre la haine et l'horreur du genre humain ; l'invention de quelques arts par ses enfans; la tyrannie des passions, et la prodigieuse malignité du cœur humain toujours porté à faire le mal; la postérité de Seth fidèle à Dieu malgré cette dépravation; le pieux Henoch miraculeuse987 3017 ment tiré du monde qui n'étoit pas digne de le posséder; la distinction des enfans de Dieu d'avec les enfans des hommes, c'est-à-dire, de ceux qui vivoient selon l'esprit, d'avec ceux qui vivoient selon la chair; leur mélange, et la corruption universelle du monde; la ruine des hommes ré

solue par un juste jugement de Dieu; sa colère 1536 2468 dénoncée aux pécheurs par son serviteur Noé; leur impénitence, et leur endurcissement puni 1656 2348 enfin par le déluge; Noé et sa famille réservés pour la réparation du genre humain.

(1) Gen. IV. 1, 3, 4, 8.

Voilà ce qui s'est passé en 1656 ans. Tel est le commencement de toutes les histoires, où se découvre la toute-puissance, la sagesse, et la bonté de Dieu : l'innocence heureuse sous sa protection; sa justice à venger les crimes, et en même temps sa patience à attendre la conversion des pécheurs; la grandeur et la dignité de l'homme dans sa première institution; le génie du genre humain depuis qu'il fut corrompu ; le naturel de la jalousie, et les causes secrètes des violences et des guerres, c'est-à-dire tous les fondemens de la religion et de la morale.

Avec le genre humain, Noé conserva les arts, tant ceux qui servoient de fondement à la vie humaine et que les hommes savoient dès leur origine, que ceux qu'ils avoient inventés depuis. Ces premiers arts que les hommes apprirent d'abord, et apparemment de leur créateur, sont l'agriculture (1), l'art pastoral (2), celui de se vêtir (3), et peut-être celui de se loger. Aussi ne voyons-nous pas le commencement de ces arts en Orient, vers les lieux d'où le genre humain s'est répandu.

La tradition du déluge universel se trouve par toute la terre. L'arche, où se sauvèrent les restes du genre humain, a été de tout temps célèbre en Orient, principalement dans les lieux où elle s'arrêta après le déluge. Plusieurs autres circonstances de cette fameuse histoire se trouvent marquées dans les annales et dans les traditions des anciens peuples (4) les temps conviennent, et tout se

(1) Gen. 11. 15. 111. 17, 18, .19. IV. 2. — (2) Ibid. iv. 2. — (3) Ibid. 111. 21. - (4) Beros. Chald, Hist. Chald. Hieron. Egypt.

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dev.

monde. J. C. rapporte, autant qu'on le pouvoit espérer dans

1656 2348

une antiquité si reculée.

DEUXIÈME ÉPOQUE.

Noé, ou le Déluge.

Deuxième age du monde.

PRÈS du déluge se rangent le décroissement de 1657 2347 la vie humaine; le changement dans le vivre, et une nouvelle nourriture substituée aux fruits de la terre; quelques préceptes donnés à Noé de vives 1757 2247 voix seulement; la confusion des langues, arrivée à la tour de Babel, premier monument de l'orgueil et de la foiblesse des hommes; le partage des trois enfans de Noé, et la première distribution des terres.

La mémoire de ces trois premiers auteurs des nations et des peuples s'est conservée parmi les hommes. Japhet, qui a peuplé la plus grande partie de l'Occident, y est demeuré célèbre sous le nom fameux d'Iapet. Cham et son fils Chanaan n'ont pas été moins connus parmi les Egyptiens et les Phéniciens; et la mémoire de Sem a toujours duré dans le peuple hébreu, qui en est sorti.

Un peu après ce premier partage du genre humain, Nemrod, homme farouche, devient par son humeur violente le premier des conquérans; et telle est l'origine des conquêtes. Il établit son

Phæn. Hist. Mnas. Nic. Damasc. lib. xcv1. Abyd. de Med. et
Assyr. apud Jos. Antiq. Jud. l. 1, c. 4, al. 5. et l. 1 cont. Apion : et
Euseb. Præp. Ev. lib. 1x, c. 11, 12. Plutarc. opusc. Plusne solert
terr. an aquat. animal. Lucian. de Dea Syr.

du dev.

royaume à Babylone (1), au même lieu où la monde. J. C. tour avoit été commencée, et déjà élevée fort haut; mais non pas autant que le souhaitoit la vanité humaine. Environ dans le même temps Ninive fut bâtie, et quelques anciens royaumes établis. Ils étoient petits dans ces premiers temps; et on trouve dans la seule Egypte quatre dynasties ou principautés, celle de Thèbes, celle de Thin, celle de Memphis, et celle de Tanis : c'étoit la capitale de la Basse-Egypte. On peut aussi rapporter à ce temps le commencement des lois et de la police des Egyptiens; celui de leurs pyramides qui durent encore, et celui des observations astronomiques, tant de ces peuples que des Chaldéens. Aussi voit - on remonter jusqu'à ce temps, et pas plus haut, les observations que les Chaldéens, c'est-à-dire, sans contestation, les premiers observateurs des astres, donnèrent dans Babylone à Callisthène pour Aristote (2).

Tout commence : il n'y a point d'histoire ancienne, où il ne paroisse, non- seulement dans ces premiers temps, mais encore long-temps après, des vestiges manifestes de la nouveauté du monde. On voit les lois s'établir, les mœurs se polir, et les empires se former. Le genre humain sort peu à peu de l'ignorance; l'expérience l'instruit, et les arts sont inventés ou perfectionnés. A mesure que les hommes se multiplient, la terre se peuple de proche en proche : on passe les montagnes et les précipices; on traverse les fleuves, et enfin les

(1) Gen. x. 8, 9, 10, 11.➡ (2) Porphyr. apud Simpl. in libr. 1 Aristot, de Cœlo.

1771

2233

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mers; et on établit de nouvelles habitations. La terre, qui n'étoit au commencement qu'une forêt immense, prend une autre forme; les bois abattus font place aux champs, aux pâturages, aux hameaux, aux bourgades, et enfin aux villes. On s'instruit à prendre certains animaux, à apprivoiser les autres, et à les accoutumer au service. On eut d'abord à combattre les bêtes farouches. Les premiers héros se signalèrent dans ces guerres. Elles firent inventer les armes, que les hommes tournèrent apres contre leurs semblables: Nem rod, le premier guerrier et le premier conquérant, est appelé dans l'Ecriture un fort chasseur (1). Avec les animaux, l'homme sut encore adoucir les fruits et les plantes; il plia jusqu'aux métaux à son usage, et peu à peu il y fit servir toute la nature. Comme il étoit naturel que le temps fit inventer beaucoup de choses, il devoit aussi en faire oublier d'autres, du moins à la plupart des hommes. Ces premiers arts que Noé avoit conservés, et qu'on voit aussi toujours en vigueur dans les contrées où se fit le premier établissement du genre humain, se perdirent à mesure qu'on s'éloigna de ce pays. Il fallut, ou les rapprendre avec le temps, ou que ceux qui les avoient conservés, les reportassent aux autres. C'est pourquoi on voit tout venir de ces terres toujours habitées, où les fondemens des arts demeurèrent en leur entier ; et là même on apprenoit tous les jours beaucoup de choses importantes. La connoissance de Dieu et la mémoire de la création

(1) Gen. x. 9.

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