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la fortifie; confirme en Espagne les Visigoths convertis de l'arianisme, et Recarède le Catholique, qui venoit de rentrer au sein de l'Eglise; convertit l'Angleterre, réforme la discipline dans la France, dont il exalte les rois, toujours orthodoxes, audessus de tous les rois de la terre; fléchit les Lombards; sauve Rome et l'Italie, que les empereurs ne pouvoient aider; réprime l'orgueil naissant des patriarches de Constantinople; éclaire toute l'Eglise par sa doctrine; gouverne l'Orient et l'Occident avec autant de vigueur que d'humilité; et donne au monde un parfait modèle du gouvernement ecclésiastique. L'histoire de l'Eglise n'a rien de plus beau que l'entrée du saint moine Augustin dans le royaume de Kent avec quarante de ses compagnons, qui, précédés de la croix et de l'image du grand roi notre Seigneur Jésus-Christ, faisoient des vœux solennels pour la conversion de l'Angleterre (1). Saint Grégoire, qui les avoit envoyés, les instruisoit par des lettres véritablement apostoliques, et apprenoit à saint Augustin à trembler parmi les miracles continuels que Dieu faisoit par son ministère (2). Berthe, princesse de France, attira au christianisme le roi Edhilbert son mari. Les rois de France et la reine Brunehaut protégèrent la nouvelle mission. Les évêques de France entrèrent dans cette bonne œuvre, et ce furent eux qui par l'ordre du Pape sacrèrent saint Augustin. Le renfort que saint Grégoire envoya au nouvel évêque, produisit de

(1) Beda. Hist. angl. lib. 1, cap. 25. — (2) Greg. lib. 1x, ep. LVIII; nunc lib. x1, ind. 4, ep. xxvin; tom. 11, col. 1110.

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nouveaux fruits; et l'église anglicane prit sa forme. L'empereur Maurice, ayant éprouvé la fidélité du saint pontife, se corrigea par ses avis, et reçut de lui cette louange si digne d'un prince chrétien, que la bouche des hérétiques n'osoit s'ouvrir de son temps. Un si pieux empereur fit pourtant une grande faute. Un nombre infini de Romains périrent entre les mains des Barbares, faute d'être rachetés à un écu par tête. On voit, incontinent après, les remords du bon empereur ; la prière qu'il fait à Dieu de le punir en ce monde plutôt qu'en l'autre; la révolte de Phocas, qui égorge à ses yeux toute sa famille; Maurice tué le dernier, et ne disant autre chose parmi tous ses maux, que ce verset du Psalmiste: « Vous êtes juste, ô » Seigneur, et tous vos jugemens sont droits (1) ». Phocas, élevé à l'Empire par une action si détestable, tâcha de gagner les peuples, en honorant le saint Siége, dont il confirma les privilèges. Mais sa sentence étoit prononcée. Héraclius, proclamé empereur par l'armée d'Afrique, marcha contre lui. Alors Phocas éprouva que souvent les débauches nuisent plus aux princes que les cruautés; et Photin, dont il avoit débauché la femme, le livra à Héraclius, qui le fit tuer. La France vit un peu après une tragédie bien plus étrange. La reine Brunehaut, livrée à Clotaire II, fut immolée à l'ambition de ce prince sa mémoire fut déchirée ; et sa vertu, tant louée par le pape saint Grégoire, a peine encore à se défendre. L'Empire cependant étoit désolé. Le roi de Perse

(1) Psal. cxviii. 137.

Chosroès II, sous prétexte de venger Maurice, avoit entrepris de perdre Phocas. Il poussa ses conquêtes sous Héraclius. On vit l'Empereur battu,

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et la vraie croix enlevée par les Infidèles; puis, 620,621,622, par un retour admirable, Héraclius cinq fois vain- 623,625,626 queur; la Perse pénétrée par les Romains, Chosroès tué par son fils, et la sainte croix reconquise. Pendant que la puissance des Perses étoit si bien réprimée, un plus grand mal s'éleva contre l'Empire, et contre toute la chrétienté. Mahomet s'érigea en prophète parmi les Sarrasins: il fut chassé de la Mecque par les siens. A sa fuite commence la fameuse Hégire, d'où les Mahometans comptent leurs années. Le faux prophète donna ses victoires pour toute marque de sa mission. Il soumit en neuf ans toute l'Arabie de gré ou de force, et jeta les fondemens de l'empire des Califes. A ces maux se joignit l'hérésie des Monothélites, qui, par une bizarrerie presque inconcevable, en reconnoissant deux natures en notre Seigneur, n'y vouloient reconnoître qu'une seule volonté. L'homme, selon eux, n'y vouloit rien, et il n'y avoit en Jésus-Christ que la seule volonté du Verbe. Ces hérétiques cachoient leur venin sous des paroles ambiguës: un faux amour de la paix leur fit proposer qu'on ne parlât ni d'une ni de deux volontés. Ils imposèrent par ces artifices au pape Honorius I, qui entra avec eux dans un dangereux ménagement, et consentit au silence, où le mensonge et la vérité furent également supprimés. Pour comble de malheur, quelque temps après, l'empereur Héraclius entreprit de décider la ques

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tion de son autorité, et proposa son Ecthèse, ou Exposition, favorable aux Monothélites: mais les artifices des hérétiques furent enfin découverts. Le pape Jean IV condamna l'Ecthèse. Constant, petit-fils d'Héraclius, soutint l'édit de son aïeul par le sien appelé Type. Le saint Siége et le pape Théodore s'opposent à cette entreprise : le pape saint Martin I assemble le concile de Latran, où il anathématise le Type et les chefs des Monothélites. Saint Maxime, célèbre par tout l'Orient pour sa piété et pour sa doctrine, quitte la Cour infectée de la nouvelle hérésie, reprend ouvertement les empereurs qui avoient osé prononcer sur les questions de la foi, et souffre des maux infinis pour la religion catholique. Le Pape, traîné d'exil en exil, et toujours durement traité par l'Empereur, meurt enfin parmi les souffrances sans se plaindre, ni se relâcher de ce qu'il doit à son ministère. Cependant la nouvelle église anglicane, fortifiée par les soins des papes Boniface V et Honorius, se rendoit illustre par toute la terre. Les miracles y abondoient avec les vertus, comme dans les temps des apôtres ; et il n'y avoit rien de plus éclatant que la sainteté de ses rois. Edwin embrassa, avec tout son peuple, la foi qui lui avoit donné la victoire sur ses ennemis, et convertit ses voisins. Oswalde servit d'interprète aux prédicateurs de l'Evangile; et renommé par ses conquêtes, il leur préféra la gloire d'être chrétien. Les Merciens furent convertis par le roi de Northumberland Oswin: leurs voisins et leurs successeurs suivirent leurs pas; et leurs bonnes

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œuvres furent immenses. Tout périssoit en Orient. Pendant que les empereurs se consument dans des disputes de religion, et inventent des hérésies, 634, 635 les Sarrasins pénètrent l'Empire; ils occupent la Syrie et la Palestine; la sainte Cité leur est assujettie; la Perse leur est ouverte par ses divisions, et ils prennent ce grand royaume sans résistance. Ils entrent en Afrique, en état d'en faire bientôt une de leurs provinces : l'île de Chypre leur obéit; et ils joignent, en moins de trente ans, toutes ces conquêtes à celles de Mahomet. L'Italie, toujours malheureuse et abandonnée, gémissoit sous les armes des Lombards. Constant désespéra de les chasser, et se résolut à ravager ce qu'il ne put défendre. Plus cruel que les Lombards mêmes, il ne vint à Rome que pour en piller les trésors : les églises ne s'en sauvèrent pas : il ruina la Sardaigne et la Sicile; et devenu odieux à tout le monde, il périt de la main des siens. Sous son fils Constantin Pogonat, c'est-à-dire le Barbu, les Sarrasins s'emparèrent de la Cilicie et de lá Lycie. Constantinople assiégée ne fut sauvée que par un miracle. Les Bulgares, peuples venus de l'embouchure du Volga, se joignirent à tant d'ennemis dont l'Empire étoit accablé, et occupèrent cette partie de la Thrace appelée depuis Bulgarie, qui étoit l'ancienne Mysie. L'église anglicane enfantoit de nouvelles églises; et saint Wilfrid évêque d'Yorck, chassé de son siége, convertit la Frise. Toute l'Eglise reçut une nouvelle lumière par le concile de Constantinople, sixième général, où le pape saint Agathon présida par ses légats, et

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