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expliqua la foi catholique par une lettre admirable. Le concile frappa d'anathême un évêque célèbre par sa doctrine, un patriarche d'Alexandrie, quatre patriarches de Constantinople, c'està-dire, tous les auteurs de la secte des Monothélites; sans épargner le pape Honorius, qui les avoit ménagés. Après la mort d'Agathon, qui arriva durant le concile, le pape saint Léon II en confirma les décisions, et en reçut tous les anathêmes. Constantin Pogonat, imitateur du grand Constantin et de Marcien, entra au concile à leur exemple, et comme il y rendit les mêmes soumissions, il y fut honoré des mêmes titres d'orthodoxe, de religieux, de pacifique empereur, et de restaurateur de la religion. Son fils Justinien II lui succéda encore enfant. De son temps la foi s'étendoit et éclatoit vers le Nord. Saint Kilien, envoyé par le pape Conon, prêcha l'Evangile dans la Franconie. Du temps du pape Serge, Ceadual, un des rois d'Angleterre, vint reconnoître en personne l'église romaine d'où la foi avoit passé en son île; et après avoir reçu le baptême par les mains du Pape, il mourut selon qu'il l'avoit lui-même désiré. La maison de Clovis étoit tombée dans une foiblesse déplorable : de fréquentes minorités avoient donné occasion de jeter les princes dans une mollesse dont ils ne sortoient point étant majeurs. De là sort une longue suite de rois fainéans qui n'avoient que le nom de roi, et laissoient tout le pouvoir aux maires du palais. Sous ce titre, Pepin Héristel gouverna tout, et éleva sa maison à de plus hautes

espérances. Par son autorité, et après le martyre de saint Vigbert, la foi s'établit dans la Frise, que la France venoit d'ajouter à ses conquêtes. Saint Swibert, saint Willebrod, et d'autres hommes apostoliques répandirent l'Evangile dans les provinces voisines. Cependant la minorité de Justinien s'étoit heureusement passée : les victoires de Léonce avoient abattu les Sarrasins, et rétabli la gloire de l'Empire en Orient. Mais ce vaillant capitaine arrêté injustement, et relâché mal-à-propos, coupa le nez à son maître, et le chassa. Ce rebelle souffrit un pareil traitement de Tibère, nommé Absimare, qui lui-même ne dura guère. Justinien rétabli fut ingrat envers ses amis ; et en se vengeant de ses ennemis, il s'en fit de plus redoutables, qui le tuèrent. Les images de Philippique son successeur ne furent pas reçues dans Rome, à cause qu'il favorisoit les Monothélites, et se déclaroit ennemi du concile sixième. On élut à Constantinople Anastase II, prince catholique, et on creva les yeux à Philippique. En ce temps, les débauches du roi Roderic ou Rodrigue firent livrer l'Espagne aux Maures : c'est ainsi qu'on appeloit les Sarrasins d'Afrique. Le comte Julien, pour venger sa fille, dont Roderic abusoit, appela ces Infidèles. Ils viennent avec des troupes immenses: ce roi périt : l'Espagne est soumise, et l'empire des Goths y est éteint. L'église d'Espagne fut mise alors à une nouvelle épreuve : mais comme elle s'étoit conservée sous les Ariens, les Mahométans ne purent l'abattre. Ils la laissèrent d'abord avec assez de liberté : mais dans les siècles

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suivans il fallut soutenir de grands combats; et la chasteté eut ses martyrs, aussi bien que la foi, sous la tyrannie d'une nation aussi brutale qu'infidèle. L'empereur Anastase ne dura guère. L'armée força Théodose III à prendre la pourpre. Il fallut combattre le nouvel empereur gagna la bataille, et Anastase fut mis dans un monastèrė. Les Maures, maîtres de l'Espagne, espéroient s'étendre bientôt au-delà des Pyrénées: mais Charles Martel, destiné à les réprimer, s'étoit élevé en France, et avoit succédé, quoique bâtard, au pouvoir de son père Pepin Héristel, qui laissa l'Austrasie à sa maison comme une espèce de principauté souveraine, et le commandement en Neustrie par la charge de maire du palais. Charles réunit tout par sa valeur. Les affaires d'Orient étoient brouillées. Léon Isaurien, préfet d'Orient, ne reconnut pas Théodose, qui quitta sans répugnance l'Empire qu'il n'avoit accepté que par force; et retiré à Ephèse, ne s'occupa plus que des véritables grandeurs. Les Sarrasins reçurent de grands coups durant l'empire de Léon. Ils levèrent honteusement le siége de Constantinople. Pélage, qui se cantonna dans les montagnes d'Asturie, avec ce qu'il y avoit de plus résolu parmi les Goths, après une victoire signalée, opposa à ces Infidèles un nouveau royaume, par lequel ils devoient un jour être chassés de l'Espagne. Malgré les efforts et l'armée immense d'Abdérame leur général, Charles Martel gagna sur eux la fameuse bataille de Tours. Il y périt un nombre infini de ces Infidèles; et Abdérame lui-même y demeura sur la

place. Cette victoire fut suivie d'autres avantages,
par lesquels Charles arrêta les Maures, et étendit
le royaume jusqu'aux Pyrénées. Alors les Gaules
n'eurent presque rien qui n'obéît aux Français ;
et tous reconnoissoient Charles Martel. Puissant
en paix, en guerre, et maître absolu du royaume,
il régna sous plusieurs rois, qu'il fit et défit à sa
fantaisie, sans oser prendre ce grand titre. La
jalousie des seigneurs français vouloit être ainsi
trompée. La religion s'établissoit en Allemagne.
Le prêtre saint Boniface convertit ces peuples,
et en fut fait évêque par le pape Grégoire II, qui
l'y avoit envoyé. L'Empire étoit alors assez pai-
sible; mais Léon y mit le trouble pour long-temps.
Il entreprit de renverser, comme des idoles, les
images de Jésus-Christ et de ses saints. Comme
il ne put attirer à ses sentimens saint Germain
patriarche de Constantinople, il agit de son au-
torité, et après une ordonnance du sénat, on lui
vit d'abord briser une image de Jésus-Christ, qui
étoit posée sur la grande porte de l'église de Con-
stantinople. Ce fut par-là que commencèrent les
violences des Iconoclastes, c'est-à-dire des Brise-
images. Les autres images, que les empereurs,
les évêques, et tous les fidèles avoient érigées de-
puis la paix de l'Eglise, dans les lieux publics et
particuliers, furent aussi abattues. A ce spectacle
le peuple s'émut. Les statues de l'Empereur furent
renversées en divers endroits. Il se crut outragé
en sa personne on lui reprocha un semblable
outrage qu'il faisoit à Jésus-Christ et à ses saints,
et que, de son aveu propre, l'injure faite à l'image

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retomboit sur l'original. L'Italie passa encore plus avant : l'impiété de l'Empereur fut cause qu'on lui refusa les tributs ordinaires. Luitprand, roi des Lombards, se servit du même prétexte pour prendre Ravenne, résidence des Exarques. On nommoit ainsi les gouverneurs que les empereurs envoyoient en Italie. Le pape Grégoire II s'opposa au renversement des images, mais en même temps il s'opposoit aux ennemis de l'Empire, et tâchoit de retenir les peuples dans l'obéissance. La paix se fit avec les Lombards, et l'Empereur exécuta son décret contre les images plus violemment que jamais. Mais le célèbre Jean de Damas lui déclara qu'en matière de religion il ne connoissoit de décrets que ceux de l'Eglise, et souffrit beaucoup. L'Empereur chassa de son siége le patriarche saint Germain, qui mourut en exil âgé de quatre739, 740 vingt-dix ans. Un peu après, les Lombards reprirent les armes, et dans les maux qu'ils faisoient souffrir au peuple romain, ils ne furent retenus que par l'autorité de Charles Martel, dont le pape Grégoire II avoit imploré l'assistance. Le nouveau royaume d'Espagne, qu'on appeloit dans ces premiers temps le royaume d'Oviéde, s'augmentoit par les victoires et par la conduite d'Alphonse, gendre de Pélage, qui, à l'exemple de Recarède dont il étoit descendu, prit le nom de Catholique. Léon mourut, et laissa l'Empire aussi bien que l'Eglise dans une grande agitation. Artabaze préteur d'Arménie se fit proclamer empereur, au lieu de Constantin Copronyme fils de Léon, et rétablit les images. Après la mort de Charles

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