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Martel, Luitprand menaça Rome de nouveau : l'Exarcat de Ravenne fut en péril, et l'Italie dut son salut à la prudence du pape saint Zacharie. Constantin, embarrassé dans l'Orient, ne songeoit qu'à s'établir; il battit Artabaze, prit Constantinople, et la remplit de supplices. Les deux enfans de Charles Martel, Carloman et Pepin, avoient succédé à la puissance de leur père : mais Carloman dégoûté du siècle, au milieu de sa grandeur et de ses victoires, embrassa la vie monastique. Par ce moyen, son frère Pepin réunit en sa personne toute la puissance. Il sut la soutenir par un grand mérite, et prit le dessein de s'élever à la royauté. Childéric, le plus misérable de tous les princes, lui en ouvrit le chemin, et joignit à la qualité de fainéant celle d'insensé. Les Français dégoûtés de leurs fainéans, et accoutumés depuis tant de temps à la maison de Charles Martel, féconde en grands hommes, n'étoient plus embarrassés que du serment qu'ils avoient prêté à Childéric. Sur la réponse du pape Zacharie, ils se crurent libres, et d'autant plus dégagés du serment qu'ils avoient prêté à leur roi, que lui et ses devanciers sembloient depuis cent ans avoir renoncé au droit qu'ils avoient de leur commander, en laissant attacher tout le pouvoir à la charge de maire du palais. Ainsi Pepin fut mis sur le trône, et le nom de roi fut réuni avec l'autorité. Le pape Etienne III trouva dans le nouveau roi le même zèle que Charles Martel avoit eu pour le saint Siége contre les Lombards. Après avoir vainement imploré le secours de l'Empereur, il se jeta entre BOSSUET. Xxxv.

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les bras des Français. Le Roi le reçut en France avec respect, et voulut être sacré et couronné de sa main. En même temps, il passa les Alpes, délivra Rome et l'Exarcat de Ravenne, et réduisit Astolphe, roi des Lombards, à une paix équitable. Cependant l'Empereur faisoit la guerre aux images. Pour s'appuyer de l'autorité ecclésiasti→ que, il assembla un nombreux concile à Constantinople. On n'y vit pourtant point paroître, selon la coutume, ni les légats du saint Siége, ni les évêques ou les légats des autres siéges patriarcaux (1). Dans ce concile, non-seulement on condamna comme idolâtrie tout l'honneur rendu aux images en mémoire des originaux, mais encore on y condamna la sculpture et la peinture comme des arts détestables (2). C'étoit l'opinion des Sarrasins, dont on disoit que Léon avoit suivi les conseils quand il renversa les images. Il ne parut pourtant rien contre les reliques. Le concile de Copronyme ne défendit pas de les honorer, et il frappa d'anathême ceux qui refusoient d'avoir recours aux prières de la sainte Vierge et des saints (3). Les catholiques, persécutés pour l'honneur qu'ils rendoient aux images, répondoient à l'Empereur qu'ils aimoient mieux endurer toute sorte d'extrémités, que de ne pas honorer JésusChrist jusque dans son ombre. Cependant Pepin repassa les Alpes, et châtia l'infidèle Astolphe qui refusoit d'exécuter le traité de paix. L'église

(1) Conc. Nic. II, act. vi; tom. vi Concil. col. 395. — (2) Ibid. Defin. Pseudo-syn. C. P. col. 458, 506. - (3) Ibid. Pseudo-syn; C.P. Can. 1x et xi: col. 523, 527.

romaine ne reçut jamais un plus beau don que
celui que lui fit alors ce pieux prince. Il lui
donna les villes reconquises sur les Lombards,
et se moqua de Copronyme qui les redemandoit,
lui qui n'avoit
pu les défendre. Depuis ce temps,
les
empereurs furent peu reconnus dans Rome:
ils y devinrent méprisables par leur foiblesse, et
odieux par leurs erreurs. Pepin y fut regardé
comme protecteur du peuple romain et de l'é-
glise romaine. Cette qualité devint comme héré-
ditaire à sa maison et aux rois de France. Char-
lemagne, fils de Pepin, la soutint avec autant de
courage que de piété. Le pape Adrien 'eut re-
cours à lui contre Didier roi des Lombards, qui
avoit pris plusieurs villes, et menaçoit toute
l'Italie. Charlemagne passa les Alpes. Tout flé-
chit Didier fut livré les rois Lombards, en+
nemis de Rome et des papes, furent détruits:
Charlemagne se fit couronner roi d'Italie, et prit
le titre de roi des Français et des Lombards. En
même temps, il exerça dans Rome même l'auto-
rité souveraine, en qualité de Patrice, et con-
firma au saint Siége les donations du roi son père.
Les empereurs avoient peine à résister aux Bul-
gares, et soutenoient vainement contre Charle-
magne les Lombards dépossédés. La querelle des
images duroit toujours. Léon IV, fils de Copro-
nyme, sembloit d'abord s'être adouci; mais il
renouvela la persécution aussitôt qu'il se crut le
maître. Il mourut bientôt. Son fils Constantin,
âgé de dix ans, lui succéda, et régna sous la tu-
tèle de l'impératrice Irène sa mère. Alors les

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choses commencèrent à changer de face. Paul, patriarche de Constantinople, déclara, sur la fin de sa vie, qu'il avoit combattu les images contre sa conscience, et se retira dans un monastère, où il déplora en présence de l'Impératrice le malheur de l'église de Constantinople séparée des quatre siéges patriarcaux, et lui proposa la célébration d'un concile universel comme l'unique remède d'un si grand mal. Taraise son successeur soutint que la question n'avoit pas été jugée dans l'ordre, parce qu'on avoit commencé par une ordonnance de l'Empereur, qu'un concile tenu contre les formes avoit suivie; au. lieu qu'en matière de religion, c'est au concile à commencer, et aux empereurs à appuyer le jugement de l'Eglise. Fondé sur cette raison, il n'accepta le patriarcat qu'à condition qu'on tiendroit le concile universel: il fut commencé à Constantinople, et continué à Nicée. Le Pape y envoya ses légats: le concile des Iconoclastes fut condamné : ils sont détestés comme gens qui, à l'exemple des Sarrasins, accusoient les Chrétiens d'idolâtrie. On décida que les images seroient honorées en mémoire et pour l'amour des originaux; ce qui s'appelle, dans le concile, culte relatif, adoration et salutation honoraire, qu'on oppose au culte suprême, et à l'adoration de latrie, ou d'entière sujétion, que le concile réserve à Dieu seul (1). Outre les légats du saint Siége, et la présence du patriarche de Constantinople, il y parut des légats des autres siéges patriarcaux (1) Conc. Nic. II, act. VII: tom. vii Conc. col. 555.

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opprimés alors par les Infidèles. Quelques-uns leur ont contesté leur mission: mais ce qui n'est pas contesté, c'est que loin de les désavouer, tous ces siéges ont accepté le concile sans qu'il y paroisse de contradiction, et il a été reçu par toute l'Eglise. Les Français, environnés d'idolâtres ou de nouveaux chrétiens dont ils craignoient de brouiller les idées, et d'ailleurs embarrassés du terme équivoque d'adoration, hésitèrent long-temps. Parmi toutes les images, ils ne vouloient rendre d'honneur qu'à celle de la croix, absolument différente des figures, que les païens croyoient pleines de divinité. Ils conservèrent pourtant en lieu honorable, et même dans les églises, les autres images, et détestèrent les Iconoclastes. Ce qui resta de diversité ne fit aucun schisme. Les Français connurent enfin que les Pères de Nicée ne demandoient pour les images que le même genre de culte, toutes proportions gardées, qu'ils rendoient eux-mêmes aux reliques, au livre de l'Evangile et à la croix; et ce concile fut honoré par toute la chrétienté sous le nom de septième concile général.

Ainsi nous avons vu les sept conciles généraux, que l'Orient et l'Occident, l'église grecque et l'église latine reçoivent avec une égale révérence. Les empereurs convoquoient ces grandes assemblées par l'autorité souveraine qu'ils avoient sur tous les évêques, ou du moins sur les principaux, d'où dépendoient tous les autres, et qui étoient alors sujets de l'Empire. Les voitures publiques leur étoient fournies par l'ordre des

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