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Melchisedech avoit régné du temps d'Abraham; Melchisédech, ce roi de justice, (car c'est ce que veut dire son nom) et en même temps roi de paix, puisque Salem veut dire paix (1); qu'Abraham avoit reconnu pour le plus grand pontife qui fût au monde : comme si Jérusalem eût été dès-lors destinée à être une ville sainte, et le chef de la religion. Cette ville fut donnée d'abord aux enfans de Benjamin, qui, foibles et en petit nombre, ne purent chasser les Jébuséens anciens habitans du pays, et demeurèrent parmi eux (2). Sous les juges, le peuple de Dieu est diversement traité, selon qu'il fait bien ou mal. Après la mort des vieillards qui avoient vu les miracles de la main de Dieu, la mémoire de ces grands ouvrages s'affoiblit, et la pente universelle du genre humain entraîne le peuple à l'idolâtrie. Autant de fois qu'il y tombe, il est puni; autant de fois qu'il se repent, il est délivré. La foi de la Providence, et la vérité des promesses et des menaces de Moïse se confirme de plus en plus dans le cœur des vrais fidèles. Mais Dieu en préparoit encore de plus grands exemples. Le peuple demanda un roi, et Dieu lui donna Saül, bientôt réprouvé pour ses péchés : il résolut enfin d'établir une famille royale, d'où le Messie sortiroit, et il la choisit dans Juda. David, un jeune berger sorti de cette tribu, le dernier des enfans de Jessé, dont son père ni sa famille ne connoissoit pas le mérite, mais que Dieu trouva selon son cœur, fut sacré par Samuel dans Bethléem sa patrie (3).

(1) Hebr. vII. 2. - (2) Jud. 1. 21. — (3) I. Reg. XVI.

CHAPITRE IV.

David, Salomon, les rois, et les prophètes.

Ici le peuple de Dieu prend une forme plus auguste. La royauté est affermie dans la maison de David. Cette maison commence par deux rois de caractère différent, mais admirables tous deux. David, belliqueux et conquérant, subjugue les ennemis du peuple de Dieu, dont il fait craindre les armes par tout l'Orient; et Salomon, renommé par sa sagesse au dedans et au dehors, rend ce peuple heureux par une paix profonde. Mais la suite de la religion nous demande ici quelques remarques particulières sur la vie de ces deux grands rois.

David régna d'abord sur Juda, puissant et victorieux, et ensuite il fut reconnu par tout Israël. Il prit sur les Jébuséens la forteresse de Sion, qui étoit la citadelle de Jérusalem. Maître de cette ville, il y établit par ordre de Dieu le siége de la royauté et celui de la religion. Sion fut sa demeure: il bâtit autour, et la nomma la cité de David (1). Joab, fils de sa sœur (2), bâtit le reste de la ville, et Jérusalem prit une nouvelle forme. Ceux de Juda occupèrent tout le pays; et Benjamin, petit en nombre, demeura mêlé avec eux.

y

L'arche d'alliance bâtie par Moïse, où Dieu reposoit sur les Chérubins, et où les deux tables du Décalogue étoient gardées, n'avoit point de place fixe. David la mena en triomphe dans Sion (3), qu'il

(1) II. Reg. v. 6, 7, 8, 9. I. Par. x1. 6, 7, 8, - (2) I. Par. 11, 16. − (3) II. Reg. vi. 18.

avoit conquise par le tout-puissant secours de Dieu, afin que Dieu régnât dans Sion, et qu'il y fût reconnu comme le protecteur de David, de Jérusalem et de tout le royaume. Mais le Tabernacle où le peuple avoit servi Dieu dans le désert, étoit encore à Gabaon (1); et c'étoit là que s'offroient les sacrifices, sur l'autel que Moïse avoit élevé. Ce n'étoit qu'en attendant qu'il y eût un temple où l'autel fût réuni avec l'arche, et où se fît tout le service. Quand David eut défait tous ses ennemis, et qu'il eut poussé les conquêtes du peuple de Dieu jusqu'à l'Euphrate (2); paisible et victorieux, il tourna toutes ses pensées à l'établissement du culte divin (3); et sur la même montagne où Abraham prêt à immoler son fils unique fut retenu par la main d'un ange (4), il désigna par ordre de Dieu le lieu du temple.

Il en fit tous les dessins; il en amassa les riches et précieux matériaux; il y destina les dépouilles des peuples et des rois vaincus. Mais ce temple, qui devoit être disposé par le conquérant, devoit être construit par le pacifique. Salomon le bâtit sur le modèle du Tabernacle. L'autel des holocaustes, l'autel des parfums, le chandelier d'or, les tables des pains de proposition, tout le reste des meubles sacrés du temple, fut pris sur des pièces semblables que Moïse avoit fait faire dans le désert (5). Salomon n'y ajouta que la magnificence et la grandeur.

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(1) I. Par. xvI. 39. XXI, 29. (2) II. Reg. vin. I. Par. xviii. — (3) II. Reg. xxiv. 25. I. Par. xx1, xxii et seq.

(4) Joseph. Ant.

lib. vi, c. 10, al. 13. (5) III. Reg. v1, vп, vш. II. Par. 111, IV,

V, VI, VII.

L'arche que l'homme de Dieu avoit construite fut posée dans le Saint des Saints, lieu inaccessible, symbole de l'impénétrable majesté de Dieu, et du ciel interdit aux hommes jusqu'à ce que Jésus-Christ leur en eût ouvert l'entrée par son sang. Au jour de la dédicace du temple, Dieu y parut dans sa majesté. Il choisit ce lieu pour y établir son nom et son culte. Il y eut défense de sacrifier ailleurs. L'unité de Dieu fut démontrée par l'unité de son temple. Jérusalem devint une cité sainte, image de l'Eglise, où Dieu devoit habiter comme dans son véritable temple, et du ciel, où il nous rendra éternellement heureux par la manifestation de sa gloire.

Après que Salomon eut bâti le temple, il bâtit encore le palais des rois (1), dont l'architecture étoit digne d'un si grand prince. Sa maison de plaisance, qu'on appela le Bois du Liban, étoit également superbe et délicieuse. Le palais qu'il éleva pour la Reine fut une nouvelle décoration à Jérusalem. Tout étoit grand dans ces édifices; les salles, les vestibules, les galeries, les promenoirs, le trône du Roi, et le tribunal où il rendoit la justice : le cèdre fut le seul bois qu'il employa dans ces ouvrages. Tout y reluisoit d'or et de pierreries. Les citoyens et les étrangers admiroient la majesté des rois d'Israël. Le reste répondoit à cette magnificence, les villes, les arsenaux, les chevaux, les chariots, la garde du prince (2). Le commerce, la navigation, et le bon ordre, avec une paix profonde, avoient rendu Jérusalem la plus riche ville de l'Orient. Le royaume

(1) III. Reg. VII, x. — (3). III. Reg. x. II. Par. viii, 1X.

:

étoit tranquille et abondant tout y représentoit la gloire céleste. Dans les combats de David, on voyoit les travaux par lesquels il la falloit mériter; et on voyoit dans le règne de Salomon combien la jouissance en étoit paisible.

Au reste, l'élévation de ces deux grands rois, et de la famille royale, fut l'effet d'une élection particulière. David célèbre lui-même la merveille de cette élection par ces paroles (1): « Dieu a choisi » les princes dans la tribu de Juda. Dans la maison. » de Juda, il a choisi la maison de mon père. Parmi » les enfans de mon père, il lui a plu de m'élire >> roi sur tout son peuple d'Israël; et parmi mes » enfans, (car le Seigneur m'en a donné plusieurs) » il a choisi Salomon, pour être assis sur le trône » du Seigneur et régner sur Israël ».

Cette élection divine avoit un objet plus haut que celui qui paroît d'abord. Ce Messie, tant de fois promis comme le fils d'Abraham, devoit aussi être le fils de David et de tous les rois de Juda. Ce fut en vue du Messie et de son régne éternel que Dieu promit à David que son trône subsisteroit éternellement. Sa lomon, choisi pour lui succéder, étoit destiné àreprésenter la personne du Messie. C'est pourquoi Dieu dit de lui : « Je serai son père, et il sera mon » fils (2) »; chose qu'il n'a jamais dite avec cette force d'aucun roi ni d'aucun homme,

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Aussi du temps de David, et sous les rois ses enfans, le mystère du Messie se déclare-t-il plus que jamais, par des prophéties magnifiques, et plus claires que le soleil,

(1) Į. Par, xxviii. 4, 5. — (2) II. Reg. v11. 14. I. Par. xx11. 10.

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