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Hébreux appellent l'Europe et les pays éloignés. Il ne fera aucun bruit à peine l'entendra-t-on, tant il sera doux et paisible. Il ne foulera pas aux pieds un roseau brisé, ni n'éteindra un reste fumant de toile brûlée. Loin d'accabler les infirmes et les pécheurs, sa voix charitable les appellera, et sa main bienfaisante sera leur soutien. Il ouvrira les yeux des aveugles, et tirera les captifs de leur prison (1). Sa puissance ne sera pas moindre que sa bonté. Son caractère essentiel est de joindre ensemble la douceur avec l'efficace : c'est pourquoi cette voix si douce passera en un moment d'une extrémité du monde à l'autre, et sans causer aucune sédition parmi les hommes, elle excitera toute la terre. Il n'est ni rebutant ni impétueux; et celui que l'on connoissoit à peine quand il étoit dans la Judée, ne sera pas seulement le fondement de l'alliance du peuple, mais encore la lumière de tous les Gentils (2). Sous son règne admirable les Assyriens et les Egyptiens ne seront plus avec les Israélites qu'un même peuple de Dieu (3). Tout devient Israël, tout devient saint. Jérusalem n'est plus une ville particulière c'est l'image d'une nouvelle société, où tous les peuples se rassemblent : l'Europe, l'Afrique, et l'Asie reçoivent des prédicateurs dans lesquels Dieu a mis son signe, afin qu'ils découvrent sa gloire aux Gentils. Les élus, jusques alors appelés du nom d'Israël, auront un autre nom où sera marqué l'accomplissement des promesses, et un amen bienheureux. Les prétres et les lévites, qui jusqu'alors sortoient d'Aaron, sortiront dorénavant du mi

(1) Is. XLII. 1, 2, 3, 4, 5, 6.. · (2) Is. XLIX. 6. — (3) Is. XIX. 24, 25.

lieu de la gentilité (1). Un nouveau sacrifice, plus pur et plus agréable que les anciens, sera substitué à leur place (2), et on saura pourquoi David avoit célébré un pontife d'un nouvel ordre (3). Le juste descendra du ciel comme une rosée, la terre produira son germe ; et ce sera le Sauveur avec lequel on verra naitre la justice (4). Le ciel et la terre s'uniront pour produire, comme par un commun enfantement, celui qui sera tout ensemble céleste et terrestre de nouvelles idées de vertu paroîtront an monde dans ses exemples et dans sa doctrine; et la grâce qu'il répandra les imprimera dans les coeurs. Tout change par sa venue, et Dieu jure par luimême que tout genou fléchira devant lui, et que toute langue reconnoîtra sa souveraine puissance (5).

:

Voilà une partie des merveillés que Dieu a mon- y trées aux prophètes sous les rois enfans de David, et à David avant tous les autres. Tous ont écrit par avance l'histoire du fils de Dieu, qui devoit aussi être fait le fils d'Abraham et de David. C'est ainsi que tout est suivi dans l'ordre des conseils divins. Ce Messie montré de loin comme le fils d'Abraham, est encore montré de plus près comme le fils de David. Un empire éternel lui est promis: la connoissance de Dieu répandue par tout l'univers est marquée comme le signe certain et comme le fruit de sa venue la conversion des Gentils, et la bénédiction de tous les peuples du monde, promise depuis si long-temps à Abraham, à Isaac et à Jacob,

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(1) Is. LX. 1, 2, 3, 4, 11. LXI. I, 2, 3, 11. LXII. 1, 2, 11. LXV. 1, 2, 15, 16. LXVI. 19, 20, 21. — (2) Malach. 1. 10, 11. — (3) Ps. cix. 4.

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est de nouveau confirmée, et tout le peuple de Dieu vit dans cette attente.

Cependant Dieu continue à le gouverner d'une manière admirable. Il fait un nouveau pacte avec David, et s'oblige de le protéger lui et les rois ses descendans, s'ils marchent dans les préceptes qu'il leur a donnés par Moïse; sinon, il leur dénonce de rigoureux châtimens (1). David, qui s'oublie pour un peu de temps, les éprouve le premier (2): mais, ayant réparé sa faute par sa pénitence, il est comblé de biens, et proposé comme le modèle d'un roi accompli. Le trône est affermi dans sa maison. Tant que Salomon son fils imite sa piété, il est heureux : il s'égare dans sa vieillesse, et Dieu, qui l'épargne pour l'amour de son serviteur David, lui dénonce qu'il le punira en la personne de son fils (3). Ainsi il fait voir aux pères, que selon l'ordre secret de ses jugemens, il fait durer après leur mort leurs récompenses ou leurs châtimens ; et il les tient soumis à ses lois par leur intérêt le plus cher, c'està-dire par l'intérêt de leur famille. En exécution de ses décrets, Roboam, téméraire par lui-même, est livré à un conseil insensé : son royaume est diminué de dix tribus (4). Pendant que ces dix tribus rebelles et schismastiques se séparent de leur Dieu et de leur roi, les enfans de Juda, fidèles à Dieu et à David qu'il avoit choisi, demeurent dans l'al→ liance et dans la foi d'Abraham. Les lévites se joignent à eux avec Benjamin: le royaume du peuple de Dieu subsiste par leur union sous le nom de

(1) II. Reg. vII. S et seq. III. Reg. 1x. 4 et seq. II. Par. vu. 17 et seq. — (2) II, Reg. x1, x11 et seq. (3) III. Reg. xI. — – (4) Ibid. x1.

royaume de Juda; et la loi de Moïse s'y maintient dans toutes ses observances. Malgré les idolâtries et la corruption effroyable des dix tribus séparées, Dieu se souvient de son alliance avec Abraham, Isaac et Jacob. Sa loi ne s'éteint pas parmi ces rebelles: il ne cesse de les rappeler à la pénitence par des miracles innombrables, et par les continuels avertissemens qu'il leur envoie par ses prophètes. Endurcis dans leur crime, il ne les peut plus supporter, et les chasse de la Terre-promise, sans espérance d'y être jamais rétablis (1).

L'histoire de Tobie arrivée en ce même temps, et durant les commencemens de la captivité des Israélites (2), nous fait voir la conduite des élus de Dieu qui restèrent dans les tribus séparées. Ce saint homme, en demeurant parmi eux avant la captivité, sut non-seulement se conserver pur des idolâtries de ses frères, mais encore pratiquer la loi, et adorer Dieu publiquement dans le temple de Jérusalem, sans que les mauvais exemples ni la crainte l'en empêchassent. Captif et persécuté à Ninive, il persista dans la piété avec sa famille (3); et la manière admirable dont lui et son fils sont récompensés de leur foi, même sur la terre, montre que, malgré la captivité et la persécution, Dieu, avoit des moyens secrets de faire sentir à ses serviteurs les bénédictions de la loi, en les élevant toutefois, par les maux qu'ils avoient à souffrir, à de plus hautes pensées. Par les exemples de Tobie et par ses saints avertissemens, ceux d'Israël étoient (3) Ibid.

(1) IV. Reg. xvii. 6, 7 et seq. (2) Tob. 1. 5, 6, 7. ·

II. 12, 21, 22.

excités à reconnoître du moins sous la verge la main de Dieu qui les châtioit; mais presque tous demeuroient dans l'obstination: ceux de Juda, loin de profiter des châtimens d'Israël, en imitent les mauvais exemples. Dieu ne cesse de les avertir par ses prophètes, qu'il leur envoie coup sur coup, s'éveillant la nuit, et se levant dès le matin, comme il dit lui-même (1), pour marquer ses soins paternels. Rebuté de leur ingratitude, il s'émeut contre eux, et les menace de les traiter comme leurs frères rebelles.

CHAPITRE V.

La vie et le ministère prophétique : les jugemens de Dieu déclarés par les prophéties.

Il n'y a rien de plus remarquable, dans l'histoire du peuple de Dieu, que ce ministère des prophètes. On voit des hommes séparés du reste du peuple par une vie retirée, et par un habit particulier (2): ils ont des demeures, où on les voit vivre dans une espèce de communauté, sous un supérieur que Dieu leur donnoit (3). Leur vie pauvre et pénitente étoit la figure de la mortification, qui devoit être annoncée sous l'Evangile. Dieu se communiquoit à eux d'une façon particulière, et faisoit éclater aux yeux du peuple cette merveilleuse communication: mais jamais elle n'éclatoit avec tant de force que durant les temps de désordre où il sembloit que l'ido

(1) IV. Reg. xvII. 19. XXIII. 26, 27. II. Par. xxxvI. 15. Jer. xxix. 19. — (2) 1. Reg. xxv111. 14. III. Reg. xix. 19. IV. Reg. 1. 8. Is. xx. 2. Zach. x111. 4. (3) I. Reg. x. 10. XIX. 19, 20. 111. Reg. xvii. IV. Reg. II. 3, 15, 18, 19, 25. IV. 10, 38. vi. 1, 2.

lâtrie

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