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>> incontinent vous verrez arriver dans son saint temple le Seigneur que vous cherchez, et l'Ange » de l'alliance que vous désirez ».

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Un ange est un envoyé mais voici un envoyé d'une dignité merveilleuse; un envoyé qui a un temple, un envoyé qui est Dieu, et qui entre dans le temple comme dans sa propre demeure; un envoyé désiré par tout le peuple, qui vient faire une nouvelle alliance, et qui est appelé, pour cette raison, l'Ange de l'alliance ou du testament.

C'étoit donc dans le second temple que ce Dieu envoyé de Dieu devoit paroître : mais un autre envoyé précède, et lui prépare les voies. Là nous voyons le Messie précédé par son précurseur. Le caractère de ce précurseur est encore montré au prophète. Ce doit être un nouvel Elie, remarquable par sa sainteté, par l'austérité de sa vie, par son autorité et par son zèle (1).

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Ainsi le dernier prophète de l'ancien peuple marque le premier prophète qui devoit venir après lui, c'est-à-dire cet Elie, précurseur du Seigneur qui devoit paroître. Jusqu'à ce temps le peuple de Dieu n'avoit point à attendre de prophète; la loi de Moïse lui devoit suffire et c'est pourquoi Malachie finit par ces mots (2): « Souvenez-vous de la » loi que j'ai donnée sur le mont Horeb à Moïse » mon serviteur pour tout Israël. Je vous enverrai » le prophète Elie, qui unira les cœurs des pères » avec le cœur des enfans », qui montrera à ceux-ci ce qu'ont attendu les autres.

A cette loi de Moïse, Dieu avoit joint les pro(1) Mal. 111. 1. 1v. 5, 6. — (2) Mal. iv. 4, 5, 6.

phètes qui avoient parlé en conformité, et l'histoire du peuple de Dieu faite par les mêmes prophètes, dans laquelle étoient confirmées par des expériences sensibles les promesses et les menaces de la loi. Tout étoit soigneusement écrit ; tout étoit digéré par l'ordre des temps et voilà ce que Dieu laissa pour l'instruction de son peuple, quand il fit cesser les prophéties.

CHAPITRE XII.

Les temps du second temple : fruits des châtimens et des prophéties précédentes: cessation de l'idolatrie et des faux prophètes.

De telles instructions firent un grand changement dans les mœurs des Israélites. Ils n'avoient plus besoin ni d'apparition, ni de prédiction manifeste, ni de ces prodiges inouis que Dieu faisoit si souvent pour leur salut. Les témoignages qu'ils avoient reçus leur suffisoient; et leur incrédulité, non-seulement convaincue par l'événement, mais encore si souvent punie, les avoit enfin rendus dociles.

C'est pourquoi depuis ce temps on ne les voit plus retourner à l'idolâtrie, à laquelle ils étoient si étrangement portés. Ils s'étoient trop mal trouvés d'avoir rejeté le Dieu de leurs pères. Ils se souvenoient toujours de Nabuchodonosor, et de leur ruine si souvent prédite dans toutes ses circonstances, et toutefois plus tôt arrivée qu'elle n'avoit été crue. Ils n'étoient pas moins en admiration de leur rétablissement, fait, contre toute apparence, dans le temps et par celui qui leur avoit été marqué. Jamais ils ne voyoient le second temple sans se souvenir pour

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quoi le premier avoit été renversé, et comment celui-ci avoit été rétabli: ainsi ils se confirmoient dans la foi de leurs Ecritures auxquelles tout leur état rendoit témoignage.

On ne vit plus parmi eux de faux prophètes. Ils s'étoient défaits tout ensemble de la pente qu'ils avoient à les croire, et de celle qu'ils avoient à l'idolâtrie. Zacharie avoit prédit par un même oracle que ces deux choses leur arriveroient (1). En voici les propres paroles : « En ces jours, dit le Seigneur » Dieu des armées, je détruirai le nom des idoles » dans toute la Terre-sainte; il ne s'en parlera >> plus : il n'y paroîtra non plus de faux prophètes, » ni d'esprit impur pour les inspirer. Et si quelqu'un » se mêle de prophétiser par son propre esprit, son » père et sa mère lui diront : Vous mourrez de» main, parce que vous avez menti au nom du Sei»gneur ». On peut voir, dans le texte même, reste qui n'est pas moins fort. Cette prophétie eut un manifeste accomplissement. Les faux prophètes cessèrent sous le second temple : le peuple rebuté de leurs tromperies n'étoit plus en état de les écouter. Les vrais prophètes de Dieu étoient lus et relus sans cesse : il ne leur falloit point de commentaire; et les choses qui arrivoient tous les jours, en exécution de leurs prophéties, en étoient de trop fidèles interprètes.

(1) Zach. XIII. 2, 3, 4, 5, 6.

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CHAPITRE XIII.

La longue paix dont ils jouissent, par qui prédite.

En effet, tous leurs prophètes leur avoient promis une paix profonde. On lit encore avec joie la belle peinture, que font Isaïe et Ezéchiel (1), des bienheureux temps qui devoient suivre la captivité de Babylone. Toutes les ruines sont réparées, les villes et les bourgades sont magnifiquement rebâties, le peuple est innombrable, les ennemis sont à bas, l'abondance est dans les villes et dans la campagne; on y voit la joie, le repos, et enfin tous les fruits d'une longue paix. Dieu promet de tenir son peuple dans une durable et parfaite tranquillité (2). Ils en jouirent sous les rois de Perse. Tant que cet empire se soutint, les favorables décrets de Cyrus, qui en étoit le fondateur, assurèrent le repos des Juifs. Quoiqu'ils aient été menacés de leur dernière ruine sous Assuérus, quel qu'il soit, Dieu, fléchi par leurs larmes, changea tout-à-coup le cœur du Roi, et tira une vengeance éclatante d'Aman leur ennemi (3). Hors de cette conjoncture, qui passa si vite, ils furent toujours sans crainte. Instruits par leurs prophètes à obéir aux rois à qui Dieu les avoit soumis (4), leur fidélité fut inviolable. Aussi furent-ils toujours doucement traités. A la faveur d'un tribut assez léger, qu'ils payoient à leurs souverains, qui étoient plutôt leurs protecteurs que leurs maîtres,

(1) Is. XLI. 11, 12, 13. XLIII. 18, 19. XLIX. 18, 19, 20, 21. LII. I, 2, 7. LIV, LV, etc. LX. 15, 16, etc. Ezech. XXXVI, XXXVIII. 11, 12, 13, 14. — (2) Jer. XLVI. 27. (3) Esth. iv, V, VII, VIII, IX. -• (4) Jer. xxvii, 12, 17. XL. 9. Bar. 1, 11, 12,

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ils vivoient selon leurs propres lois : la puissance sacerdotale fut conservée en son entier : les pontifes conduisoient le peuple : le conseil public, établi premièrement par Moïse, avoit toute son autorité; et ils exerçoient entre eux la puissance de vie et de mort, sans que personne se mêlat de leur conduite. Les rois l'ordonnoient ainsi (1). La ruine de l'empire des Perses ne changea point leurs affaires. Alexandre respecta leur temple, admira leurs prophéties, et augmenta leurs priviléges (2). Ils eurent un peu à souffrir sous ses premiers successeurs. Ptolomée fils de Lagus surprit Jérusalem, et en emmena en Egypte cent mille captifs (3): mais il cessa bientôt de les haïr. Pour mieux dire il ne les haït jamais il ne vouloit que les ôter aux rois de Syrie ses ennemis. En effet, il ne les eut pas plutôt soumis, qu'il les fit citoyens d'Alexandrie, capitale de son royaume, ou plutôt il leur confirma le droit qu'Alexandre, fondateur de cette ville, leur y avoit déjà donné; et ne trouvant rien dans tout son état de plus fidèle que les Juifs, il en remplit ses armées, et leur confia ses places les plus importantes. Si les Lagides les considérèrent, ils furent encore mieux traités des Séleucides sous l'empire desquels ils vivoient. Seleucus Nicanor, chef de cette famille, les établit dans Antioche (4); et Antiochus le Dieu, son petit-fils, les ayant fait recevoir dans toutes les villes de l'Asie mineure, nous les avons vus se répandre dans toute la Grèce, y vivre selon

(1) I, Esdr. v11. 25, cont. Apion, n. 4. Apion.

26.

(2) Joseph. Ant. lib. x1, c. 8; et lib. 11 (3) Id. Ant. lib. x1!, c. 1, 2: et lib. 11 cont.

(4) Id. Ant. lib. x11, c. 3: et lib. 11 cont. Apion.

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