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la première fois en 1806, dans l'édition stéréotype d'Herhan.

Le même imprimeur publia la même année, en deux volumes in-18, une Continuation du DISCOURS SUR L'HISTOIRE UNIVERSELLE, qu'il donna comme l'ouvrage de Bossuet. C'est une table chronologique, qui commence au couronnement de l'empereur Charlemagne, et finit en 1661. Il est vrai que Bossuet avoit rédigé, en tout ou en partie, cet abrégé d'histoire. Les manuscrits qui ont servi à l'impression, et où l'on voit des pages entières et plusieurs corrections de sa main, ne permettent d'en douter. Mais il faut avouer aussi que ce n'est qu'un canevas informe, sur lequel le savant prélat se proposoit de travailler quand il en auroit le temps, et qu'il ne l'auroit jamais donné au public dans l'état où il est resté.

pas

Nous n'avons pas osé mettre cette Continuation à la suite du DISCOURS SUR L'HISTOIRE UNIVERSELLE. On nous auroit reproché, avec raison , d'avoir placé un squelette auprès d'un corps plein de vie, de force et de grâce.

Voyez l'Hist. de Bossuet, tom. 1, liv. Iv, n. 21

et 23.

DISCOURS

DISCOURS

SUR

L'HISTOIRE UNIVERSELLE,

A MONSEIGNEUR LE DAUPHIN;

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POUR EXPLIQUER LA SUITE DE LA RELIGION, ET LES CHANGEMENS DES EMPIRES.

PREMIÈRE PARTIE,

Depuis le commencement du monde jusqu'à l'empire de Charlemagne.

BOSSUET. XXXV.

SUR

L'HISTOIRE UNIVERSELLE,

A MONSEIGNEUR LE DAUPHIN.

AVANT-PROPOS.

Dessein général de cet ouvrage : sa division en trois parties.

QUAND l'histoire seroit inutile aux autres hommes, il faudroit la faire lire aux princes. Il n'y a pas de meilleur moyen de leur découvrir ce que peuvent les passions et les intérêts, les temps et les conjonctures, les bons et les mauvais conseils. Les histoires ne sont composées que des actions qui les occupent, et tout semble y être fait pour leur usage. Si l'expérience leur est nécessaire pour acquérir cette prudence qui fait bien régner, il n'est rien de plus utile à leur instruction que de joindre aux exemples des siècles passés les expériences qu'ils font tous les jours. Au lieu qu'ordinairement ils n'apprennent qu'aux dépens de leurs sujets et de leur propre gloire, à juger des affaires dangereuses qui leur arrivent; par le secours de l'histoire, ils forment leur jugement, sans rien hasarder, sur les évé

nemens passés. Lorsqu'ils voient jusqu'aux vices les plus cachés des princes, malgré les fausses louanges qu'on leur donne pendant leur vie, exposés aux yeux de tous les hommes, ils ont honte de la vaine joie que leur cause la flatterie, et ils connoissent que la vraie gloire ne peut s'accorder qu'avec le mérite.

D'ailleurs il seroit honteux, je ne dis pas à un prince, mais en général à tout honnête homme, d'ignorer le genre humain, et les changemens mémorables que la suite des temps a faits dans le monde. Si l'on n'apprend de l'histoire à distinguer les temps, on représentera les hommes sous la loi de la nature, ou sous la loi écrite, tels qu'ils sont sous la loi évangélique; on parlera des Perses vaincus sous Alexandre, comme on parle des Perses victorieux sous Cyrus; on fera la Grèce aussi libre du temps de Philippe, que du temps de Thémistocle ou de Miltiade; le peuple romain aussi fier sous les empereurs que sous les consuls; l'Eglise aussi tranquille sous Dioclétien que sous Constantin; et la France, agitée de guerres civiles du temps de Charles IX et de Henri III, aussi puissante que du temps de Louis XIV, où, réunie sous un si grand roi, şeule elle triomphe de toute l'Europe.

C'est, Monseigneur, pour éviter ces inconvéniens, que vous avez lu tant d'histoires anciennes et modernes. Il a fallu, avant toutes choses, vous faire lire dans l'Ecriture l'histoire du peuple de Dieu, qui fait le fondement de la religion. On ne vous a pas laissé ignorer l'histoire grecque ni

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