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Ans de

Rome.

218

Ans dev.

J. C.

le plus docte des historiens, et par Appien. Et ceux qui après tout cela se trouvent trop resserrés dans la supputation ordinaire des années, pour y ranger à leur gré tous les événemens et toutes les dates qu'ils croiront certaines, peuvent se mettre au large tant qu'il leur plaira dans la supputation des Septante, que l'Eglise leur laisse libre; pour y placer à leur aise tous les rois qu'on veut donner à Ninive, avec toutes les années qu'on attribue à leur règne; toutes les dynasties des Egyptiens, en quelque sorte qu'ils les veulent arranger; et encore toute l'histoire de la Chine, sans même attendre, s'ils veulent, qu'elle soit plus éclaircie.

Je ne prétends plus, Monseigneur, vous embarrasser, dans la suite, des difficultés de chronologie, qui vous sont très-peu nécessaires. Celle-ci étoit trop importante pour ne la pas éclaircir en cet endroit ; et après vous en avoir dit ce qui suffit à notre dessein, je reprends la suite de nos époques.

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Ce fut donc 218 ans après la fondation de Rome, 536 ans avant Jésus-Christ, après les soixante-dix ans de la captivité de Babylone, et 536 la même année que Cyrus fonda l'empire des Perses, que ce prince choisi de Dieu pour être le libérateur de son peuple, et le restaurateur de son temple, mit la main à ce grand ouvrage.

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de

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J. C.

Rome.

Incontinent après la publication de son ordon-
nance, Zorobabel, accompagné de Jésus fils de
Josédec, souverain pontife, ramena les captifs,
qui rebâtirent l'autel, et posèrent les fondemens 219
du second temple. Les Samaritains, jaloux de
leur gloire, voulurent prendre part à ce grand
ouvrage; et sous prétexte qu'ils adoroient le
Dieu d'Israël, quoiqu'ils en joignissent le culte à
celui de leurs faux dieux, ils prièrent Zorobabel
de leur permettre de rebâtir avec lui le temple
de Dieu (1). Mais les enfans de Juda, qui détes-
toient leur culte mêlé, rejetèrent leur proposi-
tion. Les Samaritains irrités traversèrent leur
dessein par toute sorte d'artifices et de violences.
Environ ce temps, Servius Tullius, après avoir
agrandi la ville de Rome, conçut le dessein de
la mettre en république. Il périt au milieu de 221
ces pensées, par les conseils de sa fille, et par le
commandement de Tarquin le Superbe, son gen-
dre. Ce tyran envahit le royaume, où il exerça
durant un long temps toute sorte de violences.
Cependant l'empire des Perses alloit croissant:
outre ces provinces immenses de la grande Asie,
tout ce vaste continent de l'Asie inférieure leur
obéit; les Syriens et les Arabes furent assujettis;
l'Egypte, si jalouse de ses lois, reçut les leurs. 229
La conquête s'en fit par Cambyse fils de Cyrus.
Ce brutal ne survécut guère à Smerdis son frère, 232
qu'un songe ambigu lui fit tuer en secret. Le mage
Smerdis régna quelque temps sous le nom de
Smerdis frère de Cambyse: mais sa fourbe fut
(1) I. Esd. IV. 2, 3.

535

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525

522

de Rome.

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bientôt découverte. Les sept principaux seigneurs conjurèrent contre lui, et l'un d'eux fut mis sur 521 le trône. Ce fut Darius fils d'Hystaspe, qui s'ap

peloit dans ses inscriptions, le meilleur et le mieux fait de tous les hommes (1). Plusieurs marques le font reconnoître pour l'Assuérus du livre d'Esther, quoiqu'on n'en convienne pas. Au commencement de son règne, le temple fut achevé, après diverses interruptions causées par les Samaritains (2). Une haine irréconciliable se mit entre les deux peuples, et il n'y eut rien de plus opposé que Jérusalem et Samarie. C'est du temps de Darius que commence la liberté de Rome et d'Athènes, et la grande gloire de la Grèce. Harmodius 241 513 et Aristogiton, Athéniens, délivrent leur pays d'Hipparque fils de Pisistrate, et sont tués par

ses gardes. Hippias, frère d'Hipparque, tâche en 244 510 vain de se soutenir. Il est chassé : la tyrannie des Pisistratides est entièrement éteinte. Les Athéniens affranchis dressent des statues à leurs libérateurs, et rétablissent l'état populaire. Hippias se jette entre les bras de Darius, qu'il trouva déjà disposé à entreprendre la conquête de la Grèce, et n'a plus d'espérance qu'en sa protection. Dans le temps qu'il fut chassé, Rome se défit aussi de

ses tyrans. Tarquin le Superbe avoit rendu par 245 509 ses violences la royauté odieuse : l'impudicité de

Sexte son fils acheva de la détruire. Lucrèce déshonorée se tua elle-même: son sang et les harangues de Brutus animèrent les Romains. Les rois furent bannis, et l'empire consulaire fut établi suivant (1) Herod. lib. iv, c. 91. — (2) I. Esdr. v, vi.

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les projets de Servius Tullius: mais il fut bientôt Rome. affoibli par la jalousie du peuple. Dès le premier consulat, P. Valérius consul, célèbre par ses victoires, devint suspect à ses citoyens ; et il fallut, pour les contenter, établir la loi qui permit d'appeler au peuple, du sénat et des consuls, dan's toutes les causes où il s'agissoit de châtier un citoyen. Les Tarquins chassés trouvèrent des défenseurs : les rois voisins regardèrent leur bannissement comme une injure faite à tous les rois; et Porsena roi des Clusiens, peuples d'Etrurie, prit 247 507 les armes contre Rome. Réduite à l'extrémité, et presque prise, elle fut sauvée par la valeur d'Horatius Coclès. Les Romains firent des prodiges pour leur liberté Scévola, jeune citoyen, se brûla la main qui avoit manqué Porsena; Clélie, une jeune fille, étonna ce prince par sa hardiesse ; Porsena laissa Rome en paix, et les Tarquins demeurèrent sans ressource. Hippias, pour qui Darius se déclara, avoit de meilleures espérances. 254 500 Toute la Perse se remuoit en sa faveur, et Athènes étoit menacée d'une grande guerre. Durant que Darius en faisoit les préparatifs, Rome, qui s'étoit 261 493 si bien défendue contre les étrangers, pensa périr par elle-même : la jalousie s'étoit réveillée entre les Patriciens et le peuple la puissance consulaire, quoique déjà modérée par la loi de P. Valérius, parut encore excessive à ce peuple trop jaloux de sa liberté. Il se retira au mont Aventin: les conseils violens furent inutiles; le peuple ne put être ramené que par les paisibles remontrances de Ménénius Agrippa; mais il fallut trouver des

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Rome.

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J. C. tempéramens, et donner au peuple des tribuns pour le défendre contre les consuls. La loi qui établit cette nouvelle magistrature, fut appelée la loi sacrée ; et ce fut là que commencèrent les tribuns du peuple. Darius avoit enfin éclaté contre la Grèce. Son gendre Mardonius, après avoir traversé l'Asie, croyoit accabler les Grecs 264 490 par le nombre de ses soldats: mais Miltiade défit cette armée immense, dans la plaine de Marathon, avec dix mille Athéniens. Rome battoit tous ses ennemis aux environs, et sembloit n'avoir à craindre que d'elle-même. Coriolan, zélé patricien, et le plus grand de ses capitaines, chassé, malgré ses services, par la faction populaire, médita la ruine de sa patrie, mena les Volsques contre elle, la réduisit à l'extrémité, et ne put être appaisé que par sa mère. La Grèce ne jouit pas long-temps du repos que la bataille de Marathon lui avoit donné. Pour venger l'affront de la 274 480 Perse et de Darius, Xerxès son fils et son successeur, et petit-fils de Cyrus par sa mère Atosse, attaqua les Grecs avec onze cent mille combattans, (d'autres disent dix-sept cent mille) sans compter son armée navale de douze cents vaisseaux. Léonidas roi de Sparte, qui n'avoit que trois cents hommes, lui en tua vingt mille au passage des Thermopyles, et périt avec les siens. Par les conseils de Thémistocle, Athénien, l'armée navale de Xerxès est défaite la même année, près de Salamine. Ce prince repasse l'Hellespont avec 275 479 frayeur; et un an après, son armée de terre, que Mardonius commandoit, est taillée en pièces au

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