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près de Platée, par Pausanias roi de Lacédémone, Rome. J.C et par Aristide Athénien, appelé le Juste. La bataille se donna le matin; et le soir de cette fameuse journée, les Grecs Ioniens, qui avoient secoué le joug des Perses, leur tuèrent trente mille hommes dans la bataille de Mycale, sous la conduite de Léotychides. Ce général, pour encourager ses soldats, leur dit que Mardonius venoit d'être défait dans la Grèce. La nouvelle se trouva véritable, ou par un effet prodigieux de la renommée, ou plutôt par une heureuse rencontre; et tous les Grecs de l'Asie mineure se mirent en liberté. Cette nation remportoit partout de grands avantages; et un peu auparavant les Carthaginois, puissans alors; furent battus dans la Sicile, où ils vouloient étendre leur domination, à la sollicitation des Perses. Malgré ce mauvais succès, ils ne cessèrent depuis de faire de nouveaux desseins sur une île si commode à leur assurer l'empire de la mer, que leur république affectoit. La Grèce le tenoit alors; mais elle ne regardoit que l'Orient et les Perses. Pausanias venoit d'affran- 277 477 chir l'île de Chypre de leur joug, quand il conçut

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le dessein d'asservir son pays. Tous ses projets 278 476. furent vains, quoique Xerxès lui promît tout: le

traître fut trahi par celui qu'il aimoit le plus, et

son infâme amour lui coûta la vie. La même année 280 474 Xerxès fut tué par Artaban son capitaine des gardes (1), soit que ce perfide voulût occuper le trône de son maître, ou qu'il craignît les rigueurs d'un prince dont il n'avoit pas exécuté assez (1) Arist. Polit. lib. v, cap. 10.

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Rome.

J.C. promptement les ordres cruels. Artaxerxe à la

300 454

Longue-main, son fils, commença son règne, et reçut peu de temps après une lettre de Thémis281 473 tocle, qui, proscrit par ses citoyens, lui offroit ses services contre les Grecs. Il sut estimer, autant qu'il devoit, un capitaine si renommé, et lui fit un grand établissement, malgré la jalousie des 287 467 Satrapes. Ce roi magnanime protégea le peuple Juif (1); et dans sa vingtième année, que ses suites rendent mémorable, il permit à Néhémias de rétablir Jérusalem avec ses murailles (2). Ce décret d'Artaxerxe diffère de celui de Cyrus, en ce que celui de Cyrus regardoit le temple, et celui-ci est fait pour la ville. A ce décret prévu par Daniel, et marqué dans sa prophétie (3), les quatre cent quatre-vingt-dix ans de ses semaines commencent. Cette importante date a de solides fondemens. Le bannissement de Thémistocle est placé, dans la Chronique d'Eusèbe, à la dernière année de la 76 Olympiade, qui revient à l'an 280 de Rome. Les autres chronologistes le mettent un peur audessous la différence est petite, et les circonstances du temps assurent la date d'Eusèbe. Elles se tirent de Thucydide, historien très-exact; et ce grave auteur, contemporain presque, aussi bien que concitoyen de Thémistocle, lui fait écrire sa lettre au commencement du règne d'Artaxerxe (4). Cornélius Nepos, auteur ancien et judicieux autant qu'élégant, ne veut pas qu'on doute de cette date après l'autorité de Thucy

:

(1) I. Esd. VII, VIII. —
(2) I. Esdr. 1. 1. VI. 3. II. Esd. 11. 1, 2.
(3) Dan. 1x. 25. (4) Thucyd. lib. 1.

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J. C.

dide (1) raisonnement d'autant plus solide, qu'un Rome.
autre auteur plus ancien encore que Thucydide
s'accorde avec lui. C'est Charon de Lampsaque
cité par Plutarque (2); et Plutarque ajoute lui-
même, que les Annales, c'est-à-dire celles de
Perse, sont conformes à ces deux auteurs. Il ne
les suit pourtant pas, mais il n'en dit aucune
raison; et les historiens qui commencent huit ou
neuf ans plus tard le règne d'Artaxerxe, ne sont
ni du temps, ni d'une si grande autorité. Il pa-
roît donc indubitable qu'il en faut placer le com-
mencement vers la fin de la 76e Olympiade, et
approchant de l'année 280 de Rome, par où la
vingtième année de ce prince doit arriver vers la
fin de la 81° Olympiade, et environ l'an 300 de
Rome. Au reste, ceux qui rejettent plus bas le
commencement d'Artaxerxe, pour concilier les
auteurs, sont réduits à conjecturer que son père
l'avoit du moins associé au royaume quand Thé-
mistocle écrivit sa lettre ; et en quelque façon que
ce soit, notre date est assurée. Ce fondement
étant posé, le reste du compte est aisé à faire, et
la suite le rendra sensible. Après le décret d'Ar-
taxerxe, les Juifs travaillèrent à rétablir leur ville
et ses murailles, comme Daniel l'avoit prédit (3).
Néhémias conduisit l'ouvrage avec beaucoup de
prudence et de fermeté, au milieu de la résistance
des Samaritains, des Arabes, et des Ammonites.
Le peuple fit un effort, et Eliasib souverain pon-
tife l'anima par son exemple. Cependant les nou-

(1) Corn. Nep. in Themist. c. 9. — (2) Plutarq. in Themist. (3) Dan. ix. 25.

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Rome.

J. C.

veaux magistrats qu'on avoit donnés au peuple romain, augmentoient les divisions de la ville; et Rome, formée sous des rois, manquoit des lois nécessaires à la bonne constitution d'une république. La réputation de la Grèce, plus célèbre encore par son gouvernement que par ses victoires, excita les Romains à se régler sur son 302 452 exemple. Ainsi ils envoyèrent des députés pour rechercher les lois des villes de Grèce, et surtout celles d'Athènes, plus conformes à l'état de leur 451 république. Sur ce modèle, dix magistrats absolus, qu'on créa l'année d'après, sous le nom de Décemvirs, rédigèrent les lois des Douze Tables, qui 304 450 sont le fondement du Droit romain. Le peuple, ravi de l'équité avec laquelle ils les composèrent, leur laissa empiéter le pouvoir suprême, dont ils usèrent tyranniquement. Il se fit alors de grands 305 449 mouvemens par l'intempérance d'Appius Clodius, un des Décemvirs, et par le meurtre de Virginie, que son père aima mieux tuer de sa propre main que de la laisser abandonnée à la passion d'Appius. Le sang de cette seconde Lucrèce réveilla le peuple romain, et les Décemvirs furent chassés. Pendant que les lois romaines se formoient sous les Décemvirs, Esdras docteur de la loi, et Néhémias gouverneur du peuple de Dieu nouvellement rétabli dans la Judée, réformoient les abus, et faisoient observer la loi de Moïse qu'ils observoient les premiers (1). Un des principaux articles de leur réformation fut d'obliger tout le peuple, et principalement les prêtres, à quitter les femmes étran(1) I. Esdr. ix, x. II. Esdr. xIII. Deut. xx111. 3.

gères qu'ils avoient épousées contre la défense de la loi. Esdras mit en ordre les livres saints, dont il fit une exacte révision, et ramassa les anciens mémoires du peuple de Dieu pour en composer les deux livres des Paralipomènes ou Chroniques, auxquelles il ajouta l'histoire de son temps, qui fut achevée par Néhémias. C'est par leurs livres que se termine cette longue histoire que Moïse avoit commencée, et que les auteurs suivans continuèrent sans interruption jusqu'au rétablisse ment de Jérusalem. Le reste de l'histoire sainte n'est pas écrit dans la même suite. Pendant qu'Esdras et Néhémias faisoient la dernière partie de ce grand ouvrage, Hérodote, que les auteurs profanes appellent le Père de l'histoire, commençoit à écrire. Ainsi les derniers auteurs de l'histoire sainte se rencontrent avec le premier auteur de l'histoire grecque; et quand elle commence, celle du peuple de Dieu, à la prendre seulement depuis Abraham, enfermoit déjà quinze siècles. Hérodote n'avoit garde de parler des Juifs dans l'histoire qu'il nous a laissée ; et les Grecs n'avoient besoin d'être informés que des peuples que la guerre, le commerce, ou un grand éclat leur faisoit connoître. La Judée, qui commençoit à peine à se relever de sa ruine, n'attiroit pas les regards. Ce fut dans des temps si malheureux que la langue hébraïque commença à se mêler de langage chaldaïque, qui étoit celui de Babylone durant le temps que le peuple y fut captif; mais elle étoit encore entendue, du temps d'Esdras, de la plus grande partie du peuple, comme il paroît par la

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Rome:

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J. C.

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