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lecture qu'il fit faire des livres de la loi «< hautement » et intelligiblement en présence de tout le peu>>ple, hommes et femmes en grand nombre, et de » tous ceux qui pouvoient entendre, et tout le » monde entendoit pendant la lecture (1) ». Depuis ce temps peu à peu elle cessa d'être vulgaire. Durant la captivité, et ensuite par le commerce qu'il fallut avoir avec les Chaldéens, les Juifs apprirent la langue chaldaïque, assez approchante de la leur, et qui avoit presque le même génie. Cette raison leur fit changer l'ancienne figure des lettres hébraïques, et ils écrivirent l'hébreu avec les lettres des Chaldéens, plus usitées parmi eux, et plus aisées à former. Ce changement fut aisé entre deux langues voisines dont les lettres étoient de même valeur, et ne différoient que dans la figure. Depuis ce temps on ne trouve l'Ecriture sainte parmi les Juifs qu'en caractères chaldaïques.

J'ai dit que l'Ecriture ne se trouve parmi les Juifs qu'en ces caractères. Mais on a trouvé de nos jours, entre les mains des Samaritains, un Pentateuque en anciens caractères hébraïques tels qu'on les voit dans les médailles et dans tous les monumens des siècles passés. Ce Pentateuque ne diffère en rien de celui des Juifs, si ce n'est qu'il y a un endroit falsifié en faveur du culte public, que les Samaritains soutenoient que Dieu avoit établi sur la montagne de Garizim près de Samarie, comme les Juifs soutenoient que c'étoit dans Jérusalem. Il y a encore quelques différences mais légères. Il est constant que les anciens Pères, (1) II. Esdr. viii. 3, 6, 8.

et entre autres Eusèbe et saint Jérôme ont vu cet ancien Pentateuque samaritain; et qu'on trouve, dans celui que nous avons, tous les caractères de celui dont ils ont parlé.

Pour entendre parfaitement les antiquités du peuple de Dieu, il faut ici en peu de mots faire l'histoire des Samaritains et de leur Pentateuque.

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Il faut pour cela se souvenir qu'après Salomon, 3029 975. et en punition de ses excès, sous Roboam son fils, Jéroboam sépara dix Tribus du royaume de Juda, et forma le royaume d'Israël, dont la capitale fut Samarie.

Ce royaume, ainsi séparé, ne sacrifia plus dans le temple de Jérusalem, et rejeta toutes les Ecritures faites depuis David et Salomon, sans se soucier non plus des ordonnances de ces deux rois, dont l'un avoit préparé le temple, et l'autre l'avoit construit et dédié.

Rome fut fondée l'an du monde 3250; et trentetrois ans après, c'est-à-dire l'an du monde 3283, les dix Tribus schismatiques furent transportées à Ninive, et dispersées parmi les Gentils.

Sous Asaraddon, roi d'Assyrie, les Cuthéens furent envoyés pour habiter Samarie (1). C'étoient des peuples d'Assyrie, qui furent depuis appelés Samaritains. Ceux-ci joignirent le culte de Dieu avec celui des idoles, et obtinrent d'Asaraddon un prêtre Israélite qui leur apprit le service du dieu du pays, c'est-à-dire les observances de la loi de Moïse. Mais leur prêtre ne leur donna que les livres de Moïse dont les dix Tribus révoltées

(1) IV. Reg. xv11. 24. I. Esdr. iv. 2.

3080 924

Ans

de

Rome.

77 677

de

Rome.

219

421

dev. avoient conservé la vénération, sans y joindre

J. C.

d'autres livres saints, pour les raisons que l'on vient de voir.

Ces peuples ainsi instruits ont toujours persisté dans la haine que les dix Tribus avoient contre les Juifs; et lorsque Cyrus permit aux Juifs 535 de rétablir le temple de Jérusalem, les Samaritains traversèrent autant qu'ils purent leur dessein (1), en faisant semblant néanmoins d'y vouloir prendre part, sous prétexte qu'ils adoroient le Dieu d'Israël, quoiqu'ils en joignissent le culte avec celui de leurs fausses divinités.

333

Ils persistèrent toujours à traverser les desseins des Juifs lorsqu'ils rebâtissoient leur ville sous la conduite de Néhémias; et les deux nations furent toujours ennemies.

On voit ici la raison pourquoi ils ne changèrent pas avec les Juifs les caractères hébreux en caractères chaldaïques. Ils n'avoient garde d'imiter les Juifs, non plus qu'Esdras leur grand docteur, puisqu'ils les avoient en exécration : c'est pourquoi leur Pentateuque se trouve écrit en anciens. caractères hébraïques, ainsi qu'il a été dit.

Alexandre leur permit de bâtir le temple de Garizim. Manassès, frère de Jaddus souverain pontife des Juifs, qui embrassa le schisme des Samaritains, obtint la permission de bâtir ce temple; et c'est apparemment sous lui qu'ils commencèrent à quitter le culte des faux dieux, ne différant d'avec les Juifs qu'en ce qu'ils le vouloient servir, non point dans Jérusalem, comme (1) I. Esdr. 1V. 2, 3.

de dey.

Dieu l'avoit ordonné, mais sur le mont Garizim. Rome.
On voit ici la raison pourquoi ils ont falsifié,
dans leur Pentateuque, l'endroit où il est parlé
de la montagne de Garizim, dans le dessein de
montrer que cette montagne étoit bénite de Dieu
et consacrée à son culte, et non pas Jérusalem.
La haine entre les deux peuples subsista tou-
jours les Samaritains soutenoient que leur tem-
ple de Garizim devoit être préféré à celui de
Jérusalem. La contestation fut émue devant Pto-
lomée Philométor, roi d'Egypte. Les Juifs, qui
avoient pour eux la succession et la tradition
manifeste, gagnèrent leur cause par un jugement
solennel (1).

:

J.Gi

Les Samaritains, qui durant la persécution 587 167 d'Antiochus et des rois de Syrie se joignirent tou

jours à eux contre les Juifs, furent subjugués par

Jean Hircan, fils de Simon, qui renversa leur 624 130 temple de Garizim, mais qui ne les put empêcher

de continuer leur service sur la montagne où il

étoit bâti, ni réduire ce peuple opiniâtre à veniṛ

adorer dans le temple de Jérusalem.

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De là vient que, du temps de Jésus-Christ, on voit encore les Samaritains attachés au même culte, et condamnés par Jésus-Christ (2).

Ce peuple a toujours subsisté depuis ce tempslà, en deux ou trois endroits de l'Orient. Un de nos voyageurs l'a connu, et nous en a rapporté le texte du Pentateuque qu'on appelle Samaritain, dont on voit à présent l'antiquité; et on entend parfaitement toutes les raisons pour

(1) Jos. Ant. lib. xui, cap. 6, al. 3. — (2) Joan. 1v. 23,

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lesquelles il est demeuré en l'état où nous le voyons.

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Les Juifs vivoient avec douceur sous l'autorité d'Artaxerxe. Ce prince, réduit par Cimon, fils de Miltiade, général des Athéniens, à faire une paix honteuse, désespéra de vaincre les Grecs par la force, et ne songea plus qu'à profiter de leurs divisions. Il en arriva de grandes entre les Athé niens et les Lacédémoniens. Ces deux peuples, 323 431 jaloux l'un de l'autre, partagèrent toute la Grèce.. Periclès, Athénien, commença la guerre du Péloponnèse, durant laquelle Théramène, Thrasybule et Alcibiade Athéniens se rendent célèbres. Brasidas et Myndare Lacédémoniens y meurent en combattant pour leur pays. Cette guerre dura vingt-sept ans, et finit à l'avantage. de Lacédémone, qui avoit mis dans son parti Darius nommé le Bâtard, fils et successeur d'Artaxerxe. Lysandre, général de l'armée navale des 350 404 Lacédémoniens, prit Athènes, et en changea le gouvernement. Mais la Perse s'aperçut bientôt

qu'elle avoit rendu les Lacédémoniens trop puis353 401 sans. Ils soutinrent le jeune Cyrus dans sa révolte contre Artaxerxe son aîné, appelé Mnémon à cause de son excellente mémoire, fils et successeur de Darius. Ce jeune prince, sauvé de la prison et de la mort par sa mère Parysatis, songe à la vengeance, gagne les Satrapes par ses agrémens infinis, traverse l'Asie mineure, va présenter la bataille au roi son frère dans le cœur de son empire, le blesse de sa propre main, et se croyant trop tôt vainqueur périt par sa témérité.

Les

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