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leur garnison ouvrit aux Romains (1). De peur Rome. de s'embarrasser avec eux dans une nouvelle querelle, Carthage céda malgré elle une île si importante, et augmenta son tribut. Elle songeoit à rétablir en Espagne son empire ébranlé par la révolte Amilcar passa dans cette province, avec 524 230 son fils Annibal âgé de neuf ans, et y mourut dans une bataille. Durant neuf ans qu'il y fit la guerre, avec autant d'adresse que de valeur, son fils se formoit sous un si grand capitaine, et tout ensemble il concevoit une haine implacable contre les Romains. Son allié Asdrubal fut donné pour successeur à son père. Il gouverna sa province avec beaucoup de prudence, et y bâtit Carthage la Neuve, qui tenoit l'Espagne en sujétion. Les Romains étoient occupés dans la guerre contre Teuta reine d'Illyrie, qui exerçoit impunément la piraterie sur toute la côte. Enflée du butin qu'elle faisoit sur les Grecs et sur les Epritoses, elle méprisa les Romains, et tua leur ambassadeur. Elle fut bientôt accablée : les Romains ne 525 lui laissèrent qu'une petite partie de l'Illyrie, et gagnèrent l'île de Corfou, que cette reine avoit usurpée. Ils se firent alors respecter en Grèce par une solennelle ambassade, et ce fut la première fois qu'on y connut leur puissance. Les grands progrès d'Asdrubal leur donnoient de la jalousie; mais les Gaulois d'Italie les empêchoient de pourvoir aux affaires de l'Espagne (2). Il y avoit quarante-cinq ans qu'ils demeuroient en repos. La jeunesse qui s'étoit élevée durant ce

(1) Polyb. lib. 1, c. 79, 83, 88. — (2) Polyb. lib. 11, c. 12, 22.

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Rome. J.C. temps ne songeoit plus aux pertes passées, et commençoit à menacer Rome (1). Les Romains, pour attaquer avec sûreté de si turbulens voisins, s'assurèrent des Carthaginois. Le traité fut conclu avec Asdrubal, qui promit de ne passer point 530 224 au-delà de l'Ebre. La guerre entre les Romains et les Gaulois se fit avec fureur de part et d'autre: les Transalpins se joignirent aux Cisalpins : tous furent battus. Concolitanus, un des rois Gaulois, fut pris dans la bataille : Anéroestus, un autre roi, se tua lui-même. Les Romains victorieux passèrent le Pô pour la première fois, résolus d'ôter aux Gaulois les environs de ce fleuve, dont ils étoient en possession depuis tant de siècles. La victoire les suivit partout: Milan fut pris; presque tout le pays fut assujetti. En ce temps 534 Asdrubal mourut; et Annibal quoiqu'il n'eût encore que vingt-cinq ans fut mis à sa place. Dèslors on prévit la guerre. Le nouveau gouverneur entreprit ouvertement de dompter l'Espagne, sans aucun respect des traités. Rome alors écouta les plaintes de Sagonte son alliée. Les ambassadeurs romains vont à Carthage. Les Carthaginois rétablis n'étoient plus d'humeur à céder. La Sicile ravie de leurs mains, la Sardaigne injustement enlevée, et le tribut augmenté, leur tenoient au cœur. Ainsi la faction qui vouloit qu'on abandonnât Annibal, se trouva foible. Ce général songeoit à tout. De secrètes ambassades l'avoient assuré des Gaulois d'Italie, qui, n'étant plus en état, de rien entreprendre par leurs propres (1) Polyb. lib. 11, C. 21.

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forces, embrassèrent cette occasion de se relever. Re. Annibal traverse l'Ebre, les Pyrénées, toute la Gaule Transalpine, les Alpes, et tombe comme en un moment sur l'Italie. Les Gaulois ne manquent point de fortifier son armée, et font un dernier effort pour leur liberté. Quatre batailles perdues font croire que Rome alloit tomber. La Sicile prend le parti du vainqueur. Hiéronyme, roi de Syracuse, se déclare contre les Romains: presque toute l'Italie les abandonne; et la dernière ressource de la république semble périr en Espagne avec les deux Scipions. Dans de telles extrémités, Rome dut son salut à trois grands hommes. La constance de Fabius Maximus, qui, se mettant au-dessus des bruits populaires, faisoit la guerre en retraite, fut un rempart à sa patrie. Marcellus, qui fit lever le siége de Nole, et prit Syracuse, donnoit vigueur aux troupes par ses actions. Mais Rome, qui admiroit ces deux grands hommes, crut voir dans le jeune Scipion quelque chose de plus grand. Les merveilleux succès de ses conseils confirmèrent l'opinion qu'on avoit qu'il étoit de race divine, et qu'il conversoit avec les dieux. A l'âge de vingt-quatre ans il entreprend 543 d'aller en Espagne où son père et son oncle venoient de périr: il attaque Carthage la Neuve, 544 210 comme s'il eût agi par inspiration, et ses soldats l'emportent d'abord. Tous ceux qui le voient sont gagnés au peuple romain : les Carthaginois lui quittent l'Espagne : à son abord en Afrique, 548 les rois se donnent à lui: Carthage tremble à son tour, et voit ses armées défaites: Annibal vic

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torieux durant seize ans est vainement rappelé, et ne peut défendre sa patrie : Scipion y donne la loi; le nom d'Africain est sa récompense : le peuple romain, ayant abattu les Gaulois et les Africains, ne voit plus rien à craindre, et combat dorénavant sans péril.

Au milieu de la première guerre Punique

Théodote gouverneur de la Bactrienne enleva 504 250 mille villes à Antiochus appelé le Dieu, fils d'Antiochus Soter, roi de Syrie. Presque tout l'Orient suivit cet exemple. Les Parthes se révoltèrent sous la conduite d'Arsace, chef de la maison des Arsacides, et fondateur d'un empire qui s'étendit peu à peu dans toute la haute Asie.

Les rois de Syrie et ceux d'Egypte, acharnés les uns contre les autres, ne songeoient qu'à se ruiner mutuellement, ou par la force, ou par la fraude. Damas et son territoire, qu'on appeloit la Cœlé-Syrie, ou la Syrie basse, et qui confinoit aux deux royaumes, fut le sujet de leurs guerres; et les affaires de l'Asie étoient entièrement séparées de celles de l'Europe.

Durant tous ces temps, la philosophie florissoit dans la Grèce. La secte des philosophes Italiques, et celle des Ioniques, la remplissoient de grands hommes, parmi lesquels il se mêla beaucoup d'extravagans, à qui la Grèce curieuse ne laissa pas de donner le nom de philosophes. Du temps de Cyrus et de Cambyse, Pythagore commença la secte Italique dans la Grande-Grèce, aux environs de Naples. A peu près dans le même temps, Thalès Milésien forma la secte Ionique.

De là sont sortis ces grands philosophes, Héraclite, Démocrite, Empedocle, Parménides; Anaxagore, qui un peu avant la guerre du Péloponnèse fit voir le monde construit par un esprit éternel; Socrate, qui un peu après ramena la philosophie à l'étude des bonnes mœurs, et fut le père de la philosophie morale; Platon, son disciple, chef de l'Académie; Aristote, disciple de Platon, et précepteur d'Alexandre, chef des Péripatéticiens; sous les successeurs d'Alexandre, Zénon, nommé Cittien, d'une ville de l'île de Chypre où il étoit né, chef des Stoïciens; et Epicure Athénien, chef des philosophes qui portent son nom, si toutefois on peut nommer philosophes ceux qui nioient ouvertement la Providence, et qui, ignorant ce que c'est que le devoir, définissoient la vertu par le plaisir. On peut compter parmi les plus grands philosophes Hippocrate le père de la médecine, qui éclata au milieu des autres dans ces heureux temps de la Grèce. Les Romains avoient dans le même temps une autre espèce de philosophie, qui ne consistoit point en disputes, ni en discours, mais dans la frugalité, dans la pauvreté, dans les travaux de la vie rustique, et dans ceux de la guerre, où ils faisoient leur gloire de celle de leur patrie et du nom romain: ce qui les rendit enfin maîtres de l'Italie et de Carthage.

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