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de

Rome.

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Antoine Rome tend les bras à César, qui demeure, sous le nom d'Auguste et sous le titre d'Empereur, seul maître de tout l'Empire. Il dompte, vers les Pyrénées, les Cantabres et les 730 Asturiens révoltés : l'Ethiopie lui demande la paix: 732 les Parthes épouvantés lui renvoient les étendards 734 pris sur Crassus, avec tous les prisonniers romains les Indes recherchent son alliance: ses armes se font sentir aux Rhètes ou Grisons, que leurs montagnes ne peuvent défendre la Pannonie le reconnoît la Germanie le redoute, et le Véser reçoit ses lois. Victorieux par mer et par terre, il ferme le temple de Janus. Tout l'univers vit en paix sous sa puissance, et Jésus(Christ vient au monde.

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DIXIÈME ÉPOQUE.

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Naissance de Jésus-Christ.

Septième et dernier âge du monde.

Nous voilà enfin arrivés à ces temps, tant désirés par nos pères, de la venue du Messie. Ce nom veut dire le Christ ou l'Oint du Seigneur; et Jésus-Christ le mérite comme pontife, comme roi, et comme prophète. On ne convient pas de l'année précise où il vint au monde, et on convient que sa vraie naissance devance de quelques années notre ère vulgaire, que nous suivrons pourtant avec tous les autres, pour une plus grande commodité. Sans disputer davantage sur l'année de la naissance de notre Seigneur, il suffit que nous sachions qu'elle est arrivée environ

Ans de J. C.

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de J. C.

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l'an 4000 du monde. Les uns la mettent un peu auparavant, les autres un peu après, et les autres précisément en cette année : diversité qui provient autant de l'incertitude des années du monde, que de celle de la naissance de notre Seigneur. Quoi qu'il en soit, ce fut environ ce temps, mille ans après la dédicace du temple, et l'an 754 de Rome que JésusChrist, fils de Dieu dans l'éternité, fils d'Abraham et de David dans le temps, naquit d'une vierge. Cette époque est la plus considérable de toutes, non-seulement par l'importance d'un si grand événement, mais encore parce que c'est celle d'où il y a plusieurs siècles que les Chrétiens commencent à compter leurs années. Elle a encore ceci de remarquable, qu'elle concourt à peu près avec le temps où Rome retourne à l'état monarchique sous l'empire paisible d'Auguste. Tous les arts fleurirent de son temps, et la poésie latine fut portée à sa dernière perfection par Virgile et par Horace, que ce prince n'excita pas seulement par ses bienfaits, mais encore en leur donnant un libre accès auprès de lui. La naissance de JésusChrist fut suivie de près de la mort d'Hérode. Son royaume fut partagé entre ses enfans, et le principal partage ne tarda pas à tomber entre les mains des Romains. Auguste acheva son règne avec beaucoup de gloire. Tibère, qu'il avoit adopté, lui succéda sans contradiction, et l'empire fut reconnu pour héréditaire dans la maison des Césars. Rome eut beaucoup à souffrir de la cruelle politique de Tibère : le reste de l'Empire fut assez tranquille. Germanicus, neveu de Ti

J

bère,

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le

bère, appaisa les armées rebelles, refusa l'Empire, battit le fier Arminius, poussa ses conquêtes jusqu'à l'Elbe; et s'étant attiré avec l'amour de tous les peuples la jalousie de son oncle, ce barbare le fit mourir ou de chagrin ou par poison. A la quinzième année de Tibère, saint Jean-Baptiste paroît: Jésus-Christ se fait baptiser par ce divin précurseur : le Père éternel reconnoît son Fils bien-aimé par une voix qui vient d'en haut le Saint-Esprit descend sur le Sauveur, sous la figure pacifique d'une colombe : toute la Trinité se manifeste. Là commence, avec la soixante-dixième semaine de Daniel, la prédication de Jésus-Christ. Cette dernière semaine étoit la plus importante et la plus marquée. Daniel l'avoit séparée des autres, comme la semaine où l'alliance devoit être confirmée, et au milieu de laquelle les anciens sacrifices devoient perdre leur vertu (1). Nous la pouvons appeler la semaine des mystères. Jésus-Christ y établit sa mission et sa doctrine par des miracles innombrables, et ensuite par sa mort. Elle arriva la quatrième année de son ministère, qui fut aussi la quatrième année de la dernière semaine de Daniel; et cette grande semaine se trouve, de cette sorte, justement coupée au milieu par cette mort.

Ainsi le compte des semaines est aisé à faire, ou plutôt il est tout fait. Il n'y a qu'à ajouter à quatre cent cinquante-trois ans, qui se trouveront depuis

(1) Dan. IX. 27.

BOSSUET. XXXV.

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de J. C.

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de J. C.

l'an 300 de Rome, et le vingtième d'Artaxerxe, jus-
qu'au commencement de l'ère vulgaire, les trente
ans de cette ère qu'on voit aboutir à la quinzième
année de Tibère, et au baptême de notre Sei-
gneur;
il se fera de ces deux sommes quatre cent
quatre-vingt-trois ans : des sept ans qui restent
encore pour en achever quatre cent quatre-vingt-
dix, le quatrième, qui fait le milieu, est celui où
Jésus-Christ est mort, et tout ce que Daniel a
prophétisé est visiblement renfermé dans le terme
qu'il s'est prescrit. On n'auroit pas même besoin
de tant de justesse; et rien ne force à prendre
dans cette extrême rigueur le milieu marqué par
Daniel. Les plus difficiles se contenteroient de le
trouver en quelque point que ce fût entre les
deux extrémités : ce que je dis, afin que ceux qui
croiroient avoir des raisons pour mettre un peu
plus haut ou un peu plus bas le commencement
d'Artaxerxe, ou la mort de notre Seigneur, ne
se gênent pas dans leur calcul; et que ceux qui
voudroient tenter d'embarrasser une chose claire,
par des chicanes de chronologie, se défassent de
leur inutile subtilité.

Voilà ce qu'il faut savoir pour ne se point embarrasser des auteurs profanes, et pour entendre autant qu'on en a besoin les antiquités judaïques. Les autres discussions de chronologie sont ici fort peu nécessaires. Qu'il faille mettre de quelques années plus tôt ou plus tard la naissance de notre Seigneur, et ensuite prolonger sa vie un peu plus ou un peu moins, c'est une diversité qui provient autant des incertitudes des années du monde que

de celles de Jésus-Christ. Et quoi qu'il en soit, un lecteur attentif aura déjà pu reconnoître qu'elle ne fait rien à la suite ni à l'accomplissement des conseils de Dieu. Il faut éviter les anachronismes qui brouillent l'ordre des affaires, et laisser les savans disputer des autres.

Quant à ceux qui veulent absolument trouver dans les histoires profanes les merveilles de la vie de Jésus-Christ et de ses apôtres, auxquels le monde ne vouloit pas croire, et qu'au contraire il entreprenoit de combattre de toutes ses forces, comme une chose qui le condamnoit, nous parlerons ailleurs de leur injustice. Nous verrons aussi qu'il se trouve dans les auteurs profanes plus de vérités qu'on ne croit, favorables au christianisme et je donnerai seulement ici pour exemple l'éclipse arrivée au crucifiement de notre Seigneur.

Les ténèbres qui couvrirent toute la face de la terre en plein midi, et au moment que Jésus-Christ fut crucifié (1), sont prises pour une éclipse ordinaire par les auteurs païens, qui ont remarqué ce mémorable événement (2). Mais les premiers Chrétiens, qui en ont parlé aux Romains comme d'un prodige marqué non - seulement par leurs auteurs, mais encore par les registres publics (3), ont fait voir que ni au temps de la pleine lune où Jésus-Christ étoit mort, ni dans toute l'année où cette éclipse est observée, il ne pouvoit en être

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(2) Phleg. x

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() Matt. xxv. 45. Olymp. Thall. Hist. 3. (3) Tertull. Apol. c. 21. Orig. cont. Cels. lib. 11, n. 33; tom. 1, P.4; et Fract. xxxv in Matth. n. 134; tom. 111, pag. 923, Euseb. El Chron. Jul. Afric. ibid.

DE LA

VILLE DE

LYON

de J. C.

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