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093

CRITIQUE PHILOSOPHIQUE

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LA

CRITIQUE PHILOSOPHIQUE

(NOUVELLE SÉRIE) 34

PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DE

M. RENOUVIER

TROISIÈME ANNÉE

I

PARIS

AU BUREAU DE LA CRITIQUE PHILOSOPHIQUE
54, RUE DE SEINE, 54

1887

H

LA CRITIQUE PHILOSOPHIQUE

(NOUVELLE SÉRIE)

LA QUESTION DE L'AUTONOMIE COMMUNALE.

I

L'expression autonomie communale signifie étymologiquement un état de choses dans lequel les communes sont leurs propres législatrices, se donnent la loi à elles-mêmes, au lieu de la recevoir de l'Etat, se gouvernent elles-mêmes en toute liberté.

Si l'autonomie communale était complète, absolue, il n'y aurait plus de nation, plus d'État; ou plutôt, chaque commune devenant, au lieu d'une partie, un tout politique, serait elle-même un petit État indépendant, une petite République, qui aurait sa législation et son gouvernement, qui pourrait sans doute contracter avec les communes voisines pour telles ou telles fins, et faire avec elles, dans l'intérêt commun, une alliance plus ou moins durable, mais ne relèverait d'aucune autorité supérieure. En un mot, la nation se trouverait dissoute, morcelée en communes souveraines.

Il n'est pas besoin de dire que le patriotisme ne peut s'accommoder d'une pareille décomposition de la nation en ses éléments. Il ne peut même en envisager l'idée sans horreur. Mais les partisans du système ne manquent pas d'ajouter que l'unité nationale détruite serait, ensuite, rétablie par la fédération ou ligue permanente des communes. Un lien de libre contrat remplacerait, disent-ils, le lien traditionnel d'autorité. Ce qu'il y a d'oppressif dans l'unité aurait disparu; l'union, avec la force qui en résulte, subsisterait. Ainsi comprise, l'autonomie communale paraît avoir été l'idéal politique, autant qu'on y peut saisir un idéal, de l'insurrection communaliste de 1871.

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On peut opposer l'histoire à cette théorie de l'autonomie communale absolue. Les républiques grecques de l'antiquité étaient des communes: elles n'ont jamais pu s'unir entre elles par un lien solide de fédération; les plus puissantes se sont disputé l'empire sur les autres; il n'y a pas eu d'État grec, de nation grecque. La rivalité de ces communes souveraines a été une source de divisions et de guerres continuelles. Par ces divisions et par ces guerres elles se sont affaiblies mutuellement, et elles ont fini 1.-1

CRIT. PHILOS.

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