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la séance du 12 janvier dernier. Ces observations permettent de remplir d'une façon presque certaine les lacunes du texte. L'éminent archéologue n'a pas eu le temps d'étudier l'inscription d'une façon définitive; une photographie qui lui avait été envoyée a donné lieu à ces remarques faites à première vue, mais qui n'en restent pas moins d'un très grand intérêt :

«Le saint n'est pas Lupero mais Luperco; n'ayant pas mes martyrologes, je ne sais pas laquelle des deux formes est plus authentique, mais le c est nécessaire.

>> La mention d'un Curator civitatis dans une inscription chrétienne est rare; elle n'est pas unique. Il y en a en Afrique, comme vous le savez bien, mais non pas dans une inscription votive. J'ai traité dans le Bull. d'arch. chrét. de 1878 des charges municipales et même sacerdotales exercées par les chrétiens des ive, ve et vro siècles.

» La grande difficulté est dans la dernière ligne, car dans les lignes 3 à 6, il y a évidemment (il me semble): VOTVm ips || E PROMISIT testame || NTO LVPERCO martyrI NO || NNITA PEREgrina COM || MENDAVit. Si le trait dont je vois un vestige après PROMISIT n'est pas un T, l'on pourra chercher une autre phrase de sens analogue, par exemple: PROMISIT vivus saNTO, etc. Mais santo pour sancto ne me paraît pas probable, quoiqu'il y en ait des exemples....

» A la fin l'espace manque pour une longue phrase qui puisse relier et compléter les mots. Il faudrait pouvoir suppléer cOMMENDAVI (ou commendavit)... nOMIN || E METVLIE... (puis un autre nom) COMMendatum (votum) complevit. »

M. Héron de Villefosse fait remarquer après cette lecture que le nom Nonnita, qui, du reste, se lit très distinctement sur la pierre, était répandu dans le pays voisin d'Eauze, puisqu'on retrouve à Agen à l'époque mérovingienne un monétaire du nom de Nonnitus. Il ajoute que le même nom se lit sous sa forme féminine sur des inscriptions chrétiennes de Trèves et de Saint-Acheul (Edm. Le Blant, Inscrip. chr., nos 273, 278, 326).

Des observations sont présentées par plusieurs des membres au sujet des transformations graduelles et si fréquentes des noms de

saints.

Je n'ai qu'une observation à ajouter c'est que le nom primitif de saint Luper n'était probablement pas Luperus,

comme l'a supposé M. Piette, ni Lupercus ou Luperculus, comme l'a écrit Scaliger dans un passage que j'ai cité (R. de Gasc., t. xxII, p. 154, note), mais Lupercius. C'est ainsi qu'est écrit le nom de notre saint dans les Acta sanctorum, dans les manuscrits de l'abbé d'Aignan (t. 83, p. 181, Catalogue des saints dont on faisait l'office dans l'église et diocèse d'Auch), et dans la donation de Sainte-Christie à Sainte-Marie d'Auch en 1094, ecclesia sancti Lupercii (Dom Brugèles, preuves de la 1r partie, p. 25).

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Il est donc probable que l'inscription doit se lire ainsi : Quietus, curator civitatis Elosatium, votum ipse promisit lestamento Lupercio martyri. Nonnita peregrina commendavit.... nomine Metullie.... commendatum votum complevit.

V

J'ai le plaisir de terminer cet article par une inscription mérovingienne inédite, recueillie par M. Louis Lartet, professeur à la faculté des sciences de Toulouse:

Elle a été trouvée au petit hameau de Peyrebert, m'a écrit notre savant et très obligeant compatriote, à moins d'un kilomètre à l'est d'Ornézan, dans une vigne où l'on a rencontré plusieurs tombes. Ce point est assez rapproché (moins de 600 mètres) de la villa romaine de Saint-Pé, que j'ai fouillée dans le temps et où j'ai trouvé des débris d'amphores et de poterie rouge samienne, des moyens bronzes de l'empire romain malheureusement effacés, un style en bronze, une agrafe, des cubes de mosaïque, etc., et enfin une sorte de piscine en hémicycle, dallée de plaques rectangulaires de marbre blanc de Saint-Béat, reposant sur une couche fort épaisse de béton romain. L'appareil des murs paraissait avoir tous les caractères du petit appareil romain. Cependant il y en avait d'un autre genre qui avait dû y être ajouté plus tard, ce qui, joint à la présence de vases de même forme que ceux du Tuco de Panassac, me porte à penser que sur les ruines de la villa romaine on a pu édifier d'autres constructions au moyen âge.

La proximité des tombes de Peyrebert et de la villa de Saint-Pé m'a fait supposer qu'elles appartenaient aux habitants de cette demeure.

Ayant appris par hasard qu'il y a quelque 15 ou 20 ans on avait trouvé près de ces tombes une inscription, je me mis à la recherche et fus assez heureux pour en trouver d'abord un débris dans l'étable d'un cultivateur de Peyrebert qui, peu de temps après, m'apporta un autre morceau. C'est de ces deux morceaux réunis que je vous envoie le dessin. Il ne manque qu'une lettre et la moitié d'une autre. Le cultivateur en question, qui avait vu l'inscription avant qu'elle fût brisée, m'a plusieurs fois affirmé qu'il avait lu Brittula. + OVIIT BONE

MEMORIE

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ANN III REG DN

Brittula, de bonne mémoire, mourut le 15 jour avant les kalendes d'avril, la 3o année du règne de notre prince.

Cette inscription est gravée sur une plaque de marbre blanc de Saint-Béat, haute de 35 centimètres, large de 44. Aucun signe de ponctuation ne sépare les mots. Le signe de l'abréviation employé trois fois à chacune des deux dernières lignes est un trait horizontal terminé à gauche par un crochet en haut et à droite par un crochet en bas. Le G de regni affecte la forme dite en faucille.

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Le principal intérêt de cette inscription, qui paraît dater du vr siècle, est dans le nom Brittula.

« Le nom Brittula, m'écrit M. Edmond Le Blant, est rare, peut-être est-ce un diminutif de Brigida ou Brigitta (Brigiltula). Je vous signale au martyrologe d'Adon au 21 » octobre une Brictula qu'on dit avoir été l'une des compa» gnes de sainte Ursule de Cologne.

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Dans la vie de sainte Ursule, aux Acta sanctorum, l'une des compagnes de la sainte est appelée Brictula, Brittula et Britula.

Le P. Mongaillard et l'abbé d'Aignan du Sendat nous ont conservé le souvenir de deux inscriptions mérovingiennes du prieuré de Saint-Orens d'Auch (Rev. de Gasc., t. xxi, p. 260). Mais elles sont perdues; et le monument dont je viens de parler est le seul de ce type dans le diocèse d'Auch.

ADRIEN LAVERGNE.

L'espace que les hasards de la mise en pages ont laissé vide à la suite des Mélanges épigraphiques de M. Adrien Lavergne me suggère une addition à cet intéressant travail. Elle concernera l'épitaphe de Guill. de Monlezun, publiée ci-dessous (p. 28) par M. Henry Denjoy.

:

Cette inscription a été reproduite en photogravure, dès le mois de janvier 1866, dans le premier numéro de la Revue archéologique du midi de la France (p. 7), avec un commentaire de M. l'abbé Canéto, sous ce titre Le Damoiseau (domicellus) au moyen âge. Sans m'arrêter à l'explication du mot damoiseau, dont l'éditeur de la Revue, feu Bruno Dusan, n'était pas entièrement satisfait (il me l'a dit lui-même), je tiens à faire connaître les explications historiques données par notre vénérable directeur sur Guillaume de Monlezun.

<< Selon toute apparence, Wilhem, fils de A., était issu d'ArnaudGuillaume, premier du nom, lequel, de son temps, est surnommé Pelagos.

› C'est Bernard, chef de la série des comtes de Pardiac en 1025, qui, le premier, avait pris cette espèce de surnom dont on ignore la provenance. L'histoire ne l'avait attribué à aucun de ses successeurs. Peut-être serions-nous autorisé à conclure de notre inscription que l'on surnomma Pelagos les aînés de la race, c'est-à-dire les héritiers successifs de la couronne comtale.

Wilhem de Monlezun... était simple damoiseau, et par conséquent, encore jeune en 1264. Or, l'évêque de Lectoure était alors Gérard II de Monlezun, fils d'Auger II ou Otger, de même qu'Arnaud-Guillaume Ier. Il était, par conséquent, oncle de notre Wilhem; et comme d'ailleurs Arnaud II, abbé de Bouillas à cette même époque, appartenait également à la famille des Pardiac-Monlezun, Wilhem, sous ce double patronage, avait sans doute été confié pour son éducation aux bernardins de Bouillas... >>

L. C.

TROIS BARONS DE POYANNE

II

BERNARD DE POYANNE (1).

(Suite.)

Ces soins prirent son temps pendant les derniers mois de l'année 1621 et le commencement de 1622, jusqu'au moment où le nouveau soulèvement des protestants l'appela dans les Landes. Mont-de-Marsan fut cette fois le théâtre de la guerre, et ce fut le marquis de Castelnau qui y joua le rôle de La Force. Il ne sera pas inutile, croyons-nous, d'entrer dans quelques détails personnels sur Castelnau, afin de faire mieux comprendre à quels entraînements il céda en se mettant à la tête des révoltés.

Le gouvernement de la ville de Mont-de-Marsan était depuis l'année 1594 dans la maison de Castelnau, très connue dans l'histoire sous le nom de Castelnau-Chalosse (2). Jean-Jacques

(1) Voyez le volume précédent, p. 62.

(2) M. Tamizey de Larroque a publié, dans la livraison de janvier 1881 de la Revue de Gascogne, une lettre datée de Mont-de-Marsan 1616, écrite par un Castelnau qui proteste avec énergie contre le nom de Castelnau-Chalosse mis sur l'adresse par le secrétaire du roi. Cette lettre a provoqué deux érudites communications de M. le baron de Cauna et de M. Cazauran, qui s'efforcent de prouver lo que l'auteur de la lettre est Jacques de Castille, marquis de Castelnau; 2o que le secrétaire du roi aurait dû écrire sur l'adresse Castelnau-Tursan. Malgré toute l'autorité qui s'attache à ce qui sort de la plume de nos deux savants collaborateurs et amis, nous ne saurions partager leur avis, et nous continuons à donner à Jacques de Castille le nom de Castelnau-Chalosse, nom qui appartient à l'histoire. Henry IV, d'Aubigné, Dupleix, qui connaissaient très bien Jacques de Castille, ne l'appellent que Castelnau-Chalosse; La Force, son ami, et Vignolles, son compatriote et son voisin, ne le nomment pas autrement dans leurs Mémoires. C'est le nom qu'ont employé tous les historiens, pas un n'a dit CastelnauTursan. La baronnie de Castelnau est, il est vrai, située en Tursan, mais le Tursan

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