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l'éloge, quelque chaleureux qu'il puisse être, ne sera pas sans quelque mélange de critiques.

Je puis assurer dès aujourd'hui, d'abord, que la partie matérielle de la publication, depuis le choix du papier et des caractères jusqu'à l'harmonie de la composition et à la netteté du tirage, depuis le titre jusqu'à la table des matières, jusqu'à la couverture, jusqu'au sceau finement gravé du connétable d'Armagnac, ne paraît vraiment rien laisser à désirer. Quelques-uns de nos adhérents avaient trouvé le prix de la souscription un peu élevé; sous peu ils conviendront tous qu'il est aussi modéré que possible.

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Je puis dire de plus sans aborder l'analyse du texte et des notes, sans apprécier le soin et l'habileté qui ont été mis à leur préparation, je puis dire que les DOCUMENTS INÉDITS SUR LA FRONDE EN GASCOGNE, malgré leur nature fragmentaire et leur caractère souvent officiel, forment un tout, non seulement instructif, mais d'une lecture intéressante. Ils constituent, avec les notes géographiques, historiques, généalogiques, placées par l'éditeur partout où besoin était, une sorte d'histoire de la Fronde dans le sud-ouest de la France. Ce n'est pas un livre sans doute; ce n'est pas le livre que M. de Carsalade appelle en termes épius dès la première page de Bon Introduction. Mais ce sont les meilleurs matériaux de ce livre à venir, et par eux-mêmes, je le répète, ils offrent un véritable intérêt de curiosité historique, parfois même, surtout quand le maréchal de Gramont tient la plume, d'esprit et de style.

Une table analytique des plus copieuses rendra l'usage de ce fascicule très fructueux et très facile, même pour ceux qui, sans le lire de suite, voudront y trouver à un moment donné quelque renseignement sur les lieux, les familles, les personnages, les faits historiques mentionnés en si grand nombre dans ces cent soixantesix documents, presque tous inédits et empruntés à plusieurs fonds d'archives publiques ou privées. La confection de cette table longue et minutieuse (16 pages à deux colonnes, petit texte!) est la principale cause qui a retardé plus que nous n'aurions voulu l'apparition de ce premier spécimen de nos Archives historiques. Mais les fascicules suivants sont déjà sous presse.

Ainsi les souscripteurs recevront coup sur coup, après ces pièces du XVIe siècle que M. J. de CARSALADE leur enverra demain, des textes historiques du xvre: Actes consulaires de Bagnères-deBigorre en 1569, édités par M. DURIER, archiviste des Hautes-Pyrénées; une naïve et précieuse relation du xve: Le Voyage en

Terre-Sainte, de Ph. de Montaut, publié pour la première fois par M. TAMIZEY DE LARROQUE; des documents du xive et du xv® sur la maison d'Armagnac-Fezensaguet, publiés par M. DURRIEU, ancien élève de l'Ecole française de Rome; - des notices sur les couvents gascons de Frères prêcheurs au XII siècle, extraites des manuscrits de Bernard Guidonis, par M. l'abbé DOUAIS, mon savant confrère à l'Institut catholique de Toulouse. Bientôt aussi le dialecte gascon prendra sa place naturelle dans les Archives de la Gascogne, à côté du français et du latin: M. Paul PARFOURU, archiviste du Gers, prépare de curieux extraits des Comptes consulaires de Riscle, écrits en langue vulgaire de 1410 à 1507. Enfin (car il faut finir avant d'avoir tout dit), des textes d'une importance exceptionnelle pour notre histoire sociale, civile et religieuse, le Cartulaire de l'abbaye de Saint-Mont et le Livre rouge de Mirande, sont l'objet d'un travail attentif; déjà fort avancé, de M. Justin MAUMUS, avocat à Mirande.

Les sources, on le voit, vont couler abondamment. J'y invite tous ceux qui ont soif de vérité, de sincérité historique. Sitientes, venite ad aquas. Léonce COUTURE.

Les Archives historiques de Gascogne, collection de documents relatifs à l'histoire de cette province, sont publiées, en fascicules indépendants, à partir de l'année 1885, par la Société historique de Gascogne.

Chaque fascicule forme un tout complet, constitué par une seule pièce ou par une série de pièces relatives au même objet, accompagnées au besoin de notes, notices, tables, glossaires, etc., etc.

La Commission de publication donnera chaque année la valeur de 5 à 600 pages grand in-8°.

Le prix de la souscription annuelle a été fixé à 12 francs, recouvrables d'avance, sauf pour la présente année où ils ne seront exigibles qu'après la réception du premier fascicule. On peut souscrire à Auch, chez M. Paul PARFOURU, archiviste du département, ou chez MM. COCHARAUX, imprià Paris, chez M. H. CHAMPION,

meurs, rue de Lorraine;

libraire, quai Malaquais, 15.

LE SCEAU DE LA VILLE DE CONDOM

AU XIII. SIÈCLE

avec la description de quelques autres sceaux relatifs à la Gascogne.

I

Il s'est vendu, au mois de mai de cette année 1883, à la salle n° 3 de l'hôtel Drouot, à Paris, une très belle collection de sceaux-matrices (dix-sept cents environ), de tous les pays et de toutes les époques, qui appartenait à M. J.-B. Charvet, né à Mâcon le 24 novembre 1821, mort récemment. Dans le nombre brillait au premier rang, à côté de très beaux sceaux de villes, tels que ceux de Dijon, de Beauvais, d'Avignon, de Pavie, etc., autant par la dimension de son diamètre que par son bon état de conservation, une magnifique matrice du sceau de la ville de Condom du XIe siècle, avec la matrice de son contre-sceau séparé. Il eût été désirable que la ville de Condom ou une société quelconque du sud-ouest eût tenu à conserver pour la province de Gascogne ces deux remarquables échantillons. Un instant, nous-même, nous avons pu croire qu'il nous serait permis de l'acquérir. Mais le bruit qui depuis longtemps s'était fait autour de cette vente et un important catalogue, qui contenait d'intéressantes gravures, avaient attiré une foule de savants et d'antiquaires, qui se sont disputé à prix d'or les divers objets de cette précieuse collection.

Mis aux enchères à cent francs, les deux sceaux de la ville Tome XXIV. —Septembre-Octobre 1883.

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de Condom, vendus ensemble, ont atteint rapidement la somme de sept cents francs; moyennant quoi ils sont devenus la propriété d'un amateur étranger à notre province, et par suite, ils sont, croyons-nous, à tout jamais perdus pour notre pays.

Nous avons alors pensé qu'il serait agréable aux lecteurs de la Revue de Gascogne de connaître au moins la gravure de ce sceau de Condom, dont le cliché existait déjà. Sur notre demande, le nouveau propriétaire a bien voulu nous permettre d'en faire reproduire une image. En conséquence, qu'il nous permette de lui adresser ici tous nos remerciements, ainsi que ceux de nos savants compatriotes, qui, frustrés de la possession de ce sceau, pourront ainsi, quoique de loin, en prendre connaissance et l'apprécier comme il le mérite.

La photogravure que nous donnons ci-jointe, à l'appui de notre texte, représente sous ses deux faces ce sceau de la ville de Condom. Sur les deux, la légende est la même; on y lit en effet tout autour, en capitales onciales et entre deux cordons perlés:

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+SIGILLVM COM VNITATIS VILLE CONDOMENSIS

Sur la face la ville de Condom avec son mur d'enceinte, ses fossés, son église, ses maisons. Sur le premier plan, très en relief, se dessinent parfaitement les murailles de la ville. avec quatre tours reliées entre elles par des courtines crénelées. Les deux tours extrêmes sont percées au rez-de-chaussée d'une ouverture qui semble être une poterne. Celle du milieu, beaucoup plus grande, défend la porte principale. Elle est surmontée d'un premier étage à deux larges fenêtres et terminée, au-dessus d'une rangée de créneaux, par un pignon aigu. Sous cette porte, un cavalier armé, la lance en arrêt, se dispose à franchir le pont: ce pont, à dos d'âne, est soutenu par trois arches, bâties, soit dans le lit de la Baïse, soit plutôt sur un simple fossé qui entoure le mur d'enceinte.

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