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Sur les rives du Cydnus,

Aux yeux d'ANTOINE idolâtre,

Parut une autre VÉNUS.

SANS VOUS, que fert dans l'Hiftoire,

Un nom triftement fameux

Par l'éclat d'une victoire ?
Loin de moi ces furieux,
Dont le vulgaire servile
Fait des Héros glorieux;
Moi, j'aimerai toujours mieux
Prendre un baifer qu'une Ville.

Vous qu'Amour doit tant chérir,
Vous fi bien faits pour nous plaire
Qui révélez au mystère

Tous les fecrets du plaifir;

Que cette gaze légère,

En feignant de vous couvrir,
Semble inviter le défir

A devenir téméraire !

Que mon œil, avec ardeur, Ou fe repose ou s'égare Dans l'intervalle enchanteur Dont l'albâtre vous sépare! Tome Premier.

L

MAIS quel défordre charmant!
Tout-à-coup, que vois-je éclore?
Je l'apperçois, je l'adore,
Ce Bouton, plus féduisant
Que ceux des jardins de FLORE.
Quel éclat!... En le voyant,
O ma Déeffe! ô DELPHIRE!

Mes yeux fe troublent.... j'expire....
Je renais en y touchant.

PAR M. LE MARQUIS DE VILLETTE.

SUIS-MOI douce mélancholic,

Viens dans ces Bois flencieux
Nourrir le calme langoureux

Où mon ame eft enfévelie.

UNE innocente volupté,

Par un charme fecret dans ces Jardins m'attire.
Quelle vive fécondité!

C'est le PRINTEMPS qu'avec l'air on refpire.
Les plus fuaves odeurs,

Du bout des rives fortunées,

Sur les aîles d'EURUS, en nos champs ramenées,
Parfument l'air & les fleurs.

Tout s'anime & fe renouvelle ;

Quel Dieu fur l'Univers exerce fon pouvoir?
Quel Dieu donne à la Terre une face nouvelle ?
ÉGLÉ, pour le connaître, il fuffit de vous voir.

PLEIN d'une tendre inquiétude,

Chaque Etre qui foupire; heureux en ces beaux jours,
D'aimer fait fon unique étude :

Tout le cortège des AMOURS
Folâtre dans ma folitude.

CES petits Dieux éparpillés,

Aux Roffignols égofillés,

Apprennent à chanter leurs plaifirs & leurs peines.
L'humble Saule & le Peuplier,

Le long de ces ruiffeaux, aux bords de ces fontaines,
Se courbent, amollis par les douces haleines
Du ZEPHIR qui vient les plier.

Sous ces Arbres déja le plus riant ombrage
S'épaiffit avec leurs rameaux.

Bergère, dont la gloire est encor d'être sage,
N'approchez plus de ces Berceaux.

LE

PAR THOM A S.

E BON Sultan, Monarque de Byzance,
Difait un jour dans fon joli Bercail :
Rofes d'AMOUR qui peuplez mon Sérail,
Défennuyez ma fublime Excellence.

Je veux un Conte. On contait autrefois;
Charmant Conteurs divertiffaient les Rois.
Peut-on aimer, aimer, aimer fans ceffe?
L'AMOUR S'endort fur un riche tapis.
On báille, hélas ! auprès d'une Maitreffe
Auprès de cent, Mesdames, c'est bien pis.
Çà, commencez, fur-tout qu'on m'intéreffe.
Lors de CALEB (1) on lui lut les récits;

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(1) Conte Oriental, par Madame MONNET. Les talens de cette femme ingénieufe, fon naturel heureux, fa raison, l'avaient fait admettre dans la fociété familière de l'éloquent & vertueux Académicien. Ce fut lui qui, fe promenant un jour avec quelques Amis, fut follicité par l'un d'eux de remarquer un brillant Abbé qui donnait le bras à une jeune Dame. Cet Ami demanda en même-temps au respectable THOMAS, pourquoi il était ordinaire de voir fe promener enfemble deux perfonnes pareilles. » C'eft, répondit-il, parce qu'elles ont befoin l'une de l'autre. La jolie femme dit à l'Abbé joignez votre inutilité à mon oifiveté pour adoucir mon ennui «<,

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