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Dés écrivains, d'ailleurs recommandables par leurs vertus, peuvent aussi jeter quelquefois dans l'embarras par rapport à la vérité de certains faits. On sait qu'il en est qui ont porté trop loin la crédulité, pour n'avoir pas assez examiné les mé moires d'après lesquels ils travaillaient. Comme ils étaient sincères et ennemis de l'imposture, ils ne pouvaient soupçonner la bonne foi des autres. Ils auront donc été trompés ; car nous défions la critique la plus sévère de nous citer un auteur reconnu dans l'église pour homme de bien, qui contre le témoignage de sa conscience, ait donné pour vraies des choses qu'il savait être fausses. Après tout, sur quoi tombe cette crédulité que l'on fait sonner si haut? Est-ce sur des faits importans et essentiels ? Nullement; elle n'a pour objet que de petites circonstances, ou du moins de ces sortes de faits qui par eux-mêmes doivent très-peu intéresser.

Il suit de toutes les observations que nous venons de faire, qu'il en coûte plus de peine qu'on ne pourrait d'abord se l'imaginer pour parvenir à la connaissance de la vérité. Il faut de la critique pour apprécier au juste les divers mémoires, et du discernement pour n'en employer que de sûrs. Heureusement notre siècle offre une infinité de secours. Un grand nombre de savans, sur-tout de l'ordre monastique, ont entrepris de réviser les écrits des anciens, afin de séparér les pièces de bon aloi d'avec celles qui étaient supposées. Ils ont confronté les manuscrits, et éclairci les points qui souffraient des difficultés; ils ont restitué le Augustin, de S. Grégoire, defrentes de la confession de saint S. Žénon, etc. ayant publie des Ephrem. La vérité de ce que commentaires sous le nom de nous venons de dire se prouve leurs maîtres, parcé qu'ils n'é- par ce qui est arrivé même de taient effectivement qu'un re-notre temps. N'a-t-on pas vu cueil de ce qu'ils avaient dit paraître sous le nom de Boerde vive voix, on aura continue haave, plusieurs ouvrages qui de les attribuer à ces saints do n'étaient jamais sortis de sa teurs, et voilà encore pourqui plume, tels que la Materia me-nous avons trois éditions diffé- dica, la Praxis medica, etc?

texte des auteurs originaux, en faisant disparaître les changemens hasardés par une critique témé raire, en corrigeant les fautes des copistes ou des imprimeurs, en retranchant toutes les fourrures et toutes les falsifications. Les textes étant ainsi épurés, ils nous ont donné des éditions qui ne laissent rien à désirer pour la correction et l'exactitude. Enfin, ils ont jeté tant de lumière sur cette sorte de littérature, que désormais on n'est presque plus exposé à faire de faux pas, ni à s'égarer.

Nous ne nous arrêterons point à nommer ici tous les agiographes qui nous ont précédés; nous n'apprendrions rien aux gens de lettres (k): mais

(k) Les plus connus d'entre du côté des talens, ont porté de les compilateurs de Vies de Métaphraste un tout autre jugeSaints, sont, 1. Siméon Méta-ment. Qu'on lise sur-tout l'His phraste, qui florissait vers l'an toire littéraire de Cave, t. II, p. 912, et qui fut grand logo-188. Léon Allatius a fait aussi thète des empereurs Léon le l'apologie de Métaphraste dans philosophe, et Constantin Por-sa Diatriba de Nilis, p. 24. phyrogenète. Nous avons de lui 2.° Jacques de Voragine, auune collection de 122 vies de teur de la Légende dorée, qui saints. Cet auteur a réformé le florissait vers l'an 1290. C'était style des ouvrages qu'il compi-un dominicain qui devint lait, et y a ajouté quelques faits archevêque de Gênes. Il met dont la certitude n'a pas de dans la bouche des martyrs des garans bien sûrs. Mais on a eu discours qu'ils n'ont point te tort de le regarder comme un nus, et qu'il a tirés de son imposteur; il n'a point inventé imagination. Il montre par-tout les faits qu'il a rapportés, il les qu'il n'avait ni critique, ni ju a seulement copiés sur des mé-gement.

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moires qui existaient avant lui. 3.o Lippoman, évêque de On ne peut donc lui reprocher Vérone, et Surius, chartreux qu'un excés de crédulité et un de Cologne. Le premier écridéfaut de critique. On voit d'ail-vait vers l'an 1550, et le seleurs par les panegyriques de cond vers l'an 1570. Ces deux Psellus, que Métaphraste avait auteurs ont quelquefois manbeaucoup de piété, et que par qué de discernement dans le conséquent il était incapable choix des matériaux qu'ils ont d'en imposer par des faits inven- employés.

tés à plaisir. Baillet a pris à 4. Ribadeneira, jésuite. Il tâche de le décrier. Heureuse-n'a de bon que les vies des ment son autorité n'est point saints qui vécurent près de son irrefragable. Des écrivains qui temps. C'est dommage que cet ne lui étaient point inférieurs auteur n'ait point eu de criti

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la reconnaissance exige que nous nommions ceux du travail desquels nous avons le plus profité. Nous mettons à la tête les savans Bollandistes qui ont publié les Acta Sanctorum avec des notes critiques et des dissertations fort curieuses; viennent ensuite Mabillon et Bulteau, qui ont si bien fait connaître les saints de l'ordre de saint Benoît; D. le Nain et le P. Touron, auxquels on doit les vies des saints des ordres de Citeaux et de saint Dominique; M. de Tillemont, qui nous a laissé d'excellens mémoires sur l'histoire ecclésiastique des six premiers siècles; le cardinal Orsi, qui à si parfaitement réussi à peindre les principaux pères de l'église; dom Thierri Ruinart, éditeur des Acta sincera Martyrum, qui ont été ou tirés des registres publics, ou composés d'après les relations des témoins oculaires et dignes de foi; MM. Etienne-Evode et Joseph Assémani, auxquels nous sommes redevables des Acta Martyrum orientalium et Boccidentalium, de la Bibliothèque orientale, etc. (1). Nous ne pousserons pas plus loin cette

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que; car la manière dont ilgium de Jean de Tinmouth présente les choses, lui aurait moine de S. Alban, lequel floassuré une place distinguée rissait en 1366. On en voyait parmi les agiographes. Des un très-beau Ms. dans la biblioécrivains Espagnols, Français thèque cottonienne à Londres; et Italiens ont fait des additions mais le feu d'un incendie ayant à l'ouvrage de Ribadeneïra; fait fondre la matière visqueuse mais ils ont puisé, comme lui, qui tenait les feuilles collées dans les sources les plus mé. ensemble, elles se sont telleprisables. ment retirées et tortillées 2

5.0 Jean Capgrave, de l'or-qu'on n'y peut plus rien lire. dre des hermites de S. Augus- Nous ne disons rien des agiotin, Il fut quelque temps confes- graphes français, parce qu'ils seur du duc de Glocester et sont connus de tout le monde; mourut, en 1484, à Lynn dans nous observerons seulement la province de Norfolk. Il est que quelques-uns ont gâté leurs auteur d'une légende des saints ouvrages, d'ailleurs fort utiles, d'Angleterre, qu'il composa en donnant dans les écarts d'une d'après une collection de vies critique fausse et dangereuse. de saints de beaucoup anté- (1) Les actes des martyrs rieure au temps où il vivait; et d'orient (dé Perse) et d'occicette collection paraît n'avoir dent (de la Palestine) furent été autre chose que le Sanctilo-imprimés à Rome en 1748, 2

liste; il suffira de renvoyer aux citations répandues dans le corps de l'ouvrage.

Nous avertirons toutefois, en finissant, que nous avons sur-tout pris pour guides les auteurs originaux. Un ruisseau est toujours pur à sa source; ce n'est qu'à mesure qu'il s'en éloigne, qu'il se charge de corps étrangers.

vol. in-fol. Les premiers ont plusieurs autres Mss. précieux, pour auteur saint Maruthas,qui furent achetés par l'ordre évêque voisin de la Mésopota-et aux dépens du pape Clément mie. Les seconds paraissent XII. Le même savant a eu part être l'ouvrage entier qu'Eusèbe à la dernière édition des œuvres avait composé sur les martyrs de S. Ephrem. M. Joseph-Side la Palestine, et dont il amonius Assemani est oncle du donné un abrégé dans le hui-précédent, et premier préfet tième livre de son histoire ec-de la bibliothèque du Vatican. clésiastique. M. Etienne-Evode Outre la Bibliothèque orientale, Assémani, archêveque d'Apa-il a donné encore au public mée, les a publiés d'après un d'autres ouvrages très-intéMs. chaldaïque trouvé dans un ressans dont les principaux monastère de la Haute-Egypte. sont les Italice Historia ScriptoIl avait apporté d'orient cette res, et les Calendaria Ecclesi importante pièce, ainsi que universe, notis illustrata.

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