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cours en 1680, avec le texte grec de la Vie de saint Chrysostome par Pallade 1. On en trouve plusieurs fragments dans Facundus, et le même auteur nous a conservé deux endroits d'un autre discours de saint Chrysostôme, où, en parlant sur les martyrs, il disait encore beaucoup de choses à la louange de Diodore de Tarse.

5. Il y a plusieurs endroits dans le discours 4 sur le saint jour de Pâques, qui se trouvent presque en mêmes termes dans l'homélie contre les Ivrognes et sur la Résurrection. Le commencement a aussi beaucoup de conformité avec ce qu'on lit dans l'homélie sur la Croix, ce qui l'a fait regarder comme une compilation de divers discours de ce Père, et mettre par quelques critiques au rang des pièces apocryphes 2. Mais cette raison paraîtra faible à ceux qui feront réflexion que saint Chrysostome ne se faisait aucun scrupule de répéter dans un discours beaucoup de choses qu'il avait dites dans les précédents; et qu'ayant prêché tant de fois sur la Pâque, il lui était difficile de ne pas tomber dans quelques redites. « Depuis que Jésus-Christ, dit-il, a brisé les portes de l'enfer et les liens de la mort, nous ne devons plus regarder la mort que comme un sommeil; elle doit cesser de nous paraitre terrible et de nous effrayer. La joie de cette fête n'est pas seulement commune aux hommes, mais encore aux esprits célestes, qui se réjouissent de notre salut, et il y a cette différence entre le banquet que Dieu nous y fait, et ceux qui se font dans les fêtes du siècle : dans ceux-ci, pendant que le riche est dans l'abondance et les plaisirs, le pauvre gémit accablé de chagrins et de misère; dans celui-là, au contraire, le pauvre est traité comme le riche, la grâce de Dieu ne faisant acception de personne. » Sur la fin il s'adresse aux nouveaux baptisés, et parle de la vertu de l'eau du baptême, en avertissant ceux qui y avaient été plongés, de vivre à l'avenir suivant les règles qu'on leur avait prescrites.

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l'intempérie de l'air l'a empêché et ses auditeurs de monter sur la montagne des Oliviers; ce qui marque un homme qui prêchait dans l'église de Jérusalem. Au nombre 3, il dit qu'on avait lu ce jour-là les paroles de saint Jean qui regardent l'apparition de Jésus-Christ aux Apôtres: Sur le soir du même jour, qui était le premier de la semaine : paroles qui n'ont aucun rapport à la fête de l'Ascension de Jésus-Christ, dont on dit même peu de chose dans ce discours.

§ VIII.

Des Homélies faussement attribuées à saint
Chrysostôme.

1. Photius dit qu'il avait vu vingt-deux sermons de saint Chrysostôme sur l'Ascension 3, tous assez courts: nous en avons cinq sur le même sujet, mais si éloignés du style et de la méthode de ce Père, qu'on ne peut les lui attribuer. Le premier est sans suite et sans liaison, et on y traite presque de toute autre chose que de ce qui est avancé dans le titre, savoir des Apôtres, et en particulier de saint Paul et du soufflet qui lui fut donné par ordre d'Ananie, prince des prêtres. Le second vaut un peu mieux, mais il pourrait n'être qu'un composé de divers fragments des homélies de saint Chrysostôme: il y en a un, entre autres, tiré du discours sur l'Ascension, imprimé dans le second tome de ses œuvres, qui est mis ici sans liaison avec ce qui précède. Le troisième est d'un style bas et différent de celui de saint Chrysostôme; il faut porter le même jugement du quatrième. L'auteur y combat en termes exprès les hérétiques qui n'admettaient qu'une nature en Jésus-Christ, c'est-à-dire les nestoriens; ainsi il vivait après saint Chrysostôme. Le cinquième est très-peu de chose et indigne du nom qu'il porte. [Ch. J. Mattheï a publié sous le nom de saint Chrysostome une homélie sur l'Ascension. Thilo a prouvé qu'elle était d'Eusèbe d'Alexandrie.]

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2. Le même Photius marque dix-sept homélies 5 de saint Chrysostome sur la Pente- sur la Pentecôte; on en trouve trois sur cette fête parmi les pièces qui lui sont supposées. La première est assez belle, mais d'un style plus concis que n'est celui de saint Chrysostome; quel

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Homélie

Esprit, p.797.

ques-uns l'ont attribué à Sévérien de Gabales, mais sans en donner de bonnes raisons; ce qu'on peut assurer, c'est qu'elle fut faite sur la fin du quatrième siècle, si l'on reçoit comme partie du texte ce qui y est dit que l'empereur qui régnait alors était fils de Théodose et père de Théodose, car cela doit s'entendre d'Arcade, fils du grand Théodose et père du jeune, qui naquit en 377, et commença de régner en 395. La seconde homélie n'a ni style ni liaison, et il y a même des puérilités. On trouve dans la troisième quantité de solécismes et des endroits si obscurs, qu'à peine peut-on les entendre.

3. Le style de l'homélie sur le Saint-Esprit sur le Saint- est plus concis que celui de saint Chrysostôme, et on y trouve plusieurs façons de parler qu'il n'emploie jamais; c'est ce qui a porté les plus habiles critiques à la rejeter comme supposée malgré l'autorité de Photius qui l'attribue à saint Chrysostôme, et qui en donne le précis dans sa Bibliothèque. Quoi qu'il en soit, on trouve dans ce discours beaucoup d'esprit et de force, et l'auteur défend avec beaucoup de solidité la divinité du SaintEsprit contre les macédoniens. Il y remarque que ces hérétiques, quoiqu'ils admissent la consubstantialité du Fils, ne voulaient pas néanmoins y souscrire dans le sens qu'elle avait été proposée par le concile de Nicée. Cette homélie, qui est très-ancienne, mérite d'être lue: quelques-uns l'attribuent à Sévérien de Gabales.

Homélie

sur le Pasteur

et sur la bre

bis, pag. 811.

4. L'homélie sur Jésus-Christ pasteur et sur la Brebis était autrefois intitulée Sur saint Acace; mais comme il n'est rien dit de ce Saint dans tout le discours, et qu'il y est parlé dès le commencement de Jésus-Christ, qui s'appelle lui-même le bon Pasteur, on a changé ce titre sur l'autorité de l'ancien manuscrit de la Bibliothèque du roi. Au reste, c'est une assez mauvaise pièce qu'on a voulu relever par le nom de saint Chrysostôme. 5. L'homélie intitulée: De l'Adoration de la ration de la croix, est extrêmement chargée d'épithètes, et on croit avec beaucoup de vraisemblance qu'elle est d'un auteur du moyen âge : elle fut faite au jour destiné annuellement au milieu du carême, pour l'adoration de la croix; on y dit d'assez belles choses, et on y remarque entre autres que les chrétiens faisaient fréquemment le signe de la croix, qu'il était en usage dans le baptême, lorsqu'on s'appro

Sur l'A do

1 Phot., cod. 77, p. 841.- 2 Phot., cod. 172, p. 85.

chait de l'eucharistie, dans l'ordination et dans la célébration des mystères, où ce signe sert comme de couteau pour immoler l'hostie. On commençait aussi par ce signe toutes les actions de la journée, on la peignait dans l'intérieur des maisons, sur les murailles, sur les fenêtres et sur les portes; et les chrétiens l'imprimaient sur leur front, et surtout dans leur cœur et dans leur esprit. L'homélie qui a pour titre : De la Confession de la croix, est tirée en partie de la précédente. On y décrit l'usage de la croix et les merveilles que ce bois sacré a opérées.

ARTICLE V.

DES ÉCRITS CONTENUS DANS LE QUATRIÈME

TOME.

§ I.

Pag

Des dix premières homélies sur la Genèse. 1. Photius 2 n'avait dans ses manuscrits que soixante- une homélies ou discours de ces saint Chrysostome sur la Genèse, au lieu que nous en avons soixante dans les imprimés, sans y comprendre la première, qui n'est pas, à proprement parler, sur la Genèse, mais un discours préliminaire pour le commencement du carême. Il y a donc toute apparence qu'il en manquait quelques-unes dans les copies de Photius, car on ne peut pas dire que ces homélies y aient été divisées d'une autre manière, puisqu'elles ont chacune un exorde et une fin convenables. Il en manquait donc cinq à Photius, et apparemment aussi quelques-unes à Justinien 3, qui cite de la onzième ce que nous lisons dans la treizième, et de la quarante-neuvième ce qui se trouve dans la soixantième.

4

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des 1

2. Quelques-uns ont cru que saint Chry- so sostome avait composé ces homélies dans d le cabinet et en forme de discours. Photius semble former là-dessus quelque doute, parce que, dans ses exemplaires, elles étaient intitulées discours. Néanmoins il aime mieux croire que ce sont des homélies, et il en juge ainsi par la manière dont elles sont composées. Le titre de discours qu'elles ont dans quelques manuscrits, se donne aussi à des homélies, et on les trouve plus souvent intitulées homélies que discours; on pourrait même les intituler commentaires, puisque le Saint y explique le texte de l'Ecriture en divers sens.

3 Tom. IV Concil., p. 320, 321.- Phot., cod. 172, p. 385.

pricbees

3

Eles ent 3. Comme le style en est moins beau et moins exact qu'en d'autres homélies de saint Chrysostôme, soit sur l'Ancien, soit sur le Nouveau Testament, Savilius en a conclu qu'elles avaient été prêchées à Constantinople, mais il s'est trompé; cela paraît par le commencement de la douzième 2 homélie, où l'auteur témoigne qu'il s'est cru obligé d'interrompre le cours de ses explications sur la Genèse, pour avertir certains chrétiens qui ne l'étaient que de nom, qui jeùnaient et faisaient la Pâque avec les juifs, de ne pas se séparer plus longtemps de l'assemblée des fidèles, et de se rapprocher de la bergerie de Jésus-Christ. Or, on ne voit nulle part qu'il y ait eu alors des chrétiens judaïsants à Constantinople; on sait au contraire qu'il y en avait à Antioche, et saint Chrysostôme fit contre eux, en 386, étant prêtre de cette ville, un discours que nous avons encore. De plus, au commencement de la trente-troisième homélie sur la Genèse, saint Chrysostôme dit qu'il lui a paru nécessaire d'en interrompre l'explication pendant la semaine sainte, pour entretenir ses auditeurs de la trahison de Judas et de la croix qui a été l'instrument de notre salut; qu'il a dù, au jour de la Résurrection, leur parler de ce mystère, et les jours suivants des miracles qui ont été opérés dans ces jours - là, pour prouver la vérité de la résurrection; enfin qu'il a parlé des Actes des Apôtres, et fait chaque jour des exhortations à ceux qui venaient de recevoir la grâce du baptême. Or, dans le titre de la seconde homélie sur les Actes, il est dit qu'elle fut prêchée dans la Palée, c'est-à-dire dans l'ancienne église d'Antioche, et on lit également la même chose dans l'exorde de cette homélie. Il est vrai que saint Chrysostome expliqua aussi les Actes des Apôtres étant évêque de Constantinople, dans la troisième année de son épiscopat; mais il les expliqua de suite et tout entiers, ce qui, selon la remarque de Photius, le tint pendant près d'un an; au lieu que dans les homélies qui interrompirent le cours des explications sur la Genèse, il n'expliqua que le commencement du livre des Actes, et ne fut occupé de ce travail que pendant le temps qui s'écoula depuis Pâques jusqu'à l'Ascension, comme on le voit par la trente-troisième 5 homélie sur la Genèse.

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7

4. L'année en laquelle ces homélies ont été faites nous est inconnue, et tout ce qu'on en peut dire, c'est que saint Chrysostome les prêcha, pour la plus grande partie, dans le carême, et que ce ne fut ni en 386, où pendant ce saint temps il composa huit discours sur diverses autres matières, ni en 387, où il fut tout occupé à déplorer les calamités dont la ville d'Antioche fut affligée, depuis qu'on y eut abattu les statues de Théodose 7. 5. Au reste, bien qu'elles soient écrites. avec moins d'art et moins d'exactitude que quantité d'autres homélies de saint Chrysostôme, on ne laisse pas d'y remarquer cette riche éloquence, cette heureuse facilité et cette abondance de paroles, de pensées et de similitudes qui ne l'abandonnait jamais et qui jaillissait de sa bouche comme d'un grand fleuve. Le style en est clair et pur, et s'il est moins châtié, c'est que l'orateur n'en avait pas eu le loisir, ayant composé dans un seul carême jusqu'à trente-deux homélies assez longues, sans compter celles qu'il fit sur divers sujets pendant le cours de la semaine sainte. Quoiqu'il les préparât avant de les prêcher, il s'en rendait tellement le maître qu'il y ajoutait en les prêchant, lorsqu'il lui venait en l'esprit quelque nouvelle pensée sur le sujet qu'il traitait.

On ne sait

le année elles point en quel

ont été faites.

Quel en est le style?

Analyse de la première

IV, pag. 1.

6. Il prêcha la première le dimanche qui précédait le jeûne de carême. En annonçant à homélie, tom. ses auditeurs ce jeune avec beaucoup de joie, il ne doutait pas qu'ils n'en eussent eux-mêmes de voir ce temps de pénitence, et qu'ils ne le regardassent comme un remède aux maux de leurs âmes. «En effet, dit-il, comme la bonne chère continuelle est une source d'une infinité de maux, le jeûne et l'abstinence produisent une infinité de biens. Dès les premiers temps, la gourmandise a ouvert la porte à la mort, les habitants de Sodome attirèrent sur eux la colère du ciel par leurs débauches; ce furent les excès des Israélites qui engagèrent Moïse à briser les tables de la loi qu'il avait reçues de Dieu, persuadé que c'eût été les profaner que de les donner à un peuple prévaricateur et adonné à l'ivrognerie. Le jeûne, au contraire, a fait éviter au prophète Elie, jusqu'à ce jour, la tyrannie de l'empire de la mort; c'est le jeûne qui donna à Daniel le pouvoir d'arrêter la furie des lions, et fit sentir aux Ninivites les

6 Stilting et Fesseler, Instit. Patrol., tom. II, p. 73, mettent ces homélies en 388. (L'éditeur.)

7 Photius, cod. 172, pag. 387.

la

Analyse de

homélie, p. 7.

effets de la miséricorde de Dieu, et c'est par un jeûne de quarante jours que Jésus-Christ s'est préparé à combattre le démon, afin de nous apprendre, par son exemple, qu'il faut nous armer du jeûne afin d'avoir des forces pour résister aux attaques de notre ennemi. Saint Chrysostôme dit que la coutume des chrétiens, de jeûner pendant quarante jours, était fixée d'après les jours que JésusChrist avait jeûné. Il relève les avantages du jeune qui fortifie l'âme, lui donne une nouvelle vigueur, l'élève à la contemplation des choses les plus sublimes, la met au-dessus des voluptés, et rend l'esprit plus prompt et plus agile pour se sauver avec plus de facilité des orages du monde. Il oppose à ces avantages les incommodités et les suites fâcheuses de la bonne chère qui, en engrais sant le corps, abat l'âme, la rend captive, l'attaque de tout côté, affaiblit l'usage de la raison et engage l'homme à faire mille choses contraires à son salut; il insiste sur les peines destinées à ceux qui s'abandonnent aux délices passagers, et sur la récompense que Dieu promet à ceux qui s'en abstiennent. 7. La seconde homélie fut prêchée le predeuxième mier jour du jeûne de carême, c'est-à-dire le lundi, et dès le lendemain de la première. Saint Chrysostome commence à y expliquer la Genèse. Il a choisi à cet effet, dit-il, cette sainte saison, où l'esclave ne se soulève pas contre sa maîtresse, où elle est plus obéissante et plus docile, où les mouvements déréglés de la chair s'apaisent et demeurent dans des bornes légitimes, où la tranquillité des maisons n'est point troublée par le tumulte et le bruit qui régnaient les jours précédents dans tous les quartiers de la ville, où les magistrats, les particuliers et l'empereur même, assujettis à la loi du jeûne et à l'unité d'un repas médiocre, pratiquent également la frugalité, et bannissent le luxe et les grands apprêts. Sur ces paroles: Au commencement Dieu créa le ciel et la terre, saint Chrysostome demande pourquoi Moïse, qui n'avait vécu que plusieurs siècles après la création du monde, en a raconté l'histoire, et il répond qu'il l'a fait, dirigé par l'Esprit de Dieu, pour nous apprendre les merveilles qu'il avait opérées dès le commencement. « Nous devons donc, ajoute-t-il, les écouter comme si Dieu même nous les apprenait par sa bouche, sans vouloir approfondir des mystères impénétrables à l'esprit humain. Si nous ne pouvons expliquer la nature de l'or,

Genes. I, 1.

comment on le prépare par les secrets de l'art métallique, et comment, avec du sable, on peut faire un verre transparent, et beaucoup d'autres choses que nous avons tous les jours devant les yeux, et que l'industrie des hommes met en œuvre par la miséricorde de Dieu, pourquoi voudrions-nous connaître à fond les ouvrages de Dieu même ? C'est Dieu, dit le saint Prophète, qui a créé au commencement le ciel et la terre; arrêtez vos curieuses recherches, humiliez-vous et ajoutez foi à celui qui vous parle. Si donc un manichéen vient vous dire que la matière existait, si Marcion, si Valentin, si les gentils vous disent la même chose, répondez-leur : Au commencement Dieu créa le ciel et la terre. S'ils ne veulent pas s'en rapporter à l'Ecriture, fuyezles comme des furieux et des insensés. Celui qui ne veut pas croire le Créateur de l'anivers et qui taxe de mensonge la vérité même, peut-il trouver des excuses vraisemblables à ses erreurs? S'ils s'obstinent à soutenir qu'il n'est pas possible de faire quelque chose de rien, demandez-leur si le premier homme a été formé de la terre ou de quelqu'autre matière? Ils répondront qu'il a été tiré de la terre, et alors priez-les de vous dire comment il est possible que la chair se forme de la terre, et par quel art d'un élément qui n'est propre qu'à former des tuiles, des pots, des vases, on en peut tirer de la chair, des os, des nerfs, des artères, de la peau, des ongles et tant d'autres qualités différentes? >> L'orateur remarque ensuite que l'historien sacré dit de la terre qu'elle était informe et toute nue, afin que l'on n'attribuât point à la terre même les biens que nous en retirons, et que l'on remontât plus haut, c'est-à-dire à celui qui l'a créée de rien. Il exhorte ses auditeurs à faire souvent réflexion sur ce qu'il venait de leur dire; le mari doit répéter dans sa maison les choses qu'il a entendues dans l'église, sa femme doit l'écouter, ses enfants doivent se l'imprimer dans l'esprit, de même que ses domestiques.

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8. Saint Chrysostôme fit la troisième homélie le lendemain de la seconde, dire le premier mardi de carême, et y expli- 14. qua les versets suivants, jusqu'au cinquième où il est dit: Du soir et du matin se fit le premier jour. Il demande ce que veulent dire ces paroles Des ténèbres couvraient la face de l'abîme, et l'Esprit de Dieu était porté sur les eaux, et répond qu'elles signifient qu'il y avait dans les eaux quelque vertu efficace et

Ade

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vitale, en sorte qu'elles n'étaient pas immobiles ou dormantes, mais qu'elles se mouvaient avec quelque activité. «Cela, ajoutet-il, nous dispose à comprendre ce qui est dit dans la suite, que les animaux ont été produits des eaux par le commandement de Dieu.» Il fait admirer la puissance de Dieu dans la création de la lumière. D'après lui, cette parole Il divisa la lumière des ténèbres, veut dire que Dieu leur marqua un temps convenable, et si Moïse ajoute que Dieu leur donna un nom particulier, à la lumière le nom de jour, et aux ténèbres le nom de nuit, ç'a été pour s'accommoder à la petitesse de notre esprit, afin que nous sachions l'ordre qui a été observé dans la création. C'est par une semblable raison que Moïse ajoute Dieu vit que la lumière était bonne. Il le savait sans doute avant de l'avoir produite; mais le Prophète, s'accommodant à l'usage commun des hommes qui louent les ouvrages qu'ils ont finis avec grand soin, dit que Dieu vit que la lumière était bonne. Au reste, il suffit de remarquer que les temps déterminés dès le commencement pour la lumière et pour les ténèbres sont demeurés jusqu'ici sans se confondre, pour obliger les incrédules à se Soumettre à l'autorité de l'Ecriture. Ce fut aussi pour garder quelque ordre, que Dieu, après avoir donné les noms à la lumière et aux ténèbres, les rassembla en faisant du soir et du matin le premier jour. Saint Chrysostôme invective ici contre ceux qui prétendent que tout s'est fait fortuitement, et que la divine Providence n'a nulle part à la création, et il les combat par divers raisonnements tirés de la création même des éléments, de leur qualité et de l'ordre qui règne

entre eux.

9. La quatrième homélie, qui fut faite le mercredi suivant, explique le sixième verset du chapitre premier de la Genèse Dieu dit aussi que le firmament soit fait au milieu des eaux, et qu'il divise les eaux d'avec les eaux, et cela se fit ainsi. C'est à peu près, dit saint Chrysostome, comme si l'on disait qu'il se fasse une muraille entre deux pour servir de séparation. Sans vouloir pénétrer dans la nature du firmament, ni décider si c'est de l'eau condensée, ou une étendue d'air, ou quelqu'autre essence, il veut qu'on reçoive avec beaucoup de retenue ce que l'Ecriture nous dit sur ce sujet, et que, sans nous élever au-dessus de nos lumières naturelles, nous nous contentions de savoir que le firVII.

mament fut produit par les ordres de Dieu, qu'il sépara les eaux les unes d'avec les autres, que les unes sont au-dessús et les autres au-dessous. Sur ce qui est dit ensuite que Dieu donna au firmament le nom de ciel, le saint évêque combat l'opinion de ceux qui soutiennent la pluralité des cieux; et parce qu'ils pouvaient s'appuyer sur ce qui est dit dans les Psaumes: Que les cieux des cieux louent le Seigneur, il répond que David n'a parlé ainsi que parce qu'écrivant en hébreu, il a été obligé de se conformer à l'idiome de la langue hébraïque, qui se sert du pluriel au lieu du singulier : il a dit cieux pour ciel. S'il y avait plusieurs cieux, le Saint-Esprit n'eût pas manqué de nous le faire savoir par l'organe de Moïse, et même de nous en apprendre la formation. Saint Chrysostome s'étend beaucoup sur la beauté du firmament, sa vaste étendue, son utilité, et en tire diverses moralités pour le salut.

10. On voit par la cinquième qui fut, ce semble, prêchée le jour suivant, que le lecteur avait coutume de lire les endroits de l'Ecriture que saint Chrysostôme se proposait d'expliquer, et que l'église de Constantinople, dans laquelle il prêchait, était nonseulement d'une structure merveilleuse, mais que les auditeurs y étaient soulagés de l'âpreté du froid, et garantis entièrement de l'incommodité du vent et de la pluie; cela lui donne occasion de se plaindre de ceux qui, sous prétexte de la délicatesse de leur complexion, négligeaient de se trouver dans les assemblées des fidèles, tandis qu'ils ne craignaient pas de s'exposer aux vents, à la pluie et aux autres intempéries de l'air pour assister aux jeux du cirque. Il explique dans cette homélie le verset de la Genèse où il est dit que Dieu assembla les eaux de dessous le ciel en un seul lieu, afin que l'on vit la terre à découvert, et qu'il donna à cet amas d'eau le nom de mer, le Seigneur n'ayant donné des noms aux éléments qu'après qu'il les eut placés dans l'endroit qui leur était destiné. Sur ces autres paroles: Dieu dit que la terre pousse de l'herbe verte qui porte de la graine, et des arbres fruitiers qui portent du fruit, etc., et cela se fit ainsi. « Considérez, dit ce Père, avec quelle promptitude les créatures obéissent aux ordres de Dieu. Il n'y avait point d'hommes sur la terre pour labourer; on n'avait ni charrue, ni bœufs accouplés: la terre entendit le commandement de Dieu et produisit sur-le-champ toutes sortes

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