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trouver souvent à l'église; la chose est plus facile que l'on ne pense: car, bien que l'on n'ait pas la commodité de venir à l'église, on peut prier dans le barreau ou en tout autre lieu, cet exercice ayant plus besoin de la pensée que de la voix, et de l'action de l'esprit que de l'extension des mains. Anne ne fut pas tant exaucée pour le grand bruit qu'elle fit, que par les gémissements intérieurs de son cœur. Gémissez, rappelez à votre souvenir tous vos péchés, jetez les yeux au ciel, dites intérieurement: Seigneur, ayez pitié de moi; et voilà votre prière faite. Sous la loi ancienne, il fallait se transporter dans le temple pour prier, acheter une tourterelle, porter avec soi du bois et un couteau à la main, approcher de l'autel, et observer plusieurs autres préceptes. A présent, toutes ces cérémonies sont inutiles; en quelque lieu que vous soyez, vous trouvez un autel, une victime, un couteau, vous êtes vous-mêmes l'autel, le prêtre et la victime. Si vous faites tout ce qui dépend de vous, ni le lieu ni le temps ne vous empêcheront point de prier, sans qu'il soit besoin de fléchir les genoux, ni de vous frapper la poitrine, ni d'élever les mains au ciel pourvu que vous ayez de la ferveur dans l'esprit, votre prière sera parfaite. Saint Paul priait couché et étendu dans un cachot, et par la ferveur de sa prière, il fit trembler la prison et en ébranla les fondements. Le roi Ezéchias, couché dans son lit et le visage tourné vers la muraille, pria Dieu avec tant d'ardeur et d'humilité, qu'il fit révoquer la sentence portée contre lui. Le bon larron, sans être à genoux devant un oratoire, mais attaché à une croix, se rendit digne du royaume du ciel avec deux ou trois paroles. >>

4. La cinquième homélie ne fut faite qu'après la fête de la Pentecôte, la précédente l'avait été quelques jours auparavant. Saint Chrysostome crut devoir interrompre l'éloge d'Anne pour traiter des grâces que nous avons reçues en ce saint jour. Quoique cette fête fût passée lorsqu'il prononça cette homélie, il dit à ses auditeurs qu'ils pouvaient encore, comme au jour de cette solennité, approcher des sacrements, pratiquer d'autres œuvres spirituelles, comme de prier, d'écouter la sainte doctrine, de recevoir la bénédiction et par là rendre tous les jours de leur vie autant de jours de fête. Ensuite il

1 Ces homélies ont été faites au mois de juin 387.

leur explique le second et le troisième verset du cantique d'Anne, remarquant qu'elle ne s'y élève point contre Phénenna, qu'elle met toute sa joie dans le salut qu'elle a reçu de Dieu, qu'elle loue l'équité adorable de ses jugements, sans examiner les bienfaits qu'il fait aux autres, ni sans lui demander des raisons de sa conduite, comme font plusieurs qui s'érigent en juges des actions de Dieu. «S'ils voient, dit-il, quelqu'homme fort riche et un autre fort pauvre, ils ne cessent de murmurer contre la divine Providence. » Il réprime cette audace en faisant voir par une assez longue énumération les avantages qui sont communs aux riches et aux pauvres, et ceux que les pauvres ont au-dessus des riches, mettant au nombre de ces avantages la facilité où sont les pauvres de vaquer à leur salut, puisqu'ils sont exempts des inquiétudes et des soins que causent les richesses, et qu'ils ont moins d'occasions d'offenser Dieu que les riches.

5. Les trois homélies sur David et sur Saül ont pour matière diverses circonstances de l'histoire de ces deux rois, d'où saint Chrysostome prend occasion d'établir plusieurs maximes de piété. Il fait voir dans la première avec quelle patience nous devons supporter les mauvais traitements de nos ennemis, et avec quelle facilité nous devons leur pardonner. Pour en convaincre plus aisément, il propose l'exemple de David, prince qui, pour sa douceur, a mérité les éloges du Saint-Esprit, et qui, pour avoir vécu sous la loi ancienne, est d'autant plus admirable : « car ce n'est pas, dit ce Père, une chose fort rare et fort extraordinaire que ceux qui vivent sous la loi de Jésus-Christ répriment les mouvements de la colère, se pardonnent les affronts que leurs ennemis leur ont faits, et oublient les mauvais traitements qu'ils en ont reçus. Peut-on penser à se venger, après que Jésus-Christ est mort pour ses ennemis, après qu'il nous a pardonné avec tant de bonté tous nos crimes, après tous les préceptes qu'il nous fait dans l'Evangile de pardonner à ceux qui nous ont offensés?» Pour mieux faire connaître jusqu'à quelle perfection David a porté cette vertu, saint Chrysostôme fait le détail des services que ce prince avait rendus à Saül, soit contre les Philistins, soit en d'autres occasions, où il s'exposa généreusement pour le service de ce roi ingrat

(L'éditeur.)

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et de la patrie, à tous les périls de la guerre. Ensuite il représente la douceur avec laquelle il le traita, lorsqu'il tomba entre ses mains dans la caverne d'Engaddi, s'étant contenté de couper un morceau de la robe de Saül, sans attenter à sa vie, quoiqu'il en eût une occasion favorable et que ceux qui l'accompagnaient l'en pressassent. «< Peut-on, dit saint Chrysostome, trouver un esprit plus doux et plus modéré? Non-seulement il pardonne à Saül, mais il cherche encore des raisons pour l'excuser. Il va plus loin, il lui donne le titre de christ et de roi, et l'appelle son Seigneur. En est-il ainsi de la plupart des hommes? A peine peuvent-ils se résoudre à appeler leurs ennemis par leur nom; ils leur en donnent d'autres qui renferment des reproches et qui les accusent de quelques vices ou de quelques défauts naturels. » Le Pag. 749. peuple ayant extrêmement applaudi à ce que ce Père avait dit de la vertu de David, il continua la même matière en l'assemblée suivante, et y joignit ce que David dit aux soldats qui l'accompagnaient, pour les détourner du dessein qu'ils lui inspiraient de tuer Saül, et ce qu'il dit à ce prince après l'avoir laissé sortir de la caverne d'Engaddi. Il trouve cette victoire remportée par David en pardonnant à Saül, plus illustre que celle qu'il remporta en terrassant Goliath. David, en effet, dit-il, n'eut besoin que de sa fronde et d'une pierre pour vaincre le géant; mais, dans ce dernier combat, il eut besoin d'une grande prudence et de toute sa raison. Saint Chrysostome insiste encore sur les larmes que David répandit lorsqu'il apprit la mort de Saül; et voyant que ses auditeurs, émus du récit de cette triste histoire, en répandaient aussi, il finit cette homélie par ces paroles: « C'est quelque chose de plus illustre de pardonnner à un ennemi, de lui sauver la vie, et de le pleurer après sa mort, que d'être revêtu de pourpre et de porter le diadème.»

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mais saint Chrysostome leur fait voir par des raisons très-solides, qu'il est presque impossible d'aller au théâtre et de n'y point commettre d'adultère spirituel. Il conjure donc ceux qui y avaient assisté de se disposer par la confession et par la pénitence à entendre la divine parole. Après cet exorde, qui est très-vif et très-pathétique, il reprend l'histoire dont il avait parlé dans les deux homélies précédentes, et s'étend sur la réponse que Saül fit à David, lorsqu'il lui montra le morceau qu'il avait coupé de sa robe: Est-ce votre voix que j'entends, mon fils David? «Quel changement se fit tout-à-coup dans le cœur de ce prince! Il dédaignait autrefois de parler à David et de l'appeler par quelque nom obligeant, il l'adopte aujourd'hui et le reconnaît pour son fils. La voix d'un saint et d'un homme de bien fait des effets merveilleux : elle apaise la fureur, elle renverse des ennemis redoutables, et a même le pouvoir de chasser les malins esprits. » Saint Chrysostôme prend de là occasion de condamner la sotte fierté de ceux qui, plus brutaux que les bêtes mêmes, croient se déshonorer en faisant les premières démarches et en saluant les premiers. Prévenir par ces sortes de devoirs officieux, c'est le moyen d'étouffer les anciennes inimitiés et de resserrer de plus en plus les nœuds de l'amitié. Il admire moins le miracle que fit Moïse en tirant de l'eau d'un rocher, que le miracle que fit David en tirant des yeux de Saül deux ruisseaux de larmes. «Moïse, à la vérité, fit une chose audessus de la nature; mais David changea le cœur et la volonté d'un homme endurci. Moïse frappa le rocher avec sa baguette, mais David toucha par ses paroles le cœur de son ennemi; il l'attendrit, il le rendit doux et traitable de fier et d'inhumain qu'il était. Rien de plus fort, de plus persuasif et de plus efficace que la douceur; une parole douce, dit le sage, brise les os ; quelque dur, quelqu'intraitable, quelqu'inflexible que soit un homme, on peut amollir et vaincre sa dureté en le traitant doucement. » Pour nous engager à traiter notre ennemi avec douceur lorsqu'il se présente à nous, saint Chrysostôme nous conseille de tâcher de perdre surle-champ le souvenir des injures qu'il nous a dites ou des mauvais offices qu'il nous a rendus, ou du moins d'en rejeter la faute sur la malignité du démon. « Rappelez encore, ajoute-t-il, à votre mémoire toutes les paroles obligeantes qu'il a dites à votre avan

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tage et tous les bons offices qu'il vous a rendus autrefois. Ne lui reprochez point durement ses fautes, accusez-vous plutôt vousmême afin de l'obliger à se justifier: car si vous l'accusez il se roidira; mais si vous l'excusez, votre douceur et votre humanité le toucheront; alors il se condamnera lui-même de son propre mouvement.'» Il releve beaucoup la candeur avec laquelle David promit à Saül d'avoir en considération ses enfants, les bons traitements qu'il fit à celui des fils de ce prince qui était boîteux et estropié; et après avoir exhorté ses auditeurs à faire du bien aux enfants mêmes de leurs ennemis, pendant leur vie et après leur mort, il les assure qu'à cause de cette bonne œuvre ils seront eux-mêmes affranchis de tous leurs crimes à l'heure de la mort, et qu'ils passeront la vie dans une grande tranquillité, estimés et aimés de tout le monde. S'il arrivait que nos ennemis demeurassent insensibles à tout ce que nous aurions pu faire pour les gagner, alors leur haine implacable ne pourrait que nous être avantageuse, car s'ils nous òtaient nos biens, nous en serions autant récompensés que si nous les eussions distribués aux pauvres, et s'ils attentaient à notre vie, notre patience nous tiendrait lieu du martyre 1.

ARTICLE IV.

DES OUVRAGES CONTENUS DANS LE TOME

CINQUIÈME. § I.

Des Commentaires de saint Chrysostome sur les Psaumes.

1. Les commentaires de saint Chrysostome sur les Psaumes ne sont pas tous venus jusqu'à nous. Ceux qui nous restent sont sur le psaume 1 et les suivants jusqu'au XIIo; sur le XLI et le XLIIIe jusqu'au XLIX®; sur le CVIII® et les suivants jusqu'au CXVII, et depuis le CXIXe jusqu'au CL, ce qui fait en tout cin

1 Le cardinal Maï, Bibliotheca veterum Patrum, tom. III, pag. 493, rapporte un fragment d'un troisieme discours de saint Chrysostome sur les livres des Rois. Saint Jean Damascène cite un fragment du mème Père sur le second livre des Rois. Damasc., Parallel., pag. 624. (L'éditeur.)

2 Photius, cod. 173, pag. 388.

3 Oporteret quidem Scripturarum et historiarum adeo accuratam habere cognitionem, ut longiore ad earum doctrinam oratione non egeremus; sed quoniam alii quidem in rebus sæcularibus occupati, alii vero seip

quante-huit homélies ou discours sur les Psaumes. Photius, qui en parle, ne dit point s'ils ont été faits à Antioche ou à Constantinople: mais il conjecture, par l'élévation et les autres beautés qu'on y admire, comme dans ses commentaires sur saint Paul, que Saint Chrysostôme les a plutôt composés dans le loisir dont il jouissait à Antioche, que dans le tumulte des affaires qui l'occupèrent à Constantinople. Il eût été, en effet, bien difficile à ce saint docteur de trouver assez de loisir pendant les six années qu'il en fut évêque, pour composer un ouvrage aussi considérable que l'est l'explication de tout le Psautier; car il ne se contente pas d'en expliquer simplement le texte, il y marque souvent les leçons de l'hébreu et des différents interprètes : ce qu'il n'a pu faire qu'après avoir comparé les textes originaux avec les versions que les Septante, Aquila et les autres interprètes en avaient faites. En Psal. VI, p. 46. outre, dans ces commentaires, il fait plusieurs fois mention des moines retirés sur les mantagnes, ce qu'on ne trouve dans aucun de ses discours faits à Constantinople, et ce qui se rencontre au contraire très-souvent dans ceux qu'il a prêchés à Antioche. C'est encore au peuple d'Antioche qu'il paraît s'adresser dans l'homélie sur le Psaume cx, lorsqu'il le prend à témoin des prodiges arrivés 2. pag. sous l'empire de Julien l'Apostat, et de la translation des reliques de saint Babylas, évêque de cette ville, et des miracles arrivés en cette occasion.

2. Dans ces commentaires, comme dans tous les autres, saint Jean Chrysostome, après avoir expliqué la lettre de l'Ecriture, en donne aussitôt une explication morale et en fait même comme son capital. En quelques endroits il semble parler à des personnes qui devaient lire et non écouter ce qu'il disait; on verra néanmoins, si l'on y fait attention, qu'il s'adresse véritablement non à des lecteurs, mais à des auditeurs; et pour se convaincre qu'il a prêché dans l'église

sos socordiæ dedentes, ea non audierunt, necesse est paulo longiori uti oratione; sed attendite diligenter. Psal. VII, pag. 49. Audite quotquot estis tardi ad eleemosynam. Audite qui vobis divitias servando diminuitis. Audite qui nihilo melius affecti estis quam qui sunt in somniis divites. Psal. XLIII, pag. 146. Vellem nunc adesse omnes Judæos et Gentiles, et hoc libro a Judæis accepto, psalmum ita legere... Sed sive adsunt, sive non, nos nostro officio fungamur et aggrediamur interpretationem. Psal. XLIV, pag. 160. Exsurgamus et animum intendamus. Psalmus enim de sublimibus ad

Psal. cx, num. 4, 271.

Elles ont

dans l'église. été prêchées

Psal. XLVII,

pag. 200.

Pag. 8, 49, 160, 228, 249,

317, 333, 405,

406 et 496.

On ne sait en quelle an.

rent faites.

Leur utilité.

toutes les homélies que nous avons de lui sur les Psaumes, il suffit de lire celles qu'il a faites sur les Psaumes IV, VII, XLIII, XLIX, CIX, CXI, CXVII, CXIX, CXXXVII, CXL et CXLVIIIes. Il est vrai qu'il y en a quelques-unes qui paraissent bien courtes pour une homélie, et d'autres trop longues pour avoir été prononcées de suite; mais le nombre en est petit, et on peut répondre que l'orateur s'est mesuré sur la longueur ou la brièveté des psaumes qu'il entreprenait d'expliquer, et que quelquefois il a expliqué deux psaumes dans un même discours. Cela est vraisemblable du cxvre, dont l'explication n'est point terminée par la glorification ordinaire.

3. Il n'y a rien dans ces homélies qui née elles fu- puisse en fixer l'année. En expliquant le psaume CXIX, le Saint se plaint de l'infidélité des Barbares, ce qui peut avoir rapport aux maux que les Goths firent dans l'empire depuis l'an 377. Photius relève la netteté, la beauté et la pureté de style de ces homélies. Il en trouve les pensées élevées, les expressions bien choisies, la méthode régulière, les comparaisons naturelles, et dit que l'on y trouve tout ce qui peut faire paraître un discours 2. Mais saint Chrysostome n'y approfondit pas toujours toutes les difficultés que la lettre présente, s'attachant plus à celles qui étaient à la portée de ses auditeurs et qui pouvaient leur être de quelque utilité. Aussi ces homélies sont-elles très-propres pour former les mœurs; et on peut dire qu'il y donne d'excellentes règles pour la pratique de toutes les vertus, et qu'il y combat tous les vices à mesure que le texte des psaumes lui en donne occasion. Il se sert ordinairement du Psautier suivant l'édition des Septante, qui, dans l'Eglise d'Antioche, était divisé par versets et ne s'accordait pas toujours avec les autres exemplaires de la même édition. D'où vient qu'en quelques endroits,

modum rebus agit, non uni soli hæresi, sed variis et disertis obsistens. Nam adversus judæos, adversus Paulum Samosatenum, adversus arianos... struit aciem. Arrectæ tibi sint aures. Judæos primum invadimus. Psal. CIX, pag. 249. Nos autem, si vos vultis, a capite et ab initio totum psalmum persequamur, non a versu qui succinitur, sed ab ipso exordio expositionem incohantes. Psal. CXVII, pag. 317. De hoc apud vos sæpe disserui. Quocirca eo prætermisso, veniemus ad id, quod est proximum. Psal. cxxxvII, pag. 405. Hujus quidem psalmi verba pene omnes sciunt et per omnem ætatem perpetuo canunt. Quis sit autem sensus eorum quæ dicta sunt, nesciunt... Age ad ea quæ dicta sunt perscrutanda veniamus. Psal. CXL, pag. 426. Si ergo sis

Psal. VI verset 11, pa

après avoir cité le texte suivant l'exemplaire qui était en son usage dans son Eglise, il remarque que dans d'autres exemplaires, les Septante lisaient autrement. Il cite aussi très-souvent les versions d'Aquila, de Sym- 65. maque et de Théodotion, et quelquefois le texte hébreu, mais écrit en lettres grecques, en la manière qu'on le lisait dans les Hexaples d'Origène; mais il ne décide pas ordinairement laquelle de ces versions est la meilleure, laissant cette discussion à ceux de ses auditeurs qui en seraient capables.

Il en av fait sur to

Pag. 427.

4. Nous avons remarqué que la collection de ces homélies telle que nous l'avons, n'en le Psautier renfermait que cinquante-huit, que la première était une explication du psaume шo, et qu'il y avait un grand nombre de psaumes sur lesquels il ne nous en restait aucune. C'est ce qui ne laisse aucun lieu de douter que cette collection ne soit très-imparfaite, et qu'il n'y ait un grand nombre des homélies de ce Père sur les Psaumes, qui ne soit pas venu jusqu'à nous. Il remarque lui-même dans l'explication du psaume CXL®, qu'il a expliqué en son ordre le psaume LXII. Mais nous n'avons plus ces explications. Il en est de même de celle du psaume LIX®, que Photius avait vue. Ce même auteur en cite encore une sur le Psaume VIII, qui ne se trouve plus. De la manière qu'il compte ces homélies, il paraît que son recueil était plus considérable que le nôtre; car il ne marque pas qu'il y en manquât sur les deux premiers psaumes. On doute si l'homélie sur le Psaume II est de saint Chrysostome, parce que le style est fort différent du sien et que l'on y rencontre des expressions dures et dont il ne se sert point ailleurs. Elle a néanmoins été citée par saint Jean Damascène, mais on ne la trouve point dans un ancien recueil, qui ne renferme que les véritables homélies de ce Père sur les Psaumes. Fron

4

princeps, aut magistratum geras, benigno Deo age gratias, quod tantæ curæ et diligentiæ tibi data sit occasio. Si privatus, rursus age gratias, quod habeas qui tui curam gerat... Seu ad senectutem perveneris, seu sis juvenis, Deo age gratias, etc. Psal. CXLVIII, pag. 496. Neque enim in hac ecclesia ac concione stultam illam ambitionem honorisque cupiditatem patior, sed communem omnibus doctrinam propono. Psal. XLVIII, p. 205. 1 On doit rapporter ces homélies aux dernières années de saint Chrysostôme à Antioche. (L'éditeur.) 2 Photius, cod. 173, pag. 388.

3 Præfat. in tom. V oper. Chrysost., § 6. Joan. Damas., lib. III de Imagin.

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ton-le-Duc l'a mise à la tête de celles qu'il a crues être indubitables, et on en a fait de même dans la nouvelle édition, quoiqu'on y prouve qu'elle n'est point de saint Chrysostôme.

§ II.

Analyse des homélies sur les Psaumes III,
IV, V, VI, VII, VIII, IX, X, XI et XIIes.

1. L'auteur de l'homélie sur le Psaume III® best fait voir dans la révolte d'Absalon contre David, son père, l'accomplissement de la prédiction que le prophète Nathan avait faite à ce roi, à la suite de son péché avec Bersabée et de la mort d'Urie, savoir, que Dieu lui susciterait des maux du milieu même de sa maison. En effet, comme le remarque cet auteur, le péché et la peine du péché ont une même source. Cet interprète s'étend beaucoup sur les guerres domestiques, et donne des leçons pour nous apprendre à souffrir patiemment les outrages de nos plus proches. Dans l'homélie sur le Psaume Ive, saint Chrysostome fait cette observation le Prophète, en disant: Dieu m'a exaucé dans le temps que je l'invoquais, nous apprend que Dieu n'attend point toujours la fin de nos prières pour nous accorder ce que nous lui demandons. «Mais aussi, continue-t-il, celui qui prie doit avoir, avant toute chose, une grande confiance qu'il obtiendra de Dieu ce qu'il lui demande. Il doit de plus, lorsqu'il se présente devant Dieu pour prier, avoir l'esprit détaché des choses du monde, le cœur contrit et les yeux baignés de larmes. Rien de tout ce qui ne regarde que cette vie ne doit être l'objet de ses prières, mais il doit désirer uniquement les biens futurs, ne prier que pour obtenir les biens spirituels, ne jamais souhaiter de mal à ses ennemis, oublier les injures qu'il en a reçues et bannir de son âme tout ce qui peut en troubler la tranquillité. » Saint Chrysostome propose pour modeles de prières, celles du publicain et celles de Corneille le centenier. Mais il

fait remarquer en même temps que nous devons, comme cet officier, joindre les bonnes œuvres a la prière, c'est-à-dire ne prier que conformément à la loi de Dieu et à ses préceptes. « Et quelles sont, ajoute-t-il, ces prières, sinon celles qui ne demandent à Dieu que ce qu'il lui convient de nous donner? » Sur ces paroles: Mettez-vous en colère et ne péchez point, il enseigne qu'il est quel

quefois permis de se mettre en colère, et il cite à cet effet l'exemple de saint Paul qui s'indigna contre Elymas, et de saint Pierre qui en fit de même contre Sapphire. Selon ce Père, un mouvement de cette nature ne doit point proprement être appelé colère, mais plutôt un sentiment de sagesse chrétienne et un désir du bon ordre. Il donne le même nom à l'indignation qu'un père témoigne contre son fils, par le soin qu'il a de bien régler sa conduite. Il croit donc qu'il n'y a que celui qui veut se venger qui se mette en colère témérairement et injustement, car celui qui ne le fait que pour corriger son prochain, est véritablement doux et pacifique. En expliquant les paroles suivantes : Soyez touchés de componction dans votre lit, de ce que vous aurez dit dans le secret de votre cœur, il s'écrie: « C'est ce qu'il faut faire tous les jours; nous ne devons jamais nous endormir sans repasser dans notre esprit tout ce que nous avons fait dans le cours de la journée. Si nous en usons ainsi, nous serons plus retenus et plus éloignés de commettre le lendemain de pareilles fautes. Puisque nous ne laissons pas passer plus de deux jours sans compter avec celui qui fait nos dépenses, faisons-en de même pour nos propres actions; demandons tous les soirs compte à notre âme; condamnons les pensées qui nous ont portés à pécher, et défendons-leur avec de rudes menaces de ne plus nous engager dans ces mêmes fautes. Si nous ne nous souvenons pas maintenant de nos péchés, ils nous seront un jour remis tous ensemble devant les yeux; mais si nous les examinons à présent, nous en serons bientôt délivrés. » Par le sacrifice de justice que le Prophète nous exhorte à faire, saint Chrysostôme entend le sacrifice du cœur, qui n'a besoin ni d'argent, ni de couteau, ni d'autel, ni de feu pour être offert. « La pauvreté, dit-il, n'est point un obstacle à ce sacrifice : il ne dépend ni du lieu, ni de quelque autre chose extérieure que ce soit. Quelque part où l'on se trouve, on peut l'offrir à Dieu, puisque dans cette espèce de sacrifice nous sommes nousmêmes le prêtre, l'autel, le couteau, l'hostie. Le Prophète, dans les versets suivants, préfère la joie du cœur et la paix à la possession de tous les biens temporels, parce qu'en effet, sans cette paix intérieure, quelque tranquillité dont un homme puisse jouir audehors, il sera toujours très-misérable. Les guerres des nations les plus barbares ne sont

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