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Origine de

lagienne.

ouvertement contre l'Eglise, il ne proposait pas ses arguments comme de lui-même, mais par forme d'objections. On croit avec beaucoup de vraisemblance que ce commentaire est celui-là même que nous avons parmi les œuvres de saint Jérôme, puisqu'on y trouve la plupart des endroits qu'en ont cités saint Augustin et Marius Mercator, et qu'ils sont remplis d'erreurs pélagiennes. Il est vrai qu'un des principaux passages cités par saint Augustin, ne s'y voit plus : mais il est aisé ou que Pélage l'ait supprimé luimême, ou qu'il en ait été ôté par Cassiodore' qui, croyant que le pape Gélase était auteur de ce commentaire, en avait purgé l'Epitre aux Romains avec tout le soin possible, afin que d'autres corrigeassent à son exemple ce qu'il y avait d'erroné dans ce Commentaire sur les autres Epitres de saint Paul.

24. L'opinion 2 commune fait venir l'héThe présie pélagienne d'Orient, particulièrement de Théodore, évêque de Mopsueste. Rufin le Syrien l'apporta le premier à Rome sous le pontificat d'Anastase, vers l'an 400. N'osant pas la publier lui-même, il en inspira le poison à Pélage, et le disposa à la soutenir et à la publier dans ses écrits. Nous avons vu en effet par ceux qu'il composa depuis ce temps, et surtout par sa lettre à saint Paulin, en 405, qu'il avait déjà l'esprit corrompu par le venin de l'hérésie. Mais on le découvrit nettement dans une conférence où il se trouva étant encore à Rome. Un 3 évêque qui y était présent, ayant rapporté ces paroles de saint Augustin dans ses Confessions: « Seigneur, donnez-moi la force d'accomplir ce que vous me commandez, et après cela commandez-moi ce que vous voudrez», Pélage en fut choqué, et condamna cette prière avec tant de chaleur, qu'il pensa s'en prendre à celui qui n'avait fait que la citer. La doctrine que Pélage avait prêchée à Rome, se répandit quelque temps après dans l'Afrique, et elle y trouva plusieurs sectateurs qui tâchèrent de la communiquer dans les autres provinces.

25. Le premier et le plus célèbre de ses

Cassiodor., lib. de Instruct. divin., cap. VIII. Mercator., tom. X oper. August., in append., pag. 63, et Hieronym., ibid., pag. 74, 75 et 78. 3 August., de Dono persever., pag. 851.

August., de Pecc. origin., pag. 263, et Epist. 157, num. 22, et de Gest. Pelag., pag. 216. 5 August., lib. de Hæresib., hær. 88. Hieronym., prolog. 3 in Jerem.

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disciples fut Célestius, et il répandit l'hérésie pélagienne avec tant de succès, que l'on nommait 5 ceux qui la suivirent pélagiens ou célestiens. On ne sait point quelle était sa patrie; mais on croit que c'est lui que saint Jérôme appelle un chien des Alpes. Sa famille était illustre, mais il naquit eunuque, ce qui apparemment a donné lieu à Vincent de Lérins de l'appeler 7 un monstre. Après avoir passé quelque temps dans le barreau, il embrassa la vie monastique. Ce fut de son monastère qu'il écrivit à ses parents trois lettres en forme de petit 9 livre, où il donnait diverses instructions morales, nécessaires à tous ceux qui aiment Dieu. On a parlé diversement du caractère de son esprit, mais il semble qu'on peut s'en tenir à ce qu'en dit 10 saint Augustin, qu'il l'avait très-vif, et qu'il eût été utile à beaucoup de personnes, si on l'eût corrigé de son erreur. Imbu de l'hérésie pélagienne par Rufin le Syrien, vers l'an 400, lorsqu'il était à Rome, il la prècha avec beaucoup de liberté, et dès l'an 402, il écrivit contre la doctrine du péché originel. Mais sa hardiesse à répandre publiquement l'erreur, ne laissa pas d'ètre utile à la vérité. Comme il se cachait moins que Pélage, il fut découvert à Carthage, en 412, dans le temps même qu'il aspirait 11 à la dignité du sacerdoce. Quelques catholiques zélés pour la foi le dénoncèrent à Aurèle de Carthage, qui le fit comparaitre devant un concile 12, qui se tint peu de temps après, en cette ville. Saint Augustin n'était pas du nombre des évêques qui y assistèrent. Mais comme il avait une pleine connaissance de ce qui s'y était passé, il nous 13 apprend que le principal adversaire de Célestius dans ce concile, fut un diacre nommé Paulin. Il y eut deux requêtes présentées contre lui au concile, qui contenaient les articles sur lesquels Célestius était accusé. Ils étaient au nombre de sept. On l'accusait dans le premier, d'enseigner qu'Adam avait été créé mortel, et qu'il devait mourir, soit qu'il péchât ou qu'il ne péchât pas; dans le second, que la loi élevait au royaume des

Vincent., in Commonit., cap. xxxiv.

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8 Mercat., in Commonit., tom. X oper. August., pag. 64.

9 Gennad., de Script. Eccl., cap. XLIV.

10 August., lib. II ad Bonifac., cap. III, pag. 434.

11 August., Epist. 157, num. 22.

12 August., lib. de Gest. Pelag., pag. 204.

13 August., ibid.

Quel était Célestius?

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cieux de même que l'Evangile; dans le troisième, qu'avant la venue de Jésus-Christ, il y avait eu des hommes qui n'avaient point péché; dans le quatrième, qu'il était faux que tous les hommes mourussent par la mort et la prévarication d'Adam, et qu'ils ressuscitassent tous par la résurrection de Jésus-Christ; dans le cinquième, que les enfants qui naissent sont dans le même état où était Adam avant son péché; dans le sixième, que le péché d'Adam l'a blessé seul et non le genre humain; dans le septième, que les enfants, quoiqu'ils ne reçoivent point le baptême, ne laissent pas de parvenir à la vie éternelle. Saint Augustin, qui rapporte en deux endroits quatre de ces articles, remarque qu'il ne se souvient pas qu'on les eût tous objectés à Célestius dans le concile de Carthage; mais Marius 2 Mercator qui avait en main les Actes mêmes du concile, nous assure que Célestius y fut accusé sur tous ces chefs. Il est vrai que le septième, qui regarde le baptême des enfants, ne se trouve pas de suite dans cet auteur, soit par la faute des copistes, soit parce qu'il l'avait rapporté 3 plus haut comme une erreur particulière à Célestius; car il dit expressément qu'il fut accusé sur sept articles dans le concile, et que les évêques déclarèrent qu'ils étaient tous hérétiques et contraires à la vérité. Ils ordonnèrent à Célestius de les condamner, mais il n'en voulut rien faire. Sur quoi le concile le voyant endurci, incorrigible et convaincu d'erreur, prononça contre lui la sentence qu'il méritait, c'està-dire, l'excommunication. Célestius se retira d'Afrique et s'en alla à Ephèse; mais avant de sortir de Carthage, il appela de la sentence du concile au jugement de l'évêque de Rome. Il n'est fait aucune mention de cet appel dans le concile d'Afrique, et les évêques, dans leur lettre au pape Innocent, n'en disent rien. Il semble en effet que Célestius, allant à Ephèse au lieu d'aller à Rome, abandonnait son appel, et dispensait les évêques d'Afrique de poursuivre cette affaire. Etant à Ephèse, il eut la hardiesse 7

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de se faire ordonner prêtre par surprise. D'Ephèse, il vint à Constantinople, d'où Atticus, qui en était évêque, ayant découvert ses erreurs, le chassa promptement. Il écrivit même contre Célestius aux évêques d'Asie, à Thessalonique et à Carthage. Célestius, chassé de Constantinople, prit sa route vers Rome, où Zosime venait de succéder à Innocent. Il se présenta à ce Pape pour se purger des impressions que l'on avait données de lui au Saint-Siége; mais Zosime confirma, comme nous l'avons dit, la sentence portée contre lui par le concile de Carthage. Célestius fut même chassé de Rome par Honorius et Constance, et comme il 10

se présenta de nouveau au pape Célestin, en 424, pour lui demander audience, comme si on n'avait jamais examiné son affaire, ce Pape le fit chasser de toute l'1talie. Les erreurs de Célestius furent aussi 11 condamnées dans un concile de Palestine, où Pélage même fut contraint de les analuématiser, après avoir dit qu'il ne savait si Célestius les avait effectivement enseignées. Elles étaient toutes différentes de celles qui sont renfermées dans les sept articles condamnés par le concile de Carthage, et regardaient particulièrement les matières de la grâce. Célestius y enseignait que la grâce de Dieu et son secours ne nous est point donné pour chaque action; que cette grâce consiste dans le libre arbitre, ou dans la loi ou la doctrine; que la grâce de Dieu nous est donnée selon nos mérites, Dieu ne pouvant sans paraître injuste l'accorder aux pécheurs; qu'ainsi cette grâce est entièrement à la disposition de notre volonté. Comme les 12 catholiques réfutaient ses erreurs par divers passages de l'Ecriture, il tâchait de les éluder par des passages qui paraissaient opposés. Saint Augustin 13 réfute dans le livre intitulé De la perfection de la justice, un écrit qu'on disait être de Célestius, et qui contenait huit définitions, ou raisonnements de cet, hérétique. Nous avons parlé plus haut de la profession de foi qu'il présenta au pape Zosime. On en trouve des frag

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1. Stridon, petite ville située entre la Dalmatie et la Pannonie, donna naissance à saint Jérôme, vers l'an 2331 3. Son père, nommé Eusèbe, homme riche, n'épargna rien pour son éducation. Il l'envoya à Rome, où saint Jérôme apprit les belles lettres sous le célèbre Donat. Mêlant les exercices de piété avec l'étude des sciences humaines, il allait tous les dimanches avec ses condisciples visiter les tombeaux des saints Apôtres et des Martyrs dans les cimetières souterrains des Catacombes, dont il a fait depuis 4 la description dans ses Commentaires sur Ezéchiel. Sa jeunesse ne fut pas toutefois sans reproches; mais il reconnut ses fautes, en fit pénitence, et pour les laver entièrement, il reçut le baptême à Rome sous le pontificat pape Libère. Saint Jérôme avait alors un peu moins de trente ans. Dans le désir de s'avancer dans les sciences, il se composa une bibliothèque, achetant des livres, en transcrivant de sa propre main, et priant ses amis de lui en transcrire. On voit par 5

du

1 Tom. X, pag. 255, 256, 257. 2 Prosp., in Chron., pag. 726.

sa

Les savants sont partagés sur l'année de la naissance de saint Jérôme. Plusieurs avec saint Prosper la mettent en 331; d'autres la reculent jusqu'en 346 ou 347, à cause de plusieurs textes de saint Jérôme qui demandent cette époque. En effet saint Jérôme dit (Comm. in Habacuc, 11, 63) sur le vers. 14: Dum adhuc puer essem et in grammaticæ ludo exercerer, omnesque urbes victimarum sanguine polluerentur ac su

VII.

lettre à Florent, qu'entre beaucoup de livres, il lui demandait les Commentaires de saint Hilaire sur les Psaumes, et son traité des Synodes. Le plaisir qu'il trouvait dans la lecture lui faisait quelquefois oublier le boire et le manger; Cicéron et Plaute faisaient surtout ses délices. Il les quittait quelquefois pour lire les Prophètes; mais, comme il était encore incapable de voir la lumière, leur style dur, et qui lui paraissait mal digéré, le révoltait aussitôt.

Ses voyages

2. Pour se perfectionner de plus en plus, il entreprit de voyager, et passa de Rome à en 372 et 373. Aquilée, où il vit entre autres grands personnages, Valérien, qui en était évêque, le prêtre Chromace, le diacre Eusèbe, Héliodore, Népotien, Nicéas, Chrysogone moine et Rufin. Après quelque séjour en cette ville, il alla dans les Gaules, d'où il revint à Aquilée. Contraint d'en sortir pour une affaire assez fâcheuse, il se retira à Stridon, sa patrie, avec un de ses amis nommé Bonose. Les différends qu'il y eut avec sa tante Castorine, apparemment à l'occasion de quelques reproches qu'il lui fit de n'avoir pas veillé assez exactement sur la conduite de sa

bito in ipsa persecutionis ardore, Juliani nuntiatus est interitus. Cela ne suppose guère plus de 16 ans d'âge, et indiquerait 347 pour année de sa naissance. Voyez Vallarsi, Vita S. Hieronym., cap. 1, num. 2; Dolci, Vita Hieronym., cap. 1; Edouard Dumont, Annales de philosophie, tom. XVI, nov. 1857, note de la page 367. (L'éditeur.)

Hieronym., in cap. LX Ezechiel. 5 Epist. 4, pag. 6 nov. edit. Epist. 18, pag. 42.

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Il va dans le désert. Ses tentations, vers l'an 374.

Il apprend

l'hébreu.

sœur, ne lui permirent pas d'y rester longtemps, et dégoûté plus que jamais du monde, il résolut d'aller en Orient chercher une retraite assurée pour y finir ses jours. Mais avant d'en prendre le chemin il retourna à Rome pour prendre les livres qu'il y avait laissés. Il partit de cette ville avec Evagre, prêtre d'Antioche, Héliodore et quelques autres avec lesquels il parcourut la Thrace, le Pont, la Bithynie, la Galatie, la Cappadoce et la Cilicie. En Syrie, il perdit Innocent et Hislas, deux de ses compagnons de voyage, et comme il était lui-même accablé de fatigue et de maladie, il demeura quelque temps à Antioche chez Evagre, pour rétablir sa santé. Apollinaire de Laodicée faisait alors dans cette ville des leçons publiques sur l'Ecriture; saint Jérôme fit connaissance avec lui, et prit de ses leçons pendant quelque temps.

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3. d'Antioche, il se rendit dans le désert. qui s'étend entre la Syrie et le pays des Sarrazins, où l'abbé Théodose 2 le reçut avec joie. Son occupation dans cette solitude, était de lire et de méditer les Livres saints; il travaillait aussi de ses mains 3 pour gagner sa vie à la sueur de son front, et n'avoir obligation à personne. Mais il s'occupait principalement à transcrire des livres sur l'Ecriture et les décrets de l'Eglise. De jeunes élèves qu'il avait sous lui dans cet art, l'aidaient en ce travail; ainsi il était en état de donner des copies à ses amis. Dans ses occupations sérieuses qu'il interrompait par la prière, il ne fut pas à couvert des attaques du démon. Rome se présenta à lui avec toutes les délices, tous les enjouements, et tout ce que la mollesse a de plus puissant pour corrompre la jeunesse, et saint Jérôme ne put se défendre contre un ennemi si redoutable qu'en redoublant ses jeunes, ses veilles, ses oraisons et ses austérités. Il couchait sur la terre nue, passait les nuits et les jours à verser des larmes, et se refusait même la nourriture nécessaire pendant des semaines entières. Pour détourner son imagination des objets qui la souillaient, et la fixer à quelque chose d'utile, il se mit à apprendre l'hébreu, et ce moyen lui réussit.

4. Son maître dans cette langue fut un

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solitaire juif, qui avait embrassé le christianisme. Ce ne fut pas une peine légère pour lui, après avoir goûté avec tant de plaisir les beautés de Quintilien, de Cicéron et des autres orateurs, de se voir assujetti à apprendre les lettres d'un alphabet, et à étudier des mots que l'on ne peut prononcer qu'en parlant du gosier. Plusieurs fois il quitta l'entreprise, rebuté de sa difficulté; mais enfin il en vint à bout, et acquit la connaissance de la langue sainte. Il résolut dès lors de s'appliquer entièrement à l'étude de l'Ecriture sainte, averti dans un songe du danger qu'il y avait dans la lecture des auteurs profanes.

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5. Cependant les différents partis qui divisaient l'Eglise d'Antioche, celui de Mélèce, celui de Paulin, celui d'Euzoïus et de Vital, donnaient à saint Jérôme beaucoup d'inquiétudes. Tous le sollicitaient violemment de se déclarer pour l'un d'eux, chacun prétendant être le véritable pasteur de l'Eglise d'Antioche. Mais il refusa d'en reconnaître aucun jusqu'à ce qu'il en eût écrit au pape Damase. « Je ne connais point, disait-il, Vital; je rejette Mélèce, je ne sais qui est Paulin. » Mais cela n'empêchait pas qu'on ne vint lui demander chaque jour dans sa cellule, pour qui il était. L'évêque des ariens, c'est-à-dire Euzoïus, et les méléciens lui demandaient d'un autre côté s'il confessait trois hypostases dans la Trinité. Il leur répondait : « Si par le mot d'hypostase vous entendez la substance, je ne reçois qu'une seule hypostase dans les trois personnes de la Trinité; si, au contraire, vous employez ce terme pour marquer les personnes, je confesse qu'il y a dans la Trinité trois hypostases. » Ces réponses ne contentant ni les uns, ni les autres, il écrivit 7 au pape Damase pour savoir de lui comment il devait s'expliquer sur ce sujet. Il se plaignit aussi par lettres à Marc, prêtre de Télède, des mauvais traitements qu'il recevait tous les jours des moines, et des violences qu'ils lui faisaient pour l'obliger à se déclarer, et à donner sa profession de foi par écrit.

6. Lassé de leurs poursuites, il revint à Antioche chez Evagre son ami. On ne sait si ce fut par son conseil ou par celui du pape Damase que saint Jérôme s'attacha au parti

Hieronym., Epist. 95, pag. 774.

6 Epist. 18 ad Eustoch., pag. 42.

7 Epist. 14, pag. 19, et Epist. 16, pag. 22.

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de Paulin; mais on ne peut douter qu'il ne l'ait embrassé, puisqu'il fut élevé par cet évêque au sacerdoce. Il n'y consentit qu'à condition qu'il ne quitterait point la vie solitaire, qu'il ne serait point attaché pour toujours à une même église, et qu'on ne pourrait l'obliger à faire les fonctions de son ordre; car il avait conçu une si grande frayeur pour nos saints mystères, qu'il ne put jamais se résoudre à les offrir.

7. Ce ne fut que vers l'an 377 qu'il exécuta le dessein qu'il avait depuis longtemps de visiter les saints Lieux. Il demeura quelque temps à Bethleem où il s'appliqua de nouveau à se perfectionner dans la langue hébraïque, sous les plus habiles d'entre les juifs. Un d'entre eux, de qui il dit avoir appris beaucoup de belles choses, prononçait tous les mots hébreux avec tant de politesse, qu'il passait parmi les docteurs juifs pour un véritable chaldéen. Saint Jérôme eut encore recours aux docteurs juifs pour voir de ses propres yeux tous les lieux de la Judée cù se sont accomplis tous les événements dont il est parlé dans l'Ecriture.

8. Après un séjour assez long dans la Palestine, il alla à Constantinople dans le dessein d'y étudier la théologie sous saint Grégoire de Nazianze, alors évêque de cette ville. C'était vers l'an 380. De là vient qu'en plusieurs endroits de ses écrit, il appelle saint Grégoire son maître, son précepteur, son catéchiste, et qu'il se glorifie d'avoir appris les Ecritures de cet homme si éloquent.

9. Le pape Damase, qui travaillait sérieuAsement à éteindre le schisme d'Antioche, ayant convoqué un concile à Rome vers l'an 381 ou 382, saint Jérôme vint en cette ville avec saint Epiphane et Paulin d'Antioche. Les deux derniers après y avoir passé l'hiver, retournèrent en Orient; mais saint Jérôme resta à Rome près de trois ans 3 aidant le pape à écrire plusieurs lettres en réponse aux consultations des conciles d'Orient et d'Occident. Pendant son séjour en cette ville, Damase lui proposa souvent des difficultés sur les Ecritures saintes, et comme plusieurs vierges illustres souhaitaient aussi d'en avoir l'intelligence, il les leur expliquait, sans recevoir d'elles ni rétribution ni présents. Il

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en prit occasion de persuader à beaucoup de dames romaines de quitter l'éclat du monde pour mener une vie retirée et cachée en Jésus-Christ; ce qui lui attira la haine et les railleries des gens de plaisir et de bonne chère, qui occupés des vanités du siècle ne purent voir sans un extrême déplaisir, que des familles entières et des plus considérables y renonçassent. Le peuple même pendant le convoi funèbre de Blésille s'entredisait : « Ne l'avions-nous pas bien dit? Ce qui fait aujourd'hui l'accablement et la douleur de Paule, c'est que sa fille qui s'est tuée à force de jeûner, ne lui a point laissé d'enfant d'un second mariage. Que ne chasset-on de la ville ces misérables moines? Que ne les lapide-t-on ? Que ne les jette-t-on dans la rivière? Car ce sont eux qui ont séduit cette pauvre dame, et il est aisé de voir qu'elle n'a embrassé la vie monastique que malgré elle; car jamais païenne n'a pleuré de la sorte la perte de ses enfants. » La mort du pape Damase, arrivée en 384, priva saint Jérôme de son soutien, de son appui, et il ne trouva pas dans le pape Sirice la même attention. Alors les ecclésiastiques croyant pouvoir se venger des libertés que ce Père s'était données de les reprendre ouvertement, le chargèrent de calomnies, le faisant passer 7 pour un infâme, un fourbe, un menteur et un magicien. Ils poussèrent leur malignité jusqu'à susciter un valet pour accuser Jérôme et Paule de dérèglement; et malgré le désaveu que fit ce malheureux, lorsqu'on l'eut appliqué à la question, les ecclésiastiques de Rome continuèrent leurs calomnies. Ils se déchaînèrent même contre ses ouvrages, l'accusant d'avoir voulu par une hardiesse inouïe corriger les anciennes leçons de l'Ecriture, auxquelles on était accoutumé depuis si longtemps; bien qu'il n'eût entrepris ce travail que par les ordres du pape Damase, et que la révision qu'il avait faite du texte sacré, eût été reçue généralement.

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