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Conciliabule

du Chène, en 403.

avaient nié d'abord, s'excusant sur ce qu'ils avaient cru qu'il était ordinaire d'en agir ainsi, et qu'ils ne s'étaient engagés dans l'épiscopat que pour s'affranchir des grandes dépenses auxquelles les décurions ou conseillers des villes étaient obligés. Ils demandèrent d'être maintenus s'il était possible, dans le ministère de l'Eglise, sinon qu'on leur rendit l'or qu'ils avaient donné; car quelques-uns d'entre eux avaient vendu, pour être ordonnés évêques, jusqu'aux ameublements de leurs femmes. Saint Chrysostome dit au concile : « J'espère que l'empereur à ma prière, les déchargera des fonctions curiales ordonnez que les héritiers d'Antonin leur rendent ce qu'ils ont donné.»> Cet avis fut suivi, et le concile déposa ces six évêques simoniaques, leur permettant seulement de communier avec les ecclésiastiques dans le sanctuaire. Tous acquiescèrent à leur déposition; et on mit en leur place d'autres évêques recommandables par leur vie et par leur science, et qui avaient toujours gardé la continence. Les Actes de leur déposition furent signés de soixante-dix évêques du concile, et ce jugement fut applaudi par un consentement général des peuples de toute l'Asie.

ARTICLE VIII.

DU CONCILIA BULE DU CHÊNE.

1. Les grands frères et les autres moines d'Egypte, maltraités par Théophile sous prétexte d'origénisme, s'étant pourvus par requête à l'empereur contre Théophile, ce prince ordonna que cet évêque serait tenu de se présenter à Constantinople pour être jugé par saint Chrysostôme. Théophile 2 fit beaucoup de difficulté d'obéir à cet ordre; mais enfin il se rendit à Constantinople un jeudi, en plein midi, vers le 18 de juin de l'an 403 il était accompagné de beaucoup d'évêques de sa province, d'une grande foule de mariniers égyptiens qu'il avait rassemblés exprès 3, et apportait avec lui tout ce qu'il avait de meilleur dans l'Egypte et dans les Indes mêmes, pour se faire des partisans. Mais quelque instance que l'on fit

1 Pallad., in Dialog, pag. 24 et 25.

2 Ibid., pag. 26.

3 Socrat., lib. VI, cap. xix; Sozom., lib. VIII, cap. XVII; Pallad., Dialogo, pag. 26.

Pallad., in Dialogo, pag. 26.

à saint Chrysostôme de prendre connaissance des chefs d'accusation formés contre Théophile, et de le juger, il n'en voulut rien faire, soit par considération pour Théophile, soit par respect pour les canons, qui ordonnent de juger les affaires des ecclésiastiques dans leur province. Théophile qui pensait bien différemment, ne s'occupa à Constantinople que des moyens de chasser saint Chrysostôme de son siége: et il gagna par son argent, par ses caresses et par ses promesses plusieurs grands de la cour 4, et la plus grande partie du clergé en sorte que de criminel il se vit en état par ses intrigues d'être le juge des autres. Deux diacres lui servirent d'accusateurs contre saint Chrysostôme, dont l'un avait été déposé par ce saint évêque, pour un homicide, et l'autre pour un adultère. Théophile dressa lui-même les requêtes qu'ils lui présentèrent contre saint Chrysostome. Elles ne contenaient que des faussetés hors un seul article, dans lequel ils accusaient l'évêque Jean de conseiller à tout le monde de prendre après la communion un peu d'eau et de pain, ou quelque pastille, de peur de rejeter involontairement avec la salive, quelque chose des espèces 5, et d'en user ainsi lui-même. Théophile ayant reçu ces requêtes, tint conseil chez Eugraphia avec Sévérien, Antiochus, Acace et les autres ennemis de saint Chrysostome. Le résultat de leur assemblée fut de présenter une requête à l'empereur, pour obliger le saint évêque de comparaître devant le concile.

Evêques d

2. Comme ils n'osaient produire au milieu de Constantinople les calomnies dont ils pré- concile. tendaient l'accabler, ils assemblèrent ce concile en un lieu près de Chalcédoine, nommé le Chêne, où il y avait un palais bâti en 394, par le préfet Rufin, avec une grande église et un monastère. L'évêque de Chalcédoine qui se nommait Cyrin, était égyptien de naissance et ennemi de saint Chrysostome. Il se trouva dans ce conciliabule trentesix évêques de la province de Théophile, et quelques autres, jusqu'au nombre de quarante-cinq. Les plus connus sont Théophile lui-même, Acace de Bérée, Cyrin de Chalcédoine et Paul d'Héraclée. Saint Cyrille y ac

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Actes de ce

concile.

compagna Théophile son oncle, dont il fut depuis le successeur.

1

3. Photius qui avait lu les actes de cette assemblée, dit qu'ils étaient partagés en treize mémoires ou actions; la treizième regardait Héraclide d'Ephèse, et les douze autres saint Chrysostome. On peut donc croire qu'il y eut treize séances durant lesquelles on instruisit comme on voulut cette affaire. • Pallade 2 dit néanmoins que les évêques de cette assemblée consommèrent leur iniquité en un seul jour, et Sozomène 3 assure qu'ayant cité saint Chrysostôme, ils le jugèrent et le condamnèrent le même jour. Mais ne peut-on pas concilier ces deux auteurs avec Photius, en disant que ces évêques furent plusieurs jours à recevoir les requêtes, et à examiner les chefs d'accusations formés contre saint Chrysostôme, non dans le dessein de les vérifier, mais pour savoir comment ils les feraient valoir pour en tirer tout l'avantage qu'ils s'en étaient promis. Nous avons encore les Actes de l'assemblée du Chêne, en partie dans Photius, en partie dans le Dialogue de Pallade. En voici la te

Procédures concilia

neur.

4. Les évêques s'étant assemblés, Théoe du Chè phile manda avec autorité l'archidiacre de Constantinople, comme s'il n'y eût point eu d'évêque en cette ville. L'archidiacre obéit, mena avec lui la plupart des ecclésiastiques de cette Eglise, et se portant pour accusateur, proposa vingt-neuf chefs d'accusation. Saint Chrysostôme fut accusé: 1° d'avoir excommunié l'archidiacre lui-même, parce qu'il avait frappé son valet nommé Eulalius; 2o d'avoir fait battre, traîner et enchaîner un moine nomme Jean; 3° d'avoir vendu un grand nombre de meubles précieux appartenant à l'Eglise, et les marbres préparés par Nectaire pour orner l'Anastasie; 4° d'avoir injurié les clercs, les appelant gens corrompus, prêts à tout faire, qui ne valaient pas trois oboles; 5° d'avoir appelé saint Epiphane radoteur et petit démon; 6° d'avoir fait une conjuration contre Sévérien de Gabales, excité contre lui les bas officiers de l'église que l'on nommait doyens; 7° d'avoir composé contre les ecclésiastiques un livre plein de calomnies; 8° d'avoir fait venir devant

1 Photius, Cod. 59, pag. 54, et tom. II Concil. Labb., pag. 1324, et Baluz., pag. 106.

2 Pallad., in Dialogo, pag. 30.

3 Sozomen., lib. VIII, cap. xvII.

Photius, Cod. 59, pag. 56, et tom. II Concil.

son clergé trois diacres, Acace, Edaphius et Jean, les accusant d'avoir dérobé son pallium 5. C'était un ornement de laine qui est le symbole de la brebis sur les épaules du bon Pasteur; 9° d'avoir ordonné évêque Antoine, convaincu d'avoir fouillé dans des tombeaux; 10° d'avoir décelé le comte Jean dans une sédition militaire; 11° de ne point prier Dieu, ni en allant à l'église, ni en y entrant; 12° d'avoir ordonné sans autel des diacres et des prêtres; 13° d'avoir dans une seule ordination fait quatre évêques; 14° de recevoir des femmes seul à seul, après avoir fait sortir tout le monde; 15° d'avoir vendu, par un nommé Théodule, la succession de Thècle, léguée apparemment à l'Eglise; 16o de ne donner connaissance à personne de l'emploi qu'il faisait des revenus de l'église; 17° qu'il avait ordonné prêtre Sérapion, prévenu de crime; 18° d'avoir fait mettre en prison des hommes qui étaient en communion avec toute l'Eglise, et de les avoir méprisés après leur mort, jusqu'à ne pas accompagner leurs corps à la sépulture; 19° d'avoir fait injure au très-saint Acace, évêque de Bérée, et de n'avoir pas voulu même lui parler; 20° d'avoir livré le prêtre Porphyre à Eutrope, pour le faire bannir; 21° d'avoir aussi livré le prêtre Bérénius d'une manière outrageuse; 22° de faire chauffer un bain pour lui seul et d'en faire fermer l'entrée par Sérapion, afin que personne ne s'y baignât après lui; 23° d'avoir ordonné plusieurs personnes sans attestations; 24o de manger seul; 25o de vivre licencieusement comme un cyclope; 26° d'être lui-même l'accusateur, le témoin et le juge, comme il paraît en l'affaire de l'archidiacre Martyrius, et dans celle de Proërésius, évêque de Lycie; 27° d'avoir donné un coup poing à Memnon, dans l'église des Apôtres, jusqu'à lui faire sortir le sang de la bouche, et d'avoir néanmoins offert les saints mystères; 28° de se déshabiller et s'habiller à son trône, et d'y manger des pastilles; enfin 29° d'avoir donné de l'argent aux évêques après les avoir ordonnés, afin de se servir d'eux pour persécuter le clergé.

de

Saint Chrysostome est

5. Pendant que ces choses se passaient au Chêne, saint Chrysostôme était à Constanti- cité plusieurs

Labb., pag. 1324. Isidor. Pelus., lib. I, Epist. 136. 6 On voit par cette accusation qu'on se servait alors de vêtements particuliers pour la célébration des saints mystères. (L'éditeur.)

fois.

nople, et avec lui quarante évêques assis dans la salle de l'évêché 1. Comme ils témoignaient leur étonnement de ce que Théophile appelé pour répondre à des accusations atroces, avait trouvé le moyen de changer en un moment l'esprit des puissances, et de gagner la plus grande partie du clergé, saint Chrysostôme leur dit : « Priez, mes frères, et si vous aimez Jésus-Christ, que personne n'abandonne pour moi son église. Si nous gardons nos églises, répondirent ces évêques, on ne manquera pas de nous contraindre à communiquer et à souscrire. Communiquez, répliqua saint Chrysostôme, pour ne point faire de schisme, mais ne souscrivez pas, car ma conscience ne me reproche rien qui mérite la déposition. » Comme il parlait ainsi, on l'avertit qu'il y avait là des députés de Théophile. C'étaient deux jeunes évêques de Libye, l'un nommé Dioscore, dont on ne marque pas le siége, et l'autre Paul, fait évêque d'Erytre en 401. Saint Chrysostôme les fit entrer, les pria de s'asseoir, et de dire pourquoi ils venaient. Ils répondirent qu'ils n'avaient qu'une lettre à présenter, et ils en firent faire lecture par un jeune domestique de Théophile 2. Elle portait «Le saint concile assemblé au Chêne à Jean,» sans y ajouter le titre d'évêque. « Nous avons reçu contre vous des libelles qui contiennent une grande multitude d'accusations. Venez donc, et amenez avec vous les prêtres Sérapion et Tygrius. »> Socrate 3 y ajoute un lecteur nommé Paul. Les évêques qui étaient avec saint Chrysostôme, députèrent trois d'entre eux, Lupicin, Démétrius, Eulysius et deux prêtres, Germain et Sévère, avec charge de dire à Théophile : «Ne faites point de schisme dans l'Eglise. Si au mépris des canons de Nicée, vous voulez juger hors de vos limites, passez vous-même vers nous en cette ville, afin que nous vous jugions le premier. Car nous avons des mémoires contre vous, qui contiennent soixante-dix articles de crimes manifestes, et notre concile est plus nombreux que le vôtre : vous n'êtes que trente-six d'une seule province, et nous sommes quarante de diverses provinces, entre lesquels il y a sept métropolitains. Nous avons encore votre lettre, par laquelle vous déclarez à notre frère Jean,

1 Pallad., in Dialog., pag. 27, 28.

2 Ibid., pag. 28.

3 Socrat., lib., cap. xv.

♦ Pallad., in Dialog., pag. 28.

qu'il ne faut pas juger hors des limites. » Saint Chrysostôme 5 sans vouloir se servir de tous ces avantages, répondit aux députés, que jusques ici il n'avait point eu connaissance des reproches qu'on pouvait lui adresser que, quoiqu'il dût être jugé à Constantinople, il était prêt d'aller se justifier au Chêne et partout ailleurs, pourvu que ce ne fût pas devant ses ennemis déclarés. « Or, ceux que je récuse, ajoute-t-il, sont : Théophile, que je convaincrai d'avoir dit à Alexandrie et en Lycie: Je vais à la cour déposer Jean. Ce qui est vrai, c'est que depuis qu'il est arrivé, il n'a voulu ni me parler ni communiquer avec moi. Je récuse aussi Acace, parce qu'il a dit : Je lui prépare un plat de ma façon. Je n'ai pas besoin de parler de Séverin et d'Antiochus : Dieu en fera justice, et les théâtres publics chantent leurs entreprises. » Après ces paroles il congédia les députés en leur disant qu'inutilement on renverrait vers lui, parce qu'on n'en aurait pas d'autre réponse.

6. Un moment après vint un notaire avec un ordre de l'empereur pour contraindre saint Chrysostôme à se présenter devant ses juges. Le saint évêque lui fit la même réponse, et aussitôt Eugène et Isaac tous deux prêtres de Constantinople 6, lui vinrent commander de la part du synode, qu'il eût à venir se justifier. Le saint répondit par un billet dont quelques évêques furent porteurs : « Quelle est votre procédure, en ne chassant point mes ennemis, et en me citant par mes propres clercs? » Les partisans de Théophile, irrités de ce que saint Chrysostôme avait éludé leur piége, prirent les évêques chargés du billet, battirent l'un 7, déchirèrent les habits de l'autre, et chargèrent un troisième des chaînes qu'ils avaient préparés pour saint Chrysostome, et l'ayant jeté dans une barque, l'envoyèrent dans un lieu inconnu.

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7. En même temps il vint un officier de la cour presser les évêques assemblés au Chê-users in ne, de juger l'affaire. Ils examinèrent quelques-uns des vingt-neuf chefs d'accusations, proposés par l'archidiacre: ils passèrent ensuite à l'examen des plaintes formées contre Héraclide et Pallade d'Hélénople, accusés d'origénisme. Cette requête était de Jean, moine, qui y accusait aussi saint Chry

5 Ibid., pag. 29.

6 Pallad., in Dialog., pag. 29.

7 Ibid.

8 Photius, Cod. 59, pag. 56.

sostôme de favoriser les partisans d'Origène. L'évêque Isaac donna aussi une requête qui contenait dix-huit articles de plaintes contre saint Chrysostôme; ces plaintes étaient à peu près les mêmes que celles qu'avait avancées l'archidiacre Jean. Le principal est le septième. Isaac l'y accusait de donner trop de confiance aux pécheurs, en disant : « Si tu pèches encore, fais encore pénitence. Viens à moi et je te guérirai. »> Socrate qui raconte quelque chose de semblable, dit que les amis de saint Chrysostome l'en reprirent. Mais il ne paraît point 1 par cet historien que saint Chrysostome parlât de la pénitence publique, qui, selon les canons, ne s'accordait qu'une fois. On examina ce chef d'accusation et quelques autres ensuite Paul évêque d'Héraclée, qui présidait au concile, peut-être comme ancien métropolitain de Thrace, prit les voix de tous les évêques en commençant par Gymnasius et en finissant par Théophile d'Alexandrie. Ils prononcèrent la sentence de déposition de saint Chrysostôme, sous le seul prétexte de la contumace; et parce qu'ayant été quatre fois cité par le concile, il n'avait pas voulu comparaître. Ensuite ils écrivirent une lettre synodale au clergé de Constantinople, et une seconde aux empereurs, pour leur donner avis que Jean avait été déposé. Celle-ci commençait en ces termes « Comme Jean accusé de quelques crimes, et se sentant coupable, n'a pas voulu se présenter, il a été déposé selon les lois. Mais parce que les libelles contiennent aussi une accusation de lèze-majesté, votre piété commandera qu'il soit chassé et puni pour ce crime car il ne nous appartient pas d'en prendre connaissance. » Ce crime de lèze-majesté, était d'avoir parlé contre l'impératrice Eudoxie, et de l'avoir nommée Jézabel. On voit ici que les évêques n'osaient en connaître, mais aussi que ceux du Chêne sans en avoir connu, ne laissent pas de déclarer que saint Chrysostôme en était coupable. L'empereur, conformément à la demande de ce conciliabule, donna ordre de chasser saint Chrysostôme, et cet ordre fut exécuté promptement.

2

8. Théophile envoya au pape Innocent les Actes du concile du Chêne, par un prêtre nommé Pierre. Mais ce Pape les ayant lus,

1 Fleury, lib. XXI, Hist. Eccles., pag. 174.

2 Pallad., in Dialog., pag. 30.- 3 Ibid., pag. 10.

et voyant que les accusations étaient peu considérables, et que saint Chrysostôme n'avait point été présent, cassa le jugement rendu contre lui, et répondit à Théophile, en ces termes : << Nous vous tenons dans notre communion, vous et notre frère Jean. Si l'on examine légitimement tout ce qui s'est passé par collusion, il est impossible que nous quittions sans raison la communion de Jean. Si donc vous vous confiez à votre jugement, présentez-vous au concile qui se tiendra Dieu aidant, et expliquez les accusations, suivant les canons de Nicée : car l'Eglise romaine n'en connaît pas d'autres.» Nous ne répéterons point ici ce que saint Chrysostôme a dit dans ses lettres, pour sa justification. On peut le voir en particulier dans l'analyse de celle qu'il écrivit à Syriaque.

9. Son bannissement n'empêcha pas le concile du Chêne de continuer ses séances, et on y en tint une treizième contre Héraclide, que le saint avait ordonné évêque d'Ephèse à la place d'Antonin. Le principal accusateur d'Héraclide, était Macaire, évêque de Magnésie, mais le moine Jean et l'évêque Isaac, avaient déjà proposé quelques plaintes contre lui. On lui reprocha l'origénisme, on l'accusa d'avoir frappé quelques personnes, de les avoir fait traîner chargées de chaînes au milieu de la ville d'Ephèse, et d'avoir été convaincu de larcin à Césarée de Palestine, avant son épiscopat. Les amis d'Héraclide, qui était absent, s'élevèrent contre l'injustice de cette procédure. Mais ceux du parti de Théophile, voulant la soutenir, le peuple prit part à la querelle; on en vint aux mains, plusieurs furent blessés, et quelques-uns même tués, et les évêques opposés à saint Chrysostome se retirèrent chacun chez eux. Selon Photius, ce fut aussi dans ce conciliabule que Géronce, Faustin et Eugonomone, qui étaient du nombre des évêques d'Asie déposés en 401, présentèrent leur requête dans laquelle ils soutenaient qu'ils avaient été injustement déposés de l'épiscopat par saint Chrysostôme. Théophile les rétablit et ne craignit pas de lever les liens dont saint Chrysostôme les avait liés; mais ce ne fut qu'en 404, l'année après le conciliabule du Chêne.

Socrat., lib. VI, cap. XVI; Sozomen., lib. VIII cap. XIX; Photius, Cod. 59.

Suite du concile du Chêne.

SUPPLÉMENT

AU CHAPITRE DE DOM CEILLIER SUR SAINT CHRYSOSTOME.

Homélie

jour de la

l'atr. græc.,

col. 417.

Le tome LXIV de la Patrologie greco-latine, feu apprenait la science de la Loi. Le Saintcolonnes 417-1073, contient un supplément assez considérables aux œuvres de saint Chrysostôme. Ce supplément embrasse les homélies, les épitres, les commentaires sur l'Ecriture sainte, la Liturgie.

ARTICLE I.

HOMÉLIES.

1. L'homélie sur le jour de la Pentecôte a sur le saint été publiée par le cardinal Maï, d'après un Pentecôte. manuscrit du Vatican, tom. IV, Spicileg. rom., tom. LXIV, page LXVIII LXXVI. Tout porte à croire que cette homélie est vraiment de saint Jean Chrysostome. Le saint y parle des Goths; on sait qu'il s'en occupa, ayant fait pour eux plusieurs discours qu'un prêtre de cette nation traduisait à mesure qu'il les prononçait. Voici l'analyse de cette homélie.

La grâce de l'Esprit promis par JésusChrist à ses apôtres a seule pu abolir l'idolâtrie, amener les hommes à la vraie piété, chasser les démons. Le Saint-Esprit qui se montre sous les formes qu'il lui plaît de choisir, apparut aux apôtres rassemblés avec un bruit éclatant, sous l'aspect d'une flamme qui se partagea en différentes langues, et alla se reposer sur la tête de chacun des disciples. Il se manifesta au jour de la Pentecôte, afin que la multitude des Juifs fût témoin du don que Jésus-Christ faisait à ses disciples et eût ainsi une preuve manifeste de la résurrection de Jésus-Christ. C'est ainsi qu'autrefois la flamme brillait sur le mont Sinaï, tandis que Moïse au milieu du

Esprit se communiqua sous la forme de différentes langues, pour apprendre aux disciples qui le recevaient à être les maitres du monde et à le parcourir avec la rapidité de la flamme. Autrefois la confusion des langues arriva dans la construction audacieuse de la tour de Babel, et maintenant la grâce réunit en une seule langue les langues divisées, étend ainsi les bornes de l'enseignement, en multipliant les voies qui conduisent à la foi. Quels miracles! L'Apôtre préchait et l'Indien était instruit; l'Hébreux parlait et le barbare recevait la foi. Les Goths connaissaient la voix qui se faisait entendre, les Ethiopiens comprenaient la langue du prédicateur, les Perses admiraient celui qui parlait et les nations barbares étaient enseignées dans une seule langue. La grâce en venant dans les apôtres inonde tous ceux qui croient à leurs œuvres, les remplit tous, comme un fleuve qui coule toujours. Une multitude, composée de nations diverses, comprenait la parole des apôtres et recevait l'enseignement de la foi. Dieu était connu. Les Juifs, il est vrai, ne rougissaient pas d'accuser les apôtres d'être pleins de vin nouveau, mais le temps auquel le Saint-Esprit descendit sur les apôtres, réfute assez cette calomnie. Le vin se fait à la fin de l'été, et la Pentecôte avait lieu au printemps. Saint Pierre, plus comblé que les autres de l'Esprit-Saint et de la grâce, développe aux Juifs l'accomplissement des prophéties.

Saint Chrysostôme finit en demandant une goutte de cette grâce reçue avec tant d'abon

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