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siers et à des hommes qui avaient abandonné tout récemment le paganisme. » Saint Chrysostôme témoigne qu'il aurait souhaité expliquer pourquoi le Saint-Esprit était descendu le jour de la Pentecôte; pourquoi en forme de langues de feu, et pourquoi dix jours après l'Ascension; mais, craignant de trop allonger son discours, il le finit en exhortant ses auditeurs à vivre de façon qu'ils puissent participer un jour à la gloire que Jésus-Christ est allé leur préparer.

8. Dans la seconde homélie il appelle la Pentecôte le comble de tous les biens et la première ou la métropole de toutes les fêtes, parce qu'elle est le but et l'accomplissement de toutes les autres. Après cela, il fait l'énumération de toutes les grâces que nous recevons par le Saint-Esprit, d'où il prend occasion d'en établir la divinité contre les macédoniens, insistant principalement sur ces paroles de Jésus-Christ à ses Apôtres Allez, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. Il rend ensuite raison pourquoi Jésus-Christ n'envoie pas le Saint-Esprit aux Apôtres incontinent après son ascension : ce fut pour le leur faire désirer avec plus d'ardeur, et leur faire sentir davantage le besoin qu'ils en avaient. Il ajoute qu'il descendit en forme de langues de feu, pour marquer que la doctrine que les Apôtres étaient chargés d'annoncer, consumerait comme le feu les épines de nos âmes, et que le don principal du Saint-Esprit, était la charité. Il exhorte ses auditeurs à se laisser embraser de cette charité, et il engage ceux qui avaient été baptisés ce jour-là, à conserver soigneusement l'innocence qu'ils avaient reçue, et dont l'habit blanc qu'ils portaient était le symbole.

§ VI.

Des Panegyriques de saint Paul.

1. Saint Chrysostôme témoigne dans son en quelle an homélie sur les Calendes ou contre les Etrennes faites le premier jour de janvier, qu'il avait été obligé d'interrompre le cours des éloges de saint Paul pour parler contre les abus qui se commettaient en ce jour-là. Quelques-uns

1 Nuper igitur cum beatum Paulum encomiis celebrarem, ita exultavistis, quasi ipsum præsentem vidissetis... Volebam ante in idem argumentum hodie descendere; sed ad alia quædam, quæ magis urgent, oratio nostra provehitur, in quibus a tota hodie civitate peccatur. Chrysost., homil. in Calendas.

ont cru qu'il s'agissait de l'homélie sur la demande des enfants de Zébédée, où en effet saint Chrysostôme dit quelque chose à la louange de saint Paul; d'autres l'ont entendu de l'homélie où ce Père traite des qualités que doit avoir la femme que l'on se propose d'épouser, où l'on trouve encore quelque chose à la louange de cet Apôtre. Mais il paraît hors de doute que ce n'est ni à l'une ni à l'autre de ces deux homélies que se rapportent les paroles de l'homélie sur les Calendes, et qu'elles supposent une suite de discours tous faits en l'honneur de saint Paul, et dont les uns ont été prononcés quelques jours avant le 1er de janvier, et les autres après; c'est ce qui peut s'entendre naturellement des sept panégyriques que nous avons de cet Apôtre. On ne peut douter qu'ils n'aient été prêchés à Antioche, puisque saint Chrysostôme parle dans le quatrième de Daphné, qui était un faubourg de cette ville, et qu'il témoigne, dans le commencement du sixième, qu'il les avait prononcés assez près l'un de l'autre 2. Nous en avons une traduction latine, qu'on croit être d'Annius le Pélagien, natif de Célède en Campanie, qui vivait au commencement du ve siècle. Ce traducteur, en effet, donne au défenseur de la grâce de Jésus-Christ les noms odieux de manichéen et de traducien, noms dont les pélagiens avaient coutume de se servir en parlant des catholiques. Il semble même n'avoir entrepris cette traduction que parce qu'il croyait trouver dans ces panégyriques de quoi favoriser ses erreurs. Elle est adressée au prêtre Evangelus, qui était aussi de la secte des pélagiens. On ne trouve dans aucun de ces panégyriques ce que Photius cite d'un discours de saint Chrysostome sur saint Paul, mais il pouvait l'avoir tiré de quelque autre discours qui n'est pas venu jusqu'à nous.

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A se da

tement qu'aucun d'eux n'a pratiqué celle qui lui était particulière; son sacrifice a été plus parfait que celui d'Abel, puisque, à la place des bœufs et des agneaux, il s'est immolé. Comme Noé, il est demeuré juste et parfait au milieu de la corruption, et a sauvé le genre humain d'un déluge plus dangereux, non par le moyen d'une arche de bois, mais par la composition de ses épîtres: arche dont les planches ne sont pas goudronnées avec du bitume et de la poix, mais par l'onction du Saint-Esprit, et que la tempête du vice n'a pu encore séparer. » Saint Chrysostôme poursuit le parallèle de cet Apôtre avec les autres patriarches. « Son détachement a surpassé, dit-il, celui d'Abraham; il a été plus doux qu'Isaac, plus patient que Jacob, plus chaste que Joseph; il a plus souffert que Job; sa charité a été plus grande que celle de Moïse, et ses travaux plus étendus; il a surpassé David en humilité, Elie en zèle, saint Jean-Baptiste en mortification; à l'imitation des anges, il s'est soumis à la parole du Tout-Puissant, et a gardé ses commandements, parcourant avec la même agilité que ces esprits célestes, tout l'univers, et purifiant la terre comme un feu par l'ardeur de sa charité. »

3. Dans le second discours, saint Chrysosp. tome prouve que saint Paul a mieux fait voir que personne ce que c'est que l'homme, quelle est la noblesse de notre nature, et à quel degré de vertu elle est capable de monter. « Devenu Apôtre, il a fortement résisté aux hérétiques; il a fermé la bouche de ceux qui blasphémaient sans pudeur; il a prêché la vertu et l'a embrassée sans la vue de la récompense, surmontant tous les obstacles qui semblent en empêcher la pratique. C'était pour lui une espèce de triomphe d'être battu de verges, outragé, insulté en tous lieux, recherchant même les ignominies et les affronts avec plus ardeur que tous ne recherchent les honneurs, les plaisirs, les richesses. Avec l'amour de Jésus-Christ il se croyait le plus heureux de tous les hommes; sans lui, il n'aurait pas voulu être le compagnon des dominations, des principautés et des puissances. Il ne craignait qu'un supplice, c'était d'être privé de cet amour; la mort, les tourments lui semblaient des jeux d'enfants, excepté quand il les souffrait pour Jésus-Christ, car alors il les acceptait volontiers, se croyant plus orné des chaînes dont il était chargé, que Néron de son diadème. »

Saint Chrysostôme ne feint point de déclarer qu'il n'y a rien dans le monde qui puisse être comparé à saint Paul, ni or, ni diamants; et que si l'on mettait le monde entier dans une balance, l'âme de cet Apôtre l'emporterait. « Le ciel même, ajoute ce Père, est pour saint Paul une petite récompense; aucun des anges n'a conduit le peuple dont le soin lui avait été confié avec autant de prudence que saint Paul a conduit tout l'univers. Je ne dis pas cela, ajoute ce Père, pour déprimer les anges, à Dieu ne plaise, mais pour montrer qu'il est possible à un homme de marcher sur leurs traces et d'imiter leurs vertus.»

Analyse du troisième dis

4. Le troisième discours est employé à relever la charité de saint Paul. Sachant que cours, p. 486. cette vertu est la source de tous les biens, ce saint Apôtre en a fait l'âme de toute sa conduite, aimant ses ennemis, comblant de bienfaits ses persécuteurs, et rendant même témoignage à ceux qui l'avaient battu cinq fois de verges, lapidé et chargé de chaînes, que c'était par zèle pour Dieu, quoique ce zèle ne fût point selon la science. Sa charité ne s'est point bornée à ceux de sa nation, il l'a étendue sur tous les peuples et sur toutes sortes de personnes, à qui il tâchait de procurer non-seulement les biens spirituels, mais encore les temporeis; ce qui paraît dans la recommandation qu'il donna à la diaconesse Phébé, à la famille de Stephanas, à Zénas, à Apollon et à Onésime.

Analyse du

cours, p. 490.

5. Dans le quatrième discours, qui traite de la vocation et de la prédication de saint quatrieme disPaul, saint Chrysostôme fait voir que l'aveuglement de cet Apôtre au moment de sa vocation lui avait été salutaire, ainsi qu'à tout l'univers. Comme il ne voyait point les choses telles qu'elles étaient en elles-mêmes, Dieu l'aveugla à propos, afin qu'il les vit mieux et pour son profit. On ne doit pas, néanmoins, s'imaginer que la vocation de saint Paul ait été opérée par nécessité et par violence, car il a été en son pouvoir de retourner au judaïsme. En effet, plusieurs de ceux qui, dans l'Ancien comme dans le Nouveau Testament, ont été témoins de plus grands miracles, tels que Judas, Nabuchodonosor, Elymas le magicien, Simon, Ananie, Saphire, et tout le peuple juif, n'ont pas laissé de reculer en arrière. Mais cet Apôtre ayant une fois eu les yeux ouverts, a couru avec empressement vers la lumière immortelle de la vérité. Comme on pouvait demander pourquoi la conversion de saint Paul ne s'était

pas faite dès le commencement de la prédication de l'Evangile, saint Chrysostôme répond que c'est à Dieu à marquer le temps propre au salut des hommes : réponse, dit-il, que saint Paul a prévenue dans son épître Gal. 1, 15. aux Galates, où il dit: Lorsqu'il a plu à Dieu

Joan. vi.

qui m'a choisi particulièrement... de me révéler son Fils. Saint Chrysostôme répond encore qu'il était à propos que la vocation de l'Apôtre arrivât dans le temps que les scandales étaient ôtés; et enfin que Dieu l'a appelé de la sorte, afin de nous apprendre que personne n'a jamais trouvé Jésus-Christ par ses propres forces, mais que c'est JésusChrist qui s'est manifesté lui-même; c'est pourquoi saint Paul disait : Ce n'est pas vous qui m'avez choisi, c'est moi qui vous ai choisi. « Si donc saint Paul, quoique témoin de la résurrection de morts au nom de JésusChrist, et d'un grand nombre d'autres miracles, n'avait point ouvert les yeux, c'est que Jésus-Christ ne l'avait point encore appelé : mais Dieu, en l'appelant, ne lui a imposé aucune nécessité, et il n'en impose à qui que ce soit, nous laissant maîtres de notre volonté, même après notre vocation. Vous me direz peut-être, continue l'orateur en s'adressant à un infidèle: Si Dieu a appelé saint Paul du haut du ciel, d'où vient qu'il ne m'appelle pas de même ? - Dieu vous appelle, répond ce Père, si vous avez une âme disposée à l'écouter; au contraire, si vous êtes ingrat et plein de corruption, quand Dieu ferait entendre sa voix du haut du ciel, ce ne serait pas assez pour vous sauver. Combien les juifs n'ont-ils pas vu de miracles, soit dans l'Ancien, soit dans le Nouveau Testament, sans qu'ils soient devenus meilleurs? La courtisane de Jéricho, n'en ayant vu aucun, fit paraître au contraire une foi admirable, et les Ninivites, à la seule vue de Jonas, crurent et firent pénitence.» Saint Chrysostôme propose ensuite pour motifs de crédibilité à cet infidèle les miracles arrivés de son temps à Jérusalem, lorsque Julien l'Apostat voulut en rétablir le temple; le pouvoir du martyr saint Babylas, si terrible au démon que l'oracle d'Apollon devint muet jusqu'à ce qu'on eût ôté d'auprès de son temple les reliques de ce saint martyr; la vengeance miraculeuse que Dieu tira du grand trésorier de l'empire pour avoir fait une injure à l'Eglise; la famine qui désola les villes dans tout l'univers au moment où Julien monta sur le trône; sa mort funeste dans le pays des

Perses; la cessation de ce fléau aussitôt que Jovien, prince plein de piété, eut été élevé à l'empire; l'honneur que tout l'univers rendait à la croix, auparavant si décriée; l'établissement de la religion chrétienne malgré tous les efforts des princes et des peuples; la crainte que les démons ont du nom de JésusChrist, qui est telle qu'ils s'enfuient aussitôt qu'on le prononce; le progrès rapide de l'Evangile par le ministère de saint Paul, qui, n'étant qu'un homme de métier, a fait en moins de trente ans embrasser la vérité aux Romains, aux Perses, aux Indiens, aux Scythes, aux Ethiopiens, aux Sauromathes, aux Parthes, aux Médes, aux Sarrasins, en un mot à tous les hommes de l'univers, quoique la doctrine qu'il prêchait, bien loin d'avoir rien d'attrayant, fût capable de rebuter et même de scandaliser, puisqu'il préchait un Dieu crucifié. «N'est-il pas évident, ajoute le saint docteur, que c'était là l'effet d'une puissance divine et ineffable? Un autre motif de crédibilité se prend de ce qui est arrivé aux ennemis de notre religion; quoiqu'ils aient réuni ensemble en leur faveur les richesses, la noblesse, la grandeur de la patrie, la force de l'éloquence, un long usage dans leurs superstitions, elles ont néanmoins été tout d'un coup abolies; et nous, à qui tout était contraire, avons vaincu et pris le dessus. Dieu même a permis que des voleurs aient été crucifiés avec Jésus-Christ, et qu'avant lui des séducteurs aient paru, afin qu'en les comparant ensemble, l'éclat de sa vérité frappât les yeux des moins clairvoyants, et que nous connussions qu'il n'est pas l'un d'entre eux; et il y a une différence infinie entre lui et les autres, sa gloire n'ayant pu être obscurcie, ni parce qu'il a souffert le même supplice, ni parce qu'il a vécu dans le même temps; car si l'on dit que les démons ont craint la croix, et non pas la puissance du crucifié, les deux voleurs ferment la bouche à ceux qui tiennent ce discours; et si l'on soutient que c'est la difficulté des temps qui a tout fait, Theudas et Judas justifieront le contraire, eux qui ayant formé une entreprise semblable à la nôtre, et l'ayant accompagnée de plusieurs prodiges, ont néanmoins péri malheureusement. » Saint Chrysostôme revenant ensuite à saint Paul, expose ce qu'il eut à souffrir à Rome par la malice de ses adversaires, qui irritèrent contre lui Néron; les combats que lui livrèrent les faux apôtres; la douleur que lui causa la chute des

e de

- pag.

faibles, dont plusieurs se laissèrent séduire ; la force de ses discours à qui tout cédait. En finissant il le propose pour modèle à tous les chrétiens.

6. Le cinquième discours a pour but de montrer que saint Paul a été exempt de passions, et que s'il a paru quelquefois en avoir et varier dans sa conduite, il n'en a été que plus louable, parce qu'il n'a fait que se prêter à tout ce qui était nécessaire pour la prédication de l'Evangile et le salut des hommes, imitant en ce point son maître, qui s'est montré et comme Dieu et comme homme, selon qu'il le jugeait expédient. « C'est à l'exemple du Sauveur que saint Paul a varié non-seulement dans ses actions, mais aussi dans ses paroles, se faisant quelquefois juif, se conduisant d'autres fois comme n'ayant point de loi; se coupant quelquefois les cheveux et offrant des sacrifices, et dans d'autres circonstances anathématisant ceux qui le faisaient; mais l'esprit et l'intention étaient dans lui uniformes et s'accordaient parfaitement. Il ne cherchait uniquement que le salut de ceux qui l'écoutaient et qui le voyaient; c'est pour cela que tantôt il relevait la loi, et tantôt il la rabaissait, imitant un médecin qui tantôt oblige le malade à faire diète, et tantôt lui permet de se rassasier entièrement. N'admirons donc pas moins cet Apôtre lorsqu'il suit les dangers que lorsqu'il s'y jette de son propre mouvement. l'un étant l'effet de son courage, l'autre de sa sagesse. Il est encore également admirable lorsqu'il parle avantageusement de lui-même, et lorsqu'il se rabaisse, l'un étant l'effet de son humilité, et l'autre de sa grandeur d'âme. C'est une grande vertu de ne rien dire de soi-même; mais cet Apôtre le faisait si à propos, qu'il était plutôt digne d'être loué en parlant de lui qu'en se taisant; et s'il ne l'avait pas fait, il aurait bien plus mérité d'être repris que ceux qui font leur éloge à contre-temps. Car, ne se glorifiant pas, il aurait donné gain de cause à ses ennemis, étant obligé de donner des preuves pour établir son apostolat. Voyez, conclut saint Chrysostome, en combien de manières il a appris à ceux qui l'écoutaient de ne pas se 'glorifier sans sujet : 1o en leur montrant qu'il ne l'a fait que par nécessité; 2° en s'appelant lui-même imprudent, et usant de plusieurs prétextes pour se refuser des louanges; 3° en ne disant pas tout, mais en

cachant la plus grande partie, quelque nécessité qu'il eût de le dire; 4° en supposant une autre personne et en disant : Je connais un homme; 5o en n'exposant en public que celle de ses vertus dont il était besoin de parler pour lors. En appelant une et deux fois les Galates insensés, et les Crétois méchantes bêtes, il nous a enseigné de ne pas user d'indulgence envers ceux qui négligent le service de Dieu, mais d'employer contre eux des termes forts et capables de faire impression sur leur esprit. »

Analyse du sixième dis

7. « Saint Paul a paru, disaient quelquesuns, craindre les supplices; mais c'est cola cours, p. 506. même, répond saint Chrysostome, qui a contribué à le rendre admirable. Car ayant une âme qui n'était ni téméraire, ni présomptueuse, et un corps sensible aux plaies et redoutant les fouets, il a néanmoins fait paraitre du mépris, lorsque le temps l'a demandé, pour tout ce qui paraît plus terrible. Lors donc que nous le voyons trembler à la vue des tourments, souvenons-nous de ce qu'il dit aux Romains, que ni l'affliction, ni la persécution, ni la faim, ni les périls, ni l'épée ne le sépareront point de l'amour de Jésus-Christ. La faiblesse, qui semble inséparable de la nature, a été une des plus grandes marques de la vertu de cet Apôtre, s'étant montré si généreux au milieu des souffrances, quoiqu'il fût sujet à tous les besoins de la vie. On n'est pas digne de répréhension pour craindre les tourments, mais on l'est de faire par la crainte des tourments quelque chose d'indigne de la piété. Craindre les tourments est une suite de la nature; mais ne rien faire de criminel par la crainte des tourments et de la mort, c'est l'effet d'une bonne volonté qui corrige le défaut de la nature et qui en surmonte les faiblesses. N'est-il pas arrivé souvent à des martyrs de pâlir et d'être remplis de frayeur à la vue de la mort où on les conduisait ? Mais c'est pour cela même qu'ils en sont plus admirables! Ayant craint la mort, ils n'ont pas refusé de la souffrir pour JésusChrist. C'est ainsi que saint Paul, craignant la mort, ne refuse pas même les tourments de l'enfer pour Jésus-Christ; et que, redoutant de mourir, il désire d'être dégagé des liens du corps. » Saint Chrysostôme rapporte plusieurs exemples de saints, soit de l'Ancien, soit du Nouveau Testament, en qui la volonté a surmonté la nature : celui de saint Pierre,

Analyse du

cours, p. 512.

d'Abraham, des trois jeunes hommes de Babylone et d'un grand nombre de martyrs. Il oppose aux endroits où saint Paul témoigne craindre les supplices, ceux où le même Apôtre exprime sa joie d'avoir été battu de verges, et la gloire qu'il retire de ses chaînes. «Mais, ajoute-t-il, saint Paul a fait des imprécations contre Alexandre, l'ouvrier en cuivre; il a prié contre d'autres personnes, afin que Dieu les affligeât; il a outragé le grand-prêtre en l'appelant muraille blanchie; il s'est séparé de Jean-Marc. » A cette objection, ce Père répond Ce ne fut pas la colère qui fit parler saint Paul contre Alexandre, mais la douleur de voir la vérité outragée; s'il a prié contre quelques personnes, ce n'a pas été par le désir qu'elles fussent punies, mais dans la vue de consoler ceux qui étaient persécutés; en appelant le grand-prêtre muraille blanchie, il ne faisait que prédire la fin malheureuse de ce pontife; il s'excuse toutefois de lui avoir parlé ainsi, pour nous avertir de la soumission et du respect que nous devons aux magistrats; s'il s'est séparé de Jean-Marc, ce n'a été que pour le bien et l'avantage de l'Evangile; enfin la contestation survenue entre lui et Barnabé n'était point un péché, parce que l'émotion n'est pas en soi un mal, mais celle-là seulement qui n'a aucune raison ni aucun juste sujet.

8. Dans le septième discours, saint Chryseptième dis- sostôme ne fait presque que répéter ce qu'il avait dit dans les précédents, du zèle et de l'humilité de saint Paul; il y ajoute toutefois une histoire détaillée de la vie de cet Apôtre, tirée de ses Epîtres et des Actes des Apôtres, qu'il entremêle de quelques réflexions morales. « Si l'on me demande, dit ce Père, par où saint Paul est devenu si grand, je réponds que c'est par ses propres efforts et par la grâce de Dieu; et qu'il est devenu tel par la grâce de Dieu, parce qu'il l'est devenu par ses propres efforts. Car Dieu ne fait nulle acception de personne. Si vous dites: Comment l'imiter? Ecoutez ce qu'il vous répond Soyez mes imitateurs comme je le suis moi-même de Jésus-Christ. Il a été l'imitateur de Jésus-Christ, et vous ne pourrez l'être de votre conserviteur ! Quelle excuse en donnerez-vous?»>> Pour montrer comment il a, en effet, imité Jésus-Christ, saint Chrysostôme le prend dès le moment de sa conversion, et le suit pas à pas jusque dans le tribunal de César.

§ VII.

Des panégyriques des saints Mélèce, Lucien, Babylas, Juvantin et Maximin, Pélagie, Ignace, Eustathe, Romain, martyrs; des Machabées et des saintes Bérénice, Prosdoce et Domnine.

1. Le Panégyrique de saint Mélèce, évêque d'Antioche, fut fait la cinquième année d'après sa mort, c'est-à-dire après le mois de mai de l'an 386, en présence de la châsse où étaient les reliques. On peut voir dans l'article de ce saint évêque ce que nous avons dit de ses principales actions. Comme nous avons presque tout tiré de l'éloge qu'en a fait saint Chrysostôme, nous nous contenterons de remarquer ici, avec ce Père, que la vénération des habitants d'Antioche pour saint Mélèce allait si loin, que de son vivant même, les pères et les mères, oubliant en quelque sorte les noms de leurs aïeux et de leurs ancêtres, donnaient celui de Mélèce à leurs enfants, regardant ce nom comme l'ornement de leurs familles, la sûreté de leurs maisons et le salut de ceux qui le portaient. On ne s'empressait pas moins d'avoir son portrait, et on le gravait sur les anneaux, sur les cachets, sur les murailles des chambres, sur la vaisselle et ailleurs.

Panég

de sain

cien,

2. Il paraît par le commencement du Panégyrique de saint Lucien, prêtre d'Antioche, qu'il fut fait le 7 janvier de l'an 387: car saint pag. 52 Chrysostôme y fait visiblement allusion aux premières paroles de l'homélie sur le Baptême, faite la veille, c'est-à-dire le jour de l'Epiphanie. Nous ne rapporterons pas ici ce que ce Père dit de ce saint martyr, l'ayant p déjà rapporté en son lieu.

3. La fête de saint Babylas, évêque d'Antioche et martyr, étant survenue pendant le cours des homélies de saint Chrysostôme sur Lazare et le mauvais Riche, ce Père l'interrompit pour faire l'éloge de cet illustre martyr 1. Il n'entreprit point toutefois de représenter sa vie et son martyre, laissant ce soin aux plus anciens des docteurs, c'est-à-dire apparemment des prêtres, et à l'évêque Flavien, qu'il appelle à son ordinaire, notre commun Père. Le triomphe que saint Babylas remporta après sa mort même sur Julien l'Apostat et sur ses dieux, fournit seul la matière de son éloge. «Un homme ordinaire

1 Le 24 janvier 387. (L'éditeur.)

Tom.

Paneg

bylas,

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