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croyons que par la vertu secrète et incompréhensible de son esprit, il nous nourrit et vivifie de la substance de son corps et de son sang. Nous tenons bien que cela se fait spirituellement, non pour mettre au lieu de l'effet et de la vérité, imagination de pensée, mais d'autant que ce mystère surmonte en sa hautesse la mesure de notre sens et tout ordre de nature. Bref pour ce qu'il est céleste, il ne peut être appréhendé que par : foi.

Art. 37. Nous croyons, ainsi qu'il a été dit, que tant en la cène qu'au baptême, Dieu nous donne réellement et par effet ce qu'il y figure: et pourtant nous conjoignons avec les signes la vraie possession et jouissance de ce qui nous est là présenté. Et par ainsi tous ceux qui apportent à la table sacrée de Christ une foi pure comme un vaisseau, reçoivent vraiment ce que les signes y testifient; c'est que le corps et le sang de Jésus-Christ ne servent pas moins de manger et de boire à l'âme, que le pain et le vin font au corps. Extrait de la réfutation des théologiens de Wittemberg contre le consentement orthodoxe de la sainte Ecriture et de l'ancienne Eglise, sur la controverse des sacrements; imprimé à Tubinge, par George Gruppenbach, en 1584, pag. 670.

Il nous semble en effet que Luther n'a rien écrit de l'adoration qui en toutes choses ne paraisse conforme à la parole de Dieu. Car il remarque expressément que l'adoration au sacrement n'est pas une oraison, mais un respect et un honneur, tant intérieur qu'extérieur, qui se fait au dedans du cœur, et en dehors par tout le corps, qui n'a été ni commandé ni défendu par JésusChrist. Et parmi les quatre ordres, il estime les meilleurs ceux qui le laissent, et qui attentifs aux paroles de la promesse, pensent que Jésus-Christ agit en eux par ce sacrement d'une manière qu'ils le reçoivent par la foi. Outre plusieurs autres témoignages publics, les anciennes liturgies confirment que c'est de tout temps la doctrine et le sentiment de l'antiquité orthodoxe. Par où il est manifeste avec quel respect et quel honneur, que Luther qualifie adoration, on a traité ce sacrement.

De l'examen du concile de Trente par Mart. Chemnicius, imprimé à Genève par Jacques Stoer, chap. 5. du culte et de la vénération qu'il faut rendre au très-saint sacrement, pag. 279.

Qu'en l'action donc de la cène, Dieu et homme en sa nature divine et humaine, ne soit vraiment et substantiellement présent, et qu'il ne faille l'adorer en esprit et en vérité, personne ne le dénie, que ceux qui avec les sacramentaires dénient ou doutent de la présence de Jésus-Christ, en la cène. Car ni la commémoraison, ni l'annonciation de la mort de Jésus-Christ en la cène ne se peut bien faire sans cette adoration qui se fait en esprit et en vérité. Nous avons dû dire tout ceci, de peur que quelqu'un ne nous soun

çonne de mettre en doute si Jésus-Christ Dieu et homme, qui est présent en l'action de la cène, y doit être adoré.

Extrait de la bibliothèque universelle, année 1687. pag. 277. art. 6

Livres anglais de controverse.

Deux discours touchant l'adoration de notre Sauvenr dans l'Eucharistie. I. Remarques sur les changements faits dans la liturgie de la communion, contenues dans le livre des prières communes de l'Eglise d'Angleterre. II. Défense des catholiques pour l'adoration qu'ils rendent à Notre-Seigneur, comme réellement et substantiellement présent dans le sacrement. A Oxford, 1687, in 4. pag. 70.

On ne s'est pas tant proposé dans ces deux ouvrages, qu'on assure être de M. Walker, d'examiner la doctrine de l'eucharistie en elle-même, que de faire voir aux réformés qu'ils ne peuvent nier la présence corporelle de Jésus-Christ dans l'eucharistie, et refuser de l'y adorer, sans abandonner les sentiments de leurs réformateurs et leurs propres principes. Comme on s'attache particulièrement aux réformés d'Angleterre, on y cite principalement leurs docteurs, et on commence par une petite histoire de la manière dont ils ont exprimé en divers temps leurs pensées sur ce sujet.

I. La cinquième année du règne d'Edouard VI, on inséra un article dans la liturgie de l'Eglise anglicane, par lequel on déclarait qu'on ne croyait point la présence corporelle de Jésus-Christ dans le sacrement, et qu'on n'avait aucune intention de l'y adorer, lors qu'on se mettait à genoux en communiant. On y fit aussi quelques autres changements concernant le même sujet; mais l'auteur dit qu'au commencement du règne d'Elisabeth qui, selon quelques historiens, croyait la présence corporelle, on corrigea de nouveau ces changements, et que l'on ôta l'article dont on vient de parler. La liturgie était demeurée en cet état jusqu'à ce qu'en 1661, après le retour du roi Charles II, on y inséra de nouveau une déclaration par laquelle on protestait également, qu'on ne reconnaissait point qu'il fallût l'y adorer. C'est la même déclaration qu'on avait insérée du temps d'Edouard, à quelques termes près, que l'on trouva à propos d'y changer. Il n'y est arrivé aucune altération depuis, et l'auteur fait là dessus ces trois remarques, que le clergé d'Angleterre d'aujourd'hui croit: 1. Que le corps naturel de Notre-Seigneur n'est pas dans l'eucharistie. 2. Qu'il est contre la nature d'un corps d'être en plusieurs lieux à la fois; 3. Que c'est par simple respect pour la cérémonie de l'eucharistie, et non pour y adorer le corps de Jésus-Christ, comme présent, qu'on se met à genoux. On soutient que ces trois choses sont contraires aux sentiments des réformateurs et aux principes de leur doctrine. Pour le montrer on les parcourt l'une après l'autre ; et à l'égard de la première, on cite plusieurs passages tirés de leurs livres, où ils parler de la particination

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cidents du pain et du vin, et que c'est tout ce qu'on y voit, et non la substance même du pain et du vin. 2. Que le mot de sacrement se prend quelquefois pour le signe, et quelquefois pour la chose signifiée, et qu'en ce dernier sens on peut dire, qu'il faut adorer le sacrement. 3. Que les catholiques ne fondent pas l'adoration qu'ils rendent au sacrement sur la transsubstantiation, mais sur la présence réelle; de sorte que quand on ne croirait pas la transsubstantiation, on ne laisserait pas de devoir adorer le sacrement en vertu du commandement de l'Eglise. 4. Que supposé que la transsubstantiation fût une erreur, et que Jésus-Christ ne fût dans l'eucharistie que comme le croient les luthériens, on ne pourrait pas traiter d'idolâtrie le culte que les catholiques lui rendent. 5. Que quand les luthériens et les catholiques se tromperaient dans la pensée que JésusChrist est dans l'eucharistie, ils ne seraient pas idolâtres en l'y adorant, puisqu'ils protestent également qu'ils n'adorent pas le pain, mais Jésus-Christ, qu'ils croient être présent. 6. Que quand il n'y serait pas, il y aurait toujours une différence infinie entre des gens qui protestent qu'ils n'ont dessein d'adorer aucun objet qui ne soit véritablement adorable, et des gens qui font profession d'adorer un objet à qui ce culte n'est point dû. 7. Que quoique le culte que les manichéens rendaient à Jésus-Christ comme présent dans le soleil, et celui que les Israélites rendaient à Dieu dans les veaux de Dan et de Béthel, soient appelés des idolâtries, parce qu'ils servaient Jésus-Christ et Dieu à leur fantaisie, et qu'une bonne intention fondée sur une ignorance criminelle n'empêche pas que l'on ne soit véritablement idolâtre; qu'encore, dis-je, que cela soit, puisque M. Daillé et d'autres avouent que des raisons plausibles, quoique fausses, suffisent pour excuser d'idolatrie, il s'ensuit que les catholiques ne peuvent être accusés d'idolâtrie, parce qu'ils ont des raisons plausibles de croire Jésus-Christ présent dans l'eucharistie, et que cela étant supposé, on l'y peut adorer.

Pour montrer que les catholiques ont des raisons plausibles de croire la présence réel le, on cite la révélation divine, les décisions de sept ou huit conciles, le témoignage des pères, la doctrine, et la pratique universelle des derniers temps dans les Eglises d'Orient et d'Occident. On ajoute à cela les témoignages de divers protestants anglais, qui n'ont pas osé dire que l'Eglise romaine était tout à fait idolâtre à cause du culte qu'elle rend à l'eucharistie. Enfin l'on avoue avec les protestants qu'il n'est pas permis d'adorer intérieurement ou extérieurement le sacrement, pendant qu'on est dans la pensée que Jésus-Christ n'y est point, parce qu'on est toujours obligé de suivre les mouvements de sa conscience.

Discours de l'Eucharistie, où l'on traite de la présence réelle et de l'adoration de l'hostie, pour servir de réponse à deux discours imprimés à Oxford sur ce sujet, avec une préface historique touchant la même matière, à Londres 1687

Pour commencer à parler de cet ouvrage par la préface, M. Walker, ministre du saint Evangile à Londres, que l'on dit être l'auteur de ce livre, fait premièrement en peu de mots l'histoire de l'origine du dogme de la transsubstantiation, comme on la fait ordinairement parmi les protestants; secondement, il nomme plusieurs personnes illustres de l'Eglise romaine, qu'on accuse de n'avoir pas cru la présence réelle ou la transsubstan tiation, savoir Pierre Picherel, le cardinal du Perron, Barnes, bénédictin anglais, et M. de Marca, archevêque de Paris, qui s'en est expliqué nettement dans une de ses dissertations posthumes, quoique dans l'édition de Paris on ait changé ou effacé les endroits où il l'avait dit; mais on n'a pu empêcherque cet ouvrage ayant paru avant qu'on se fût aperçu de ces sentiments, il n'en soit tombé quelques copies l'ont entières entre les mains des protestants, qui fait imprimer en Hollande en 1669 sans y rien retrancher. On joint à ces auteurs le père Sirmond, jésuite, qui croyait l'impanation, et qui en avait même fait un traité, qui n'a jamais été imprimé et dont quelques personnes ont encore des copies; M. de Marolles, qui fit imprimer une déclaration en forme en 1681, par laquelle il déclarait qu'il ne croyait point la présence réelle, et qu'on a insérée ici en anglais; et enfin l'auteur du livre intitulé, Moyens sûrs et honnêtes pour convertir les hérétiques, qu'on n'ose pas assurer être le même que celui qui a publié un traité de la transsubstantiation, dont on a parlé dans le cinquième tome de cette bibliothèque, page 455. On soupçonne encore les cartésiens et plusieurs autres de n'en croire pas plus que les protestants. Ainsi si les catholiques citent quelques réformés pour eux, les protestants aussi ne manquent pas d'auteurs catholiques qui ont été de leur sentiment. Troisièmement l'auteur fait voir les dangereuses conséquences qui naissent, selon les principes de l'Eglise romaine, de l'incrédulité de tant de gens de savoir, soit à l'égard de la messe, soit à l'égard de l'autorité et de l'infaillibilité de l'Eglise.

Le traité même est divisé en deux parties. La première contient deux chapitres et une introduction, où l'on explique la nature et l'origine de l'eucharistie, à peu près selon les idées de Lightfoot, dont nous avons parlé dans le tome premier, page 415. Dans le chapitre I" on réfute au long la transsubstantiation par l'Ecriture, par la raison, et par les pères. On ne s'y arrêtera pas, parce que cette ma→ tière est trop connue. Le chapitre second est employé à réfuter ce que M. Walker a dit touchant les sentiments de plusieurs docteurs de l'Eglise anglicane, sur la présence réelle. M. Walker se plaint d'abord que son adversaire ne fait que répéter en cela des objections que son ami T. G. avait déjà proposées dans

ses dialogues, et qu'un savant homme a réfutées dans une réponse à ces dialogues, qui parut à Londres en 1659. Pour ce qui regarde la créance de l'Eglise anglicane, que l'on soutient avoir toujours été la même depuis le règne d'Edouard, on la réduit à ceci après l'auteur qui a réfuté T. G. C'est qu'elle ne croit qu'une présence réelle du pouvoir invisible et de la grâce de Jésus-Christ, laquelle est dedans et avec les éléments, en sorte qu'en les recevant avec foi, elle produit des effets spirituels et réels sur les âmes des hommes. Comme les corps pris par les anges, continue-t-on, peuvent être appelés leurs corps pendant qu'ils les retiennent, et comme l'Eglise est le corps de Jésus-Christ, parce que son esprit anime et vivifie les âmes des croyants, ainsi le pain et le vin, après la consécration, sont le corps réel de Jésus-Christ, mais spirituel et mystique. On ne se met pas en peine de la solidité de cette comparaison; et quand on vient à l'examen des auteurs que M. Walker a cités, on se contente de produire d'autres passages, où ils ne parlent pas si tortement de la participation à la substance de Jésus-Christ, laquelle, selon Calvin, ne descend point du ciel; la vertu de l'esprit suffisant pour pénétrer tous les empêchements et pour surmonter la distance des lieux. On cite plusieurs autres passages de Bèze, de Martyr et d'un assez grand nombre de docteurs anglais, par lesquels il parait qu'ils ne croient pas que le corps de Jésus-Christ descende proprement du ciel dans l'eucharistie, ou soit en plusieurs lieux en même temps, quoiqu'ils disent que nous nous en nourrissons spirituellement par la foi, mais d'une manière incompréhensible. Il faut avouer néanmoins que si ces grands hommes n'entendaient autre chose, par se nourrir de la chair de Jésus-Christ, que croi re que l'on sera sauvé par son sacrifice, et se nourrir de cette espérance, ou recevoir son esprit, il n'était pas nécessaire de nous parler d'une union miraculeuse de nos esprits avec le corps de Jésus-Christ malgré la distance des lieux; l'esprit de Dieu étant partout, et la foi n'ayant aucun rapport avec l'éloignement local, il n'y a rien dans la manducation spirituelle du corps de Jésus-Christ, prise dans le sens que l'on vient de marquer, de miraculeux ni d'incompréhensible plus que dans les autres actions de piété, et dans les autres grâces que Dieu nous fait. Soit que l'on suppose cela ou quelqu'autre méthode que ce soit, d'expliquer la manducation du corps de Jésus-Christ, il n'y aurait pas de danger pour la réformation, de dire que ces savants hommes n'ont pas eu une idée tout à fait distincte de ce qu'ils voulaient dire, ou que leurs expressions ne sont pas exactes. Quand même on accorderait qu'ils se seraient trompés en quelque chose, il ne s'ensuivrait pas que l'Eglise romaine ait pu rejeter avec justice toute leur doctrine, ou que les protestants aient tort de retenir inviolablement leurs sentiments autant qu'ils sont conformes à l'Ecriture sainte, el d'abandonner ce en quoi ils pourraient s'être trompés. On ne fait pas profession de croire que ceux qui

errent en quelque chose, se trompent en tout, ou de rejeter tout ce qu'ils ont dit, parce qu'ils n'ont pas connu la vérité assez clairement à certains égards. On pourrait ruiner ainsi toutes les objections de celle nature, sans entreprendre de défendre indifféremment tout ce que les réformateurs peuvent avoir dit, puisqu'on tombe d'accord que la religion protestante n'est pas fondée sur leur autorité, et qu'ils pourraient s'être trompés en des choses considérables, sans qu'elle fût en danger; mais M. Walker n'a pas trouvé à propos d'en user ainsi. Il croit que les réformés n'ont jamais changé de sentiment là-dessus; et pour les théologiens d'Edouard VI et d'Elisabeth, il soutient qu'ils ont été entièrement dans la même opinion, ce qu'il prouve par un passage de l'histoire de la réformation de M. Burnet, que l'on verra à la page 953 de l'édition d'Amsterdam, partie seconde, tome second.

Dans la seconde partie, qui est toute renfermée dans le chapitre 3, on répond premierement à ce que M. Walker dit être avoué par les protestants, et on lui soutient entr'autres choses qu'il a mal pris les paroles de quelques-uns des auteurs qu'il a cités, qui disent bien qu'en communiant il faut adorer Jésus-Christ, mais non comme corporellement présent sous les espèces du pain et du vin. Pour Forbes et Marc Antoine de Dominis, on convient que l'envie qu'ils avaient de concilier la religion, leur en a trop fait dire. Therndyke ne parle pas moins fortement, mais sur une hypothèse toute différente de celle de l'Eglise romaine, puisqu'il croyait que le pain est appelé le corps de JesusChrist, et le vin son sang, parce que par la consécration ils sont unis hypostatiquement à la divinité de Jésus-Christ aussi bien que son corps naturel. On le peut voir dans la première partie, pour opposer à l'auteur catholique des docteurs de son parti. On dit que Thomas Paludanus et Catharin ont soutenu, que c'était une idolâtrie énorme, que d'adorer le sacrement sans croire la transsubtantiation. Ainsi, encore que l'on accorde que, supposé qu'une hostie consacrée est véritablement adorable, on ne serait pas criminel d'idolâtrie, si l'on en adorait une qui ne serait pas consacrée dans la pensée qu'elle le serait: on ne croit pas que la religion résormée en puisse recevoir tant de préjudice que l'autorité de l'auteur catholique qu'on a cité. parce que les réformés nient qu'une hostie puisse être adorée, soit qu'elle soit consacrée ou non. Pour le fond de la chose, on renvoie dans la préface à un livre intitulé: A discourse concerning adoration of the host, de l'adoration de l'hostie, imprimé à Londres en 1685.

En second lieu, on examine en peu de mots la doctrine catholique; mais comme il n'est personne qui n'ait lu divers traites sur cette matière, on ne s'y arrêtera pas davantage.

Des remarques de Daniel Severin Scultet, sur le nouveau livre de Pierre Jurieu, touchant l'union de l'Eglise évangélique et réformée. A Hambourg, l'an 1687, dans les articles dogmatiques de cette sainte union, art. 15, pag. 170.

1. Notre-Seigneur Jésus-Christ, après avoir béni, dit à ses disciples: Prenez ce pain, mangez-le, car ce que je vous présente avec ce pain est mon corps. 2. Cela étant très-véritable, il est certain que le pain béni de cette sainte table est le symbole joint avec le corps de Jésus-Christ, d'une manière toutefois inexplicable; et en ce sens il est appelé par l'Apôtre la communion du corps de Christ. 3. Notre-Seigneur donc par ces signes et ces sceaux si excellents, d'une nourriture et breuvage céleste, donne à ceux qui sont à sa table son corps et son sang avec ce pain et ce sang béni. 4. Mais il le donne d'une manière que Dieu ne nous a jamais révélée nulle part, et qu'il n'a jamais voulu nous expliquer et nous faire savoir, et que partant nul homme mortel ne peut ni comprendre, ni expli

quer.

Et plus bas, 12. Au reste, ce pain et ce vin doivent être traités sur cette sainte table d'une manière qu'on ne déshonore pas ce royal banquet par des paroles indécentes, ni par aucun geste déraisonnable. 13. En dernier lieu il ne faut pas que ceux qui fréquentent la cène du Seigneur fléchissent les genoux, ni se répandent en prières devant ce pain et ce vin béni, en l'honneur de la substance qui se cache sous leurs espèces. Extrait des articles de réunion entre les protestants et les réformés. A Rotterdam chez Abraham Acher, 1687. Avertissement.

Le désir que l'on a de voir cesser cette malheureuse désunion qui règne depuis la réformation entre les protestants, appelés luthériens, et ceux qui s'appellent réformés, est si juste qu'on n'en doit pas faire un mystère. On ne doit pas nier non plus que plusieurs personnes ne travaillent aujourd'hui à réunir ces deux partis divisés, et qu'il n'y ait même des grands du premier ordre à qui Dieu a inspiré ce pieux dessein. Pendant que la paix n'est souhaitée que par l'une des parties qui sont en guerre, il est malaisé qu'elle se fasse, et que les négociations aient du succès. Et c'est peut-être la raison pourquoi tant de personnes pieuses, depuis cent cinquante ans, ont tant de fois inutilement tenté de faire cette réunion que nous souhaitons si fort aujourd'hui Il est donc utile de faire savoir aux vrais chrétiens que ce désir de la paix commence à être réciproque. On le verra par les articles qui nous ont été envoyés par un très-habile théologien de la confession d'Augsbourg, avec prière de les rendre publics en plus d'une langue. On le fait avec plaisir: ce n'est pas qu'on ne soit assuré que plusieurs choses dans ce projet ne plairont pas trop à une partie des réformés; car, en effet, il semble que l'auteur qui a fait ce projet, ne veuille rien du tout rabattre pour son

parti; puisqu'il nous propose comme des articles de foi jusqu'aux moins importantes controverses qui sont entre son école et la nôtre. Mais il n'en faut pas juger ainsi : il faut considérer que ce théologien est dans le fond très-bien intentionné pour la paix, et qu'il la souhaite sérieusement. C'est un particulier, et qui par conséquent ne se juge pas assez autorisé pour de lui-même et de lui seul rogner et tailler, relâcher et abandonner les dogmes de sa communion. Mais il y a lieu d'espérer que si les autres théologiens du même parti entrent dans un esprit de paix comme celui-ci y est déjà, ils se souviendront de la manière dont tous les traités de paix se font c'est que les deux partis relâchent de leurs droits et de leurs prétentions. Car si un parti dans les démêlés de religion voulait obliger l'autre à souscrire à tous ses dogmes particuliers, ce ne serait pas une réunion, ce serait une abjuration de ses premiers sentiments, ce serait rentrer dans l'autre religion. Et c'est précisément la manière dont le papisme en France veut faire la réunion des protestants à l'Eglise romaine. Grâces à Dieu, les controverses qui nous séparent d'avec nos frères de la confession d'Augsbourg ne sont pas assez importantes pour qu'on ne puisse trouver une voie d'accommodement. On pourrait au moins les passer sous silence, et s'entre tolérer en attendant que Dieu nous réunisse en tout. Les questions controversées entre eux et nous sont la plupart si métaphysiques, qu'enfin on comprendra qu'il n'est pas raisonnable de les regarder comme des affaires capitales. L'article de la cène du Seigneur, qui est le principal de ceux qui nous séparent d'avec nos frères de la confession d'Augsbourg, est ici touché avec tant de modération et de sagesse, que tout le monde, comme j'espère, en sera content. Si l'on y trouve quelques propositions auxquelles on ferait quelque difficulté de donner les mains, elles sont en petit nombre et peu importantes, et je ne doute pas que ces messieurs n'aient de la disposition à contenter leurs frères là-dessus. Il y a lieu de croire qu'ils auront le même esprit d'équité sur les autres articles que sur celui-ci : c'est-à-dire qu'ils voudront bien les tourner de manière qu'en y

exprimant leurs sentiments, ils ne condamnent pas formellement les nôtres. Ce qui est nécessaire pour amener les gens à une souscription. Car comme on ne croit pas ce qu'on veut, on ne souscrit pas aussi ce qu'on veut quand on a de la délicatesse de conscience; et il n'est pas honnête de demander à quelqu'un une souscription contre ce qu'il croit. Quoi qu'il en soit, on expose ces articles aux yeux du public, afin que chacun, selon ses lumières, y fasse ses réflexions, et contribue de sa part à ce grand ouvrage d'une réunion qui serait assurément la ruine de l'antichristianisme. Car Dieu ne manquerait jamais de bénir les vœux et les efforts de ses serviteurs, quand ils travailleraient dans une parfaite intelligence entre eux à établir le règne de Jésus-Christ sur la ruine de celui de ses ennemis.

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