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mer Dieu de tout notre cœur (1). Vous dites que nul ne peut aimer Dieu de tout son cœur. Ce qui ne se trouve en aucun lieu des saintes Lettres, ne contredites-vous pas l'Ecriture?

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qu'il a tenu saint Augustin en l'Eglise, ne vous appartient en aucune façon: non en tant qu'il désigne de toutes les sociétés chrétiennes celle qui a la plus grande multitude, comme j'ai déjà montré; non aussi en tant qu'il signifie universalité et diffusion, soit au respect des temps, soit au respect des lieux, étant clair et que vous ne tirez pas votre origine de Jésus-Christ et des apôtres par une suite non interrompue de vos prédécesseurs, qui aient subsisté en tout temps, et que vous êtes réduits en des termes si étroits qu'on ne vous peut dire épandus en la plus grande partie du monde.

criture? Je dis en troisième lieu, que n'étant pas Catholiques vous ne pouvez être dits Chrétiens si les pères en sont crus, puisque S. Pacian (1) dit que le nom de Catholique est le surnom des Chrétiens, et S. Cyrille (2), le propre nom de la sainte Eglise de JésusChrist. Vous ne pouvez véritablement être fits Chrétiens, puisque, comme nous montrerons, votre créance est hérétique, et partant du tout opposée à la Religion chrétienne, qui ne peut être telle à raison de quoi (3) Tertullien (4), S. Cyprien (5), S. Athanase (6), S. Augustin et autres disent que T'hérétique ne peut être dit Chrétien.

Je remarque en quatrième lieu, que mal à propos soutenez-vous votre Religion instituée de Jésus-Christ, publiée et rédigée par écrit des apôtres, puisqu'étant hérétique, comme j'ai déjà dit et qu'il paraîtra au seizième chapitre de ce livre, elle est contraire à l'institution de Jésus-Christ, et que contredisant manifestement l'Ecriture en divers points comme je justifierai présentement, s'il vous est aisé de dire qu'elle est conforme à ce les apôtres ont laissé par écrit, il vous est impossible de le vérifier et d'empêcher qu'on ne reconnaisse le contraire.

que

1. L'Ecriture dit que (7) l'homme n'est pas justifié par la foi seulement; vous dites qu'il (8) est justifié par la seule foi, ce qui ne se trouve en aucun lieu des saintes Lettres, ne contredites-vous pas l'Ecriture? Vous le faites si ouvertement en ce point, que Luther, ne pouvant accorder le lieu de S. Jacques avec ce qu'il enseigne, dit que ce grand apôtre radote,

2. L'Ecriture dit (9) que nous pouvons ai

(3) Lib. de Pud.

(4) L. iv. ep. 2.

(5) Serm. 2. contr. Arr.

3. L'Ecriture dit que l'Eucharistic (2) est le corps et le sang de Jésus-Christ, et ce avec adjonction de termes qui désignent le vrai corps et le vrai sang (3). Vous dites que ce n'est pas le corps et le sang de Jésus-Christ, mais seulement la figure, le signe et le témoignage, ce qui ne se trouve en aucun lieu des saintes Lettres, ne contredites-vous pas l'E

4. L'Ecriture dit (4), que le baptême nous sauve, que nous sommes (5) nettoyés et (6) régénérés par le lavement de l'eau (7). Vous dites que le baptême ne sauve, ne nettoye, et ne régénère pas, mais qu'il nous est seulement symbole de salut, de lavement et de régénération, ce qui ne se trouve en aucun lieu des saintes Lettres, ne contredites-vous. pas l'Ecriture?

(1) Pacianus Epist. 1. Christianus mihi nomen est, Catholicus cognomen ; illud me nuncupat, istud ostendit.

(2) Catholica Ecclesia nomen proprium est hujus sanctæ Ecclesiæ matris omnium nostrum.

5. L'Ecriture dit que les (8) prêtres remettent les péchés (9). Vous dites qu'ils ne les remettent pas, mais qu'ils témoignent seulement qu'ils sont remis, ce qui ne se trouve en

(6) L. de Grat. Christi. c. 11.

(7) Jacob. II. vers. 24. Ex operibus justificatur homo, el non ex fide tantum.

est me in toto corde suo. Et IV. Reg XXIII. Dicitur de Josia quod reversus est ad Dominum in omni corde suo, in tota anima sua et in universa virtute sua.

(1) Calv. II. Inst. c. 7. §. 5. Neminem sanctorum extitisse dico qui corpore mortis circumdatus ad eum dilectionis scopum pertigerit ut ex toto corde, ex tota mente, ex tota anima, ex tota potentia, Deum amaret. Paraus 1. IV. de Justifi. c. 11. Talem dilectionem (ex tota anima, ex tota mente, ex omnibus viribus nemo sanctorum habuit vel habere in hac infirmitate potest; manet quidem in sanctis aliquid pilavelas el hypocriseos.

(8) Confess. françoise, artic. 20. Nous croyons que nous sommes faits participants de cette justice par la seule foi. Confess. Helvet. c. 15. Docemus peccatorem justificari sola fide. Luther in 22. cap. Gen. Jacobus delirat.

(9) Deuteron. 30. Circumcidet cor tuum et cor seminis tui, ut diligas Dominum Dermum in toto corde tuo et in tota anima tua. Psalm CXVIII. David ait in foto corde meo exquisivi te. Et ill. Reg. XIV. Secutus

(2) Math. XXVI. Marc. XIII. Luc. XXII. I. Cor. XI. (3) En la forme d'administrer les sacrements, contentons nous d'avoir le pain et le vin pour signe et témoignage. Et en leur catéchisme au traité de la cène, Tu n'entends pas donc (demande le ministre ) que le corps soit enclos dedans le pain, et le sang dedans le calice? Non (répond l'enfant), mais au contraire, etc.

(4) I. Petr. III. v. 21. Salvos facit baptisma. (5) Ephes. V. v. 26. Ut illam sanctificaret mundans lavacro aquæ.

(6) Joan. III. v. 5. Nisi quis renatus fuerit ex aqua. (7) Melanchthon in locis c. de Signis. Non justifi cant signa, ut Apostolus ait circumcisio nihil est, Ita baptismus nihil est, participatio mensa Domini nihil est, sed testes sunt, oppayides, divinæ voluntatis erga te. Calvinus VI. Institut c. 14. §. 17. Cavendum ne in errorem nos abducant quæ ad amplificandam sacramentorum dignitatem paulo magnificentius a veteribus scripta sunt, ut scilicet arbitremur latentem aliquam virtutem sacramentis annexam affixamque esse quo ipsa per se Spiritus Sancti gratiam nobis conferant, cum hoc tantum illis divinitus injunctum sit munus, testificari nobis ac sancire Dei in nos benevotentiam.

(8) Math. XVIII. v.18. Quæcumque ligaveritis super terram erunt ligata et in cœlo, et quæcumque solveritis super terram erunt soluta et in cœlo. Joan XX. v. 23. Quorum remiseritis peccata remittuntur eis, quorum retinueritis retenta sunt.

(9) Calv. III. Inst. cap. 4. §. 23. Absolutio que fidei servit, nihil aliud est quam testimonium venia ex gratuita Evangelii promissione sumptum.

aucun lieu des saintes Lettres, ne contrediles-vous pas l'Ecriture?

6. L'Ecriture dit (1), que la vierge ne pèche pas en se mariant. Vous dites (2), que les justes pèchent en toute œuvre, ce qui ne se trouve en aucun lieu des saintes Lettres, ne contredites-vous pas l'Ecriture?

7. L'Ecriture (3) dit qu'il y a des méchants el des réprouvés qui croient en Jésus-Christ. Vous dites (4) qu'ils n'y croient pas, mais qu'ils ont seulement l'ombre de la foi, ce qui ne se trouve en aucun lieu des saintes Lettres, ne contredites-vous pas l'Ecriture?

8. L'Ecriture dit qu'il y en a (5) qui ont la foi pour un temps, et ne croient pas en un autre. Vous dites qu'il n'y en a point qui croient pour un temps et perdent la foi en un autre (6), mais que qui croit une fois ne perd jumais la foi, ce qui ne se trouve en aucun lieu des saintes Lettres, ne contredites-vous pas l'Ecriture?

9. L'Ecriture dit (7), si tu veux entrer à la vie, garde les commandements. Vous dites qu'il n'est pas besoin de garder les commandements, mais que le dire (8), c'est nier Jésus-Christ et abolir la foi, ce qui n'est en aucun lieu des saintes Lettres, ne contredites-vous pas l'Ecriture?

10. L'Ecriture dit (9), que quelques-uns illuminés faits participants du Saint-Esprit sont déchus. crucifiant de rechef le Fils de Dieu en eux-mêmes (10). Vous dites que ceux qui sont une fois participants du Saint-Esprit ne peuvent déchoir de sa grâce; ce qui ne se trouve en aucun lieu des saintes Lettres, ne contredites-vous pas l'Ecriture?

11. L'Ecriture dit (11), que Dieu ôte et efface (1) I. Cor. VII. Si nupserit virgo, non peccavit. (2) Luth. art. 2. Justus in omni opere bono peccat. Idein Calv. III. Inst. c. 12. § 4. Omnia hominum opera si sua dignitate censeantur nihil nisi inquinamenta sunt et sordes, et quæ justitia vulgo habetur, ea apud Denm mera est iniquitas.

(3) Joan. XII. v. 42. Multi crediderunt in eum, sed propter Pharisæos non confitebantur ut e synagoga non ejicerentur, dilexerunt enim gloriam hominuni magis quam gloriam Dei. Act. 8. v. 13. Tunc Simon et ipse credidit.

(4) Calv. III. Inst. c. 2. § 9 et 10. Talibus fidei testimonium tribuitur, sed per catachresin. Item, verum hæc fidei seu umbra seu imago, ut nullius est momenti, ita indigna est fidei appellatione.

(5) Luc. VIII. vers. 13. Quia ad tempus credunt et in tempore tentationis recedunt.

(6) Calv. III. Inst. c. 2. §. 11. Nunquam disperit semen vitæ electorum cordibus insitum. Et in Harmon. Matth. I. v. 20. Fidem quam semel insculpsit priorum cordibus, evan scere et perire impossibile est.

(7) Matth. X. v, 19. Ši yis ad vitam ingredi, serva mandata.

(8) Luther. in II. Galat. Papista docent: fides in Christum justificat quidem, sed simul servare oportet etiam præcepta Dei; ibi statim Christus negatus et fides abolita est.

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le péché comme la nue, éloigne de nous nos iniquités autant que l'orient l'est de l'oce cident (1), nous (2) blanchil plus que la neige. Vous dites (3), qu'il n'ôte et n'efface pas le péché, mais seulement qu'il ne l'impute pas, qu'il ne blanchit pas plus que la neige, mais qu'il (4) laisse en nous la coulpe et la salete du péché, ce qui ne se trouve en aucun lieu des saintes Lettres, ne contredites-vous pas l'Ecriture?

12. L'Ecriture dit que la béatitude est un salaire (5), une récompense (6), un denier (7) journal des manœuvres, une couronne (8) de justice. Vous dites que c'est une (9) pure libéralité, et non une récompense; ce qui ne se trouve en aucun lieu des saintes Lettres, ne contredites-vous pas l'Ecriture? Vous le faites véritablement, et je le ferais voir par beaucoup d'autres lieux, s'il ne me suffisait de l'avoir montré en ces douze points, qui paraîtront aux yeux de tout le monde comme le vrai symbole de votre foi.

Que direz-vous, messieurs, à ces manifestes contradictions? Qu'il n'y en a point, parce qu'il faut entendre l'Ecriture par figure? Aurez-vous recours à cette fraude remarquée par (10) Tertullien aux valentiniens, par (11) S. Augustin aux priscillianistes, par d'autres pères en d'autres hérésiarques, par vous-mêmes aux anabaptistes ? Si vous le faites, je vous dirai avec S. Augus-, tin: Quoi? quand nous lisons l'Ecriture. oublions-nous l'intelligence de notre langue? perdons-nous la mémoire de notre façon de parler? l'Ecriture devait-elle parler à nous en autre sens qu'en celui qui nous est connu, et qui est usité parmi nous? J'ajouterais en

Delevi ut nubem iniquitates tuas et quasi nebulam peccata tua.

(1) Psal. CII. v. 12. Quantum distat ortus ab occidente, longe fecit a nobis iniquitates nostras. (2) Psal. L. Super nivem dealbabor.

(3) Luth. art. 2. Aliud est omnia peccata remitti aliud omnia tolli: Baptismus omnia remittit, sed nul lum penitus tollit.

(4) Calv. in Antid. sess. 5. Manet vere peccatum in nobis: Apostolus fideles his verbis non eximit a culpa, sed tantum reatu liberat. Paræus de Amiss. gra. c.7. Plurima peccata etiam mortalia manent in justificatis. Kemmitius 1. par. Tit. de Reliquiis peccati. Immundities (peccati) etiam in renatis hæret. Confessio Gal lica art. 11. Affirmamus concupiscentiam etiam post baptismum esse vere peccatum quod ad culpam attinet. Catechismus palati, quæst. 126. Omnia peccata nostra in nobis etiam nunc hærent. Witak. I. in. de Concupisc. c. 3. Remissio non omnem actu tollit culpam.

(5) S. Math. V. v. 12. Merces. (6) Philip. III. v. 14. Bravium. (7) Math. XX. v. 9. Denarius.

(8) I. Cor. IX. Coronam incorruptam. 2. Timoth. 4. v. 8. Corona justitiæ.

(9) Calv. III. Inst. c. 15. § 4. Ipsa beatitudo mera est Dei beneficentia. Et in Antid. sess. 6. c. 17. Quod vitam æternam faciunt mercedem, in eo ab illis dissentio. Paræus 4. de Justif. c. 11. et 13.

(10) Præscript. c.38.

(11) L. de Hæresi. S. Aug. 1. m. eontr.Faust. 1. mi de doctr. Christ. c. 10. Si animum præoccupavit alicujus erroris opinio, quidquid aliter asseruerit Scriptura, figuratum homines arbitrantur.

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outre avec le même Saint, que depuis que l'opinion de quelque erreur a préoccupé les esprits, ils estiment tout ce que dit l'Ecriture au contraire élre figuré. Par après, sans venir au particulier des lieux dont il est question, je ferai voir à tout le monde par deux raisons générales, que cette fuite vous est inutile, et parce qu'il n'y a personne qui ne reconnaisse qu'il est impossible que Dieu ait youlu nous enseigner tant et de si grands mystères de notre foi, non parce qu'ils sont, mais par le contraire qu'ils ne sont pas en effet, n'appartenant qu'aux imposteurs en matière importante de dire le contraire de ce qui est et parce que vous ne pouvez inférer de l'Ecriture ce que vous croyez en ces points dont il s'agit, que par l'adjonction d'un principe humain, comme nous verrons par après, ce qui est du tout injuste, puisque en cela vous préférez votre raison à l'Ecriture, laissant de croire ce qu'elle dit expressément, pour croire le contraire qu'elle ne dit pas, mais que vous inférez par ratiocination fonlée en un principe tiré de votre tête, pour convertir en votre sens ce que vous reconnaissez en vérité être pour nous.

C'est assez examiner ces points; passons à vos persécutions. Il n'y a personne qui ne sache que le diable (1) a ses martyrs, et le mensonge des avocats si zélés qu'ils épandent leur vie pour sa défense: c'est ce qui fait que sans m'amuser à le vérifier, il me suffit de remarquer, que puisque (2) nul ne peut prétendre gloire pour souffrir pour une religion, si premièrement on ne prouve qu'elle est vraie : et que comme la raison et tous les pères nous l'enseignent (3), ce n'est pas la peine, mais la cause qui fait le martyre, n'étant pas prouvé que votre religion soit vraie, mais au contraire, chose manifeste qu'elle est fausse, vous ne pouvez tirer aucun avantage de vos persécutions, si ce n'est celui de vous faire voir entachés de double mal, et de celui de l'erreur, et de l'obstination tout ensemble: vos souffrances ne témoignent ni votre piété ni votre courage; mais au contraire, selon saint (4) Augustin, que vous n'avez point de cœur; elles ne sont pas couronnes de votre foi, mais, selon saint Cyprien (5), peine de voire perfidie?

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termes, en ont ressenti des effets avantageux: A quel propos rendre ceux à qui Vous devez tout vos redevables? A quelle fin vous vanter d'avoir été l'asile de ce grand Henri en ses afflictions et en ses traverses? pourquoi représentez-vous sa couronne affermie sur sa tête par le ciment de votre sang épandu en plusieurs batailles? Les Français n'étant pas étrangers en France, c'est-à-dire ignorants de ce qui s'y est passé, je ne juge pas à quelle fin vous étallez ainsi vos services, si ce n'est pour donner lieu à tout le monde de vous condamner par sa' propre connaissance, n'y ayant personne, quelque bons yeux qu'il ait, quelque soigneux qu'il soit de feuilleter l'histoire, qui puisse remarquer les services que vous avez rendus sous François I et Henri II, qui sont ceux sous lesquels vous pouvez avec plus d'apparence prétendre avoir été persécutés, parce que sous leur règne on tâchait d'étouffer votre erreur en sa naissance : si ce n'est qu'ainsi qu'il y en a qui pensent faire bien lorsqu'ils ne font point de mal, vous réputiez à service ne desservir pas, ce qui encore ne vous donnerait pas gain de cause, étant certain que si l'on doit savoir gré d'un mal non reçu, c'est à celui qui l'a pu faire; et il est clair que sous ces premiers rois si vous aviez volonté de nuire, votre enfance ne vous permettait pas de l'exécuter.

Que si du règne de ces rois on passe à celui de François II et de Charles IX, et que vous prétendiez les avoir servis ; la conspiration d'Amboise contre le preniier, les batailles de Dreux, de Saint Denis, de Jarnac, et de Moncontour contre le dernier, l'entreprise qui fut faite à Meaux pour se saisir de sa personne, peuvent-elles être mises au nombre des services? Puisque vous prétendez pour le mal avoir rendu le bien, il n'est pas question de chercher lieu d'excuse à ces actions; mais quand on vous y recevrait, il yous serait impossible d'effacer la honte qu'elles ont imprimée sur le front de vos prédécesseurs aussi peu pourriez-vous la couvrir par votre sang épandu en une funeste journée, puisque cette action étant postérieure aux autres, on peut bien l'en dire causée, mais non pas cause. Quant à Henri III, les services qu'il a reçus de vous, paraî¬ tront par ceux que vous avez rendus à son successeur, la bataille de Coutras, la prise de plusieurs villes, et diverses autres actions faisant assez connaître qu'en servant l'un, vous desserviez l'autre.

Par là il paraît que vos prédécesseurs ont servi le grand Henri, mais le mal est pour vous, qu'il paraît tout ensemble qu'ils l'ont servi, non comme roi, mais comme fauteur de leur secte, puisque leurs services préviennent son avénement à la couronne lorsqu'il les favorisait auvertement, auquel temps ils ne pouvaient légitimement l'assister contre leur roi, et que depuis que le sceptre' royal lui fut tombé en main, qui était le temps auquel ils devaient mourir pour lui, parce que bien qu'il fût leur roi, ayant em brassé la foi catholique, il ne se rendait pas

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sion, eussent pu légitimement vous empêcher l'exercice de votre nouvelle créance, Luther et vos propres auteurs enseignant qu'on le doit faire et le pratiquant ainsi. (1) Nous sommes possesseurs professant une doctrine qui nous est laissée des apôtres, par transmission de main en main, non interrompue: et partant, on ne peut légitimement nous débouter, sans nous avoir fait condamner par un concile général, ce que tant s'en faut qu'on ait fait, que même nous ne sommes pas condamnés avec apparence de justice par les princes qui embrassent vos opinions, vu que nous n'avons pas été ouïs en quoi vous usez de l'artifice de ceux qui ayant donné sujet de plainte, se plaignent les premiers, yous deuillants de la même chose, quoique celte liberté ne vous ait pas été déniée, et que nous soyons très-contents qu'on vous la donne, sachant bien qu'autant de combats seront autant de lauriers pour nous, et de victoires pour l'Eglise (2). Et ne désirant rien plus, qu'en observant soigneusement les édits faits en votre faveur, rencontrer les occasions de remporter à l'avantage de la vérité, de nouvelles dépouilles sur vos erreurs (3). CHAPITRE III. SECTION I.

MINISTRES.

Car si cela nous était permis, nous lui feFions connaître clairement que notre religion est haie pour ce qu'elle ne reçoit autre règle de salut que la parole de Dieu contenue ès saintes Ecritures, ni autre chef de l'Eglise universelle que Jésus-Christ notre Seigneur, ni autre purgatoire de nos péchés que son sang, ni autre sacrifice propitiatoire pour nos péchés que sa mort et passion, ni autre mérité envers Dieu que l'obéissance qu'il a rendue pour nous à son Père.

RÉPONSE.

La première chose qu'il faut remarquer en ce point, est l'art dont vous usez pour gagner les cœurs et les aliéner de l'Eglise catholique en laquelle nous vivons. Vous représentez votre créance haïe à plusieurs titres par lesquels toutefois vous prétendez la rendre recommandable devant Dieu et devant les hommes. Vous voulez qu'elle soit haïe pour soutenir, aux points controversés entre nous, ce qui fait plus à l'honneur de Dieu, et condamner en notre foi ce que vous reconnaissez indigne de sa perfection. En cela, vous faites comme les anciens hérésiarques, qui ont autrefois combattu les principaux points de la religion catholique, sous prétexte de conserver à Dieu un honneur plus entier. Pour cette raison, les schismatiques, au rapport de S. Cyprien (4), sous prétexte d'exalter la miséricorde de Dieu, communiquaient

(1) Luth. in 1. ad Galat. Luth. apud Sleidanum. 5.

avec les chrétiens qui avaient sacrifié aux idoles devant qu'ils eussent fait une légitime pénitence. Pour la même cause, les ariens, au rapport de S. Hilaire (1), niaient le Fils être consubstantiel au Père, de peur que la dignité du Père fût épuisée par cet honneur du Fils. Pour la même (2), Ics juifs ne voulaient pas que Jésus-Christ eût la puissance d'absoudre des péchés, rendant cet honneur à Dieu, que de la laisser à lui seul. Pour la même, les novatiens, au rapport de S. Ambroise (3), déniaient à l'Eglise la même puissance. Pour la même, les manichéens, au rapport de S. Augustin (4), niaient certains livres de l'Ecriture qu'ils disaient contenir des choses qui ternissaient la gloire de JésusChrist. Plusieurs autres enfin, pour abréger, se sont servis de ce prétexte; mais ils ont tous été condamné par les pères, et avec grande raison, puisque Dieu n'a pas cherché en l'établissement de la religion chrétienne ce qui lui était honorable, principalement à notre jugement, mais ce qui nous était utile, ainsi que ces paroles: Il s'est pour nous anéanti soi-même, ayant pris forme de serviteur (Philipp., II, 7), nous le font connaitre. C'est un mauvais moyen pour établir un article de foi et en détruire un autre que celui du plus grand ou moindre honneur que Dieu en reçoit. Aussi S. Hilaire appelle-t-il les ariens qui s'en servent, religieusement impies, gens qui ont un soin irreligieux de Dieu. Il faut avoir d'autres fondements. Il faut reconnaître ce que nous enseigne l'Eglise; et ceux qui sont si soigneux de l'honneur de Dieu, doivent être fort curieux de s'en instruire pour ne faire pas en effet injure à celui dont ils ont l'honneur en la bouche, ce qu'ils feraient représentant les choses autrement qu'elles sont, étant certain, comme dit Cassian, disciple de S. Chrysostome, que ce qui n'est pas dit comme il est, bien qu'il semble honneur, est une vraie contumélie, ce qui est vrai, quel qu'il soit, honore Dieu, puisqu'il l'a voulu ainsi, et que toutes ses volontés lui sont avantageuses: ce qui est faux, quoiqu'il semble avantageux, tourne à désavantage. Bien que beaucoup de choses n'aient aucun rapport à la grandeur du ToutPuissant, elles en ont toujours avec l'infinie perfection de sa charité et de son amour, attendu qu'elle paraît d'autant plus accomplie, que plus en vertu d'icelle il se ravale à choses basses. Et partant c'est un abus de mettre en avant l'honneur de Dieu pour éblouir les yeux du peuple. C'est cependant ce que vous

(2) Colloque de Poissy.

(3) Conférence de Fontaineblean.

(4) Apud Cyp. Epist. 55.

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