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ble, puisque nous la devons écouter, perpétuelle, puisque Jésus-Christ est avec elle par son esprit jusqu'à la fin monde, et parce que comme elle doit être la règle de la foi, si elle manquait la foi manquerait aussi, qui serait un renversement de la religion de JésusChrist ce qu'on ne peut penser sans blasphème. Elle doit être encore infaillible; autrement, en l'écoutant, nous serions exposés à l'erreur, ce que nous ne pouvons dire sans démentir Jésus-Christ, qui nous aurait tendu un piége en nous obligeant d'écouter l'Eglise, si elle pouvait errer ce que l'on ne peut dire ni penser sans impiété.

Il faut maintenant voir ce que Jésus-Christ nous a enseigné, ce que la tradition nous explique, ce que l'Ecriture nous propose, et ce qui est décidé par l'Eglise.

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Jésus-Christ, par la tradition, par l'Ecriture et par l'Eglise, nous apprend qu'en Dieu il y a trois personnes, Père, Fils et Saint-Esprit (S. Matth., c. XXVIII, 19; I épitre de S. Jean, c. V, 7), qui sont réellement distinctes l'une de l'autre; et cependant qu'elles ne sont qu'un même Dieu, n'ayant qu'une même nature, qu'un même entendement, une même volonté, une même puissance, et ainsi de toutes les autres perfections. Que le Père n'a point de principe; que le Fils est engendré du Père, lequel en se connaissant lui-même, produit un verbe ou une parole qui est le terme de sa connaissance, la splen deur de sa gloire, et la figure de sa substance (Héb., c. I, 3): et qu'ainsi ce Verbe étant produit dans cette ressemblance essentielle, il est véritablement engendré et doit être appelé le Fils de Dieu que le Père et ce Fils engendré en unité de substance, et dont les personnes sont réellement distinctes, ne peuvent mutuellement se considérer sans s'aimer, à cause de leurs perfections infinies et souverainement aimables, et qu'en s'aimant, le terme de leur amour est le SaintEsprit, qui procède de l'un et de l'autre, comme d'un seul principe de cet amour mutuel, et que, comme tout ce qui est en Dieu est Dieu même, rien de fini ne pouvant lui appartenir, cet Esprit saint est Dieu, infiniment parfait comme les deux autres personnes que comme il est impossible qu'il y ait plusieurs dieux, il procède aussi en unité d'essence mais que comme il y doit avoir de la relation entre celui qui procède et le principe dont il procède, la personne de cet Esprit éternel est aussi réellement distincte des deux autres.

La parole éternelle nous apprend que Dieu a créé l'univers, qu'il a créé l'homme (Gen.1); qu'il avait fait un commandement au premier homme de s'abstenir de manger d'un fruit; qu'à l'accomplissement de ce commandement il avait attaché l'innocence, l'immortalité et la félicité éternelle de ce premier homme et de sa postérité; qu'à la transgression il avait attaché le crime, la mort et la punition éternelle. Vérités d'où l'on conclut par une conséquence nécessaire, que notre âme est immortelle.

La tradition, l'Ecriture et l'Eglise nous

apprennent aussi (Gen., c. III, v. 1 et suiv.; S. Jean, c. VIII, 44; I Cor., c. XV, v. 21 et suivants; I épit. de S. Jean, c. III, 8) que lo premier homme désobéit à ce commandedement; que cette désobéissance lui fut suggérée par le démon: ce qui nous fait croire par la révélation de Dieu, que le Seigneur a formé un ordre de créatures toutes spirituelles et détachées de la matière sensible, dont une partie après leur création se révolta contre leur Créateur et fut, dans le moment de cette désobéissance, punie et assujettie à des peines éternelles; et que, comme ces esprits révoltés sont devenus les ennemis de Dieu (S. Pierre, en sa Ir épître, c. V, 8), ils travaillent continuellement à révolter les hommes en leur inspirant, par leurs abominables artifices, tout ce qu'ils peuvent pour les porter à la désobéissance. Et c'est ce qu'un d'eux fit à l'égard du premier homme, qui devint, par sa prévarication, criminel, mortel et sujet à toutes sortes de misères (I Cor., c. XV, 21-22). Que ce châtiment passà à sa postérité qui était comme renfermée en lui, et que comme il l'aurait sanctifiée par son obéissance, il la corrompit par son péché (Rom., c. V, v. 12 et suivants). Qu'ainsi tous les hommes naissent criminels et sujets à la mort temporelle, à toutes les misères qui nous accablent (Ephésiens, c. II, 1, 2, 3), et aux peines qui devaient être éternelles, parce que le péché nous ayant privés des secours de Dieu, de qui nous dépendons comme de notre auteur et de la première cause de toutes choses, nous ne pouvions de nous-mêmes rien faire qui nous pût rétablir dans l'amitié de Dieu (II Cor., v. III, 5), et que par conséquent nous ne méritions que d'être châtiés, puisque la justice divine ne peut laisser les crimes impunis.

Jésus-Christ, par la tradition, par l'Ecriture et par l'Eglise, nous apprend néanmoins que Dieu par sa bonté et par sa miséricorde ne voulut pas perdre le genre humain, et que voulant cependant que sa justice fût satisfaite, il résolut de nous donner un libéra..teur, et pour ce sujet d'allier son Fils à la nature humaine (S. Jean, c. I, v. 1, jusqu'au 14), et d'unir substantiellement à notre nature la personne de ce Fils éternel, égal et consubstantiel à lui, de sorte qu'il fût homme et Dieu tout ensemble: et c'est ce DieuHomme que nous appelons Jésus-Christ. Que Dieu le résolut ainsi, afin que ce libérateur élant Dieu, en qui le péché ne pouvait avoir de part, parce que Dieu par l'infinité de sa perfection est impeccable, tout ce qu'il ferait pour nous lui fût agréable et méritat d'apaiser sa colère: et qu'il voulut aussi qu'il fût homme, afin qu'à raison de son humanité, il pût souffrir, et par ses souffrances satisfaire à la justice divine, qui demandait vengeance contre le péché qui avait corrompu le genre humain, et satisfaire de manière que cette satisfaction ne pûí être rejetée, à cause, comme il vient d'être dit (Hebr., c. V, 7), de la dignité infinie de la personne qui satisferait pour nous. C'est ce qui a été exécuté par la naissance, par les mérites et par

la

la mort de ce libérateur (lisez les évangiles et épitres des apolres), qui a été livré à la cruauté des hommes criminels, qui l'ont attaché et l'ont fait mourir à la croix, et ce sont les souffrances (Rom., c. V, en plusieurs versets; I Cor., c. XV, 3, et presque partout le Nouveau Testament et en plusieurs prophéties de l'Ancien) de ce Dieu-Homme, innocent et infiniment bon, qui ont effacé nos péchés, et nous ont mérité les grâces avec lesquelles nous pouvons nous rétablir dans l'amitié de Dieu et rentrer dans le droit de la vie éternelle. Jésus-Christ par la tradition, par l'Ecriture et par son Eglise, nous apprend que lui-même Dieu - Homme, mort sur croix pour nos péchés, ressuscita trois jours après comme il l'avait prédit (L'Evangile de S. Matth., ch. XXVIII; S. Marc, ch. XVI; S. Luc, ch. XXIV; S. Jean, ch. XX et XXI; I aux Cor., ch. XV, v. 11); qu'il monta (aux Actes ch. I, v. 2, 3 et 4; aux Rom., ch. IV, v. 25; c. VII, v. 4. c. VIII, v. 34, c. XIV, v. 9) au bout de quarante jours visiblement au ciel; qu'il viendra un jour juger tous les hommes, qui ressusciteront, et que ceux qui auront observé ses cominandements (S. Matth., c. XIII, v. 38 et suivants, c. XVI, v. 27, c. XXIV, v. 29, 30, 42, 43, 44), qui auront fait pénitence de leurs péchés (aux Actes, c. I, v. 11, c. XVII, v. 31); qui auront aimé leurs ennemis, et leur auront fait du bien, qui auront soulagé les pauvres selon leur pouvoir (aux Rom.,, c. II, v. 16, c. XIV, v. 10) et qui auront vécu selon la pureté de ses lois et de la morale de l'Evangile qu'il a prêché (aux Corinth., ch. V, v. 10, à Tite, c. II, v. 13; S. Jude, v. 13, 14, et 15, etc.; S. Matth., c. XIX, v. 17; S. Matth., ch. III, v, 2. et presque par toute l'Ecr.; S. Matth., ch. V, v. 44; et ailleurs; S. Matth., c. XXV, v, 25; et en plusieurs autres endroits de l'Ecrit.; aux Rom. ch. II, v. 16; et fait prêcher par ses apôtres (S. Matth., c. XVI, v. 27; aux Rom., ch. 11, v. 6, et ailleurs), auront la récompense de leurs bonnes œuvres, du mérite desquelles, selon saint Paul ( aux Rom., ch. XI, v. 6), nous ne devons pas nous glorifier, mais en rapporter la gloire à Dieu, qui nous prévient de sa grâce (Psaume LVIII, v. 11); laquelle est un pur effet de la miséricorde toute gratuite de notre Libérateur (aux Rom., ch. VIII, v. 26); en sorte que nous devons notre justification au prix et aux mérites du sang de Jésus-Christ: grâce néanmoius à laquelle les fidèles coopèrent très-librement (I aux Corinth., ch. XV, v. 10); que cette récompense sera la félicité éternelle (I aux Corinth., ch. XIII, v. 8, 9, 10, 11, 12, 13), qui consistera à voir Dieu intimement, et à l'aimer dans toute l'éternité, et que ceux qui n'auront pas été fidèles à la grâce, et n'auront pas obéi à Dieu (S. Matth., ch. XXV, v. 31, et suivants) seront condamnés aux flammes éternelles et réprouvés pour jamais comme les ennemis de Dieu.

Ce divin Libérateur nous apprend par la tradition, par l'Ecriture et par les décisions

de l'Eglise, qu'encore qu'il nous ait rachetés par pure miséricorde, il veut néanmoins nous tenir toujours humiliés par la crainte. Que comme il ne nous justifie pas sans que nous répondions à sa grâce par notre libre consentement, et par notre coopération, nous ne sommes jamais assurés de notre salut, jusqu'à ce qu'après notre mort, le Juge éternel ait prononcé un arrêt favorable pour nous. Que tant que nous sommes au monde, nous ne savons, si nous sommes dignes d'amour ou de haine; mais que tout est incertain jusqu'au siècle futur ( En l'Ecclés., ch. IX, v. 1 et 2): qu'ainsi nous devons opérer notre salut avec crainte et tremblement (Aux Philip., ch. II, v. 12). Que quelque témoi gnage que rende aux justes leur conscience de leur fidélité envers Dieu, ils ne sont jamais assurés de leur justification (I aux Cor., ch. IV, v. 4), et que c'est une erreur très-dangereuse de se persuader que nous n'avons qu'à croire que nous serons sauvés pour être certains de notre salut. Nous devons à la vérité mettre notre confiance aux mérites de Jésus-Christ, et c'est le fondement de l'espérance, qui est une des vertus chrétiennes et théologales; mais, comme l'espérance est toujours accompagnée d'une crainte salutaire, aussi ne peut-elle jamais être dans une entière et immobile certitude du salut. Nos théologiens ont détruit invinciblement l'abominable erreur de cette sécurité présomptueuse, et je renvoie le lecteur, à qui il resterait encore quelque doute sur ce sujet, à ce qu'en a écrit le trèssavant auteur du Renversement de la morale par les erreurs des calvinistes touchant la justification.

Comme ce Dieu-Homme, ou ce Dieu incarné, n'est venu qu'au milieu des temps, il semblerait que la miséricorde de Dieu n'aurait pas pourvu au salut de ceux qui ont précédé sa naissance temporelle ou son incarnation; mais il nous a révélé par sa divine parole, c'est-à-dire par la tradition, par l'Ecriture et par son Eglise, que. comme tout est présent à Dieu, aussi bien les choses passées que les présentes et les futures (aux Hébr., ch. XIII, v. 8), la justice divine a été apaisée pour tous ceux qui ont vécu selon la loi de Dieu, par les mérites de ce Dieu Rédempteur, qui est mort pour tous les hommes (II aux Cor., ch. V, v. 14, et 15). Qu'ainsi dans les temps qui ont précédé la naissance du Libérateur, Dieu, en vue des mérites futurs de JésusChrist a donné les grâces nécessaires au salut, par le moyen desquelles ont été sauvés tous ceux qui en ont voulu bien user pour glorifier Dieu, et en gardant les commandements qu'il leur avait donnés dès le commencement du monde, et dont la connaissance s'est conservée par tradition jusqu'à Moïse, ce grand législateur, qui les a laissés par écrit, et après lui les prophètes, el ceux dont Dieu s'est servi pour nous donner ces divines Ecritures.

Voilà les principales vérités et les principaux mystères, qui font le fondement de la

religion mystères à la vérité qui sont incompréhensibles; mais que nous croyons sans hésiter, parce que Jésus-Christ HommeDieu, nous les a révélés, et nous les a fait expliquer tant par une tradition perpétuelle, que par les écrits de ses apôtres, et par l'organe de son Eglise, et que la souveraine sagesse, comme il a déjà été dit, est de captiver notre esprit à la créance de tout ce que Dieu a dit, quelque incroyable qu'il fût, s'il n'y avait point de révélation.

Nous croyons par la tradition, par la parole écrite et par les décisions de l'Eglise, qu'après que Jésus-Christ eut enseigné ces mystères et donné ses lois à ses apôtres, pour les enseigner et recommander de sa part aux fidèles, et principalement d'aimer Dieu par-dessus toutes choses (S. Matth.,.c. XXII, v. 37), et le prochain pour l'amour de Dieu, il institua pour notre sanctification sept mystères, que nous appelons sacrements, auxquels il a attaché diverses grâces, pour nous donner le moyen de nous acquitter des divers devoirs de la vie qu'il voulait que nous menassions. Nous l'appelons la vie chrétienne, parce que c'est celle qu'il nous a enseigné et dont il nous a donné l'exemple ou les préceptes. Nous ne nous arrêtons pas sur ce mot de sacrement : les protestants s'en servent aussi bien que les catholiques: ainsi le terme ne doit produire aucune difficulté, étant consacré par la tradition.

Le premier de ces mystères ou sacrements est le baptême (S. Matth., c. XXVIII, v. 29; S. Marc, c. XVI, v. 16), qui consiste dans un lavement extérieur d'eau naturelle, fait au nom de la très-sainte Trinité (S. Jean, e. III, v. 3 et 5), Père, Fils et Saint-Esprit, sans la réception duquel, au moins dans l'intention et le désir, quand on est adulte, l'on ne peut être sauvé. Ce sacrement fut institué, pour effacer ce péché avec lequel nous naissons tous aux Rom., c. VI, v. 3 et suivants), et que nous avons malheureusement hérité du premier homme (Aux Coloss., c. II, v. 12 et suivants). Dieu remet aussi par ce sacrement tous les péchés actuels que l'on a commis depuis l'usage de la raison, lorsqu'on le reçoit étant adulte, pourvu qu'on ait une vraie repentance de les avoir commis, parce qu'ils déplaisent à Dieu, et qu'on soit dans une sincère intention de ne le plus offenser: car nous ne saurions être justifiés, si nous n'avons un vrai esprit de pénitence ( S. Luc, c. XIII, v. 3).

La tradition perpétuelle de l'Eglise, ainsi que nous l'apprenons des SS. pères et des conciles. - Le second sacrement est la confirmation, qui consiste en l'imposition des mains des évêques sur les baptisés (Actes, c. VIII, v.15, 16, 17, c. XIX, v. 2, 3, 6), en disant qu'ils les confirment dans la foi. On y ajoute l'onction du chrême. Il n'est pas défini si l'Eglise a établi cette chrismation, ou si elle est d'institution divine, comme l'est l'imposition des mains. Ce sacrement nous donne de nouvelles forces pour soutenir la foi de Jésus-Christ et vivre selon sa loi.

Le troisième est l'eucharistic, qui consiste dans le changement du pain au corps de Jésus-Christ, et du vin en son sang. Ce sacrement fut institué dans la dernière cène quo fit Jésus-Christ avec ses apôtres : c'est un gage de son amour qu'il a laissé aux hommes, pour s'unir continuellement à eux, nourrir spirituellement et fortifier leurs âmes (S. Matth., c. XXVI, r. 26, 27, 28; S. Marc, c. XIV, v. 22, 23, 24; S. Luc, c. XXII, v. 19, 20; S. Jean, c. VI, depuis le 48 vers. jusqu'à la fin; I aux Cor., c. X1, v. 24, et suivants). Il a dit : Ceci est mon corps: il faut le croire. Ceux qui ne prennent ces paroles qu'en figure, démentent la vérité même. Il est vrai que souvent Jésus-Christ parlait mystiquement, mais lorsque cela arrivait, il marquait la figure, comme on peut le voir dans les endroits de l'Evangile, qui ne doivent pas être entendus littéralement, et comme il est plus particulièrement dit en saint Marc (c. IV, v. 34). Or il n'a point marqué de figure dans l'institution de ce sacrement, et ses apôtres, à qui il révélait ce mystère, ne nous en ont fait connaître aucune, il faut donc prendre sa parole à la lettre, en croire le miracle et adorer JésusChrist dans ce mystère.

Les protestants ne peuvent sans impiété et sans nier que Jésus-Christ soit Dieu, traiter d'idolâtrie, comme ils font, l'adoration que nous rendons à l'eucharistie, puisque nous n'y adorons que Jésus-Christ, qui est adorable en quelque lieu et en quelque manière qu'il nous soit présent, et que nous l considérions.

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La tradition perpétuelle de l'Eglise. quatrième sacrement est celui de la péni tence S. Matth., c. XVI, v. 19, c. XVIII v. 18; S. Jean, c. XX, v. 23); par lequel Jésus-Christ donna pouvoir à ses apôtres et à leurs successeurs, de remettre les péchés. On l'appelle le sacrement de pénitence, parce que, comme il a déjà été dit, nul péché ne se remet, si l'on n'en est véritablement repentant. Cette vérité est connue et avouée de tous les chrétiens, et elle est claire dans l'Evangile ( S. Luc, c. XIII, v. 3, 5).

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La tradition perpétuelle de l'Eglise. cinquième est l'extrême-onction (S. Marc, c. VI, v. 13; S. Jacq., c. V, v. 14, 15), c'està-dire une onction que font les prêtres sur les malades, en demandant à Dieu qu'il leur remette leurs péchés, et ce sacrement fortifie les mourants contre les attaques du diable, qui ne manque jamais de les tenter, pour les faire tomber dans le péché, à la fin de leur vie, et pour les perdre éternellement. Ce sacrement sert même pour la santé du corps, selon que Dieu le trouve expédient pour le malade.

C.

Le sixième est celui de l'ordre, qui constitue ministres de nos plus augustes mystères ceux qui sont ordonnés (S. Matth., c. X, par tout le chap. ; S. Marc, III, v. 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19; S. Luc, c. VI, v. 13, 14, 15, 16; c XXII, v. 19; I aux Cor., c. XI, v. 24, et 23; S. Matth., c. XXVIII, v. 19,

20; à Timot.. c. IV, v. 14, c. V, v. 22; II d Timot., c. I, v. 6; à Tite., c. I, v. 5; dans ses Epitres saint Paul enseigne ses disciples pour s'acquitter dignement de leur ministère. Toute la tradition nous apprend la vérité de cet article, leur donne le pouvoir de conférer les sacrements, d'instruire par la prédication de la parole de Dieu, et de gouverner spirituellement les fidèles, pour les faire marcher dans les voies du salut.

Le septième sacrement est celui du mariage (Genèse, c. 1, v. 27, 28, c. II, v. 24, 25; S. Mare, c. X, v. 6, jusqu'au 12; aux Ephés., c. V, v. 21, et presque le reste du ch. et en plusieurs autres lieux de l'Ancien et du Nouveau Testament), qui consiste en l'union d'une charité parfaite de l'homme et de la femme, dans la vue d'une propagation légi.ime du genre humain. Dieu a institué le mariage dès le commencement du monde : il a béni dans la suite ceux qui y ont été fidèles, et enfin Jésus-Christ l'a élevé à la dignité de sacrement. C'est ce que saint Paul nous marque fort expressément, en disant que ce mystère ou, comme porte la Vulgate, ce sacrement est grand par rapport à Jésus-Christ et à son Eglise, c'est-à-dire en signifiant mystiquement l'amour que le Fils de Dieu a pour cette sainte épouse.

Comme Jésus-Christ donna à ses apôtres, et en leurs personnes aux pasteurs qui leur succèderaient, le pouvoir de lier les pécheurs (S. Matth., c. XVIII, v. 18), et de les délier, c'est-à-dire non seulement de retenir et de remettre les péchés quant à la coulpe, qui les sépare de Dieu; mais encore d'assujettir les pêcheurs aux peines qu'ils leur imposeraient pour la satisfaction qu'ils doivent à Dieu; et de les délier, c'est-à-dire leur remettre ces peines ou une partie de ces peines, selon la grandeur de leur repentance et de l'amour qu'ils auraient pour Dieu sa divine parole qui nous est transmise par la tradition et par l'Ecriture, et expliquée par l'Eglise, nous oblige de croire qu'il a laissé à cette même Eglise le pouvoir de donner des indulgences par le ministère des pasteurs. Car nous entendons par l'indulgence la relaxation des peines que les ministres de Jésus-Christ ont droit d'imposer aux pécheurs de sorte que cette relaxation étant faite en vertu du pouvoir que JésusChrist a donné à ses ministres, il ne faut pas douter que Dieu ne la ratifie, si ceux à qui l'on fait cette grâce sont bien disposés, selon la parole qu'il a donnée, de délier dans le ciel ce que ses apôtres et ceux qui Jeur succèderaient, délieraient sur la terre. Et c'est ce que fit saint Paul, en remettant la peine qu'il avait imposée à l'incestueux de Corinthe (II aux Cor., c. II, depuis le 1 verset jusqu'au onzième).

Nous croyons aussi, par l'autorité de la tradition de l'Ecriture et de l'Eglise, qu'encore que nous n'ayons qu'un seul médiateur de mérite, de justice, de rédemption (I d Timot,, c, II, 5), nous pouvons avoir des intercesseurs envers Dieu. S. Jacques nous recommande de prier les uns pour les autres, afin

que nous soyons sauvés (S. Jacq., c. V, 16) MoYse a tant de fois obtenu ie pardon des crimes du peuple de Dieu, el le Seigneur a si souvent fait connaître qu'il se plaît aux prières qu'on fait les uns pour les autres, que ce serait une infidélité de douter que nous ne puissions réclamer le secours des prières de nos frères. Qu'est-ce donc qui empêcherait que nous ne pussions prier les saints de prier Dieu pour nous? Ils ne sont pas moins nos frères que ceux qui sont sur la terre : ils ont emporté leur charité dans le ciel, et cette charité est consommée. Pourquoi donc n'espèrerions-nous pas qu'ils prie raient pour nous ? S. Jean parle dans l'Apocalypse des prières des saints (Apocal., c. V. 8): Raphaël dit à Tobie qu'il avait présenté sa prière à Dieu (Tob., c. XII, 12), lorsqu'il faisait tant de bonnes œuvres. Notre-Seigneur dit que le ciel (c'est-à-dire ceux qui l'habitent) se réjouit de la conversion et de la pénitence d'un pécheur S. Luc, c. XV, 7 et 10). Soit qu'il ait parlé des anges seulement, soit que par prescience il ait parlé des saints qui le devaient habiter, ce qui est vraisemblable, n'y en ayant point encore lorsqu'il parlait ainsi, puisque nul homme n'a été dans le ciel avant lui. Aussi disait-il non pas que le ciel se réjouissait, mais se réjouirait de la pénitence d'un pécheur par où il nous marquait ce qui se ferait, lorsqu'après son ascension il aurait peuplé le paradis de bienheureux. Mais quand il aurait parlé seulement des anges, il n'importerait, parce qu'il dit ailleurs que les âmes bienheureuses sont comme les anges dans les cieux (S. Marc., c. XII, 25): ainsi elles ont les mêmes connaissances que les anges. Et pourquoi Dieu leur cacherait-il les prières que nous leur adressons, afin de les obliger à le prier pour nous? Ne dit-il pas que le Fils de l'homme reconnai tra pour être à lui devant les anges de Dieu ceux qui auront confessé son nom ( S. Luc, c. XII, 8)? Cela nous marque, ce me semble, que Dieu leur révèle ce qui regarde ses serviteurs. L'ange, qui fut envoyé à Corneille le centenier, lui marqua assez qu'il savait que ses aumônes et ses prières avaient été agréables à Dieu (Aux Act., c. X, 4). Mais de plus, qui nous a dit que des esprits détachés de la matière ne connaissent pas, étant dans le ciel, ce qui se passe sur la terre? Est-ce bien raisonner que de parler des anges ou des âmes séparées de leurs corps comme de celles qui, ayant besoin des organes corporels, ne peuvent aussi rien connaître que dans une certaine distance?

C'est une illusion de dire que nous adorons les saints quand nous les prions d'intercéder pour nous. Nous les honorons comme les amis de Dieu. Nous n'adorons et ne servons que lui; et dire que nous regardons les saints comme les païens regardaient leurs faux dieux, c'est une calomnie dont ceux qui nous en chargent seront punis lorsqu'ils seront jugés par le Seigneur.

Il ne faut pas que nos frères séparés nous reprochent certaines expressions qui paraissent un peu fortes et en oucloue ma

nière hyperboliques dans les prières de 'Eglise. Ces figures se trouvent particulièrement dans nos antiennes et dans nos hymnes, qui sont des manières de poésie, dans laquelle tout le monde sait qu'on se donne quelquefois des libertés qui ne sont pas en usage dans les discours ordinaires. Mais quoi qu'il en soit, l'Eglise marque assez clairement partout que son intention n'est jamais de s'adresser aux saints que pour les prier d'intercéder pour nous, quelque autorité qu'il semble que nous reconnaissions en eux. Il n'y a point d'expressions plus fortes que celles qui sont dans les prières que nous adressons à la Vierge. Nous l'appelons notre reine, mère de miséricorde, notre vie, notre douceur, notre espérance; mais ces éloges et tous les autres, quelque grands qu'ils soient, se terminent à ce verset: Priez pour nous, sainte Mère de Dieu, afin que nous soyons rendus dignes par sa grâce, de recevoir l'effet des promesses de Jésus-Christ. Après l'avoir ailleurs priée de rompre les liens de nos péchés, de dissiper les ténèbres de notre aveuglement et de nous délivrer de nos maux, l'Eglise se rabat à la prier de demander pour nous tout le bien qui nous est nécessaire. Enfin toutes les prières de l'Eglise, soit qu'elles s'adressent à Dieu immédiatement, ou aux saints pour lui être présentées par eux, finissent par Jésus-Christ, en qui seul nous mettons toutes nos espérances; et lorsqu'il semble que nous donnions une autorité absolue à la sainte Vierge, aux apôtres ou à d'autres saints, tout cela n'est fondé que sur la confiance que nous avons aux promesses de Jésus-Christ, qui a dit Demandez et vous recevrez. Et comme nous sommes assurés que les saints sont en état de ne faire aucune prière à Dieu qui ne lui soit agréable, et que toute prière agréable à Dieu est infailliblement exaucée, nous donnons aux prières des saints une espèce d'infaillibilité, et nous les regardons comme ayant une autorité absolue sur les choses que nous les prions de demander. Et en effet, ils nous obtiendraient infailliblement tout ce qu'ils demanderaient pour nous, si nous n'y mettions des obstacles par notre indignité; mais nous ne laissons pas de reconnaître toujours que nous ne pouvons rien obtenir que par Jésus-Christ.

Après tout, quelque excessives que paraissent à nos frères séparés nos manières de prier et d'honorer les saints, et particulièrement la Mère de Jésus-Christ, il faut qu'ils avouent que l'Ecriture sainte nous fournit des expressions qui sont encore beaucoup plus hyperboliques. Par exemple, l'Evangile dit que Jésus-Christ, le Dieu de l'univers, était sujet ou soumis à la sainte Vierge et à S. Joseph (S. Luc, c. II, 51). Y a-t-il rien dans nos prières qui approche de ces paroles. Isaïe fait dire à Dieu (Is., c. I, 18), qui exhorte son peuple à la pénitence, que pourvu qu'il se repente de l'avoir offensé, il veut bien être repris lui-même, s'il manque à la parole qu'il donne de lui faire grâce. Cette soumission, qui n'est que pour marquer la fidélité de Dicu dans ses promesses, ne paraît

elle pas faire tort à son autorité suprême: Lorsque le soleil s'arrêta à la parole de Josué, l'Ecriture dit que Dieu obéit à la voix d'un homme (Jos., c. V, 14): y a-t-il une expression plus hyperbolique que celle-là? Lorsque Dieu envoya Moïse à Pharaon, il lui dit qu'il l'établissait le Dieu de ce roi d'Egypte, et qu'Aaron son frere serait son prophète (Exode, c. VII, 1). Il y a bien d'autres manières de parler dans l'Ecriture sainte auxquelles on donnerait un mauvais sens, si elles étaient prises à la lettre. Cependant c'est le Saint-Esprit qui parle. Et qui peut trouver mauvais que l'Eglise, son épouse, imite quelquefois son langage, et principalement en s'expliquant toujours et faisant connaître par ce qui accompagne ou qui suit ces manières figurées, qu'elles doivent être entendues mystiquement, selon l'Esprit qui vivife (II aux Cor., c. III, 6), et non pas selon la lettre qui tue.

Les ministres protestants, pour nous rendre odieux aux simples de leur parti, disent que nous adorons les saints parce que nous nous mettons à genoux pour les prier. Accusentils Abraham et Loth d'idolâtrie pour s'être prosternés devant les anges (Gen., c. XVIII, 2; XIX, 1) ? Et l'Ecriture dit-elle une impiété en nous racontant que ceux qui étaient auprès de David mourant, adorèrent Dieu et puis le roi (I des Paralip., c. XXIX, 20)? Ne voit-on pas que ce mot ne doit pas être pris dans le même sens en l'appliquant à Dieu et à un homme? Lorsqu'Isaïe rassura Ezéchias contre les menaces de Sennacherib, Dieu dit à ce roi, par la bouche du prophète, qu'il protégerait Jé rusalem et la sauverait pour l'amour de lut même et de David son serviteur (Is., c. XXXVII, 35). Pourrait-on dire que Dieu se mettrait en égalité et comme en balance avec un homme? Nos frères séparés ne font-ils donc pas une grande injustice à l'Eglise, quand ils lui reprochent ce qu'elle dit d'avantageux pour les saints, quoique ses expressions soient beaucoup au-dessous de celles dont Dieu se sert lui-même pour les honorer?

Nous honorons les images comme on honorait l'arche, qui n'était qu'une figure, parce qu'elles nous font souvenir des prototypes. Si Dieu a voulu qu'il y eût sur le propiliatoire et sur l'arche des figures qui'représentaient des chérubins, qui sont de purs esprits, pourquoi l'Eglise réprouverait-elle les images des saints, qui doivent régner éternellement avec Dieu, revêtus de leurs corps? Dieu défendit au peuple de se faire des images taillées pour les adorer; et il commanda d'avoir des images que l'on n'adorât pas. Les nôtres sont de cette nature.

Nous honorons aussi les reliques par rapport aux saints dont elles sont les dépouilles, et auxquels elles doivent être réunies après la résurrection (IV des Rois, c. XIII, 21). Dicu ressuscita un mort par l'attouchement des os d'Elisée (S. Matth., c. IX, 20, 21, 22; S.Marc, c. V, 27, 28, 29; S. Luc, c. VIII, 43-44), Jésus-Christ guérit l'hémorroïsse par l'attouchement des franges de sa robe, et les premiers chrétiens cherchaient avec empresse

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