**** trine, où nous n'avons part aucune, et qui ne vient que de lui, il a bien voulu, tout au contraire, marquer un chemin royal et large où l'on ne se peut égarer si on ne le veut; établir enfin sa sainte cité sur la montagne qui ne peut demeurer cachée, et qu'on ne saurait ne point voir si on ne ferme les yeux. Vous voyez donc clairement, si je ne me trompe, quel est notre avantage aujourd'hui; combien les propres travaux de nos adversaires ont changé en notre faveur la face du combat; que leurs troupes, déjà en désordre, pour peu qu'on les pousse, promettent une victoire certaine à l'Eglise ; que les murailles de leur nouvelle Jéricho, déjà ébranlées sur leurs fondements, n'attendent plus pour tomber que le dernier son des trompettes (Jos., VI, 5) un peu plus long et plus éclatant que les précédents. J'entends par ces trompettes le concert si agréable et si charmant pour des oreilles chrétiennes. Sous un roi, surtout plus grand qu'on ne le peut dire, de qui si l'on se promet facilement tout ce qu'il y a de plus difficile, après ce que nous en avons déjà vu, ce ne sera point légèreté, mais sagesse. Ce n'est pas ici le lieu de parler de ses conquêtes, ni de tout ce qu'il a fait d'extraordinaire au dedans et au dehors de l'état; le sujet que je traite m'attache à une seule de ses louanges, mais qui est la source de toutes les autres. Il m'a semblé quelquefois qu'Homère n'avait pensé qu'à lui quand il nomme un de ses héros, mais plus noblement en sa langue que nous ne saurions le faire en la nôtre, le plus roi de tous les rois. Le ciel l'a tellement fait et formé pour ce qu'il devait être, qu'on dirait que gouverner est en lui ce que respirer est en nous, une action naturelle et insensible qui se mêle à toutes les autres sans en interrompre aucune, ni qu'aucune l'interrompe. Ni temps, ni lieu, ni occasion ne suspendent et ne retardent ce mouvement continuel, mais réglé et tranquille, de roi et de REMARQUES OU PREUVES POUR LE PREMIER TRAITÉ DE L'EXAMEN EN GÉNÉRAL. SECTION II. Article I, page 5. Si nous en voulons croire Aristote, c'est le fondement général de tous nos raisonnements, etc. Le passage est au quatrième livre de ses Métaphysiques, chapitre 3, à la fin, d'autant plus remarquable, que quelquesuns ne l'ont pas tout à fait entendu, et que c'est pourtant le fondement de toute sa dialectique, c'est-à-dire du chef-d'œuvre de son esprit. maître. En s'habillant, en se couchant, en marchant, à table, à la promenade, à la chasse, dans les exercices, dans les divertissements, rien n'empêche que partout il n'écoute tout avec autant d'attention que s'il n'avait dans l'esprit qu'une seule chose. On demeure surpris et charmé de le voir à toug moments d'un petit mot répondre non seulement aux propositions, mais aux pensées de ceux qui lui parlent, et comme ne faisant rien, faire incessamment les plus importantes affaires du monde; véritable chef, ou plutôt véritable conseil de son conseil même, comme véritable général de ses plus fameux. généraux, sans que personne s'y puisse mé prendre, et qui n'emprunte point d'autrui la capacité, la sagesse, la justice et la piété qu'on admire en lui, mais les inspire luimême à ceux qui le servent à proportion de la confiance dont il lui plaît de les honorer. De là naît parmi les peuples une admiration el un amour que l'on ne peut exprimer : tous ses sujets sont ses courtisans, également persuadés en tous lieux et dans les provinces les plus reculées, qu'en lui seul sont renfermées toutes nos espérances ou particulières ou publiques, et tout ce que chacun de nous, ou possède, ou attend, ou désire de repos, de tranquillité, de fortune, de bien et d'honneur. Tous généralement, sans en excepter ceux-là mêmes que l'erreur sépare de nous, n'ont en cela qu'un même esprit et qu'un même sentiment, qui est que plaire, quand ils le peuvent, à un si grand, si bon et si sage maître, aller au-devant de ses pensées, lui obéir avant même qu'il commande, n'est pas seulement leur devoir, mais leur propre félicité. On sait, on voit, on sent avec quelle ardeur il désire de ramener tous les Français à la foi de leurs pères. C'en est assez avec toutes les dispositions que nous avons déjà remarquées, pour espérer, comme nous faisons, de voir en France, et durant son règne, un seul troupeau et un seul pasteur.** Il est impossible qu'une même chose soit et ne soit pas en un même sujet et au même sens. Il est impossible que quelqu'un croie qu'une même chose soit et ne soit pas ; mais il n'est pas nécessaire qu'il croie ce qu'il dit. C'est pourquoi tous ceux qui font des démonstrations les font aboutir là: [Qu'il vous est impossible de croire vous-mêmes qu'une même chose soit et ne soit pas. ] C'est naturellement le principe des principes et de tous les axiomes. Le traducteur latin, le cardinal Bessarion a mis, cæterarum quoque dignitatum omnium principium; au lieu qu'il s'agit non de dignités, mais d'axiomes, ou en latin petitiones, principes, qu'on demande, dès l'entrée, être supposés d'un consentement commun sans autre preuve. Au chapitre suivant, Aristote explique la même chose deux fois : C'est le plus certain et le plus assuré de tous les principes. SECTION III. Article VI, page 18. Calvin cependant n'a pu s'empêcher de dire que sur l'eucharistie l'erreur des luthériens est encore plus grossière que celle de l'Eglise romaine. Voyez la fin des Preuves de ce traité, où l'on a mis à part et ensemble plusieurs passages extraits de Luther et de Calvin sur l'eucharistie. Luther avoue de son côté, etc. Sur ce qui est contenu en cet article, soit des sentiments de Luther contre ceux de Calvin sur l'eucharistie, soit de la division des luthériens entre eux, et des efforts inutiles qu'on a souvent faits pour réunir les opinions différentes voyez le même endroit des Preuves à la fin. SECTION IV. Article IV, page 23. Leur apologie écrite par M. Daillé. preuve de ce qui est dIT DANS CET ARTICLE, que les protestants de France par leurs propres principes ne doivent point se séparer de l'Eglise, si elle n'avait point d'erreur fondamentale et contraire au salut (1). Nous avouons que toutes erreurs ne nous donnent pas un juste et suffisant sujet de rompre avec ceux qui les tiennent; car l'Apôtre nous commande de recevoir à nous celui qui est débile en la foi, et ne le point travailler par débats de dispute; et lui-même nous en donne l'exemple, en supportant doucement ceux qui n'étaient pas de son avis en toutes choses. Nous tous qui sommes parfaits, dit-il, ayons ce sentiment: et si vous sentez quelque chose autrement, Dieul e vous révèlera aussi (Phil. III,, 15; Gal.. I, 8, 9). Il est évident que cette faiblesse en la foi et cette diversité de sentiment dont parle saint Paul, est une erreur. Puis qu'il veut qu'on la supporte, et qu'ailleurs néanmoins il prononce anathème contre ceux qui évangéliseront autrement qu'il ne nous a évangélisés ; il faut de nécessité conclure qu'il y a deux sortes d'erreurs en la religion : les unes, que l'on peut supporter sans rompre avec ceux qui les tiennent; les autres, dont il faut fuir la communion. Et cette différence dépend de la nature des erreurs mêmes. Car comme les vérités de la foi ne sont pas toutes d'une égale importance, les unes étant principales et si absolument requises, que l'on ne peut parvenir au royaume des cieux en les ignorant; les autres étant utiles, mais non si nécessaires, que l'on ne puisse sans les connaître servir Dieu et jouir de son salut; de même en est-il des erreurs. Les unes sont pernicieuses et incompatibles avec la vraie piété; les autres sont moins nuisibles et ne mènent pas nécessairement les hommes en perdition. Saint Paul nous découvre assez clairement cette distinction en la première (1) Daillé; Apologie pour les Eglises P. R. de France, p. 32 et suivantes. aux Corinthiens (I Cor., III, 13, 15), là où après avoir dit que nul ne peut poser autre fondement que celui qu'il a posé, à savoir Jésus-Christ; il ajoute que ceux qui auront édifié sur ce fondement du bois, et du foin, et du chaume, feront perte de leur ouvrage lorsqu'il sera examiné; mais que quant à eux ils seront sauvés, toutefois ainsi comme par le feu, c'est-à-dire difficilement, et comme s'ils échappaient leur seule personne d'un embrasement où serait demeuré tout leur bien; signe évident qu'il y a des erreurs qui ne privent pas leurs auteurs mêmes du salut, bien loin d'en forclore ceux qui les ont crues après eux, et sur leur foi seulement. Et en effet, où est celui qui ne voie qu'il y a des erreurs qui choquent et renversent les fondements du christianisme, en nous engageant inévitablement en des choses incompatibles avec le salut, et d'autres qui ne le sont pas? Par exemple, c'est une erreur de la première sorte, d'estimer qu'il faille adorer le soleil. Car puisque le soleil est une créature, et que ceux qui adorent les créatures n'ont point de part au royaume des cieux, il est clair que ceux qui ont une telle opinion ne peuvent parvenir au salut. Ainsi en est-il de toutes les autres erreurs qui choquent quelqu'un des premiers, nécessaires et fondamentaux articles de la religion chrétienne. Mais l'erreur de ceux qui croyaient jadis que l'Eglise demeurerait quelque temps avec Jésus-Christ en la terre après la résurrection, n'est contraire le prochain, et ne choque directement aucun ni à la piété envers Dieu, ni à la charité envers des fondements de l'Evangile, bien qu'elle soit, à mon avis, contraire à divers passages de saint Paul, et peu convenable à la nature du royaume de Jésus-Christ. A peine saurait-on croire combien il est nécessaire de remarquer cette différence entre les erreurs des hommes suries matières de la religion, pour se garantir de l'importun chagrin de certains esprits mélancoliques qui condamnent toutes choses également et foudroient d'un seul et même anathème tout ce qui s'éloigne tant soit peu de leur sentiment; et pour ne tomber de l'autre côté dans l'indifférence des profanes qui s'accommodent à tout et engloutissent le chameau aussi bien que le moucheron. Certes, le fidèle se gardera de toute erreur, et en repurgera son prochain, autant qu'il lui sera possible. Car quelque petite et légère que soit une erreur, tant il y a que c'est une erreur; c'est-à-dire une ignorance et une contradiction à la vérité, et par conséquent un mal. Mais il ne laissera pas pourtant de faire soigneusement cette distinction entre les erreurs, el de reconnaître que l'une est beaucoup plus dangereuse que l'autre, et les aura plus ou moins en horreur, selon qu'il les jugera plus ou moins périlleuses. Si elles sont du pre mier rang, à savoir, de celles qui renversent les fondements du christianisme, il tâchera avec toute la prudence et dextérité possible, selon sa vocation et ses dons, à en tirer son prochain; et s'il ne peut rien gagner, du moirs sauvera-t-il son âine propre en se tirant de la communion de ceux qui les tiennent. C'est ce que pratiquèrent autrefois les fidèles à l'endroit de Paul de Samosate, évêque d'Antioche, et d'Arius, prêtre d'Alexandrie, qui tenaient que Jésus-Christ était une pure créature, ruinant tout le christianisme de fond en comble par cette abominable doctrine. Mais si l'erreur est de la seconde sorte, non pernicieuse ni incompatible avec les fondements de notre foi, nous tiendrons à beaucoup de bonheur d'en pouvoir commodément délivrer nos prochains car il serait à désirer que nous fussions entièrement exempts d'erreur; que si nous n'en pouvons venir à bout, il ne faudra pas pour cela rompre avec eux, mais y supporter doucement ce qui ne s'y peut changer, et qui au fond ne préjudicie pas à leursalut, et moins encore au nôtre, etc. » Et plus bus. Article V, pag. 25. « Saint Bernard même, ce bon et pieux docteur, »> « Car cette opinion que les luthériens ont (à savoir que le corps du Seigneur est réellement présent dans le pain de l'eucharistie) demeurant dans ces termes, n'a aucun venin. Elle n'abolit point le sacrement, elle n'abolit point le signe dont il consiste, elle ne l'adore point, elle ne le divise point, elle n'en fait point un sacrifice expiatoire de nos crimes, elle lui laisse et sa nature et sa vertu, et n'ôte non plus à Jésus-Christ formellement, directement et immédiatement ni sa substance, ni ses propriétés; seulement pose-t-elle que Jésus-Christ, pour nous livrer la vertu de sa mort et nous communiquer son corps et son sang, ainsi que parle saint Paul, c'est-à-dire l'efficace de l'un et de l'autre, il se trouve au sacrement de l'eucharistie présent selon son humanité, d'une façon qu'ils confessent être Que les personnes excommuniées doivent être incompréhensible. Cette hypothèse ne nous engage en rien qui soit contraire ou à la piété, ou à la charité, ou à l'honneur de Dieu, ou au bien des hommes. » ARTICLE XXXIII. fuies. PREUVE DE CE QUI EST DIT EN CET ARTICLE, que saint Bernard, grand défenseur de la présence réelle, est appelé saint, bon et pieux docteur par les premiers prétendus réfor– mateurs. Mais tous les docteurs chrétiens en ont ainsi senti et parlé comme saint Augustin, semblablement saint Bernard (1). Et néanmoins ces saints personnages (saint Grégoire et saint Bernard) ont été fort fâchés de voir ce qu'ils voyaient dès lors (2). Article VII, pag. 30. « Ceux-ci sont déjà persuadés de la présence réelle; il n'y a que l'adoration qui les arrête, quoiqu'elle en soit une suite nécessaire, etc. » Voyez à la fin au chapitre qui a pour titre, Preuves de ce qui est dit touchant l'eucharistie dans le Traité de l'Examen en général, et dans la Relation latine. SECTION V. Article IV, pag. 34. « Non seulement leur confession de foi, mais toutes les confessions protestantes sont d'accord que la véritable Eglise, où est la pureté et la doctrine, a aussi reçu du ciel le pouvoir d'excommunier. »> CONFESSION DE FOI DES PÈRES RÉFORMÉS DE FRANCE, dressée au synode national tenu à Paris, l'an 1559, et présentée, au nom des Eglises P. R. de France, par Théodore de Beze au roi Charles IX, dans la conférence tenue à Poissy l'an 1561, et enfin confirmée au synode national tenu à la Rochelle, l'an 1571, et après avoir été publiquement lue dans cette illustre assemblée. ARTICLE XXXIII. Cependant nous excluons toutes inventions humaines et toutes lois qu'on voudrait introduire sous ombre du service de Dieu, par lesquelles on voudrait lier leurs consciences; mais seulement recevons ce qui fait et est propre pour nourrir concorde, et tenir chacun depuis le premier jusqu'au dernier en obéissance en quoi nous avons à suivre ce que Notre-Seigneur Jésus-Christ a déclaré quant à l'excommunication, laquelle nous approuvons et confessons être nécessaire avec toutes ses appartenances. ARTICLES de la confession DE FOI de l'Eglise anglicane, selon qu'ils furent dressés du consentement unanime des archevêques et des évêques des deux provinces de Cantorbéry et d'York, et de tout le clergé d'Angleterre, en la convocation au synode national tenu à Londres l'année 1562 (1). La personne qui par la dénonciation publique de l'Eglise est légitimement retranchée du corps de l'Eglise, et est excommuniće, doit être tenue, par toute la multitude des fidèles, pour un païen et pour un péager, jusqu'à ce qu'elle soit publiquement réconciliée par pénitence, et reçue en l'Eglise par un juge qui en ait l'autorité. CONFESSION DE FOI des Suisses, l'an 1566. La confession et exposition simple de la fo orthodoxe et des dogmes catholiques de la vraie et pure religion chrétienne, dressée d'ur. commun accord par les ministres de l'Eglise de Jésus-Christ, qui sont en Suisse, à Zurich, à Berne, à Glarone, à Bâle, à Schaffhouse. à Appenzel, à Saint-Gall, à Coire, et par les ministres confédérés; par ceux aussi qui sont à Mulhausen et à Bienne, auxquels se sont joints les ministres de l'Eglise de Genève et de Neuchâtel, et tous les autres prédicateurs de l'Evangile, qui sont en Pologne, en Hongrie et en Ecosse pour témoigner à tous les fidè les qu'ils persévèrent dans l'unité de la vraie et ancienne Eglise de Jésus-Christ, qu'ils n'enseignent point de dogmes nouveaux ou erronés, et conséquemment qu'ils n'ont aussi nul commerce avec les sectes ou les hérésies. (1) La traduction en français est à la fin de la Liturgis d'Angleterre, de l'édition de Genève, l'an 1665. (Vingt-huit.) CHAPITRE XVIN. Des ministres de l'Eglise (1). Davantage, pour ce que la discipline est très-nécessaire en l'Eglise, et toute l'ancienne Eglise a usé de l'excommunication, et qu'aussi il y a eu jugements ecclésiastiques entre le peuple de Dieu, entre lequel cette discipline était exercée par hommes prudents et craignant Dieu : il appartient aussi aux ministres, pour l'édification de l'Eglise, de conduire celle discipline selon que la condition des temps, l'état public et la nécessité le requerra. Et en ceci convient toujours tenir cette règle, que toutes choses se fassent toujours en l'Eglise à édification, décemment, honnêtement, sans tyrannie et sédition, sans nourrir les vices, et sans en user indiscrètement: car l'Apôtre témoigne que Dieu lui a donné puissance en l'Eglise à l'édification, et non pas à la destruction d'icelle. CONFESSION ORTHODOXE ET CHRÉTIENNE des Eglises des Pays-Bas, revue et approuvée par le synode de Dordrecht, tenu l'an 1619 (2). ARTICLE XXXII. Nous croyons cependant que, combien qu'il soit utile et bon aux gouverneurs des églises d'établir et disposer certain ordre entre eux pour l'entretènement du corps de l'Eglise, qu'ils se doivent toutefois bien garder de décliner de ce que Christ, notre seul maître, nous a ordonné: et pourtant nous rejetons toutes inventions humaines, et toutes lois qu'on voudrait introduire pour servir Dieu, et par icelles lier et étreindre les consciences en quelque sorte que ce soit. Nous recevons donc seulement ce qui est propre pour garder et nourrir concorde et union, et entretenir tout en l'obéissance de Dieu, à quoi est requise l'excommunication faite selon la parole de Dieu, avec ce qui en dépend. CONFESSION DE FOI d'Augsbourg, présentée à l'empereur Charles V, l'an 1530 (3). TITRE de la puissance ecclésiastique. Il y a cu de grandes disputes de la puissance ecclésiastique, auxquelles aucuns ont confondu fort mal à propos la puissance ecclésiastique et la puissance du glaive; et de cette confusion sont avenus grands troubles et grosses guerres, pour ce que les papes se faisant forts de la puissance des clés, ont non seulement institué de nouveaux services, sauve la réservation des cas, et ont chargé les consciences de violentes excommunications, etc. Pourtant nos docteurs ont été contraints, afin de consoler les consciences, de montrer la différence de la puissance ecclésiastique et de la puissance du glaive, et ont enseigné qu'on doit avoir l'une et l'autre en très-grand honneur et révérence, à cause du commandement de Dieu, duquel il faut croire que c'est un des plus grands biens (1) Traduction française imprimée à Genève, l'an 1366. (2) Traduction française imprimée à Leyden, l'an 1624. (3) Traduction française imprimée à Anvers, l'an 1582. qu'il ait fait aux hommes. Or leur avis est que la puissance des clés, ou la puissance des évêques est, suivant la règle de l'Evangile, une puissance ou commandement de Dieu, de prêcher l'Evangile, de pardonner et de retenir les péchés, et administrer les sacrements. Car Notre-Seigneur envoie ses apôtres avec ce commandement (Jean, XX): Comme le Père m'a envoyé, je vous envoie aussi. Recevez le Saint-Esprit. Les péchés sont pardonnés à ceux auxquels vous les pardonnerez, et sont retenus à ceux auxquels vous les retiendrez. (Marc, XVI): Allez, préchez Evangile à toute créature, etc. Cette puissance ne s'exerce qu'en enseignant ou prêchant la parole et administrant les sacrements; ou à tous en général, ou à chacun en particulier, suivant sa vocation : pour ce que les choses qui sont données, ne sont point choses corporelles, mais choses éternelles, à savoir, la justice et la vie éternelle avec le Saint-Esprit. On ne peut acquérir ces choses que par le ministère de la parole et des sacrements, comme dit saint Paul (Rom. 1): L'Evangile est la puissance de Dies en salut à tout croyant. CONFESSION DE FOI des barons et autres de Bohême, présentée en la ville de Vienne, en Autriche, au sérénissime roi des Romains é de Bohême, l'an du Seigneur 1535. ARTICLE VIII. De plus ils enseignent que ceux qui sont notoirement impies et rebelles, c'est-à-dire désobéissants aux admonitions de l'Eglise, soient réprimés par la censure et la peine, qui s'appelle vulgairement anathème ou excommunication, et que cela s'observe, sans aucun égard des personnes, contre tous ceux dont l'impiété est connue, et qui, se trouvant engagés dans les péchés les plus grands, y demeurent encore, après avoir été très-souvent exhortés d'en sortir. ARTICLE XIV. De la puissance ecclésiastique ou des clés. La charge et l'autorité de cette administration, selon le commandement et le devoir que Jésus-Christ en a donnés, comme le rapporte l'Ecriture sainte, consiste à corriger et à lier dans l'Eglise les scélérats et les impénitents, et à leur fermer le royaume des cieux, c'està-dire à les priver de Jésus-Christ et du commerce et de la société de l'Eglise, et à absoudre au contraire les vrais pénitents, à calmer leurs consciences, et à leur ouvrir ainsi le royaume des cieux. Or ils sont obligés de faire tout cela, non selon leur caprice et de leur propre autorité, mais comme dispensateurs des mystères de Dieu, comme ministres et serviteurs de Jésus-Christ, en son nom et en son autorité, par sa parole et par ses sa crements. ARTICLE XV. De la Pénitence. Pareillement ils enseignent que les pé nitents aillent trouver le prêtre, et qu'en sa présence ils confessent à Dieu leurs péchés, sans que nous ordonnions pourtant ni exigions l'énumération de tous les péchés; qu'ils fui demandent encore ses conseils et le moyen d'éviter les péchés, et leur absolution par les clés de l'Eglise, afin d'obtenir la rémission de leurs péchés par ce ministère que JésusChrist a institué en cette forme-là. De même ils enseignent que les hommes fassent grand état de l'absolution, et croient que ce qui est promis par les clés, s'accomplit infailliblement, car c'est Jésus-Christ luimême qui a parlé au chapitre XX de S. Jean, et s'est ainsi exprimé, comme l'Evangéliste nous l'a enseigné par son ordre: Recevez le Saint-Esprit ; à quiconque vous pardonnerez les péchés, etc. Et qu'ils sachent que par l'usage et le ministère des clés, et par l'autorité des paroles de Jésus-Christ, tous leurs péchés sont pardonnés. Le Symbole des Apôtres embrasse trèsbrièvement et comme en abrégé tous les articles de la foi chrétienne (1). Ces articles du Symbole suffisent à salut, si on les croit sincèrement; et l'on n'en requiert pas davantage qui doivent être crus (2). Perkins réduit les points fondamentaux au seul Symbole (3). Luther (4), Bèze (5) e! Witacher (6) enseignent que les points fondamentaux sont contenus au Symbole, au Décalogue, et en l'Oraison dominicale. Ursinus (7)et Melanchthon (8) disent que les points fondamentaux sont contenus au Sym (1) Luther, sur les trois Symboles, tom. VII, p. 138. Idem, Bulinger, Musculus, Aretius, Polanus, part. III Thes., p. 456. (2) Polanus, part. III de ses Thèses, p. 456. (3) Dans son Catholique réformé, p. 476, et dans son Exposition du Symbole, p. 501. (4) Tom. VII, p. 11. (5)Des marques de l'Eglise. bole et au Décalogue, sans y ajouter l'Oraison dominicale. : Luther (1), et Sadeel (2) réduisent les points fondamentaux à deux à croire à JésusChrist crucifié, et le pape ennemi de l'Eglise, et vrai antechrist. (6) Controverse 1, quest. 4, pag. 342. (7) Dans ses Miscellan. thes. 8, pag. 114. (8) Sur le chap. VII de S. Matth., p. 402. D'entre les réformés les uns statuent pour nécessaire le seul article de la justification. Les autres le Symbole des Apôtres. D'autres encore le Symbole avec le Décalogue. D'autres enfin en statuent autrement. Et Philippe Eilbracht (3) rapporte sept opinions différentes qu'ils ont sur ce point. Il fait aussi voir l'étonnante discordance où tombent les réformés, en désignant les erreurs qui renversent ou ne renversent pas le fondement du salut. M. le Cardinal. Puisque nos adversaires avouent qu'on ne peut se séparer que pour des choses fondamentales et essentielles en la religion. La Ruelle (4). Je ne sais qui sont ces adversaires, qui avouent qu'on ne peut se séparer que pour des choses fondamentales et essen tielles en la religion: mais il n'y a rien de plus faux que cette maxime. J'ajoute à toutes ces choses, que tous les points de nos controverses pourraient être non fondamentaux à les considérer en détail, et que néanmoins à les considérer tous ensemble, nous aurions en nécessité de nous séparer de la communion de Rome (5). Or, quoi que nous croyons qu'il ne soit pas nécessaire, mais que ce soit même une chose impossible et tém.eraire tout ensemble, de faire une précise et plus exacte détermination des points fondamentaux, nous en donnons néanmoins une détermination moins précise et plus générale, par laquelle nous marquons certains dogmes en particulier, dont nous recommandons tellement l'observation et la connaissance à tous ceux qui se veulent sauver, que cependant nous n'osons mettre nulles bornes à la liberté ni à la miséricorde de Dieu, qui sont infinies, ne sachant pas si Dieu ne veut point peut-être en sauver présentement quelques-uns, qui ignorent quelques-uns de ces articles, principalement si leur ignorance est insurmontable ou involontaire. Mais parce que l'alliance que Dieu a faite avec nous requiert deux choses, à sa-voir, notre confiance en lui, et notre obéissance à ses ordres; nous croyons aussi qu'on peut réduire les choses nécessaires à ces deux chefs généraux, à savoir, tant aux choses qu'il faut croire, qui sont enseignées dans le Symbole des Apôtres, entendu dans les sens et les explications qui se font sentir à l'esprit et à l'oreille de tout le monde, qui sont d'une évidence très-claire, et qui regardent les articles convenus entre nous et les catholiques, qu'aux choses qu'il faut faire, |