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Au chapitre suivant, Aristote explique la même chose deux fois : C'est le plus certain et le plus assuré de tous les principes.

SECTION III.

Article VI, page 18. Calvin cependant n'a pu s'empêcher de dire que sur l'eucharistie l'erreur des luthériens est encore plus grossière que celle de l'Eglise romaine. Voyez la fin des Preuves de ce traité, où l'on a mis à part et ensemble plusieurs passages extraits de Luther et de Calvin sur l'eucharistie.

Luther avoue de son côté, etc. Sur ce qui est contenu en cet article, soit des sentiments de Luther contre ceux de Calvin sur l'eucharistie, soit de la division des luthériens entre eux, et des efforts inutiles qu'on a souvent faits pour réunir les opinions différentes voyez le même endroit des Preuves à

la fin.

SECTION IV.

Article IV, page 23. Leur apologie écrite par M. Daillé.

PREUVE DE ce qui est DIT DANS CET ARTICLE,

que les protestants de France par leurs propres principes ne doivent point se séparer de l'Eglise, si elle n'avait point d'erreur fondamentale et contraire au salut (1).

Nous avouons que toutes erreurs ne nous donnent pas un juste et suffisant sujet de rompre avec ceux qui les tiennent; car l'Apôtre nous commande de recevoir à nous celui qui est débile en la foi, et ne le point travailler par débats de dispute; et lui-même nous en donne l'exemple, en supportant doucement ceux qui n'étaient pas de son avis en toutes choses. Nous tous qui sommes parfaits, dit-il, ayons ce sentiment: et si vous sentez quelque chose autrement, Dieul e vous révèlerá aussi (Phil. III,, 15; Gal.. I, 8, 9). Il est évident que cette faiblesse en la foi et cette diversité de sentiment dont parle saint Paul, est une erreur. Puis qu'il veut qu'on la supporte, et qu'ailleurs néanmoins il prononce anathème contre ceux qui évangéliseront autrement qu'il ne nous a évangélisés; il faut de nécessité conclure qu'il y a deux sortes d'erreurs en la religion : les unes, que l'on peut supporter sans rompre avec ceux qui les tiennent; les autres, dont il faut fuir la communion. Et cette différence dépend de la nature des erreurs mêmes. Car comme les vérités de la foi ne sont pas toutes

d'une égale importance, les unes étant principales et si absolument requises, que l'on ne peut parvenir au royanme des cieux en les ignorant; les autres étant utiles, mais non si nécessaires, que l'on ne puisse sans les connaître servir Dieu et jouir de son salut; de même en est-il des erreurs. Les unes sont pernicieuses et incompatibles avec la vraie piété; les autres sont moins nuisibles et ne mènent pas nécessairement les hommes en perdition. Saint Paul nous découvre assez clairement cette distinction en la première

(1) Daillé; Apologie pour les Eglises P. R. de France, p. 32 et suivantes.

aux Corinthiens (I Cor., III, 13, 15), là où après avoir dit que nul ne peut poser autre fondement que celui qu'il a posé, à savoir Jésus-Christ; il ajoute que ceux qui auront édifié sur ce fondement du bois, et du foin, et du chaume, feront perte de leur ouvrage lorsqu'il sera examiné; mais que quant à eux ils seront sauvés, toutefois ainsi comme par le feu, c'est-à-dire difficilement, et comme s'ils échappaient leur seule personne d'un embrasement où serait demeuré tout leur bien; signe évident qu'il y a des erreurs qui ne privent pas leurs auteurs mêmes du salut, bien loin d'en forclore ceux qui les ont crues après eux, et sur leur foi seulement. Et en effet, où est celui qui ne voie qu'il y a des erreurs qui choquent et renversent les fondements du christianisme, en nous engageant inévitablement en des choses incompatibles avec le salut, et d'autres qui ne le sont pas! Par exemple, c'est une erreur de la première sorte, d'estimer qu'il faille adorer le soleil. Car puisque le soleil est une créature, et que ceux qui adorent les créatures n'ont point de part au royaume des cieux, il est clair que ceux qui ont une telle opinion ne peuvent parvenir au salut. Ainsi en est-il de toutes les autres erreurs qui choquent quelqu'un des premiers, nécessaires et fondamentaux articles de la religion chrétienne. Mais l'erreur de ceux qui croyaient jadis que l'Eglise demeurerait quelque temps avec Jésus-Christ en la terre après la résurrection, n'est contraire ni à la piété envers Dieu, ni à la charité envers le prochain, et ne choque directement aucun des fondements de l'Evangile, bien qu'elle soit, à mon avis, contraire à divers passages de saint Paul, et peu convenable à la nature du royaume de Jésus-Christ. A peine saurait-on croire combien il est nécessaire de remarquer cette différence entre les erreurs des hommes sur les matières de la religion, pour se garantir de l'importun chagrin de certains esprits mélancoliques qui condamnent toutes choses également et foudroient d'un seul et même anathème tout ce qui s'éloigne tant soit peu de leur sentiment; et pour ne tomber de l'au tre côté dans l'indifférence des profanes qui s'accommodent à tout et engloutissent le chameau aussi bien que le moucheron. Certes, le fidèle se gardera de toute erreur, et en repurgera son prochain, autant qu'il lui sera possible. Car quelque petite et légère que soit une erreur, tant il y a que c'est une erreur; à la vérité, et par conséquent un mal. Mais c'est-à-dire une ignorance et une contradiction il ne laissera pas pourtant de faire soigneusement cette distinction entre les erreurs, et de reconnaître que l'une est beaucoup plus dangereuse que l'autre, et les aura plus ou moins en horreur, selon qu'il les jugera plas ou moins périlleuses. Si elles sont du premier rang, à savoir, de celles qui renversent les fondements du christianisme, il tâchera avec toute la prudence et dextérité possible, selon sa vocation et ses dons, à en tirer son prochain; et s'il ne peut rien gagner, du moins sauvera-t-il son âine propre en se tirant de la communion de ceux qui les tiennent. C'est

ce que pratiquèrent autrefois les fidèles à l'endroit de Paul de Samosate, évêque d'Antioche, et d'Arius, prêtre d'Alexandrie, qui tenaient que Jésus-Christ était une pure créafure, ruinant tout le christianisme de fond en comble par cette abominable doctrine. Mais si l'erreur est de la seconde sorte, non pernicieuse ni incompatible avec les fondements de notre foi, nous tiendrons à beaucoup de bonheur d'en pouvoir commodément délivrer nos prochains car il serait à désirer que nous fussions entièrement exempts d'erreur; que si nous n'en pouvons venir à bout, il ne mais faudra pas pour cela rompre avec eux, y supporter doucement ce qui ne s'y peut changer, et qui au fond ne préjudicie pas à leursalut, et moins encore au nôtre, etc. » Et plus bus.

Eglise, où est la pureté et la doctrine, a aussi reçu du ciel le pouvoir d'excommunier. >> CONFESSION DE FOI DES PÈRES RÉFORMÉS DE FRANCE, dressée au synode national tenu à Paris, l'an 1559, et présentée, au nom des Eglises P. R. de France, par Théodore de Beze au roi Charles IX, dans la conférence tenue à Poissy l'an 1561, et enfin confirmée au synode national tenu à la Rochelle, l'an 1571, et après avoir été publiquement lue dans cette illustre assemblée.

ARTICLE XXXIII.

Cependant nous excluons toutes inventions humaines et toutes lois qu'on voudrait introduire sous ombre du service de Dieu, par lesquelles on voudrait lier leurs consciences; mais seulement recevons ce qui fait et est propre pour nourrir concorde, et tenir chacun depuis le premier jusqu'au dernier en obéissance en quoi nous avons à suivre ce que Notre-Seigneur Jésus-Christ a déclaré quant à l'excommunication, laquelle nous approuvons et confessons être nécessaire avec toutes ses appartenances.

« Carcette opinion que les luthériens ont (à savoir que le corps du Seigneur est réellenent présent dans le pain de l'eucharistie) demeurant dans ces termes, n'a aucun venin. Elle n'abolit point le sacrement, elle n'abolit point le signe dont il consiste, elle ne l'adore point, elle ne le divise point, elle n'en fait point un sacrifice expiatoire de nos crimes, elle lui laisse et sa nature et sa vertu, et n'ôte non plus à Jésus-Christ formellement, directement et immédiatement ni sa substance, ni ses propriétés ; seulement pose-t-elle que Jésus-Christ, pour nous livrer la vertu de sa mort et nous communiquer son corps et son sang, ainsi que parle saint Paul, c'est-à-dire l'efficace de l'un et de l'autre, il se trouve au sacrement de l'eucharistie présent selon son humanité, d'une façon qu'ils confessent être Que les personnes excommuniées doivent être incompréhensible. Cette hypothèse ne nous engage en rien qui soit contraire ou à la piété, ou à la charité, ou à l'honneur de Dieu, ou au bien des hommes. >>

Article V, pag. 25. « Saint Bernard même, ce bon et pieux docteur, »>

PREUVE DE CE QUI EST DIT EN CET ARTICLE, que saint Bernard, grand défenseur de la présence réelle, est appelé saint, bon et pieux docteur par les premiers prétendus réfor

mateurs.

Mais tous les docteurs chrétiens en ont ainsi senti et parlé comme saint Augustin, semblablement saint Bernard (1).

El néanmoins ces saints personnages (saint Grégoire et saint Bernard) ont été fort fâchés de voir ce qu'ils voyaient dès lors (2).

Article VII, pag. 30. « Ceux-ci sont déjà persuadés de la présence réelle; il n'y a que l'adoration qui les arrête, quoiqu'elle en soit une suite nécessaire, etc. » Voyez à la fin au chapitre qui a pour titre, Preuves de ce qui est dit touchant l'eucharistie dans le Traité de l'Examen en général, et dans la Relation latine.

SECTION V.

Article IV, pag. 34. « Non seulement leur confession de foi, mais toutes les confessions protestantes sont d'accord que la véritable

1) Institution de Calvin en français, liv. III, chap 3, §3.
21 Institution en francais. liv. IV, ch. 7, § 22.
DEMONST EYANG. III.

ARTICLES de la confession de Foi de l'Eglise anglicane, selon qu'ils furent dressés du consentement unanime des archevêques et des évêques des deux provinces de Cantorbéry et d'York, et de tout le clergé d'Angleterre, en la convocation au synode national tenu à Londres l'année 1562 (1).

ARTICLE XXXIII.

fuies.

La personne qui par la dénonciation publique de l'Eglise est légitimement retranchée du corps de l'Eglise, et est excommuniée, doit être tenue, par toute la multitude des fidèles, pour un païen et pour un péager, jusqu'à ce qu'elle soit publiquement réconciliée par pénitence, et reçue en l'Eglise par un juge qui en ait l'autorité.

CONFESSION DE FOI des Suisses, l'an 1566.

La confession et exposition simple de la fo orthodoxe et des dogmes catholiques de la vraie et pure religion chrétienne, dressée d'ur. commun accord par les ministres de l'Eglise de Jésus-Christ, qui sont en Suisse, à Zurich, à Berne, à Glarone, à Bâle, à Schaffhouse. à Appenzel, à Saint-Gall, à Coire, et par les ministres confédérés; par ceux aussi qui sont à Mulhausen et à Bienne, auxquels se sont joints les ministres de l'Eglise de Genève et de Neuchâtel, et tous les autres prédicateurs de l'Evangile, qui sont en Pologne, en Hongrie et en Ecosse pour témoigner à tous les fidè les qu'ils persévèrent dans l'unité de la vraie et ancienne Eglise de Jésus-Christ, qu'ils n'enseignent point de dogmes nouveaux ou erronés, et conséquemment qu'ils n'ont aussi nul commerce avec les sectes ou les hérésies.

(1) La traduction en français est à la fin de la Liturgis d'Angleterre, de l'édition de Genève, l'an 1665. (Vingt-huit.)

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nitents aillent trouver le prêtre, et qu'en sa présence ils confessent à Dieu leurs péchés, sans que nous ordonnions pourtant ni exigions l'énumération de tous les péchés; qu'ils lui demandent encore ses conseils et le moyen d'éviter les péchés, et leur absolution par les clés de l'Eglise, afin d'obtenir la rémission de leurs péchés par ce ministère que JésusChrist a institué en cette forme-là.

De même ils enseignent que les hommes fassent grand état de l'absolution, et croient que ce qui est promis par les clés, s'accomplit infailliblement, car c'est Jésus-Christ luimême qui a parlé au chapitre XX de S. Jean, et s'est ainsi exprimé, comme l'Evangéliste nous l'a enseigné par son ordre: Recevez le Saint-Esprit; à quiconque vous pardonnerez les péchés, etc. Et qu'ils sachent que par l'usage et le ministère des clés, et par l'autorité des paroles de Jésus-Christ, tous leurs péchés sont pardonnés.

SECTION VI.

Article I, pag. 45. Il a été ajouté dans la seconde édition quelques périodes depuis ces paroles: On aurait beau le dissimuler, jusqu'à la fin de l'article.

Preuves de ce qui est dit dans cette addition.

I. Que les protestants parlent souvent de certains points nécessaires au salut, mais que nulle autorité publique n'a encore decidé parmi eux quels sont ces points fondamentaux.

II. Que leurs auteurs particuliers n'en sont point d'accord ensemble.

III. Que chacun nous donne sa pensée générale, vague et indéfinie, pour y pouvoir ajouter ce qu'il lui plaira.

IV. Que Jacques Cappel semble vouloir sauver jusqu'aux mahométans.

Extrait des passages de quelques protestants sur ce sujet, rapportés par le cardinal de Richelieu.

Le Symbole des Apôtres embrasse trèsbrièvement et comme en abrégé tous les articles de la foi chrétienne (1).

Ces articles du Symbole suffisent à salut, si on les croit sincèrement; et l'on n'en requiert pas davantage qui doivent être crus (2). Perkins réduit les points fondamentaux au seul Symbole (3).

Luther (4), Bèze (5) et Witacher (6) enseignent que les points fondamentaux sont contenus au Symbole, au Décalogue, et en l'O

raison dominicale.

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bole et au Décalogue, sans y ajouter l'Oraison dominicale.

:

Luther (1), et Sadeel (2) réduisent les points fondamentaux à deux à croire à JésusChrist crucifié, et le pape ennemi de l'Eglise, et vrai antechrist.

D'entre les réformés les uns statuent pour nécessaire le seul article de la justification. Les autres le Symbole des Apôtres. D'autres encore le Symbole avec le Décalogue. D'autres enfin en statuent autrement. Et Philippe Eilbracht (3) rapporte sept opinions différentes qu'ils ont sur ce point. Il fait aussi voir l'étonnante discordance où tombent les réformés, en désignant les erreurs qui renversent ou ne renversent pas le fondement du salut.

M. le Cardinal. Puisque nos adversaires avouent qu'on ne peut se séparer que pour des choses fondamentales et essentielles en la religion.

La Ruelle (4). Je ne sais qui sont ces adversaires, qui avouent qu'on ne peut se séparer que pour des choses fondamentales et essentielles en la religion mais il n'y a rien de plus faux que cette inaxime.

J'ajoute à toutes ces choses, que tous les points de nos controverses pourraient être non fondamentaux à les considérer en détail, et que néanmoins à les considérer tous ensemble, nous aurions en nécessité de nous séparer de la communion de Rome (5). Or, quoi que nous croyons qu'il ne soit pas nécessaire, mais que ce soit même une chose impossible et témeraire tout ensemble, de faire une précise et plus exacte détermination des points fondamentaux, nous en donnons néanmoins une détermination moins précise et plus générale, par laquelle nous marquons certains dogmes en particulier, dont nous recommandons tellement l'observation et la connaissance à tous ceux qui se veulent sauver, que cependant nous n'osons mettre nulles bornes à la liberté ni à la miséricorde de Dieu, qui sont infinies, ne sachant pas si Dieu ne veut point peut-être en sauver présentement quelques-uns, qui ignorent quelques-uns de ces articles, principalement si leur ignorance est insurmontable ou involontaire. Mais parce que l'alliance que Dieu a faite avec nous requiert deux choses, à sa-voir, notre confiance en lui, et notre obéissance à ses ordres; nous croyons aussi qu'on peut réduire les choses nécessaires à ces deux chefs généraux, à savoir, tant aux choses qu'il faut croire, qui sont enseignées dans le Symbole des Apôtres, entendu dans les sens et les explications qui se font sentir à l'esprit et à l'oreille de tout le monde, qui sont d'une évidence très-claire, et qui regardent les articles convenus entre nous et les catholiques, qu'aux choses qu'il faut faire,

(1) Sur le chap. vu de S. Matth., tom. VII, p. 86, (2) Dans la préface de sa Réponse à Turrian.

Philippe Eilbracht, dans sa voie abrégée, rapportée par MM. de Waiembourg. (4) La Ruelle, Réponse à M. le cardinal de Richelieu. Martel, Réponse à la méthode de M. le cardinal de Richelieu, liv. III, disp. 1, p. 2.

à quoi principalement se rapporte le Décaogue, etc. (1).

Or tout de même qu'il n'est pas nécessaire le fixer un nombre certain et limité des points fondamentaux, sans qu'on y ait omis aucun dogme de cet ordre, il ne faut pas non plus faire un calcul juste et précis de toutes et chacunes les erreurs fondamentales.

JACQUES CAPPEL, sur la première Epitre de S. Pierre, chap. III, v. 21, dans les critiques sacrées, imprimées à Londres l'an 1660. Tom. VII, part. 2, colonne 4535.

Du reste, parce que plusieurs concluent de ce passage qu'il n'y a point de salut hors de l'Eglise, non plus que hors de l'arche de Noé, je veux expliquer en peu de mots ce que je crois de cet axiome. Les prophètes s'en sont abstenus prudemment, les apôtres s'en sont abstenus prudemment encore: mais depuis que les catholiques d'Afrique eurent commencé à l'employer contre les novatiens et les novatistes, plusieurs en ont étrangement abusé. Cependant cet axiome est véritable en quelque manière, soit qu'on prenne l'Eglise ou pour le corps des vrais croyants, ou pour l'assemblée de ceux qui font profession de croire en Jésus-Christ. Si on entend l'Eglise au premier sens, comme il est certain que c'est celui qu'on lui donne toutes les fois qu'on parle de l'Eglise par antonomase, n'y ayant point de salut hors de Jésus-Christ, il ne saurait y en avoir hors de l'Eglise, parce que étre membre de l'Eglise et être membre de Jésus-Christ sont des choses synonymes et réciproques. Mais si l'on prend l'Eglise pour l'assemblée de ceux qui font profession de croire en Jésus-Christ, cet axiome pourra être encore véritable en ce sens. Car premièrement, si quelqu'un a l'insolence de mépriser toutes les sociétés chrétiennes, il ne saurait avoir pour Jésus-Christ même la vénération qu'il faut, ni par conséquent se promettre en lui le salut. En second lieu, si quelqu'un est légitimement chassé par l'Eglise, et qu'il néglige les moyens de son retour et de sa réunion avec elle, un tel, étant lié des chaînes de son crime, demeure exilé du royaume des cieux. D'entre ces sociétés, plus chacune a de pureté, plus est-il vrai que le nom d'Eglise lui convient. Celui donc qui abandonne une Eglise pure pour entrer dans une impure, quelque connaissance qu'il ait que Pure, l'une soit beaucoup plus pure que l'autre, on peut dire qu'il est tout ensemble et déserteur de l'Eglise et traître à la vérité de Dieu; et par cela même on peut dire qu'il court volontairement à sa perte. Mais quoique cet axiome ait quelque usage légitime, cependant l'on en abuse le plus souvent. 1° De quelques haines capitales que soient animécs les disputes des Eglises entre elles-mêmes, ou bien de leurs pasteurs, jusque là qu'une Eglise damne l'autre, il ne faut pourtant pas dire que si quelqu'un se sauve dans l'une, tous ceux qui meurent dans l'autre périssent nécessairement, car l'une et l'autre peut avoir ses dé

(:) Wittichius, Férités et erreurs fondamentales, p. 362.

fauts propres et particuliers; l'une et l'autre peut conserver le fondement du christianisme; les membres de l'une et de l'autre peuvent errer non tant dans le droit que dans le fait. Et quand cela est ainsi, l'on convient quelquefois ensemble aux choses mêmes où l'on pense être le plus opposé. A la vérité, l'ignorance du droit n'excuse pas, comme l'on parle, du tout, mais du tant, principalement lorsqu'on ne pèche point ni contre le fondement ni dans le fondement, mais seulement aux choses de moindre importance. II est certain que les Juifs, en maudissant JésusChrist, errent contre le fondement, sans qu'il leur serve de rien de couvrir leur erreur du voile de l'ignorance, lorsqu'à la fin de leur vie ils seront présentés devant le tribunal de Dieu, quoique leur erreur leur pût être pardonnée s'ils la reconnaissaient, s'ils la confessaient et y renonçaient avant que de mourir. Les mahométans ne maudissent point Jésus-Christ, ni ne souffrent que personne le maudisse impunément; ils disent au contraire qu'il a été un certain temps le fondement de la piété et de la religion, mais qu'enfin Dieu a trouvé bon de lui substituer Mahomet : de sorte qu'on peut dire, en quelque manière, qu'ils errent plutôt dans le fondement que contre le fondement, quoique ces erreurs soient telles que l'une entraîne l'autre. Or, quant aux erreurs dans le fondement, il y en peut avoir plusieurs, les unes plus importantes que les autres. Il n'est pas de mon dessein d'en faire ici le catalogue; mais, quoi qu'il en soit, il est constant qu'il y a beaucoup d'erreurs qui, bien qu'elles soient de grande importance à cause de la liaison qu'ont entre eux les points de la religion, ou articles de foi, sont néanmoins telles, que quelqu'un y peut être engagé par ignorance, sans qu'on doive pour cela désespérer de son salut, non pas même quand son ignorance serait positive et non négative seulement. Car, encore qu'il ne demande pas directement à Dieu le pardon de cette erreur, il le lui demande cependant indirectement, si tant est qu'il dise sérieusement et de bonne foi, comme David au Psaume XIX, 12: Qui peut connaître tous ses péchés? Nettoyez-moi, Seigneur, des fautes qui me sont inconnues.

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AUX DIGESTES, sur la loi Aquilia. Loi 8, § 1.

Que si un muletier, faute d'adresse, n'a pu arrêter la fougue de ses mulets, et qu'ils aient écrasé l'esclave d'autrui, la maxime commune est qu'il peut être poursuivi comme coupable; il en est encore de même, si c'est par sa scule faiblesse qu'il n'a pu arrêter l'impétuosité de ses mulets, sans qu'il paraisse injuste de prendre la faiblesse pour faute, personne ne devant affecter un emploi dans lequel il sait ou doit savoir que sa faiblesse sera dangereuse aux autres. Ce même droit a lieu en la personne de celui qui, faute d'adresse ou de force, n'a pu retenir la fougue du cheval qui le porte.

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