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communion une grande partie de ceux qui professent avec eux la confession de foi d'Augsbourg. Et cette opinion aussi prend pour son défenseur Luther, en la défense des paroles de la cène : Le corps de Christ est assis à la droite du Père; or la droite de Dieu est en tous lieux : donc la droite immense de Dieu est aussi très – certainement présente au pain et au vin. De plus, où la droite de Dieu est présente, il faut que le corps et le sang de Jésus-Christ y soient aussi présents, etc.

« La troisième opinion est celle de ceux qui posent dans la cène une présence singulière du corps et du sang de Jésus-Christ, rapportant toute la raison de cette œuvre à la volonté et à la puissance de l'ouvrier, c'est-àdire de Dieu tout-puissant. Car, comme la personne de Dieu est vraiment Dieu, d'une essence et d'une puissance infinies, il n'y a point, disent-ils, d'absurdité à croire, que, dans tous les lieux où ce mystère se célèbre conformément à son institution et selon sa parole, il ne présente et n'exhibe d'une manière incompréhensible son corps et son sang avec leurs sacrés symboles. Ceux-ci ne rejettent point cette façon de parler (Le pain est le corps de Christ); ils soutiennent même constamment que les paroles de Jésus-Christ se doivent entendre ainsi, et que c'est là le sens de ces paroles de saint Paul : Le pain que nous rompons, n'est-il pas la commu-nion du corps de Jésus-Christ? etc. Ils ne veulent pourtant pas que ce soit une proposition identique, ni n'en bannissent pas non plus absolument la figure, pourvu que cette figure ne soit pas exclusive de la présence de la vraie chair de Jésus-Christ. Quelques-uns l'appellent synecdoque, qui par la partie fait entendre le tout. Mais d'autres aiment mieux l'affirmation inusitée; et ils expliquent cette proposition (Le pain est le corps de Christ), par celle-ci, qui veut que le corps de JésusChrist soit dans le pain ou avec le pain: façon de parler qui se trouve aussi chez les anciens. De sorte que ceux-ci rejettent la question de l'ubiquité et soutiennent qu'elle ne fait rien à cette contestation; et même quelques-uns condamnent l'ubiquité de la nature humaine ou du corps de Jésus-Christ, d'erreur très-importante, comme étant suivie de la confusion des natures en Jésus-Christ, ou de la division de sa divinité. Paul Eberus (de la Cène du Seigneur): Il s'ensuit, non certainement que sa nature humaine doive être de sorte égalée à la nature divine, en lui attribuant toutes les propriétés qui conviennent seulement à la nature divine, qu'on dise que la nature humaine en Jésus-Christ, ou sa chair, ou son corps, soit d'une essence infinie et remplisse partout toutes choses. Et ceux-ci confirment encore leur opinion par les écrits de Luther, au tom. 8 de l'édition de Jenne : Pour ce qui regarde le corps de Jésus-Christ, il peut être partout ou en tous lieux, mais c'est seulement quand il le veut; c'est pourquoi autre est la raison de son corps, et autre celle de nos corps; et dans cette controverse il ne faut point disputer de l'ubiquité, etc.» (1).

(1) Consultation de Cassunaer sur la transsubstantiation,

Quant aux paroles de la cène du Seigneur, Luther les interprète ainsi : Ceci est mon corps; c'est-à-dire, ce pain est mon corps.... Les ubiquitaires dans la conférence nièrent au contraire obstinément, que cette proposition, Ceci est mon corps, soit la même chose, que, Ce pain est mon corps. Et ils prétendent dans leurs écrits, que c'est une proposition identique, ou une démonstration, et que le mot, ceci, démontre tout ensemble le pain et le corps de Christ. Quelques ubiquitaires encore définissent la présence du corps de Christ au sacrement, par ces paroles, ceci est mon corps qui est livré pour vous; et ils disent que ceux-là sont des rêveurs qui veulent que le corps simple et absolu soit affirmé du pain, puisqu'il le faut entendre par rapport à l'attribut caché. D'autres au contraire croient que ces paroles, ceci est mon corps, expliquent toute la substance du sacrement; et que l'affirmation cachée, qui est livré pour vous, en démontre l'usage. Il y en a à présent quelques-uns, qui croient qu'il ne faut point du tout admettre aucune figure dans les paroles de la cène du Seigneur; d'autres au contraire croient, que la figure synecdoque y soit (1).

Luther rapporte ensuite trois admonitions qu'il écrit avoir faites aux Zuingliens, sans qu'ils se soient repentis pour cela. En premier lieu, il dit que le S. Esprit même les avait d'abord admonestés, lorsque dans l'exposition de ce texte ils s'étaient partagés en sept esprits différents et contraires les uns aux autres. A savoir, 1o Carlostad soutenait, que Ceci est mon corps, veut dire, Mon corps est assis ici. 2° Zuingle disait que, Ceci est mon corps, est la même chose que, Ceci signifie mon corps. 3° OEcolampade disait, Ceci est le signe ou la figure de mon corps. 4° Swenkfel dius dit qu'il faut absolument éclipser ces paroles, Ceci est mon corps, ou les construire de cette façon, Mon corps est ceci, à savoir, une viande spirituelle. 3° Les autres disposent le texte de cette manière, Mangez le pain; ce qui est livré pour vous, est mon corps. 6° Il y en a plusieurs qui le disposent ainsi, Ceci est la commémoration de mon corps. 7° Enfin Campanus le dispose de cette façon, Le pain que je vous donne est un corps par soi-même, et toutefois il est mon corps, parce qu'il est ma créature, et que je l'ai créé. De plus Luther dit qu'il y en a plusieurs qui disent, qu'ici il n'y a point d'article de foi, qu'il n'en faut point disputer, et que dans cette question chacun peut croire ce qu'il voudra (2).

CHAPITRE IV.

DES EFFORTS INUTILES qu'on a faits pour réunir toutes les opinions ensemble.

voyez les opuscules de Calvin, p. 175, au traité qu'il intitule, un très-bon moyen d'entre p. 940, 941, 942. OEuvres de Cassander, théologien fla mand, de l'édition de Paris, 1616.

(1) Hospinien, en la partie 2o de son Histoire sacramen taire, p. 350.

(2) Hospinien, 2 partie de l'Histoire sacramentaire, p. 187. Et Luther en så retite Confession.

en accord, si on cherche la vérité mise horstoute contention (Opuscules de Calvin, p. 1751).

Et plus particulièrement le gros volume d'Hospinien de l'Histoire sacramentaire,dont il suffira de rapporter ici la conclusion.

Ce sont à peu près les principales choses qui sont venues à ma connaissance, et qui se sont passées depuis l'année 1517 jusqu'à présent, c'est-à-dire, durant l'espace de 85 ans entre les luthériens, ubiquitaires, les zuingliens, les calvinistes et les papistes, dans la funeste contestation et le triste combat sur le sacrement de la cène du Seigneur. D'où il me semble en premier lieu, qu'il paraît évidemment combien il est né de ces petits commencements, de grandes contestations, et querelles, et haines, et combats, et troubles parmi les réformés et les Eglises purgées des ordures de la papauté. Ensuite, que beaucoup de savants hommes et d'ailleurs fort pieux se sont souvent emportés au delà des bornes, par l'ardeur et le désir de combattre et de vaincre, comme des hommes faibles qui peuvent errer, se tromper et être trompés; et conséquemment que leur autorité ne doit pas être préférée au consentement perpétuel de toute l'Eglise ancienne et orthodoxe, ni leurs écrits être tenus pour la règle de sa doctrine. En troisième lieu, que les magistrats politiques sans avoir épargné ni leurs biens ni leurs peines, ont tenté toutes les voies pour bannir de l'Eglise ce fatal et malheureux schisme; mais que tous leurs pieux efforts ont été violemment accrochés par des théologiens emportés et contentieux. Enfin, quelle des parties a refusé sa paix, ou l'a rompue la première? ou qui des théologiens, ou des princes et des politiques ont été les plus modérés ? Dieu tout bon et tout grand veuille que cette division soit enfin bannie de l'Eglise, et qu'étant ensemble participants de la paix acquise par JésusChrist, nous entretenions aussi parmi nous la paix de la terre, qui est le gage certain de la paix du ciel, afin que nous puissions dans le besoin opposer de plus grandes forces aux ennemis communs de la vérité (1).

Le même auteur, en l'année 1607, a publié un autre gros volume appellé concordia discors, la concorde discordante, qui fait voir combien avaient été inutiles d'autres efforts, faits encore depuis pour tâcher de réunir ces différentes opinions par un prétendu formulaire de concorde, qui allait à ébranler les plus solides fondements de la religion chrétienne. Voici ses paroles dans la préface de ce dernier ouvrage, page 13.

Mais comme nous avons décrit dans la première et seconde partie de notre Histoire sacramentaire, les premières guerres, et les premiers combats qui se sont donnés sur la matière de l'Eucharistie; la dernière guerre aussi que Brentius et Schmidlinus ont renouvelée pour la canonisation de l'ubiquité, et qui jusque aujourd'hui se continue avec de grandes forces et de grands efforts, dans la

(1) Hospinien, en sa part, 2. de l'Histoire sacramentaire, p. 405. Edition de Zurich, chez Wolphius, l'au 1398.

quelle ce formulaire de la concorde, comme une puissante et terrible machine, insulte e! ébranle sans cesse la créance et la doctrine orthodoxe qui regarde principalement la personne de Jésus-Christ et la sainte cène, a été par nous rapportée dans ce livre, où les erreurs et les faux dogmes de ce formulaire, qui sont contraires à la sainte Ecriture, aux symboles orthodoxes, et à toute l'antiquité, et à la confession même d'Augsbourg; ses contradictions aussi, ses condamnations injustes, et cette manière non jamais auparavant pratiquée dans l'Eglise de Jésus-Christ, que ses auteurs ont suivie, pour le dresser, faire signer et publier, sont étalées et mises en vue, pour obliger également les lecteurs du siècle présent et des siècles à venir, afin que de là ils puissent connaître et discerner laquelle des deux parties a soutenu la meilleure et la plus juste cause. CHAPITRE V.

PREUVES DE CE QUI est dit, dans la relation latine, du sentiment de Calvin sur l'Eucharistie, qu'il appelle lui-même son opinion incroyable; qu'Aubertin ne la soutient point; qu'Aubertin n'a osé la proposer

comme tous les autres, au commencement de son ouvrage; qu'il n'a jamais expliqué au long de quelle opinion il était; qu'en divers lieux il a reconnu que tous les pères, même les plus anciens, aussitôt après les apôtres. ont cru plus qu'il ne faut croire et que ne croient les protestants de France.

Si toutefois il est loisible d'expliquer par paroles un si grand mystère, lequel je vois bien que je ne puis comprendre en mon esprit: ce que je confesse volontiers, afin que nul ne mesure la grandeur d'icelui à mes paroles qui sont si débiles, qu'elles succombent à dessous. Plutôt au contraire j'admoneste les lecteurs de ne contenir point leur sens en si étroites bornes et limites; mais qu'ils s'efforcent de monter plus haut que je ne puis conduire : car moi-même toutes fois et quantes qu'il est question de cette matière, après avoir tâché de tout dire, je vois bien qu'il s'en faut beaucoup que je n'atteigne à l'excellence. Et combien que l'entendement ait plus de vertu à penser et estimer, que la langue à exprimer; néanmoins icelui même est surmonté et accablé par une telle grandeur par quoi il ne me reste plus autre chose en la fin, que de tomber en admiration l'entendement ne peut suffire, comme la lande ce mystère, auquel, à droitement penser. gue aussi n'est capable de le déclarer (1).

Quiconque aura goûté notre doctrine, sera ravi en admiration de cette vertu secrète de Dieu que nous prêchons(2).

Nous disons que Jésus-Christ descend à nous, tant par le signe extérieur, que par son Esprit, pour vivitier vraiment nos âmes de la substance de sa chair et de son sang. Ceux qui n'entendent point que telle chose ne s

(1) Calvin, mstitution en français, 1. W, ch. 17, § 71. (2) Calvin, institution en français, 1, IV, ch. 17, 3:

peut faire sans plusieurs miracles, sont plus que stupides..... Il n'y a rien de plus ineroyable que de dire que les choses distantes l'une de l'autre aussi loin que le ciel de la terre, non seulement soient conjointes, mais unies, tellement que nos âmes reçoivent nourriture de la chair de Christ, sans qu'elle bouge du ciel.

Dont il appert que notre différend n'est nullement touchant la présence ni la manducation substantielle, mais seulement de la façon el manière de l'un et de l'autre (1).

Si quelqu'un m'interroge plus outre, comment cela se fait, je n'aurai point de honte de confesser que c'est un secret trop haut pour le comprendre en mon esprit, ou pour l'expliquer des paroles ; et pour en dire brièvement ce qui en est, j'en sens plus par expérience que je n'en puis entendre, pourtant sans faire plus longue dispute, j'acquiesce à la promesse de Christ. Il me commande en sa sainte cène de prendre, manger et boire son corps et son sang sous les signes du pain et du vin; je ne doute point qu'il ne me donne ce qu'il me promet, et que je ne le reçoive (2).

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Parce qu'on dit que la manière de parler est sacramentale, aucuns cuident que la figure ôte la vérité; mais il faut retenir que la figure n'est pas mise pour un fantôme vain mais qu'elle se prend grammaticalement pour montrer la métonymie... Ils transfèrent donc le nom du corps au pain, par figure, et non pas toutefois figurativement, comme si Christ proposait à nos yeux une nue et vaine image de son corps; car la vérité n'est pas exclue de sa figure; mais seulement on note la différence entre le signe et la chose signifiée; ce qui ne répugne point à la conjonction (3).

Mais ceci est sans controverse entre tous gens de bien, qu'il y a un lien inséparable entre le signe et la chose signifiée en la promesse, par laquelle Jésus-Christ ne montre rien en fraude; mais figure ce qu'il donne véritablement et de fait.

Par quoi le même corps, lequel le Fils de Dieu a une fois offert en sacrifice au Père, nous est offert tous les jours en la cène, pour nous être nourriture spirituelle.

Il y aurait certes trop d'absurdité d'expliquer les mots de corps et de sang, par le fruit et la vertu de la mort du Seigneur, etc. Et pour vous le faire comprendre clairement, substituons en la place de ces paroles, corps el sang, cette interprétation, et disons: Ceci est la vertu de ma mort qui est donnée pour vous; et ceci est l'esprit, etc. Qu'y a-t-il de plus sot et de plus impertinent que cette glose? car en vérité ces paroles, Qui est livré pour vous, et qui est répandu pour vous, vous réduisent nécessairement d'entendre malgré vous le mot ceci de la propre substance du corps et du sang (4).

Qui jamais autre qu'un pur anabaptiste a

Calvin, Opuscules contre Heshusius, p. 1705. Calvin, Institut. en français, là même. Calvin, Très-bon moyen de traiter accord, en ses Opuacules, p. 1752.

(4) Bèze, Lettre, p. 204, 205.

DEMONST. EVANG. III.

enseigné que Jésus-Christ n'a donné à ses disciples que du pain et du vin seulement? A Dieu ne plaise donc, à Dieu ne plaise que je sois de ton avis en consentant à ces blasphèmes si horribles... Jésus-Christ s'est vraiment donné soi-même à ses disciples, et s'y donne maintenant.

En ce temps arrivèrent à Worms les députés des églises réformées de France, qui demandaient aux théologiens de la confession d'Ausbourg leurs humbles intercessions auprès des princes évangéliques d'Allemagne, pour tâcher de fléchir par leur moyen Henri, roi de France, etc. Ces députés apportèrent encore une confession des églises de France, conçue en ces termes : Nous confessons qu'en la cène du Seigneur, non seulement toutes les grâces de Jésus-Christ, mais aussi la substance même du Fils de l'homme elc., sont non-signifiées seulement ou proposées symboliquement ou figurativement, comme le mémorial d'une chose absente; mais qu'elles sont vraiment et certainement rendues présentes et exhibées, etc., avec les symboles qui y sont ajoutés, et qui ne sont nullement vides, mais qui de la part de Dieu, etc., ont vraiment et certainement la chose même conjointe, soil qu'on la présente aux fidèles ou aux infidèles (1).

Passages de trois auteurs qui ont écrit en même temps, tous trois ministres de Charenton, Le Faucheur, Mestrezat et Aubertin, pour preuve de ce qui a été dit de ce dernier, dans la relation latine.

LE FAUCHEUR, traité de la cène du Seigneur, opposé à celui du cardinal du Perron sur le même sujet, liv. 1, chap. 1. Quelle est la doctrine des églises réformées sur le sujet de la sainte cène.

Notre créance donc est, que notre Sauveur nous a ordonné le saint sacrement de la cène, non pour une simple figure, mais pour un sceau efficacieux et divin de notre union et communion avec lui; qu'en ce sacrement, par le pain qui y est rompu et donné à chacun de nous, et par ce vin qui est répandu en la coupe, et donné pareillement à chacun fidèle, il nous représente et exhibe son corps rompu pour nous, et son sang répandu pour nous en la croix; que comme notre corps y reçoit ce pain et ce vin par la bouche, et en est sustenté corporellement; aussi notre âme y reçoit son corps et son sang par la foi, et en est nourrie spirituellement; et qu'en toutes ces choses il n'y a rien qui ne soit très-réel, soit pour les choses que Jésus-Christ nous y donne, soit pour la manière en laquelle nous les y recevons. Car nous tenons premièrement, que ce qu'il y donne à nos corps par la main de ses ministres, est la propre et réelle substance du pain et du vin, revêtue de ses vraies et réelles propriétés ; et que ce qu'il y communique à nos âmes par la grâce de son Saint-Esprit, est la substance de son

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Aubertin en français, édition de Genève 1633. Le chapitre cinquième est ainsi intitulé: Que ces paroles, Ceci est mon corps, doivent être figurément entendues, et que tant la transsubstantiation que la présence corporelle de Notre-Seigneur, qui est supposée en suite d'icelle, répugnent aux saintes Ecritures (1).

Son chapitresixième est,

En latin, Quomodo seu per quid fiat consecratio juxta patres.

Comment ou par quoi se fait la consécration, selon les pères (2).

Son chapitre septième est,

En latin, In quo respondetur ad objectiones adversariorum, quibus probare conantur ex patribus, consecrationem fieri per verba, hoc est corpus meum. Hic est sanguis meus.

Où l'on répond aux objections des adversaires, par lesquelles ils tâchent de prouver par les pères, que la consécration se fait par ces paroles, ceci est mon corps, ceci est mon sang.

Son chapitre huitième est,

En latin, de consecrationis effectu.
De l'effet de la consécration.
Son chapitre neuvième est,

En latin, ubi vera sententia de significatione pronominis hoc, proponitur et confir

matur.

Où la vraie opinion de la signification du pronom ceci, est proposée et confirmée.

Son chapitre dixième est

En latin, In quo respondetur ad objectiones adversariorum contra præcedentem sententiam.

Où l'on répond aux objections des adversaires contre l'opinion précédente.

Preuve qu'il a reconnu que tous les pères
ont cru plus que lui.

Les anciens pères ont cru que non seulement le pain et le vin de l'eucharistie, mais que l'eau du baptême aussi et l'huile dont les baptisés étaient oints, recevaient une vertu spirituelle pour opérer la sanctification, soit qu'ils entendissent que cette vertu leur fût infuse, ou qu'elle concourût moralement avec eux à produire cet effet. Que donc saint Irenée désigne par la chose céleste cette vertu communiquée au pain de l'eucharistie par la

se trouve point dans l'édition française d'Aubertin, dans laquelle le cinquième chapitre est celui qui suit.

1) En ce chapitre il combat l'opinion catholique, mais il ne dit point la sienne; il explique ce qu'il ne veut pas croire, mais non pas ce qu'il croit. Il en est de même dans les chapitres suivants.

(2) L'édition française manque ici et aux chapitres sui

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consécration, plutôt que le corps de Christ; on peut le prouver, parce qu'il conclat de la perception du pain eucharistique composé de deux choses, que nos corps sont rendus incorruptibles, c'est-à-dire préparés et consacrés à l'incorruption et à la glorieuse résurrection; car au livre suivant, ainsi que nous l'avons montré ci-dessus, il assure souvent que cette préparation d'incorruption procède de la vertu du Saint-Esprit. Puis donc que le Saint-Esprit, selon la doctrine des saints pères que nous venons d'alléguer, imprime dans le pain de l'eucharistie sa vertu vivifiante et régénérante, et que par cette vertu nos corps reçoivent une pleine et parfaite disposition à leur résurrection glorieuse, d'où l'eucharistie est nommée le symbole de la résurrection et le gage du salut éternel: qu'y a-t-il de plus convenant à l'intention de saint Irenée, que d'entendre par la chose terrestre le pain, et par la céleste la vertu du Saint-Esprit qui lui est imprimée ? Car il nous conduit lui-même à ce sens, en disant que par l'eucharistie nous publions hautement la communication et l'unité de la chair et de l'esprit (1).

Les anciens pères avaient accoutumé d'offrir à Dieu le pain et le vin de l'eucharistie (2). et de lui demander sa bénédiction sur eux, avant de les distribuer, et de les appeler à cause de cela un sacrifice, et non sanglant, et même vivifiant, parce que, comme Cyrillus l'observait lui-même ci-dessus, Dieu leur influe une faculté de vie, les convertissant en la vérité (peut-être y a-t-il au grec vertu) de sa propre chair... Il est vrai que nous ne croyons pas que notre cène soit un sacrifice. Et quoique nous estimions que le Sacrement soit vivifiant en sa manière, nous ne reconnaissons point cette impression vivifiante dans les sacrements. Mais cela importe peu à notre question (3).

Je ne crains pas de dire que même dans ces premiers temps (4), la plupart ont attribué aux signes de l'eucharistie, aussi bien qu'à l'eau du baptême, trop d'efficace et de vertu; comme si les sacrements agissaient d'eux-mêmes, ou par leur action extérieure, ainsi que les scolastiques en ont parlé dans la suite.

(1) Aubertin, Du sacrement de l'Eucharistie sur le lémoignage de S. Irénée, liv. II, p. 306. On a été obligé de traduire ce passage, parce qu'il ne se trouve point dans l'édition française d'Aubertin.

(2) Aubertin, là même, p. 754, sur le témoignage de S. Cyrille d'Alexandrie. Edition française de Genève, p. 519.

Depuis l'édition française de 1633, il a changé d'avis dans l'édition latine de 1654, où il n'a plus dit en doutant, mais affirmativement, que dans le grec il y avait vertu et non pas vérité.

(3) Remarquez que sur le passage de S. Irénée, c'était la vertu de l'esprit, selon Aubertin, qui était imprimée au pain et au vin, et ici c'est la vertu de la propre chair de Notre-Seignenr, suivant le passage qu'il cite de S. Cyrille. (4) Aubertin, de l'Eucharistie, liv. III, ch. 1, p. 903.

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