Redouté de l'Autriche, envié de Versailles, Fort bien achalandé, grâce à son caractère, Hélas! est-ce une loi sur notre pauvre terre On avait fait des plans, fort beaux sur le papier, Des bâtiments royaux l'ordinaire intendant Fit venir le meunier, et, d'un ton important: "Il nous faut ton moulin; que veux-tu qu'on t'en donne ? Allons, ton dernier mot, bon homme, et prends-y garde. Faut-il vous parler clair ?-Oui.-C'est que je le garde: Voilà mon dernier mot." Ce refus effronté Avec un grand scandale au prince est raconté. être : Ne l'êtes-vous jamais? Tenez, mille ducats, Les rois malaisément souffrent qu'on leur résiste. Le monarque, à ce mot, revient de son caprice. Y LETTRE DE VOLTAIRE À Mme DENIS, SA NIÈCE Potsdam, le 13 octobre 1750. Nous voilà dans la retraite de Potsdam : le tumulte des fêtes est passé, mon âme en est plus à son aise. Je ne suis pas fâché de me trouver auprès d'un roi qui n'a ni cour ni conseil. Il est vrai que Potsdam est habité par des moustaches et des bonnets de grenadier; mais, Dieu merci, je ne les vois point. Je travaille paisiblement dans mon appartement au son du tambour. Je me suis retranché les dîners du roi; il y a trop de généraux et trop de princes. Je ne pouvais m'accoutumer à être toujours vis-à-vis d'un roi en cérémonie, et à parler en public. Je soupe avec lui en plus petite compagnie. Le souper est plus court, plus gai, et plus sain. Je mourrais au bout de trois mois, de chagrin et d'indigestion, s'il fallait dîner tous les jours avec un roi en public. On m'a cédé, ma chère enfant, en bonne forme, au roi de Prusse. Mon mariage est donc fait; sera-t-il heureux? je n'en sais rien. Je n'ai pas pu m'empêcher de dire oui. Il fallait bien finir par ce mariage, après des coquetteries de tant d'années. Le cœur m'a palpité à l'autel. Je compte venir, cet hiver prochain, vous rendre compte de tout, et peut-être vous enlever. Il n'est plus question de mon voyage d'Italie. Je vous ai sacrifié sans remords le saint-père et la ville souveraine; j'aurais dû peut-être vous sacrifier Potsdam. Qui m'aurait dit, il y a sept ou huit mois, quand j'arrangeais ma maison. avec vous à Paris, que je m'établirais à trois cents lieues dans la maison d'un autre ? et cet autre est un maître. Il m'a bien juré que je ne m'en repentirais pas. Il vous a comprise, ma chère enfant, dans une espèce de contrat qu'il a signé avec moi, et que je vous enverrai; mais viendrez-vous gagner votre douaire de quatre mille livres? Il est plaisant que les mêmes gens de lettres de Paris qui auraient voulu m'exterminer il y a un an, crient actuellement contre mon éloignement, et l'appellent désertion. Il semble qu'on soit fâché d'avoir perdu sa victime. J'ai très mal fait de vous quitter; mon cœur me le dit tous les jours plus que vous ne pensez; mais j'ai très bien fait de m'éloigner de ces messieurs-là. Je vous embrasse avec tendresse et avec douleur. 21 LE ROI ALPHONSE. CERTAIN roi qui régnait sur les rives du Tage, Alphonse fut surtout un habile astronome; Mes amis, disait-il, enfin j'ai lieu de croire Je verrai cette nuit des hommes dans la lune. Répondait-on; la chose est même trop commune : Pendant tous ces discours, un pauvre, dans la rue, Mais les yeux vers le ciel, le roi, pour tout refrain, Par son manteau royal, et gravement lui dit : Regardez à vos pieds: là vous verrez des hommes, FLORIAN. * Mieux, pour quelque chose de mieux. † Inversion inusitée. RÈGLES GÉNÉRALES DE LA VERSIFICATION FRANÇAISE. ON compte ordinairement cinq sortes de vers français. C'est par le nombre des syllabes qu'on les distingue. 1o. Ceux de douze syllabes, comme : Dans le ré-duit ob-scur d'u-ne al-co-ve en-fon-cée vers. 20. Ceux de dix syllabes, comme : Du peu qu'il a le sage est sa-tis-fait. 3o. Ceux de huit syllabes, comme : 4o. Ceux de sept syllabes, comme: Grand Dieu! vo-tre main ré-clame 5o. Ceux de six syllabes, comme : |