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thie, des inflammations internes, affections toujours très-graves, et la cause la plus fréquente des mortalités qui suivent la clavelée.

Quelque faible qu'ait été la perte éprouvée par M. Du Preuil à la suite de cette clavelisation, la commission a pensé avec lui qu'elle eût été infiniment moindre sans l'imprudence dont on va rendre compte, et qui faillit avoir les suites les plus désastreuses. Cent brebis portières étaient parvenues seulement au douzième jour de clavelisation, les boutons n'étaient pas entièrement convertis en croûte, et les pustules renfermaient encore une assez grande quantité de matière fluide, lorsque, malgré les recommandations faites aux bergers à cet égard, leur troupe, conduite aux champs, fut surprise par une pluie très-froide à laquelle elle resta exposée pendant quelque temps. Les accidens de la répercussion ne se firent pas longtemps attendre ; dès le lendemain, les pustules étaient livides et affaissées; les escarres gangréneuses les remplacèrent bientôt et s'accompagnèrent de leur cortége ordinaire les symptômes de putridité, qui firent périr un très-grand nombre de malades.

Cet accident aurait à peine mérité d'être mentionné, s'il n'eût pas donné lieu à une observation très-importante pour le traitement des escarres gangréneuses regardées de tout temps par les Vétérinaires comme une des complications les plus funestes de la clavelée. Et, en effet, M. Du Preuil employa successivement contre elles les moyens

curatifs conseillés par les Vétérinaires les plus célèbres. Il fit ensuite pratiquer des scarifications profondes et des cautérisations avec les caustiques les plus actifs; les frictions avec le liniment volatil furent aussi prodiguées ; mais il ne put parvenir à arrêter les progrès de la gangrène. Enfin, désespéré de l'inutilité de ses efforts, il se décida à faire l'essai du traitement qu'il avait vu employer avec succès contre la pustule maligne. Il fit donc extirper les escarres avec l'instrument tranchant, puis scarifier le fond des plaies résultantes de l'excision, et injecter ensuite de l'onguent égyptiac dans les ulcères. Le pansement était très-simple; il consistait, après l'injection, à remplir l'ulcère d'une charpie d'étoupes hachées très-menues.

Ce traitement eut le plus grand succès: après quelques jours de l'usage de ces moyens, on vit les plaies cesser de s'élargir, les chairs mortes se détacher, les bords des ulcères prendre une teinte rose, une suppuration louable s'établir et la cicatrisation marcher à grands pas. Chaque fois qu'une pustule offrait des apparences de gangrène, on employait le même moyen, et dès lors on ne perdit plus aucune bête malade.

Le même accident s'étant renouvelé à la suite d'une clavelisation pratiquée en 1823, le même traitement, consistant dans l'extirpation des escarres, et la cautérisation des ulcères par l'égyptiac, fut employé et réussit constamment.

Le Rapporteur conclut à ce que, vu l'importance des observations qu'il contient, le Mémoire de M. Du Preuil soit inséré en entier parmi ceux que la Société publie à la fin de chaque trimestre, et à ce que M. le Président soit invité à lui adresser les remercîmens de la Société pour les observations qu'il a bien voulu lui communiquer, tout en le priant de vouloir bien continuer de lui adresser celles qu'il pourrait recueillir dans le bel établisse ment qu'il dirige avec tant de succès.

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PROGRAM ME

Du Prix proposé par la Société d' Agriculture, Sciences et Arts du Département de l'Aube,

POUR L'INOCULATION DU CLAVEAU.

Il est démontré par l'expérience que la clavelée, qui occasionne de si grands ravages dans les troupeaux de bêtes à laine, lorsqu'elle s'y déclare spontanément ou par l'effet de la contagion, est au contraire une maladie très-bénigne, lorsqu'elle a été produite par l'inoculation. Convaincue des grands avantages que les cultivateurs peuvent retirer de cette opération, et, désirant la leur faire adopter, la Société a pensé que le moyen le plus assuré de vaincre la résistance que les préjugés, la routine et l'indifférence opposent encore à cette pratique, est de distribuer des prix aux propriétaires de troupeaux qui contribueront le plus, par leur exemple, à la propagation de cette inoculation. Elle a, en conséquence, arrêté que, dans sa séance publique du mois d'Août 1825, elle décernera,

1. Une médaille d'or de deux cents francs au cultivateur habitant le Département de l'Aube, qui, à dater de ce jour 20 Février 1824, jusqu'au 1." Juin 1825, aura fait inoculer le claveau au

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troupeau le plus nombreux, en y comprenant la totalité des agneaux de ces deux années, sans que le nombre des bêtes qui auront été opérées puisse être au-dessous de deux cents.

Ceprix, dû à la munificence de M. Du Preuil, membre de la Société, sera remis en son nom.

2. Trois primes d'encouragement, la première de 120 fr., la seconde de 100 fr., la troisième de 80 fr., dans l'ordre graduel déterminé par le nombre des clavelisations, aux trois cultivateurs qui auront, sous les mêmes conditions, le plus approché du prix sus-énoncé, pourvu que la quantité des bêtes inoculées dans le même laps de temps ne soit pas au-dessous de soixante-quinze. Ces trois primes seront données sur les fonds de la Société.

Les membres résidans de la Société sont seuls exclus du concours. Les concurrens devront adresser au secrétaire perpétuel, avant le premier Juillet 1825, terme de rigueur, un certificat du Maire de leur Commune, constatant que, conjointement avec un artiste vétérinaire, par lui choisi, il s'est assuré du nombre des clavelisations, de l'époque où elles ont été faites, et de leur résultat. Ce certificat sera signé par le Vétérinaire qui aura procédé à la visite.

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