Sans effort une ame commune (Philof. de Sans-Souci.) Le temps de l'adverfité eft la faifon de la vertu. Quand la douleur pénétrante brife & déchire l'ame, la fageffe vient, en riant, épandre fes femences dans nos cœurs amollis par les pleurs. Ainfi le foc utile fillonne la terre humide, avant que la main du laboureur y verse l'efpérance de l'année. (Le Tourneur.) L'adverfité fait difparoître le héros. Montrez-nous, guerriers magnanimes, Tant que fa faveur vous feconde, Vous êtes les maîtres du monde, Le mafque tombe, l'homme reste, (Rouffeau.) L'adverfité eft la véritable borne de l'amitié. Elle eft le figne auquel on diftingue l'amitié de la flatterie; un homme heureux & riche ne fait pas s'il eft aimé ou non. On ne doit ni plaindre, ni appeller malheureux un homme qui a fu trouver les trésors les adverfités. ADULATEURS. que cachent On n'a pas devant foi, quand on renonce au monde, Celui qui fans difcernement (Rousseau.) Adreffe à tout venant les louanges qu'il donne, (Pavillon.) Quoique la fauffe louange foit un blâme secret, cependant l'encens gâte plus de cervelles que la poudre n'en fait fauter: c'eft l'effet de l'amourpropre. AFFLICTIONS. La raifon offenferoit la nature, fi elle mettoit les accidents qui nous arrivent au nombre des chofes indifférentes. La tendreffe de l'ame n'eft pas incompatible avec la fermeté d'efprit. Mais fi la nature & le devoir font couler nos larmes, la raison & la foi doivent les effuyer. Séparez de la vie le temps des afflictions d'efprit, des maladies du corps & du fommeil ; que refte-t-il pour en tenir compte? AGE. Defcription du premier âge. Sans le fecours des arts par l'orgueil inventés, Dans ces jours où régnoient les mœurs, la bonne-fci, Où le cœur, s'exprimant fans art & fans contrainte, C Admiroit-on en lui les qualités aimables (Le même.) Il n'y a point d'âge qui n'ait en fa difpofition une certaine portion de bien. Le premier âge jouit des plaifirs vifs des fens & de l'imagination. Le fecond âge, des plaifirs de l'ambition & de l'opinion. Le dernier, des plaifirs de la raison & de la tranquillité. い Caractere de chaque âge. Chaque âge porte avec foi fa mifere, (Defmarets.) L'âge ne fe mefure pas par le nombre des années. Que la foibleffe eft fon partage, (Mad. Deshoulieres.) Deux Dames fur le retour de l'âge, qui vouloient cacher le nombre de leurs années, fe demandoient, au premier jour de l'an, quel âge elles elles auroient cette année ? C'étoit mettre leurs jours à bail au rabais. Chaque âge a fes refforts qui le font mouvoir; l'homme eft toujours le même. A dix ans, il eft mené par des gâteaux ; à vingt ans, par une maitreffe; à trente, par les plaifirs; à quarante, par l'ambition; à cinquante, par l'avarice : quand ne court-il qu'après la fageffe? (J.J. Rouffeau.) Fat qui demandoit à un vieillard quel âge il avoit Certain fat que de fa jeuneffe On voit par-tout fe prévaloir, En raillant l'autre jour Neftor fur fa vieilleffe, (Le Brun.) ✓ Réponse à une queftion fur l'âge. Que vous êtes difpos, graces aux destinées! Pas une, reprit-il; (j'aime fort ces pensées) (La Martiniere.) Une vieille coquette demandant à quelqu'un, combien il lui donnoit d'années ? Vous en avez affez, lui répondit-il, fans que je vous en donne d'autres ? Tome I. B یا |