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GERONTE.

Le pendard de Scapin, par une fourberie, m'a
attrapé cinq cens écus.

ARGANTE.

Le même pendard de Scapin, par une fourberie
auffi, m'a attrappé deux cens piftoles.

GERONTE.

Il ne s'eft pas contenté de m'attraper cinq cens
écus, il m'a traitté d'une maniere que j'ay honte
de dire. Mais il me la payera.

ARGANTE.

Je veux qu'il me faffe raifon de la piece qu'il m'a
joués.

GERONT E.

Et je prétens faire de luy une vangeance exem-
plaire.

SILVESTRE.

Plaife au Ciel, que dans tout cecy je n'aye point
ma part!

GERONTE.

Mais ce n'eft pas encor tout, Seigneur Argante,
& un malheur nous eft toûjours l'avant-coureur
d'un autre. Je me réjouiflois aujourd'huy de l'ef-
perance d'avoir ma fille, dont je faifois toute ma
confolation; & je viens d'apprendre de mon hom-
me qu'elle eft partie il y a long-temps de Tarente,
& qu'on y croit qu'elle a peri dans le vaiffeau où
elle s'embarqua.

ARGANTE.

Mais pourquoi, s'il vous plaît, la tenir à Ta-
rente, & ne vous être pas donné la joye de l'avoir

avec vous?

GERONTE.

J'ay eu mes raifons pour cela, & des interêts de
famille m'ont obligé jufques icy à tenir fort fecret
ee fecond mariage. Mais que vois-je ?

SCE..

SCENE VII.

NERINE, ARGANTE, GERONTE,

A

SILVESTRE.

GERONTE.

H te voilà, Nourrice.

NERINE fe jettant à ses genoux.

Ah, Seigneur Pandolphe, que...

GERONTE.

Appelle-moi Geronte, & ne te fers plus dect
nom. Les raifons ont ceffé, qui m'avoient oblige
à le prendre parmy vous à Tarente.

NERIN E.

Las! que ce changement de nom nous a caufé de
troubles & d'inquietudes dans les foins que nous
avons pris de vous venir chercher ici ?

GERONTE.
Où eft ma fille, & fa mere?

NERIN E.

Vôtre fille, Monfieur, n'eft pas loin d'ici. Mais
avant que de vous la faire voir, il faut que je vous
demande pardon de l'avoir mariée, dans l'aban-
donnement, où faute de vous rencontrer, je me
fuis trouvée avec elle.

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Avec un jeune homme nommé Octave, fils d'un
certain Seigneur Argante.

GERONTE.

O Ciel!

ARGANTE.

Quelle rencontre !

GERONTE.

Méne-nous,méne-nous promptement où elle oft.

NERINE.

Vous n'avez qu'à entrer dans ce logis.

GE-

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GERONT E.

Paffe devant. Suivez-moi, fuivez-moi, Seigneur

Argante.

SILVESTRE.

Voila une avanture qui eft tout-à-fait furpre-
nante!

SCENE VIII.

SCAPIN, SILVESTRE,

SCAPIN.

HE E' bien, Silveftre, que font nos gens?

SILVESTRE.

J'ay deux avis à te donner. L'un, que l'affaire
d'Octave eft accommodée. Nôtre Hiacinte s'eft
trouvée la fille du Seigneur Geronte; & le hazard
a fait, ce que la prudence des peres avoit déliberé.
L'autre avis, c'eft que les deux vieillards font con-
tre toi des menaces épouvantables, & fur tout le Sei-
gneur Geronte.

SCAPIN.

Cela n'eft rien. Les menaces ne m'ont jamais
fait mal; & ce font des nuées qui paflent bien loin
fur nos têtes.

SILVESTRE,

Pren garde à toi, les fils fe pourroient bien rac-
commoder avec les peres, & toi demeurer dans la
naffe.

SCAPIN.

Laiffe-moi faire, je trouverai moyen d'appaiser
leur courroux, &...

SILVESTRE.

Retire-toi, les voilà qui fortent.

SCENE IX.

GERONTE, ARGANTE,SILVESTRE,
NERINE, HIACINTE.

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GERON T E.

Llons, ma fille, venez chez moi. Ma joie auroit
été parfaite, fi j'y avois pû voir votre mere

avec vous.

AR.

ARGANTE.

Voici Octave tout à propos.

SCENE X.

OCTAVE, ARGANTE, GERONTE,
HIACINTE, NERINE, ZERBI,
NETTE, SILVESTRE.
ARGANT E.

Enez, mon fils, venez vous réjouir avec nous

Ciel....

OCTAVE fans voir Hiacinte.

Non, mon pere, toutes vos propofitions de ma-
riage ne ferviront de rien. Je dois lever le mafue
avec vous, & l'on vous a dit mon engagement.

ARGANTE.

Oui; mais tu ne fçais pas....

OCTAVE:

Je fçais tout ce qu'il faut fçavoir.

ARGANTE.

Je te veux dire que la fille du Seigneur Geron-

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OCTAV E.

Non, Monfieur, je vous demande pardon, mes
réfolutions font prifes.

SILVESTRE.

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OCTAV E.

Non, vous dis-je, mon Pere, je mourrai plu-
tôt, que de quitter mon aimable Hiacinte. Tra-
verfant le theatre pour aller à elle.Oui,vous avez beau
faire, la voilà celle à qui ma foi eft engagee ; je l'ai-

merai toute ma vie, & je ne veux point d'autre.
femme.

ARGANTÉ.

Hé bien, c'eft elle qu'on te donne. Quel diable
d'étourdi, qui fuit toûjours fa pointe.

HIACINTE.

Oui, Octave, voilà mon pere que j'ai trouvé, &
nous nous voions hors de peine.

GERONT E.


Allons chez moi, nous ferons mieux qu'ici pour
nous entretenir.

HIACINTE.

Ah, mon Pere, je vous demande par grace que
je ne fois point feparée de l'aimable perfonne que
vous voiez: Elle a un merite, qui vous fera con-
cevoir de l'eftime pour elle, quand il fera connu
de vous.

GERONTE.

Tu veux que je tienne chez moi une perfonne qui
eft aimée de ton frere, & qui m'a dit tantôt au nez
mille fottifes de moi-même ?

ZER BINETTE.

Monfieur, je vous prie de m'excufer. Je n'aurois
pas parlé de la forte, fi j'avois fû que c'étoit vous,
&je ne vous connoiffois que de reputation.

GERONTE.
Comment, que de reputation?

HIA CINTE.

Mon Pere, la paffion que mon frere a pour elle,
n'a rien de criminel, je répons de fa vertu.
GERONTE.

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Voilà qui eft fort bien. Ne voudroit-on point que
je mariafle mon fils avec elle? Une fille inconnuë,
qui fait le mêtier de coureufe....

SCENE

XI."

LEANDRE, OCTAVE, HIACINTE,
ZERBINETTE, ARGANTE, GE-
RONTE, SILVESTRE,

NERINE.
LEANDRE:

MOn Pere, ne vous plaignez point que j'aime une
inconnuë, fans naiffance & fans bien. Ceux de

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