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NOUVELLE

DES CONTEMPORAINS.

SAP

SAPEY (CHARLES), est né en 1775, dans le département de l'Isère, qu'il a appelé dans un de ses discours la terre classique de la liberté. En sortant de l'école militaire de Tournon, à la fin de l'an 2, il est entré sous-lieutenant dans le ge bataillon de l'Isère, qui devint la 12 brigade d'infanterie légère, dans laquelle il a fait la dernière campagne des Alpes et les campagnes d'Italie. Nommé, en l'anio,membre du corps-législatif, il y a développé un noble caractère d'indépendance; au lieu de courir après la faveur du chef du gouvernement, il se prononça constamment contre toutes les mesures qui lui parurent porter atteinte à la souveraineté nationale; aussi fut-il éliminé du corpslegislatif par un sénatus-consulte qui exigeait 40 ans pour être élu, et qui cependant faisait entrer dans ce corps d'anciens tribuns moins âgés que lui; on a encore attribué la défaveur dont il était Vobjet à son attachement au malLeur, à ses rapports avec un des freres de l'empereur, Lucien Bo

2. ΧΙΧ.

naparte, son ami de collége. En 1815, M. Sapey fut envoyé à la chambre des représentans; il y a fait, en qualité de membre de la commission du règlement, plusieurs rapports qui furent écoutés avec intérêt par ses collègues. La loi des élections du 5 février 1817, fit entrer M. Sapey à la chambre des députés, où il a saisi toutes les occasions de défendre ces droits, que 30 ans de sacrifices avaient acquis à la France. Dans la session de 1819, il parla en faveur des acquéreurs des domaines nationaux, que l'on commençait à insulter, mais moins ouverteinent que ne l'a fait dernièrement son ancien collègue, M. Casimir de Puymaurin, qui, dans le corps-législatif, avait combatfu M. Sapey. comme un ennemi du despolisme de Napoléon : chose assez remarquable, c'est que ce député, fidèle à ses principes et son mandat, a rencontré parmi ses adversaires dans la chambre des députés, les mêmes hommes qui le signalaient sous l'empire comme un des chefs de l'opposition.

Il s'est prononcé avec force contre toutes les mesures d'exception, sur la suppression de la fiberté individuelle et de la liberté de la presse. Dans la séance du 15 mars 1820, en développant un amendement qu'il avait présenté sur le projet de loi de la liberté individuelle, amendement qui n'échoua que de trois voix, il annonça aux ministres le sort qui les attendait pour s'être dévoués au parti qu'ils servaient; il dit en

nom de la commission des pétitions, fit un rapport concernant la dénonciation d'une circulaire de l'évêque de Meaux, relative aux biens usurpés de l'église, et à une recherche inquisitoriale sur les fonctionnaires publics, et sur les principaux habitans de son diocèse, ainsi que sur leurs domestiques (voir ce rapport qui attira l'attention de la chambre, dans le Moniteur, séance du 13 juillet 1820). M. Sapey, que le malheur de ses concitoyens afflige et indigne, parla avec autant d'energie que de talent sur la pétition des habitans de Grenoble, victimes des événemens de 1816. « Les infortunes du département » de l'Isère, s'écrie-t-il, ont re»tenti dans toute la France, et »>même dans toute l'Europe; son

n

»longe depuis quatre années, et »c'est à la justice, c'est à vous, messieurs, qu'il demande des »consolations: vous proclamerez » ce grand principe que personne »ne peut se mettre impunément au-dessus des lois ni substituer »ses caprices à leur rigueur. Les exemples ne nous manqueraient »pas, si le sentiment avait besoin »de s'appuyer sur des faits, et ce » ne serait ni chez les anciens, ni

finissant: «Hâtons-nous de contraindre le ministère à sortir de la fausse route où il s'est engagé, et, si vous n'êtes pas aussi pénétrés que je le suis du danger de la loi, accueillez du moins un amendement qui, semblable à ces cris que les anciens triomphateurs étaient obligés d'entendre près de leur char, rappellera aux ininis->deuil, qui date de 1816, se protres qu'il y aura aussi un lendemain spour eux. Il s'opposa de toutes ses forces à l'adoption de la dernière loi des élections, qui lui paraissait porter atteinte à la charte et aux droits politiques des Français; nous regrettons de ne pouvoir rapporter ici le discours remarquable qu'il termina ainsi : « Députés constitutionnels, qu'il .est plus aisé d'insulter que de décourager; putés fidèles, dont le cour palpite aux noms du roi, de la patric et de la liberté, pesez bien ce que vous avez à faire: anjoord ui, demain, jusqu'à ce que La nouvelle loi soit rendue, tout peut se réparer; une fois rendue, il ne sera plus temps: regardez le trône; voyez l'agitation de la France, et songez quelle responsabilité pèse sur vos têtes. » Dans la session de 1820, M. Sapey, au

chez les étrangers, que j'irais »puiser mes autorités. François Ier, »agité par le souvenir des épou»vantables exécutions de Cabriè– »res et de Mérindol, exigea de » son successeur, au lit de la mort. »la promesse de donner des juges » aux bourreaux et à leurs victi»mes. Le parlement de Provence » devint justiciable de celui de » Paris; les résultats de la procé

dure, et la vengeance la plus éclatante, parurent destinés à » contenir dans les bornes de »leur devoir les imprudens ému»les des d'Oppède et des Guérin. » Dans le siècle dernier, en réhaabilitant la mémoire de Calas et de Lally, on signalait assez le »châtiment que l'histoire devait infliger aux magistrats odieux »qui tendirent la main pour rece»voir le prix du sang innocent. >> Enfin, la convention elle-même ncéda à la nécessité d'apaiser les »mânes errans sur les rives de la Loire, en livrant au glaive de la »justice le monstre dont je m'abstiens de prononcer l'exécrable nom à cette tribune. Qui n'a point frémi en apprenant qu'un D conseil de guerre s'intitulant plantôt conseil de guerre, tantôt »commission militaire, et dont » les minutes informes, couvertes » de ratures, portant non-seule ment sur des faits, mais encore sur des prénoms, ne s'assembla » qu'à 11 heures du matin, et qu'avant la nuit, il avait déjà terminé le procès de 50 accusés, "et condamné à mort 21 individus? Dirai-je comment aux cachots et aux supplices l'infatigable vengeance fit succéder ces ⚫longues vexations, ces exils multipliés, d'autant plus odieux qu'ils frappaient les citoyens les plus paisibles? Rappellerai-je ces arrêtés qui se terminaient par cette formule si expéditive: Sera livré à la commission militaire, condamné à la peine de mort, sa maison rasée: monument épouvantable d'une fureur qu'on ne peut expliquer, et dont il faut aller chercher l'horrible

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modèle dans ces anathèmes qui, »en 1793, couvrirent de ruines >>et inondèrent de sang Lyon, cette cité antique et célèbre, où »les richesses d'un commerce im>> mense ne portèrent jamais at» teinte à l'éclat d'un grand courage et à l'héroïsme d'un noble dévouement? Qui ne se demande »si nous citons des faits advenus »sous le régime constitutionnel? »Par quelle fatalité fit-on sur Gre»> noble l'essai déplorable de me»sures acerbes si outrageantes pour » la majesté du trône, au noni du»quel on avait l'audace de les adop»ter? La machine aux complots » n'est-elle donc pas usée et brisée?

les débris n'ont-ils pas été jetés » dans le Rhône et dans l'Isère ? Le »premier, le plus sûr moyen de »prévenir les excès que les minis tres affectent de craindre, est d'é>>viter surtout de laconiques, de sanglans messages à nos télégra»phes. » Nous nous sommes laissés entraîner à citer plusieurs mor-ceaux de ce discours, qui, prononcé d'une voix forte et émue, produisit la plus vive sensation dans toutes les parties de la salle. M. Sapey, dans la séance du 10 juillet 1821, parla sur le budget des recettes et de l'exercice de 1820; il proposa de substituer au projet de dégrèvement du ministère un autre projet plus juste, plus conforme à la charte et plus avantageux aux contribuables, dont il a constamment cherché à adoucir le sort. Ce député s'est toujours montré ennemi de l'arbitraire, des abus, et partisan des économies, et s'il a cessé, en 1824, de faire partie de la chambre, il ne faut l'attribuer qu'aux efforts inouis des agens de

l'autorité, qui, après avoir distrait son canton de son arrondissement, convoqué son collège dans un lien qui aurait été inaccessible sans la fonte inattendue des neiges, introduisirent la gendarmerie dans l'assemblée, pour en expulser les amis de M. Sapey, qui demandaient à voter secrètement, c'est-à-dire l'exécution de la loi. M. Sapey a trouvé dans l'estime générale dont il jouit, la récompense de son honorable conduite et de sa constance à défendre les prérogatives du trône et les libertés nationales. Comme orateur et comme citoyen, il est digne du département de l'Isère, dont les suffrages se portent à l'envi sur lui chaque fois qu'ils sont libres; il en est d'autant plus digne, qu'il a toujours préféré à la carrière lucrative des places, celle de député au corps-égislatif.

SAPINAUD (N.), général vendéen, membre de la chambre des députés, etc., d'une famille noble du Poitou, fut d'abord officier dans le régiment de Foix. Il prit part, en 1793, à l'insurrection des départemens de l'Ouest, suivit l'armée royaliste au-delà de la Loire, et fut obligé de repasser ce fleuve en 1794. Rassemblant alors quelques paysans, il joignit avec eux Charette, qui lui donna le commandement d'une division du centre. La bonne intelligence ne subsista pas long-temps entre ces deux chefs; ils se séparèrent, et M. Sapinaud s'attacha à Stofflet; mais ayant signé, en 1795, de concert avec Charette, une capitulation à laquelle accédèrent les représentans du peuple, il mécontenta Stofflet au point que celui-ci marcha contre

lui. M. Sapinaud ne crut pas devoir l'attendre; il se réunit à Charette, abandonnant ses bagages au pillage des soldats de Stofflet. Il parut un instant, en 1796, vouloir reprendre les armes, mais cette résolution n'eut pas de suites; il resta étranger à l'insurrection

de 1799. Retiré à cette époque au sein de sa famille, près de Mortagne, il y vécut tranquille jusqu'à la première restauration, en 1814. Il vint alors à Paris, et y reçut du roi le grade de lieutenant-général. Les événemens du 20 mars 1815 lui remirent les armes à la main; il commanda le 2° corps de l'armée vendéenne, et sigua bientôt, de concert avec MM. d'Autichamp et de Suzannet, l'arrêté de Falleron. Après la mort de M. de La Rochejaquelein, arrivée le 4 juin 1815, M. Sapinaud devint général en chef de l'armée vendéenne, titre qu'il ne conserva que jusqu'au 26 juin suivant, époque où finirent ses fonctions et les hostilités, par le traité qu'il signa avec le général Lamarque. M. Sapinaud a reçu, en 1814, du roi d'Espagne, l'ordre de Saint-Charles de 1r classe, et fut nommé, le 3 mai 1816, commandeur de l'ordre royal de Saint Louis. Élu, en 1822, par le département de la Vendée à la chambre des députés, il subit la dissolution de 1823, et fut réélu à la chambre septennale de 1824.

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SAPORITI (LE MARQUIS MARCEL DE), l'un des plus riches propriétaires de la Lombardie, est né vers 1768, à Gênes, où résidaient son père et son aïeul paternel, qui y occupèrent la place

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