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sa confiance. En 1805, ee fut lui qu'il envoya auprès de l'empereur de Russie, ayant et après la bataille d'Austerlitz. En 1806, il accompagna Napoléon en Prusse. Après la bataille d'Iéna, le général Savary eut le commandement d'un corps de flanqueurs, destiné à empêcher la réunion des corps épars de l'armée ennemie ce fut alors qu'il fit capituler en rase campagne, et malgré une artillerie formidable, le corps du général Urdoin, qui devint son prisonnier. L'empereur, de plus en plus satisfait du zèle et de la capacité du général Savary, l'envoya de Berlin commander le corps qui devait entreprendre le siége des deux places de Hamelin et de Wienbourg, sur le Weser, qu'il fit capituler toutes deux, et dont les garnisons, fortes ensemble de 15,000 hommes, se rendirent prisonnières de guerre. Cette expédition ainsi terminée, il rejoignit l'empereur à Varsovie. Au mois de janvier 1807, lorsque se préparaient les mouvemens de l'armée francaise, pour aller livrer la bataille d'Eylau, Napoléon envoya le général Savary commander le 5 corps de la grande-armée à la place du général Lannes, atteint d'une grave indisposition. Il avait ordre d'observer avec le 5° corps, tous les mouvemens des troupes autrichiennes rassemblées en Gallicie sur le Bug, de couvrir Varsovie, de maintenir la communication de la grande-armée avec cette ville, et enfin d'empêcher la réunion du corps russe, qui formait la gauche de l'armée ennemie, avec le centre de cette armée, contre lequel l'empereur di

rigeait son mouvement. La bataille d'Eylau trahit en partie les espérances qu'on avait conçues : la victoire fut chèrement achetée, et l'armée française ne put conserver sa position que huit jours après le gain de la bataille, vu le besoin de subsistances, qui l'obligea à se retirer derrière la Passarge. Dans sa marche, elle fut débordée par

des multitudes de Cosaques. Le corps d'armée russe, qui formait la gauche, et qui était opposé au 5 corps, eut ordre de se porter sur Varsovie, pour intercepter les communications de l'armée française. Le général Savary marcha à la rencontre des Russes, leur livra bataille à Ostrolinka, le 16 février 1807, les battit complètement, et les força à la retraite. Cette action lui valut le grand-cordon de la légion-d'honneur. Au mois de juin suiyant, l'empereur le fit remplacer par le maréchal Masséna dans le commandement du 5 corps, et lui donna celui d'une brigade d'infanterie de la garde impériale, à la tête de laquelle il combattit à Heilsberg et à la célèbre bataille de Friedland. Ce fut après s'être éminemment distingué pendant cette campagne que l'empereur lui conféra le titre de duc de Rovigo. II lui confia aussi le gouvernement de la Vieille-Prusse, alors occupée par les troupes françaises. Après la conclusion du traité de paix de Tilsitt, le 8 juillet 1807, le duc de Rovigo fut envoyé à Petersbourg, auprès de l'empereur Alexandre, et resta pendant sept mois chargé des affaires de France en Russie. Il parvint pendant cette mission à rétablir entre les

deux empires toutes les relations amicales qui avaient été interrompues depuis 1804, et par suite des nouvelles et intimes liaisons politiques formées alors entre la France et la Russie, cette dernière puissance déclara la guerre à la Suède et à l'Angleterre. Le duc de Rovigo, rappelé en 1808 de Pétersbourg,, où il fut remplacé par le duc de Vicence, nommé ambassadeur de France, fut envoyé par Napoléon en Espagne, après la révolution d'Aranjuez, à la suite de laquelle le roi Charles IV avait été contraint d'abdiquer. Après la cession de la couronne d'Espagne au frère de l'empereur, le duc de Rovigo obtint le commandement en chef des troupes françaises, et eut de plus la présidence de la junte espagnole de Madrid jusqu'à l'arrivée du nouveau souverain. Alors il rejoignit Napoléon, qu'il accompagna aux conférences d'Erfurt, retourna en Espagne avec lui, et en revint de même, pour l'ouverture de la campagne de 1809 contre l'Autriche. Les troupes autrichiennes avaient commencé les hostilités par une irruption en Bavière, et Napoléon, arrivant sur le Danube, trouva le roi et toute la cour retirés à Dillingen. Il se porta alors immédiatement par Donawerth sur Ingolstadt, pour se mettre en communication avec le corps d'armée du maréchal Davoust, que, par une fausse interprétation de ses ordres, on avait laissé à Ratisbonne. Ce corps, par sa position, était environné de dangers imminens depuis que l'armée principale des Autrichiens avait forcé l'armée bavaroise à se retirer derrière A

bensberg, et à abandonner ainsi la communication avec Ratisbonne. L'empereur chargea le duc de Rovigo de tenter à tout prix de pénétrer jusqu'au maréchal Davoust, de lui donner connaissance de son arrivée à l'armée, et de lui intimer l'ordre de venir le rejoindre, en laissant toutefois à Ratisbonne des forces suffisantes pour défendre le pont sur le Danube. Le succès de cette mission, qu'il fallait nécessairement risquer, paraissait presque impossible, et il y avait si peu d'apparence que celui qui en était chargé échappât à l'ennemi, que le maréchal Lefevre, qui commandait les Bavarois à Abensberg, fit quelques difficultés de donner l'ordre d'ouvrir les portes de cette place au duc de Rovigo, lui montrant les vedettes autrichiennes occupant déjà à quatre cents pas de la ville, la route qu'il aurait à prendre. Pénétré de l'importance de sa mission, et sans se laisser intimider par les obstacles, le duc de Rovigo ne demanda qu'un détachement de cent cavaliers choisis, qui lui furent aussitôt fournis par le régiment du prince royal de Bavière. Il sort d'Abensberg, fait charger par la moitié de son détachement tout ce qui se trouve sur la route, tandis qu'avec le reste il se jette dans les bois qui bordent le Danube, les traverse sans bruit, et arrive en côtoyant les ennemis, jusqu'à Ratisbonne. Le maréchal Davoust en était parti le matin même pour marcher contre la grande armée ennemie, qui s'était déjà placée entre les Bavarois et lui. Le duc de Rovigo, après avoir donné au commandant

de Ratisbonne la partie des ordres qui le concernaient, courut en toute hâte joindre le maréchal Davoust, qui était déjà aux prises avec l'ennemi, lui communiqua les ordres dont il était porteur, et revint peu de temps après rendre compte de sa mission à l'empereur, auquel on venait de rapporter que son aide-de-camp avait été pris par l'ennemi. Après la bataille d'Eckmühl, Napoléon marchant sur Vienne, apprit à SaintPolten que les Autrichiens avaient conservé le pont de Kremms, sur le Danube, dans l'intention de menacer sa ligne d'opération. Il envoya pour détruire ce pont, le duc de Rovigo avec un régiment d'infanterie, unc brigade de cuirassiers et une compagnie d'artillerie; mais dès le second coup de canon qui leur fut tiré, les ennemis mirent eux-mêmes le feu au pont, et se retirèrent. Il fit le reste de la campagne auprès de l'empereur, qui le distinguait en toutes occasions, et l'honorait d'une bienveillance particulière. Le 3 juin 1810, Napoléon lui confia le ministère de la police, qu'il remplit jusqu'au mois de mars 1814. La faveur dont jouissait le duc de Rovigo auprès du chef de l'état, Ani avait depuis long-temps suscité de nombreux ennemis. Les partisans du ministre dépossédé (Fouché, duc d'Otrante) en accrurent alors la masse, et son successeur devint souvent 'objet des imputations les plus calomnieuses. Parmi les actes de rigueur qui marquèrent cette époque, on n'en cite cependant aucun qui émanât de la seule volonté du duc de Rovigo, et plusieurs personnes, dont

quelques-unes appartenaient à l'ancienne classe privilégiée, et qui s'étaient graveinent compromises par leurs imprudences, curent à se louer des services signalés qu'il leur rendit. Quelque active et sévère que fût la surveillance du ministre de la police générale, ainsi que celle du préfet de police de Paris, M. Pasquier, le complot audacieux du général Mallet, trainé dans l'intérieur des prisons, échappa aux investigations des nombreux agens de ces polices. Les conjurés étaient restés fidèles au secret, et par un événement presque inouï en France, il ne se trouva pas dans leur nombre un seul délateur. A 7 heures du matin, le duc de Rovigo fut arrêté dans son lit par les généraux Lahorie et Guidal (voy. ces noms), et conduit à la prison de la Force, où sa détention ne dura cependant que quelques heures. Le complot échoua comme on sait, et les chefs furent fusillés. En 1814, le duc de Rovigo fit partie du conseil de régence. Après l'abdication de l'empereur, il vécut éloigné des affaires jusqu'au retour de ce prince de l'île d'Elbe. Napoléon le nomma alors pair de France, et premier inspecteur de la gendarnierie. Après les cent jours, en 1815, lorsque Napoléon quitta Paris, le duc de Rovigo partit avec lui dans sa voiture pour lui servir de garde, l'accompagna sur le Bellerophon, mais en fut séparé lors du départ pour Sainte-Hélène. Au mépris du droit des gens, et sans que rien pût légitimer une pareille rigueur, le duc de Rovigo fut conduit par les Anglais prisonnier à Malte, où il resta enfermé pendant sept mois,

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dans le fort du Lazareth. Il parvint enfin à s'en évader, et se retira à Smyrne, où il apprit qu'il avait été condamné à mort par un conseil de guerre à Paris. Il quitta Smyrne, et passa en Autriche, d'où il se borna à demander au gouvernement français l'autori sation de retourner vivre paisiblement à Smyrne; mais sa tranquillité y ayant été compromise, il quitta de nouveau cette ville, et s'embarqua pour l'Angleterre, où il arriva en juin 1819. Il en partit en décembre de la même année, sans avoir fait part de son projet à personne, et s'étant embarqué à Douvres, il prit terre à Ostende, d'où il vint audacieusement à Paris demander justice. Acquitté à l'unanimité le 27 décembre 1819, par le premier conseil de guerre de Paris, il fut, par suite de ce jugement, rétabli dans ses grades et honneurs. Depuis ce temps le duc de Rovigo a été mis à la retraite. Un mémoire qu'il a publié en 1824, sur la catastrophe funeste du duc d'Enghien, a donné lieu à divers écrits, dont aucun n'a pu soulever encore le voile épais qui couvre les causes premières de ce déplorable événement. Il y a tout lieu de croire cependant que le jour où ce voile sera complèteinent déchiré ne tardera pas à luire.

SAVARY, colonel du 14" régiment de ligne, officier de la lé gion-d'honneur, frère du précédent, entra comme lui, dès sa jeunesse, dans la carrière des armes, et dut ses grades à la valeur et aux talens militaires qu'il déploya pendant toutes les campagnes de la révolution. Il se distingua en

suite particulièrement à la bataille d'Iéna, et fut tué au passage de la Wakra, de deux coups de lance, qu'il reçut en chargeant l'ennemi à la tête de ses grenadiers. Napoléon, en déplorant la perte de cet officier distingué, ajouta : « Il était bien digne de commander un aussi brave régi

ment. »

SAVARY (DANIEL), contre-amiral, commandant de la légiond'honneur, ancien chevalier de Saint-Louis, naquit à Salles, province d'Aunis, le 2 février 1743. Il s'embarqua, en 1757, sur les vaisseaux du roi jusqu'à la paix avec l'Angleterre, en 1762. Dèslors il navigua pendant 15 ans sans interruption sur des bâtimens de commerce, dans les mers de l'Inde et de la Chine. En 1778, la guerre s'étant de nouveau déclarée, il préféra le service de son pays à l'achèvement de sa fortune. Nommé enseigne de vaisseau, il accompagna M. de Suffren dans les mers de l'Inde, se distingua plusieurs fois, fut blessé, sollicita et obtint d'être employé aux opérations de terre du siége de Trioquemalay. Lieutenant au retour de cette campagne, il en fit encore plusieurs autres, et fut nommé chevalier de Saint-Louis en 1788. En 1791, étant parti de Rochefort, en qualité de second sur la frégate la Nereide, il l'a sauva d'un naufrage presque certain, par sa présence d'esprit et l'intrépidité de ses ressources. Capitaine de vaisseau en 1792, et commandant une station en rivière de Nantes, il rendit, au milieu des partis armés, les plus grands services à la cause de l'humanité : la conven

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tion nationale décréta à cette occasion qu'il avait bien mérité de la patrie. Après divers autres commandemens, il eut, en 1793, à Toulon, celui de la deuxième division d'une escadre de 15 vaisseaux; il montait le Languedoc, surnommé ensuite la Victoire, qui se mesura seul à seul, et successivement, avec tous les vais, seaux de l'escadre anglaise; résista à trois d'entre eux, qui l'attaquerent à la fois, et rentra dans Toulon, tout désemparé, après un combat de 5 heures et demie. Nom: mé chef de division, il prit, en l'an 6. le commandement d'une division de 3 frégates, partant de Rochefort, pour porter en Irlande le général Humbert et ses troupes, de expédition qui réussit parfaitement, et qu'il recommença immé diatement après. Se trouvant, au moment de son second retour en France, bloqué avec ses 3 frégatcs. dans la baie de Kilala, par 3 vaisseaux de ligne anglais, et ne pouvant les éviter, il les sépara par d'habiles manœuvres, les attaqua successivement, mit l'un d'eux hors de combats, et ramena sa petite division saine et sauve à Rochefort, après avoir traversé quatre fois les stations ennemies qui bloquaient ce port. En l'an jo, il monta le vaisseau le Héros, dans l'expédition contre SaintDomingue; il fut chargé de diver ses missions délicates, et combat tit les forts de Saint-Marc jusque dans le fond de la baie de ce nom. Contre-amiral en l'an 10, il commanda plus tard une des divisions de la flottille de Boulogne, et mou rut le 21 novembre 1808. Il avait servi pendant plus de 50 années,

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et assisté à plus de trente combats, sans avoir jamais baissé le pavillan français devant l'ennemi.

SAVARY (LOUIS-JACQUES), exlégislateur, habitait la ville d'Evreux, lorsqu'il fut nommé, au mois de septembre 1792, par le département de l'Eure, député à la convention nationale. Ami du nouvel ordre de choses, il ne sc laissa point entraîner à la funeste exagération du temps, et signala plus particulièrement ses principes dans le procès du roi, en votant la détention jusqu'à la paix et la sanction du peuple, sauf les mesures à prendre en cas d'inyasion: il vota aussi en faveur de l'appel et du sursis. L'un des opposans au parti de la Montagne, il se prononça contre le coup d'état du 31 mai 1793, et signą la protestation du 6 juin suivant. Décrété d'arrestation, il parvint à se soustraire aux recherches faites de sa personne et fut mis hors la loj. La révolution du 9 thermidor an 2 (27 juillet 1594) lui valut à la fois la liberté de reparaître, la révocation du décret de mort et son rappel à l'assemblée, dont il devint secrétaire au mois de juillet 1795. Il prit part à la discussion de plusieurs articles de l'acte constitutionnel, et, comme organe du comité de législation, il présenta un rapport sur les nombreux abus auxquels donnait lieu le discrédit du papier-monnaie. Envoyé avec Lefebvre en mission dans la Belgique, il entra à son retour au conseil des cinq-cents, qu'il quitta, par démission, au mois de novembre de la même année. Après avoir rempli les fonc

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