ni, frappé de la facilité avec laquelle ce jeune homme traduisait en vers improvisés quelques odes d'Horace, s'intéressa à ses progrès, et prit soin de son éducation. M. de Thomasis entra au barreau, où il fut moins occupé des débats judiciaires que de l'influence des lois sur le sort et les mœurs des nations. La révolution française attirait déjà les regards des hommes instruits sur les affaires publiques, et les vœux des anis de la justice se confondaient avec les désirs des bons citoyens, qui n'aspiraient qu'à relever leur pays de l'état d'avilissement où l'avait jeté l'incapacité d'un ministre étranger (voy. ACTON.) M. de Thomasis avait trop d'instruction pour demeurer indifférent à ce grand mouvement social; mais sans ambition et sans intrigue, il obéit volontiers à la voix de sa mère, qui le rappelait en province, pour l'éloigner de la contagion des idées politiques. C'est ainsi qu'il put se soustraire aux malheurs arrivés à Naples après la chute de la république, dont il n'eut qu'à pleurer les victimes. Renfermé dans les devoirs de la vie privée, il attendit au sein de sa famille, le moment favorable pour déployer les vertus du citoyen. Le royaume de Naples ne tarda pas à retomber sous la domination étrangère le droit de conquête avait fait passer la couronne des Bourbons sur la tête d'un frère de Bonaparte. Le premier soin du nouveau roi fut d'appeler autour de lui ceux qui, parleur réputation et par leurs lumières auraient pu contribuer à opérer les réformes nombreuses qu'il se proposait de faire dans les différentes branches de l'administration. En 1806, M. de Thomasis fut nommé sous-préfet de Sulmone, et l'année suivante il obtint la préfecture de la Calabre ultérieure, avec le titre de maître des requêtes au conseil-d'état. Il fut ensuite chargé du partage des domaines nationaux dans les Abruzzes, et à son retour de cette importante commission, il se vit élevé au rang de conseiller de la cour de cassation, et enfin à celui de procureur-général de la grande cour des comptes. En 1820 le roi le choisit pour l'envoyer dans la Sicile, à laquelle on voulait donner un nouveau système d'administration. Les événemens survenus dans cette île obligèrent M. de Thomasis de regagner Naples, où il prit successivement les portefeuilles de la marine et de l'intérieur. Au retour du roi de Leybach, il crut n'avoir pas mérité de perdre sa place de procureur-général, dont il reprit les fonctions; mais appelé à paraître devant une junte d'état pour rendre compte de sa conduite sous le gouvernement constitutionnel, il préféra plutôt renoncer à ses emplois que de les conserver en subissant un jugement honteux. Ce sentiment de fierté lui était inspiré par la régularité de sa conduite, et par les importans services rendus à l'état. On peut presque dire que depuis 1808 jusqu'à 1820, il n'y a pas eu de commission judiciaire ou administrative à laquelle M. de Thomasis n'ait appartenu. Il a été président du conseil des contributions directes, membre de ceux de l'intendance militaire et de la Mon naie; chargé de la formation des budgets de la province de Naples; de l'examen des projets pour le dessèchement de Castel-Volturno et du lac Fucino; de la réforme de l'administration civile, et du système, de perception des impôts, etc. Les résultats permanens de tant de travaux sont: 1° un canal d'irrigation rétabli après vingt siècles d'abandon, au travers des campagnes de l'ancienne Corfinium, et qui, en servant aux besoins de l'agriculture, a puissamment contribué à améliorer la condition et les mœurs des habitans de ce pays. L'ouvrage fut achevé, en peu de temps, aux frais de quatre capitalistes, qui furent remboursés par le produit du canal même; 2° un nouveau village nommé Ateleta, bâti sur les bords du Sangro, pour ouvrir un asile. à 600 misérables, qui depuis un demi-siècle erraient sans patrie et sans loi, dans les forêts voisines; 3° le partage des vastes domaines nationaux et féodaux des trois Abruzzes, qui par cette opération, s'enrichirent de 30,000 nouveaux propriétaires; 4° l'ouverture d'un autre canal d'irrigation pour les campagnes de San Demetrio, dans la province de l'Aquila, que la prépotence de quelques familles avait pendant un siècle privée de ce bienfait; 5° la méthode normale introduite pour la première fois dans les Calabres, et plusieurs établissemens d'éducation primaire, fondés ou encouragés à Tropea, à Catanzaro, à Reggio,etc.;6° la magnifique route entre Tropea et Monteporo, continuée par ses successeurs, et plusieurs chemins vicinaux en Cala bre et dans les Abruzzes; 7° toutes les grandes questions de droit public, élevées depuis 1815 jusqu'en 1820, terminées et résolues par le gouvernement d'après les avis de ce magistrat: telles que les controverses sur la garantie exigée des fonctionnaires publics; sur la responsabilité des chefs d'administration; sur la ligne de démarcation entre le pouvoir judiciaire, et le contentieux administratif, etc.; 8o enfin, l'exemple de sa droiture, de son impartialité et de son amour pour l'ordre et pour le bien public. On a reproché à M. de Thomasis d'avoir été l'auteur du message adressé au parlement de Naples, le 8 décembre 1820, et par lequel le roi désavouait ce qu'il avait exprimé dans celui du jour précédent, en des termes peu convenables pour le chef d'un état. Nous aimons à croire M. de Thomasis innocent de cette inculpation. Il a trop d'instruction pour ne pas sentir que dans les temps d'orages politiques le pouvoir qui s'abaisse est bientôt renversé, et que la seule manière de le fortifier contre les empiétemens populaires, c'est. de le placer dans l'impuissance de nuire, et de l'engager à suivre avec fermeté le sentier de la justice et de l'honneur. THOMASSIN (JEAN-FRANÇOIS), ancien officier de santé de première classe aux armées, correspondant de l'institut (académie royale des Sciences), membre des académies de Besançon, Dijon, etc., officier de la légion-d'honneur, est né à Rochefort près de Dôle, département du Jura, vers 1750. Il a professé long-temps la chirurgie à Besançon, et est ancien médecin de l'hôpital de cette ville. M. Thomassin est connu à la fois comme excellent praticien et comme écrivain distingué dans son art. Ses principaux ouvrages sont: 1 Dissertation sur le charbon de Bourgogne, ou la pustulè maligne, mémoire couronné par l'académie de Dijon in-8°, Besançon, 1782; deuxième édition; 2° Observations sur quelques points de la structure de l'œil, relatives à l'extraction d'une cataracte membraneuse, in-8°, Francfort; 3° Précis sur l'abus de la compression, et l'avantage des contre-ouvertures, dans le traitement des abcès et des ulcères caverneux, in -8°, Strasbourg, 1786; 4° Dissertation sur l'extraction des corps élrangers des plaies, et spécialement de celles faites par les armes à feu, in-8°, fig., Strasbourg, 1788; 5° Description abrégée des muscles, avec deux nouvelles nomenclatures, rédigée en faveur des élèves, in-8°, Besançon, an 7 (1800.) Il a publié une édition de l'ouvrage de J. Covillard, intitulé: Observations iatro-chirurgiques pleines de remarques curieuses, etc., in-8°. fig., Strasbourg, 1791. M. Thomassin a fourni différens mémoires et observations à l'ancienne académie royale de chirurgie, qui lui décerna successivement quatre médailles en or. THOMSON (WILLIAM), historien écossais, naquità Perth-Shire en Ecosse, vers 1746. Sans fortune, il eût été privé des bienfaits de l'éducation, et les lettres auraient été privées d'un historien exact et judicieux, si le comte de Kinnoul, riche seigneur, ami des lettres, ne se le fût attaché, et ne lui eût fourni les moyens de faire des études qui le portèrent à embrasser l'état ecclésiastique. Il devint par la suite docteur de l'université de Glascow. Thomson se fixa à Londres et s'y occupa presque exclusivement de travaux littéraire, soit comme journaliste, soit comme correcteur d'une foule d'écrits qui furent publiés sous différens noms, soit enfin comme auteur. Il écrivit dans presque tous les genres: théologie, histoire, métaphysique, droit public, etc., etc. Comme écrivain politique, il rendit compte dans les journaux, des débats du parle¬ inent; malheureusement la néces sité cù il se trouvait de soutenir une famille nombreuse fit souvent tort à son indépendance. Quoi qu'il en soit, il n'y a généralement qu'une opinion sur son mérite, comme historien, de la continuation de l'Histoire de Philippe III, et de la continuation de l'Histoire de la Grèce, depuis Alexandre-le-Grand- jusqu'à la prise de Constantinople. Le doc teur Thompson mourut à Londres en 1819, dans la 71° année de son âge. THOUIN (ANDRÉ), né au Jardin du Roi, en février 1747, était fils du jardinier en chef de cet établissement. De génération en génération, cette place s'était transmise dans sa famille. Une ardeur infatigable pour les travaux de l'agriculture, un zèle étonnant et beaucoup d'intelligence, signalaient déjà le jeune Thouin à l'attention de Buffon et à celle de Bernard de Jussieu. Tous deux présagèrent ses talens; dirigèrent son éducation, et pré- que sont dus les documens les eût établis au Jardin du Roi. Le simple jardinier s'y instruisait des pratiques les plus simples de son état; le riche amateur prenait le goût d'une occupation si utile, et le cercle de nos richesses agricoles ne cessait de s'agrandir. Envoyé en 1795 en Hollande, en Flandre et en Italie, pour y choisir les monumens que nos conquêtes devaient faire entrer en France, il se livra peu à ces devoirs étrangers à ses habitudes; mais il étudia les pratiques agricoles de ces différens pays, d'où il rap, porta diverses plantes, et fit un utile emploi des connaissances nouvelles que cette mission singulière lui avait donné l'occasion d'acquérir. Il est infiniment à regretter qu'André Thouin n'ait pas publié ses voyages et mis en ordre les notes pombreuses qu'il avait recueillies. Une correspondance étendue, des travaux de toute espèce occupaient tous ses momens. Il avait fourni à l'Encyclopédie méthodique tout ce qui concerne le jardinage. On lui doit une excellente Monographie des greffes, une Instruction sur l'établissement des pépinières, une Description de l'École des arbres fruitiers, et un très-grand nombre d'excellens Mémoires sur toutes les parties de l'agriculture. Membre de toutes les sociétés savantes de l'Europe et de la légion d'honneur, il se décorait d'un scul titre, et se nommait avec orgueil à la tête de ses ouvrages, Professeur de culture. Ami de Jean-Jacques Rousseau et de Malesherbes, il avait conservé toute la simplicité de mœurs que ces grands homines avaient admirée T. XIX. chez le simple jardinier, et toutes les vertus secrètes qui s'attachent ordinairement aux mœurs sans faste. Sa bienfaisance et sa générosité furent égalées par sa bonhomie, sa candeur et la facilité de son commerce. Il mourut an Jardin du Roi, où il était né, le 27 octobre 1824: homme rare, qui vécut pendant une révolution et chez un peuple corrompu, sans soupçonner même la perversité qui l'entourait. THOURET (J.CQUES GUILLAUE), naquit à Pont-Lévêque, le 30 avril 1746 (et non pas au mois d'août, comme le disent les autres biographies), de Guillaume Thouret, notaire, et de Marie SainteDomin. Il montra dès l'enfance les plus heureuses dispositions; un esprit avide de connaissances, un jugement sain, une forte mémoire. Il fit d'excellentes études à l'université de Caen. Après avoir achevé ses humanités, il résolut de chercher dans le barreau le chemin de la gloire et de la fortune. Il étudia sans relâche le droit romain, et conçut le projet d'apprendre par cœur les Pandectes de Pothier, qui forment 3 volumes in-fol.; it apprit tout le premier volume, et ces lois, qu'il avait fait entrer dans sa mémoire par un vigoureux effort, n'en sortirent jamais. Il débuta au bailliage de Pont-Lévêque, à l'âge de 19 ans. Le bailli, charmé de l'éloquence du jeune orateur, lui dit: M. Thouret, vous ne resterez pas long-temps parmi nous. Il faut de grands théâtres aux hommes supérieurs; mais Thouret ne voulut quitter sa petite ville qu'après avoir perfectionné son talent par de longues études. Non-scule 50 |