Trembler le plus ferme cœur; IV. ENTRÉE DE BALLET. Les bargers & les bergeres de la fuite de Dorilas ap plaudiffent à fes chants en danfant autour de lui. TIRCIS. D Nous voyons la gloire effacée ;. V. ENTRÉE DE BALLET. Les bergers & les bergeres du côté de Tircis recommen Loves cent leurs danses: DORILA S. OUIS fait à nos tems, par fes faits inouis, Croire tous les beaux faits que nous chante l'histoire Des fecles évanouïs; Mais nos neveux, dans leur gloire, Tous les beaux faits de LOUIS. VI. ENTRÉE DE BALLET. Les bergers & bergeres du côté de Dorilas recommen cent auffi leurs danses. VII. ENTRÉE DE BALLET. Les bergers & les bergeres de la fuite de Tireis & de Dorilas, fe milent & danfent ensemble. FLORE, PAN, DEUX ZEPHIRS, danfans, CLIMENE, DAPHNE, TIRCIS, DORILAS, FAUNES, danfans, BERGERS & BERGERES chantans & danfans. LAISSEZ, PAN. laiffez, Bergers, ce deffein téméraire, C'est donner trop d'effor au feu qui vous infpire; Point de mots affez grands pour en tracer l'image; Qui doit louer fes exploits. Ne fongez qu'à fes plaifirs. Laissons, laissons là fa gloire, Bien que pour étaler fes vertus inmortelles, Ne laiffez pas tous deux de recevoir le prix. LE MALADE IMAGINAIRE, ACTE PREMIER. Le théatre repréfente la chambre d'Argan. SCENE PREMIERE. ARGAN affis, ayant une table devant lui, comptant avec des jettons les parties de fon apoticaire. TROIS & deux font cinq, & cinq font dix, & dix font vingt. Trois & deux font cinq. Plus, du vingt-quatrième, un petit clyftere infinuatif, prépara tif, &rémolliant, pour amollir, hume&ter, &rafraî chir les entrailles de Monfieur. Ce qui me plaît de M. Fleurant mon apoticaire, c'eft que fes parties font toujours fort civiles. Les entrailles de Monfieur, trente fols. Oui, mais, M. Fleurant, ce n'est pas tout que d'être civil, il faut être auffi raifonnable, & ne pas écorcher les malades. Trente fols un lavement Je fuis votre ferviteur, je vous l'ai déja dit; vous ne me les avez mis dans les autres parties qu'à vingt fols, & vingt fols, en langage d'apoticaire, c'est-à-dire, dix fols; les voilà, dix fols. Plus, dudit jour, un bon clyftere déterfif, compofé avec catholicon double, rhubarbe, miel rofat, & autres, fuivant l'ordonnance, pour balayer, laver & nettoyer le bas-ventre de Monfieur, trente fols; avec votre permiffion dix fols. Plus, dudit jour, le foir, un julep hépatique, foporatif, fomnifere composé pour faire dormir Monfieur, trente-cinq fols; je ne me plains pas de celui-là, car il me fit bien dormir. Dix, quinze, feize, & dix-fept fols fix deniers. Plus, du vingt-cinquième, une bonne médecine purgative & corroborative, compofée de caffe récente avec féné Levantin, & autres, fuivant l'ordonnance de M. Purgon, pour expulfer & évacuer la bile de Monfieur, quatre livres. Ah, M. Fleurant, c'eft fe moquer, il faut vivre avec les malades. M. Purgon ne vous a pas ordonné de mettre quatre francs. Mettez, mettez trois livres, s'il vous plaît. Vinge & trente fols. Plus, dudit jour, une potion anodine & aftringente, pour faire repofer Monfieur, trente fols. Bon, dix & quinze fols. Plus, du vingt-fixiéme, un clyftere carminatif, pour chaffer les vents de Monfieur, trente fols. Dix fols, Elefant. Plus le clyftere de Monfieur, rettere fur le foir, comme deffus, trente fols. M. Fleurant, dix fols. Plus, du vingt-feptiéme, une bonne médecine, composée pour háter d'aller, & chaffer les mauvaifes humeurs de Monfieur, trois livres. Bon, vingt & trente fols; je suis bien-aise que vous foyez raisonnable. Plus, du vingt-huitième, une prife de petit lait clarifié & dulcoré, pour adoucir, lénifier, tempérer, & rafrai chir le fang de Monfieur, vingt fols. Bon, dix fols. Plus, une potion cordiale & préfervative, composée avec douze grains de bezoard, fyrops de limon & gre nade 2 & autres, fuivant l'ordonnance, cinq livres. Ah, Monfieur Fleurant, tout doux, s'il vous plaît, fi vous en ufez comme cela, on ne voudra plus être malade. contentez-vous de quatre francs, vingt & quarante fols. Trois & deux font cing, & cinq font dix, & dix font vingt. Soixante & trois livres quatre fols fix deniers. Si bien donc que, de ce mois, j'ai pris une, deux, trois, quatre, cinq, fix, fept & huit médecines; & un, deux, trois, quatre, cinq, fix, fept, huit, neuf, dix, onze & douze lavemens; & l'autre mois, il y avoit douze médecines, & vingt lavemens. Je ne m'étonne pas fije ne me porte pas fi bien ce mois-ci, que l'autre. Je le dirai à Monfieur- Purgon, afin qu'il mette ordre à cela. Allons, qu'on m'ôte tout ceci. (Voyant que perfonne ne vient, & qu'il n'y a aucun de fes gens dans fa chambre.) Il n'y a perfonne? J'ai beau dire, on me laiffe toujours feul; il n'y a pas moyen de les arrêter ici. (après avoir fonné une fonnette qui eft fur la table. ) Ils n'entendent point, & ma fonnette ne fait pas aflez de bruit. (après avoir fonné pour la deuxième fois.) Point d'affaire. ( après avoir fonné encore.) Ils font fourds. Toinette. (après avoir fait le plus de bruit qu'il peut avec fa fonnette.) Tout comme fi je ne fonnois point. Chienne, coquine. Voyant qu'il fonne encore inutilement. ) J'enrage. Drelin, drelin, drelin. Carogne, à tous les diables. Eft-il poffible qu'on laiffe comme cela un pauvre malade Drelin, drelin, drelin. Voilà qui eft pitoyable! Drelin, drelin, drelin. Ah, mon Dieu! Ils me laifleront ici mourir. Drelin, drelin, -drelin. SCENE I I. ARGAN, TOINETTE. TOINETTE en entrant. ON y va, ARGAN. |