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vais difpofer tout mon monde au diyertiflement que je vous ai promis.

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LA COMTESSE, JULIE, ANDREÉ, & CRIQUET dans le fond du théatre,

LA COMTESSE.

AH, mon Dieu! Madame, vous voilà toute feu

fe? Quelle pitié eft-ce-là? Toute feule! Il me femble que mes gens m'avoient dit, que le Vicomte étoit ici.

JULIE.

Il est vrai qu'il y eft venu; mais c'eft affez pour lui de favoir que vous n'y étiez pas, pour l'obliger à fortir. LA COMTESSE.

Comment, il vous a vue?

JULIE

Qui,

LA COMTESSE.

Et il ne vous a rien dit?

JULIE.

Non, Madame; & il a voulu témoigner par-là qu'il eft tout entier à vos charmes.

LA COMTESSE.

Vraiment, je le veux quereller de cette action. Quelqu'amour que l'on ait pour moi, j'aime que ceux qui m'aiment, rendent ce qu'ils doivent au fexe; & je ne fuis point de l'humeur de ces femmes injuftes, qui s'applaudiffent des incivilités que leurs amans font aux autres belles.

JULIE.

Il ne faut point, M dame, que vous foyiez furprise de fon procédé. L'amour que vous lui donnez éclate

dans toutes les actions, & l'empêche d'avoir des yeux que pour vous.

LA COMTESSE.

Je crois être en état de pouvoir faire naître une pafsion assez forte, & je me trouve pour cela affez de beauté, de jeunesse & de qualité, Dieu merci; mais cela n'empêche pas qu'avec ce que j'infpire, on ne puiffe garder de l'honnêteté & de la complaisance ( appercevant Criquet. )

pour les autres. Que faites-vous donc là, laquais ? Eft-ce qu'il n'y a pas une antichambre où fe tenir, pour venir quand on vous appelle? Cela eft étrange qu'on ne puifle avoir en province un laquais qui fa che fon monde. A qui eft-ce donc que je parle? Vou Jez-vous vous en aller là dehors, petit fripon?

SCENE III.

LA COMTESSE, JULIE, ANDRÉE.

LA COMTESSE à Andrée

FILLE, approchez.

ANDRÉE.

Que vous plaît-il, Madame?

LA COMTESSE.

Otez-moi mes coeffes. Doucement donc, maladroi te, comme vous me faboulez la tête avec vos mains pefantes.

ANDREE.

Je fais, Madame, le plus doucement que je puis.
LA COMTESSE.

Oui; mais le plus doucement que vous pouvez et
fort rudemment pour ma tête, & vous me l'avez dé-
boëtée., Tenez encore ce manchon, ne laiffez point
rainer
tout cela, & portez-lé dans nia garderobe.

Hé bien, où va-t-elle, où va-t-elle, que veut-elle faire, cet oifon bridé?

ANDRÉE.

Je veux, Madame, comme vous m'avez dit, porter cela aux garderobes.

LA COMTESSE.

( à Julie.) Ah, mon Dieu, l'impertinente! Je vous demande (à Andrée.)

pardon, Madame. Je vous af dit ma garderobe groffe bête, c'eft-à-dire, où font mes habits.

ANDRÉ E.

Eft-ce, Madame, qu'à la cour une armoire s'appelle une garderobe?

LA COMTESSE.

Oui, butorde; on appelle ainsi le lieu où l'on met

les habits.

ANDRE E.

Je m'en reffouviendrai, Madame, auffi-bien que de votre grenier, qu'il faut appeller gardemeuble.

SCENE I V.

LA COMTESSE, JULIE.

Qu

LA COMTESSE.

UELLE peine il faut prendre pour inftruire Ces animaux-là !

JULIE.

Je les trouve bienheureux, Madame, d'être fous vo tre difcipline.

LA COMTESSE.

C'est une fille de ma mere nourrice que j'ai mise à la chambre, & elle est toute neuve encore.

JULIE.

Cela eft d'une belle ame, Madame; & il eft glorieux de faire ainfi des créatures.

LA COMTESSE.

Alfons des fiéges. Holà, laquais, laquais, laquais. En vérité, voilà qui eft violent, de ne pouvoir pas avoir un laquais pour donner des fiéges. Filles, laquais, laquais, laquais, filles, quelqu'un. Je pense que tous mes gens font morts, & que nous ferons contraintes de nous donner des fiéges nous-mêmes.

SCENE V.

LA COMTESSE, JULIE,
ANDRÉE.

Qu

ANDRÉE.

UE voulez-vous, Madame?

LA COMTESSE.

Il fe faut bien égofiller avec vous autres.

ANDRÉE.

J'enfermois votre manchon & vos coëffes dans votre armoi.... dis-je dans votre garderobe.

LA COMTESSE. Appellez-moi ce petit fripon de laquais.

Holà, Criquet.

ANDRÉE.

LA COMTESSE.

Laiffez-là votre Criquet, bouviere ; & appellez 1 laquais.

ANDREE.

Laquais donc, & non pas Criquet, venez parler à Madame. Je pense qu'il est sourd, Criq....... Laquais, laquais.

SCENE

VI.

LA COMTESSE, JULIE, ANDRÉE,

LAIT-IL?

CRIQUET.

CRIQUET.

LA COMTESSE.

Où étiez-vous donc, petit coquin?

CRIQUET.

Dans la rue, Madame.

LA COMTESSE

Et pourquoi dans la rue?

CRIQUET.

Vous m'avez dit d'aller là-dehors.

LA COMTESSE.

Vous êtes un petit impertinent, mon ami, & vous devez favoir que là-dehors, en termes de perfonnes de qualité, veut dire, l'antichambre. Andrée, ayez foin tantôt de faire donner le fouet à ce perit friponlà, par mon écuyer; c'eft un petit incorrigible.

ANDRE E.

Qu'est-ce que c'eft, Madame, que votre écuyer? Eit-ce maître Charles, que vous appellez comme cela?

LA COMTESSE.

Taifez-vous, fotte que vous êtes, vous ne fauriez ouvrir la bouche, que vous ne difiez une imperti(à Criquet.) ( à Andrée. )

nence. Des fiéges. Et vous, allumez deux bougies dans mes flambeaux d'argent, il fe fait déja tard. Queft-ce que c'eft donc, que vous me regardez toute effarée ? ANDRÉE..

Madame .....

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