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deux genres et des deux nombres, avec l'article indéfini. Il signifie, au singulier, une personne ou une chose indéterminée ; et, au pluriel, un nombre indéterminé de personnes ou de choses, comme dans ces exemples: QUELQU'UN a-t-il jamais douté sérieusement de l'existence de Dieu ? L'Empereur Tite regardoit comme perdus les jours qu'il avoit passés sans faire plaisir ▲ QUELQU'UN. Je me servirai DE QUELQUES-UNS de vos livres. De toutes les propositions qu'on vous a faites, en avez-vous accepte QUELQUES-UNES?

Il est assez ordinaire d'entendre dire dans les conversations, Un quelqu'un, un quelque chose, Je sais celte nouvelle D'UN QUELQU'UN qui est bien instruit. Il manque UN QUELQUE CHOSE à ce tableau. Cette façon de parler est des plus basses et des plus vicieuses. Il faut absolument dire, Je sais cette nouvelle de quelqu'un qui est bien instruit. Il manque quelque chose à ce tableau.

CHACUN, qui fait au féminin chacune, se dit des personnes et des choses avec l'article indéfini, et n'a point de pluriel. Il signifie chaque personne ou chaque chose, et est pris plus ou moins généralement, suivant les circonstances où il est employé, comme dans ces exemples: CHACUN suit son inclination. Dieu rendra ▲ CHACUN selon ses œuvres. Au signal du pilote, les mateloss wont CHACUN à leurs fonctions. Les Tableaux des grands maîtres ont CHACUN leur mérite particulier. Remettez ces médailles CHACUNE en sa place. L'usage ne souffre plus que l'on dise, chacun.

,

un

AUTRUI ne se dit que des personnes. Il signifie, en général, les autres tant hommes que femmes, et on ne peut pas dire qu'il soit d'aucun genre, puisqu'il ne se joint jamais avec aucun adjectif. Il n'a pas de pluriel, et n'est proprement en usage qu'au génitif, au datif, et à l'ablatif,

avec l'article indéfini, comme dans ces exemples: Il ne faut pas insulter à la misere D'AUTRUÍ. Ne faites point A AUTRUI ce que vous ne voudriez pas qu'on vous fit. Il est toujours fácheux de dépendre

D'AUTRUI.

PERSONNE est tantôt pronom indéfini, et tantôt nom substantif. Dans l'une et dans l'autre signification, il ne se dit jamais des choses.

Quand il est pronom indéfini, il est du masculin sans pluriel, il se décline avec l'article indéfini. On l'emploie avec négation, ou sans négation.

un,

Etant accompagné d'une négation exprimée par ne, il signifie, nul homme, nulle femme, comme dans ces exemples: PERSONNE ne sait s'il est digne d'amour ou de haîne. Dieu ne veut la réprobation DE PERSONNE. La fierté ne convient A PERSONNE, etc. PERSONNE, sans négation, s'emploie ordinairement dans des phrases de doute, d'incertitude, ou d'interrogation, et peut se tourner par aucun ou quelqu'un comme dans ces exemples: Je doute que PERSONNE ait jamais mieux connu les hommes que la Bruyere. PERSONNE a-t-il jamais raconté plus naivement que La Fontaine ? Quand personne est substantif, c'est un nom commun qui signifie également l'homme et la femme. Alors il est du féminin ; il se dit au pluriel comme au singulier, et se décline avec l'article défini la, ou avec l'article une, comme quand on dit : J'ai vu la PERSONNE que vous m'avez envoyée. Je sais cette nou

velle D'UNE PERSONNE bien instruite. LES PERSONNES éclairées pensent comme vous. Les Princes s'en rapportent souvent A DES PERSONNES qui les trompent.

Quoique le substantif personne soit par luimême du féminin, cependant si, dans une phrase de quelque étendue, il se trouve au commencement, et qu'à une certaine distance il y ait quelques adjectifs, ou pronoms qui s'y rapportent, on peut mettre ces adjectifs, ou pronoms, au mas

culin, supposé que personne s'entende d'homme, comme dans cet exemple: Il n'est pas impossible qu'un homme seul découvre un très-grand nombre de vérités cachées aux siecles passés, supposé que CETTE PERSONNE ne manque pas d'esprit et qu'étant dans la solitude, ÉLOIGNÉ, autant qu'il se peut, de tout ce qui pourroit LE distraire IL s'applique sérieusement à la recherche de la vérité.

RIEN, considéré comme pronom indéfini, s'emploie avec négation, ou sans négation. Dans l'un et l'autre cas, il ne se dit que des choses. Il est du masculin sans pluriel, et se décline avec l'article indéfini.

Quand il est accompagné de la négation ne, il signifie nulle chose, comme dans ces exemples: RIEN ne doit empêcher un Chrétien de rendre témoignage à la vérité. Les Juifs ne pouvoient accuser Jésus-Christ DE RIEN qui méritát la mort. On est bien malheureux, quand on ne sait s'appliquer A RIEN de solide.

Quand rien est sans négation, il signifie aucune chose ou quelque chose, et il ne s'emploie guere que dans des phrases de doute, d'incertitude, ou d'interrogation, comme dans celles-ci : Je doute que RIEN soit plus capable de faire impression sur les hommes, que les miracles. Y a-t-il RIEN de plus admirable que la vertu de l'aimant?

RIEN est quelquefois purement substantif, et alors il signifie le néant il a un pluriel, et peut se décliner avec les articles le et un, le rien, un rien, des riens, etc.

L'UN, L'AUTRE, des deux genres, et des deux nombres, avec l'article défini, s'emploient conjointement ou séparément.

Quand ils sont employés conjointement, ils expriment un rapport réciproque entre plusieurs personnes ou entre plusieurs choses, c'est-à-dire,

ce que se font mutuellement plusieurs objets et alors le premier reste toujours au nominatif, et le second est toujours à un autre cas quelquefois précédé d'une préposition, comme dans ces exemples: Le feu et l'eau se détruisent L'UN L'AUTRE. Il est rare que deux Poëtes disent du bien L'UN DE L'AUTRE. Les peuples souffrent toujours de la guerre que les Princes se font LES UNS AUX AUTRES, Est-il édifiant de voir les Catholiques déchaînés

LES, UNS Contre LES AUTRES.

Quand l'un, l'autre, sont employés séparément, ils marquent division de plusieurs objets : comme quand on dit, en parlant de César et de Pompée L'UN combattoit pour se rendre maître de sa patrie, L'AUTRE pour en maintenir la liberté; et en parlant d'une compagnie de magistrats: L'ES UNS opinerent à la mort de l'accusé, et LES AUTRES à la mort de l'accusateur.

I L

QUELQUE, au singulier, marque une personne ou une chose indéterminée, et au pluriel un nombre indéterminé de personnes ou de choses. Il est des deux genres, et se décline avec l'article indéfini, comme dans ces exemples: QUELQUE AUTEUR a avancé que l'ame n'étoit pas immortelle. C'est le sentiment DE QUELQUES PHILOSOPHES qu'il y a du vuide dans la nature. On n'occupe guere les grands emplois, sans étre exposé A QUELQUES DISGRACES.

CHAQUE signifie une personne ou une chose prise séparément. Il est des deux genres, sans pluriel, et se décline avec l'article indéfini, comme dans ces exemples: CHAQUE SCIENCE a ses principes. On prenoit à Rome le suffrage DE CHAQUE CITOYEN pour l'élection des Magistrats. Une ration est ce qu'on donne de pain, ou d'autre nourriture, A CHAQUE SOLDAT.

CERTAIN, qui fait au féminin certaine, considéré comme pronom, signifie une personne ou une chose indéterminée, et se prend assez ordinairement dans le sens de quelque. Il a les deux nombres, et se décline avec l'article indéfini, ou avec l'article un , une, comme dans ces exemples: Il y a dans chaque plante UNE CERTAINE QUALITÉ qui la rend salutaire ou nuisible. CERTAIN PHILOSOPHE a dit que toutes nos connoissances venoient par les sens. Les Juifs ne sont soufferts dans les états des Princes chrétiens, qu'à CERTAINES CONDI

TIONS.

Certain est quelquefois purement adjectif. Alors il veut dire à peu près la même chose qu'assuré, et il se met ordinairement à la suite de son substantif, comme quand on dit : un état certain, une nouvelle certaine, etc.

QUELCONQUE est un pronom qui signifie quel que ce soit, et qui n'est plus guere employé que dans le style de pratique : Nonobstant opposition ou ap¬ pellation QUELCONQUE.

I I I.

NUL, AUCUN, PAS UN, qui font au féminin nulle, aucune, pas une, sont trois pronoms, lesquels, accompagnés de la négation ne, signifient au fond la même chose. Ils ne different que par les circonstances où l'usage les admet.

NUL, qui paroît avoir une force plus négative que les autres, est le seul qui puisse bien s'employer d'une maniere générale et absolue, c'està-dire sans aucun rapport à rien de ce qui précede dans le discours Alors il a la même signification que personne, et il n'est en usage qu'au nominatif singulier du masculin: comme quand on dit: NUL ne peut se flauer d'étre agréable à

Dieu.

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