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D. Quelle regle suivez-vous, pour savoir si une vorelle est longue ou breve dans un mot?

R. La seule regle de l'usage, et l'exemple des personnes qui parlent purement.

On peut cependant donner comme regles générales, et sans exception:

1°. Que toutes les dernieres syllabes des mots pluriels sont longues, lorsqu'elles ne sont pas formées par l'e muet, et qu'elles sont terminées par s, x, ou z, comme dans les avocats, les cabinets, les vérités, les esprits, les dévots, les vertus, les chevaux, les jeux, nous aimons, vous aimez, etc.

2°. Que les pénultiemes syllabes des mots sont toujours longues, lorsqu'elles finissent par une voyelle immédiatement suivie d'un e muet, comme dans armée, envie, proie, boue, statue, etc.

D. Ne se sert-on pas de quelque marque pour faire connoître dans l'écriture les voyelles longues?

R. On met sur quelques unes l'accent grave (`), et sur quelques autres l'accent circonflexe (), comme on peut le voir dans les mots, après et bátir. Ce qui sera expliqué plus au long au Cha pitre XV.

D. Je serois pourtant bien aise que vous me donnassiez, dans quelques mots, des exemples de voyelles longues et breves?

R. A est long dans un male, et il est bref dans une malle.

E est long dans tempête, et il est bref dans trompette.

I est long dans gîte, et il est bref dans petite.
o est long dans apótre, et il est bref dans

dévote.

u est long dans flatte, et il est bref dans une butte.

AI est long dans maître, et il est bref dans parfaite.

or est long dans connoître, et il est bref dans affoibli.

AU est long dans autre, et il est bref daus auditeur.

EU est long dans jeúne (abstinence), et il est bref dans jeune (parlant de l'âge).

IN est long dans vous me retinies, et il est bref dans lingot.

ON est long dans honte, et il est bref dans démonté.

On peut trouver de parcils exemples pour les autres voyelles.

Ceux qui voudront prendre une connoissance plus exacte des voyelles ou syllabes longues et breves, pourront avoir recours à l'excellent Traité de la Prosodie Françoise, que M. l'abbé d'Olivet à donné en 1736. On y trouvera, sur cette matiere, des regles sûres, des observations très-justes, et des recherches aussi utiles que curieuses.

D. Pourquoi n'avez-vous pas mis l'y grec au nombre des voyelles?

R. Parce qu'il n'a par lui-même que le son de l'i ordinaire, et qu'on l'emploie plus communément en françois pour exprimer le son de deux i i. Ainsi dans les mots essayer, envoyer, moyen, etc. c'est comme s'il y avoit essai-ier, envoi-ier, moi-ien, etc. On en parlera plus au long au Chapitre XIV.

D. Combien comptez-vous donc de sons simples exprimés par les voyelles?

la

R. La langue françoise en admet seize, qui sont a bref, et a long, qui out quelque différence dans prononciation; e muet, é fermé, é ouvert, i, o bref, et ó long, u, eu, ou, an, en avec la prononciation approchant de in, on, et un.

ARTICLE

ARTICLE III.

Des Diphthongues.

D.TOUTES les fois que deux ou trois voyelles se prononcent en une seule syllabe, doivent-elles étre regardées comme voyelles composées?

R. Non : elles ne sont voyelles composées que quand elles expriment, comme nous avons dit, un son simple et permanent; mais quand elles expriment un son double ou composé, c'est-à-dire, où l'on entend le son de deux voyelles, on les appelle alors Diphthongues.

D. Eclaircissez cette réponse par un exemple?

R. Oi est voyelle composée dans le mot j'aimois, parce qu'il n'exprime que le nom simple et permanent de l'e ouvert, comme s'il y avoit j'aimes; mais il est diphthongue dans le mot roi, parce qu'il exprime le double son de l'o et de l'e fort ouvert, comme s'il y avoit roế.

D. Donnez-moi donc une définition juste de la diphthongue?

R. La diphthongue est un assemblage de deux ou trois voyelles qui se prononcent en une seule syllabe, et qui expriment un son double.

D. Comment divise-t-on les diphthongues? R. On les divise ordinairement en diphthongues propres, et en diphthongues impropres.

Les diphthongues propres sont celles dont nous venons de donner la définition, et qui seules doivent être appelées diphthongues.

Les diphthongues impropres sont celles qui n'expriment qu'un son simple et permanent, et dont nous avons parlé plus haut, sous le nom de voyelles composées. C'est sans fondement qu'on les a appet lées diphthongues.

B

D. Combien y a-t-il de sortes de diphthongues. propres, ou simplement de diphthongues?

R. Comme les diphthongues sont formées par la jonction ou d'une voyelle simple avec une voyelle simple, ou d'une voyelle simple avec une voyelle composée, ou d'une voyelle simple avec une voyelle nasale, j'en distinguerai de trois sortes, auxquelles je donnerai les mêmes noms qu'aux voyelles, en appelant les unes diphthongues simples, les autres diphthongues composées, et les dernieres diphthongues nasales,

I.

D. Qu'est-ce que les diphthongues simples? R. Če sont celles qui se forment par la jonction 'une voyelle simple avec une voyelle simple, Il y en a sept; savoir, ia, ie, io, oe, oi, ue, et ui

comme dans les mots suivants :

IA, diable, fiacre, liard, etc.
IE, piece, lumiere, amitié, etc,
10, fiole, pioche, etc.

OE, boète, moelle, poéle, poëte, coëffe. L'Acar démie écrit à présent coiffe.

01, avec le son de l'o et de l'è ouvert; boire, dévoiler, emploi, etc.

UE,

écuelle, attribué, situé,

VI, nuisible, conduite, celui, aujourd'hui, etc,

I I.

D. Quest-ce que les diphthongues composées? R. Ce sont celles qui se forment par la jonction d'une voyelle simple avec une voyelle composée. Il y en a six; savoir, iai, iau, ieu, iou, oue et oui comme dans les mots suivans:

IAI, biaiser, niais.

IAU, miauler, matériaux, cordiaux, etc.
IEU, lieutenant, Dieu, milieu, mieux, etc
IOU, chiourme d'une galère..

QUE, fouetter, couette, ouest, joué,

OUI, Louis, enfoui, oui.

Dans les quatre premieres, la voyelle simple est avant la voyelle composée; i-ai, i-au, i-eu, i-ou dans les deux autres, elle est la dernière ; oue, ou-i.

La diphthongue du mot ouais est formée de deux voyelles composées, ou et ai.

I I I.

D. Qu'est-ce que les diphthongues nasales? R. Ce sont celles qui se forment par la jonction d'une voyelle simple avec une voyelle nasales. Il y en a six; savoir ian, ien, ion, ein, ouin, et uin, comme dans les mots suivans:

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IAN, viande, étudiant, fortifiant, etc.

IEN, avec le son d'ian, patient; expédient, inconvénient, etc.

IEN, avec le son qui approche de celui de l'é fermé, bien, rien, mien, tien, sien, soutien, il convient, etc.

ION, nous aimions, nous aimerions, nous aimassions, etc.

OIN, loin, besoin, moindre, etc.

OUIN, babouin, marsouin, etc.

UIN, quinquagénaire, quinquagésime, etc. D. N'y a-t-il pas d'autres diphthongues que celles dont vous venez de parler?

R. Non: mais on peut encore observer que l' grec, dans la plupart des mots où il tient lieu de deux ii, fait partie d'une diphthongue avec la voyelle suivante; puisque dans les mots voyage, envoyé, royaume, ennuyeux, voyant, moyen, employons, on prononce, voi-iage, envoi-ié, roi-iaume, ennui-ieux, voi-iant moi-ien, emploiions, etc.

D. Suffit-il qu'une voyelle simple précede ou suive une autre voyelle pour former une diphthongue? R. Non il faut encore, comme nous avons dit,

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