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que cette voyelle simple, avec celle qui la suit ou la précede, puisse se prononcer en une seule syllabe, et dans un même instant. Ainsi dans cria, priant, sanglier, client, plions, géographie, théologie, etc. ia, ian, ie, ien, ion, eo, ne sont pas diphthongues, parce qu'on les prononce nécessairement en deux temps, et par conséquent en deux syllabes: cri-a, pri-ant, sangli-er, cli-ent, pli-ons, gé-ographie, thé-ologie. La plupart même de celles qui ne se prononcent qu'en un temps, dans le langage familier, doivent se prononcer en deux, dans le discours sontenu, et cessent alors d'être diphthongues. Nous parlerons plus au long de la prononciation des diphthongues au chapitre XVII.

D. N'y a-t-ilpas, en françois, de triphthongues? R. Non, parce qu'il il n'y a aucun assemblage de voyelles qui, se prononçant en une seule syllabe, fassent entendre un triple son.

Quelques Grammairiens ont appelé triphthon gues les diphthongues composées. Cette dénomination n'est pas exacte. Il ne suffit pas qu'une syllabe soit composée de trois voyelles pour être appelée triphthongue. Il faut encore qu'elle exprime trois sons; et c'est ce qui ne se trouve pas dans la langue françoise.

L'Auteur des Jugements sur les Ouvrages nouveaux, t. 4. p. 38, rapporte, pour exemple de triphthongues françoises, les monosyllabes Dieux, ycux, lieux, août. Mais, quoiqu'il y ait trois voyelles dans chacun de ces mots, on n'y entend cependant que deux sons simples, qui sont i et eu, le premier exprimé par une voyelle simple, et l'autre, par une voyelle composée. Il en est de même des autres assemblages, iai, iau, iou, oue oui, qui ne frappent l'oreille que de deux sons. Ainsi le nom de diphthongues est le seul qui leur con

vient.

A l'égard du mot août, bien loin que ce soit une triphthongue, ce n'est pas même une diphthongue, puisque les trois voyelles aou se prononçant comme ou, n'expriment qu'un son simple, et que, par conséquent, elles ne peuvent être regardées que comme une voyelle du nombre de celles que l'on appelle voyelles composées, parce qu'il faut trois voyelles pour la former.

ARTICLE IV.

Des Consonnes.

D. QU'EST-CE que les Consonnes ?

R. Ce sont des lettres ou caracteres dont on se sert pour exprimer les différentes articulations des sons simples, c'est-à-dire des voyelles.

D. Expliquez-moi par un exemple ce que vous entendez par une articulation des voyelles? R. Quand je prononce la voyelle a on voit que le son en est pur, et sans mélange d'aucun autre son; mais quand je dis ba, ca, da, etc. je fais entendre conjointement avec le son de l'a, plusieurs autres sons formés par les différents mouvements de la langue, des dents et des lèvres ; et ce sont les sons produits par ces mouvements que l'on appelle articulations, et qui sont représentés par les consonnes.

D. Combien y a-t-il de Consonnes?

R. On en compte ordinairement dix-huit; savoir, b, c, d, f, g, h, k, l, m, np, q, r, s, t,

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D. Pourquoi les appelle-t-on Consonnes?

R. Parce qu'elles ne peuvent se prononcer qu'avec le secours d'une voyelle.

D. Apportez-en des exemples?

R. Dans le nom que l'on donne communément à la consonne b, on joint un é avec b; ce qui fait bé. En prononçant l, on joint un e avec ; ce qui fait el. Et quand on dit m, on joint un e avec m; ce qui fait em.

D. En quoi le son des consonnes est-il différent de celui des voyelles?

R. 1°. En ce que le son des voyelles se forme par la seule ouverture de la bouche et par la simple impulsion de la voix ; au lieu que le son des consonnes est produit par quelques mouvements de la langue, des dents, ou des levres, et qu'il ne peut se faire entendre qu'avec le son des voyelles.

le son

2o. En ce que, comme nous avons dit, des voyelles est permanent, c'est-à-dire, qu'on peut le faire durer quelque temps; au lieu que le son propre des consonnes ne peut se faire entendre que dans un seul instant, et, pour ainsi dire, en un seul coup de langue ou de levres. Ainsi, si on essaie de prolonger le son de la syllabe ba, sans la répéter, on voit que le son du b disparoît tout d'abord, et qu'il ne reste plus dans la bouche que celui de l'a.

Il faut pourtant en excepter les sons du j ou de 'j consonne, de l's, du ch, de l'ƒ de l'r', du v ou de l'v consonne, et du z, que l'on peut continuer mais on s'appercevra, si l'on y prend garde, que c'est nécessairement avec le son de 'e muet.

D. Les dix-huit consonnes conservent-elles toujours chacune le méme son?

R. Non: il y en a quelques unes dont le son varie suivant les voyelles auxquelles elles sont jointes ; les voici :

C se prononce comme le k avant les voyelles, a, , u: cabinet, colere, curé; et comme l's, avant les voyelles e et i; célibat, citoyen. On prononce kabinet, kolere, kuré, et sélibat, sitoyen.

Il y a quelques mots où le ca le son du g. Ce sont Claude, cicogne, second, secondement,seconder, que l'on prononce Glaude, cigogne, segond, segondement, segonder. On prononce souvent de même, dans le langage familier, secret, secrétaire, secrétariat, secrètement.

Quand il faut prononcer le c avant a, o, u, comme on le prononce avant e et i, on met dessous une espèce de retourné que l'on appelle cédille, comme dans façade, façon, garçon, con➡ çu, etc.

G a le son qui lui est naturel avant les voyelles a, o, u, galant, gosier, aigu, ; et le son du j, avant les voyelles e eti: génie, gibier; comme s'il y avoit, jénie, jibier.

Quand il faut prononcer le g avant a, o, u, comme on le prononce avant e et i, on met un e entre le g et l'a, ou l'o ou l'u, comme dans ces mots, mangea, geolier, gageure, etc.

Et pour donner au g, avant e et i, le même son rude qu'il a avant a, o, u, on met un u après le g, comme dans ces mots, guérir, guepe, guide guimpe, etc.

Le c et le gétant après la voyelle, dans la même syllabe, ont toujours leur son naturel, qui est le son rude, comme dans les mots défec-tueux, dicter, aug-menter, sug-gérer, etc.

S se prononce avec le son doux duz, quand elle est entre deux voyelles, misere, visage, raison, etc. Elle a ordinairement par-tout ailleurs la prononciation forte du cavant e et i: comme dans salut, sénat, silence, consoler, persuader, etc.

T conserve ordinairement le son qui lui est propre, comme dans table, bonté, continence, étoffe, vertu, etc. Mais lorsque ti est suivi d'un a, d'un e, ou d'un o, il se prononce presque toujours comme ci: partial, patience ambition,

etc. que l'on prononce parcial, pacience, ambicion. Excepté,

1o. Quand ti est précédé d'une s ou d'un x: bastion, question, mixtion, etc.

2o. Quand tie, tié ou tier se trouvent à la fin d'un mot: partie, amitié, métier, etc.

3°. Quand, dans tien, la diphthongue nasale a le son approchant de l'e; comme dans entretien, soutien, contient, etc.

On prononce avec le son du c, primatie, aristo cratie, prophétie, ineptie, initier, balbutier, etc. Il y a quelques autres exceptions que l'usage apprendra.

On trouve dans des observations manuscrites d'un habile Grammairien, sur la lettre t, que le meilleur moyen pour éviter toute équivoque, et pour fixer, dans l'écriture, la prononciation de cette lettre, seroit de mettre une cédille au dessous du t dans les mots où il se doit prononcer comme c ou comme deux ss, de même que l'on en met une sous le c pour lui ôter le son rude. L'introduction de ce nouveau caractere seroit très-utile, si l'usage pouvoit l'admettre.

X est une lettre double qui, dans quelques mots, a le son fort du c et de l's; comme dans fixer, taxer, Alexandre, que l'on prononce, ficser, tacser, Alecsandre: dans d'autres mots, x a le son du g et du z, comme dans examen, exemple, exiger, etc. que l'on prononce egzamen, egzemple, egziger. Il a la prononciation forte de l's dans les mots, six, dix, soixante, et la prononciation du z dans deuxieme,sixieme, sixain, dixieme, dixaine, dix-huit, dix-huitième.

C'est une faute grossiere et assez commune à Paris, de prononcer saxe, sexe, fixe, etc. comme sasque, sesque, fisque. La véritable et seule prononciation de ces mots est sacse, secse, et ficse.

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