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traire à celle qu'il auroit, si elle en étoit étée, l'e y est toujours fermé.

Cette regle est sans aucune exception. Désar mer signifie le contraire d'armer; désapprendre sixgnifie le contraire d'apprendre; défaire, débrider, décharger, déshonorer, etc. signifient le contraire de faire, brider, charger, honorer, etc. Voilà pourquoi, dans tous ces mots, le dé se prononce avec l'é fermé.

Il n'en est pas de même des mots degré, des meure, depuis, et quelques autres, où le de se l'e prononce avec muet, parce qu'il n'y a dans ces mots aucune signification privative ou de contrariété à l'égard d'un autre mot.

Il ne s'ensuit pourtant pas que tous les mots où le de se prononce fermé, marquent cette privation ou contrariété. Mais il est toujours sûr que toutes les fois que le dé la marque, il doit être

fermé.

On peut encore donner une regle générale à l'égard de la syllabe re; c'est que l'e y est ordi nairement muet, quand elle est la premiere d'un mot qui signifie réitération ou redoublement d'ac tion, comme dans redire, refaire, recommencer ø représenter, etc,

C'est pour cela que l'e de la syllabe re est muet, quoique suivi de deux ss, dans les mots ressem blance, ressemblant, ressembler, ressentiment " ressentir, resserrement, resserrer, ressort, ressortir, ressource, ressouvenance, ressouvenir ressuer; excepté ressusciter, ou l'e de la syllabe re est fermé.

Il y a pourtant deux occasions où la syllabe re, quoique préposition réduplicative, se prononce avec l'é fermé et accentué.

1. Quand elle est ajoutée à un mot qui commence par un é fermé ou par une autre voyelle,

comme on le voit dans les mots suivants : Echauffer, réchauffer; écrier, récrier; écrire, récrire ; édifier, réédifier; équiper, réquiper; échafauder, réchafauder; échapper, réchapper; élargir, rẻlargir; émoudre, rémoudre; essuyer, ressuyer; établir, rétablir; étendre, rétendre; étudier, rétudier; aggraver, réaggraver; assigner, réassigner; habituer, réhabituer; intégration, réintégration; unir, réunir. On prononce re avec l'e muet, dans rehausser formé de hausser, parce que Ph y est aspirée, et, par conséquent, considérée comme

consonne.

2. Quand la préposition re marque réduplication, sans qu'on puisse dire qu'elle soit ajoutée à un mot, c'est-à-dire, quand le mot réduplicatif où elle se trouve, ne seroit pas un mot françois, on auroit une signification toute différente, si on l'en séparoit. Ainsi, on dit récidive et récidiver avec Pe fermé, parce que cidive et cidiver ne sont pas des mots françois. Il en est de même des suivants: récoler et récolement, récriminer et récrimination, rédimer, réduplicatif et réduplication, réfléchir, réfraction, régénérer et régénération, réhabiliter et réhabilitation, réintégrer, réitérer et réitération, réparer et réparation, répercuter et répercussion, répéter, répétiteur et répétition, résipissence, résumer, résurrection, et réverbération.

Il faut en excepter réconfronter, réformer, et les mots qui en sont composés, où l'e de la syllabe re est fermé, quoiqu'on dise, dans le même sens, confronter et former.

Il y a encore, à l'égard de la syllabe re, une bizarrerie que l'usage a introduite contre toute regle. On la prononce avec l'é fermé dans réception, quoique ce mot soit dérivé de recevoir, où Pe est muet. De même, l'e est fermé dans réfugier, et il est muet dans refuge. Il est fermé dans élégation, et muet dans reléguer. On dit rémis

sion, quoiqu'on dise remettre; rétention, quoiqu'on dise retenir, irréligion et irréligieux, quoiqu'on dise religion et religieux, etc.

Souvent un même mot a des significations toutes différentes, lorsqu'on y prononce la syllabe re avec l'e muet ou avec l'è fermé; ce qu'on ne peut distinguer dans l'écriture, qu'en y mettant ou en n'y mettant pas l'accent aigu. Répartir, avec l'é fermé, signifie distribuer, subdiviser; et repartir, avec l'e muet, signifie répondre, ou partir une seconde fois. Répondre signifie faire une réponse; et repondre signifie pondre une seconde fois. Ré tendre signifie étendre de nouveau; retendre signifie tendre de nouveau.

Cet essai d'observations sur les seules syllabes de et rè, fait assez connoître qu'il n'est guère possible de donner des regles sûres, générales, et uniformes pour la position de l'accent aigu sur les e, sans entrer dans un détail considérable d'exceptions et d'irrégularités, qui nous meneroit au delà des bornes qui nous sont prescrites. Ces recherches ne peuvent entrer que dans un Traité particulier de la prononciation

III. L'accent circonflexe ne se met et ne doit se mettre que sur les voyelles longues, tant au milieu qu'à la fin des mots, comme dans empéchement, entétement, probléme, suprême, cổte, gue, flute, dépôt, aussitôt, tantốt, arrét, intérét, etc.

Il ne s'ensuit pourtant pas qu'on doive le mettre sur toutes les voyelles longues : l'usage ne l'admet qu'à l'égard de quelques unes. Ainsi, dans grace, chapitre, musela, l'i, et Fu sont longs sans avoir l'accent circonflexe.

Lorsque l'e est long, il est presque toujours très-ouvert, comme on le reconnoîtra dans les mots précédents. Mais il n'est long, et il ne prend l'accent circonflexe au milieu des mots, que

la

quand il est à la fin d'une syllabe, et que ce n'est pas consonne suivante qui le fait prononcer trèsouvert. Ainsi, il ne prend point l'accent circonflexe dans vertu, permis, guerrier, etc. parce qu'il n'y est pas long, quoique très-ouvert.

Bien des gens croient que l'accent circonflexe est mis simplement pour marquer quelque lettre supprimée, et qu'on ne l'emploie, par exemple, dans honnéte, que parce qu'on écrivoit autrefois, honneste; et sur ce principe, ils écrivent encore, avec l'accent circonflexe, apperça, conná, vá pú, etc, par la seule raison que dans l'ancienne orthographie, on écrivoit apperceu, conneu, veu,

peu, etc.

Il est vrai que dans honnête, et dans plusieurs autres mots, l'accent circonflexe est mis à la place de l's; mais c'est seulement dans les syllabes longues, et où la lettre s ne servoit qu'à étendre le son de la voyelle. A l'égard des autres mots dont la nouvelle orthographe a retranché quelques lettres, il nous paroît inutile de les remplacer par l'accent circonflexe. C'est éviter une inutilité par une autre. D'ailleurs, est-il bien important de se ressouvenir, par une marque particuliere, des lettres que l'on a supprimées dans plusieurs mots? Nous pensons néanmoins qu'il est à propos de conserver cet accent dans certains mots, pour prévenir quelque équivoque, comme dans du, participe du verbe devoir, pour le distinguer de du article; dans cru, participe du verbe croître, pour le distinguer de cru, participe du verbe croire; dans sár, adjectif, pour le distinguer de sur, préposition, etc. Du reste, son emploi doit toujours être de marquer les voyelles ou syllabes longues.

Il'est pas possible de donner une regle générale et infaillible, qui détermine quelles sont les syllabes longues où il faut mettre l'accent circonflexe. On les connoîtra par le détail suivant.

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Syllabes finales.

At, appát; aît, il plaît; êt, aquết; ît, gît; ôt, impót; oît, il paroit, il croit, venant de croitre ; oût, goût; ût, affitt.

Toutes les syllabes qui terminent les troisiemes personnes singulieres de l'imparfait du subjonctif des verbes qu'il aimát, qu'il rendit, qu'il reçût, qu'il retint.

Pénultiemes Syllabes.

Ache, reláche, age; aite, fale, sommet; aître, maître; âle, pale; âne, dans les seuls mots ane et cráne; âpre, capre; âte, páte; âtre, plátre; êche, béche; êle, grele, excepté dans zele; ême, diadéme; êne, chéne; êpe, guépe; ête, tempête; être, salpétre; îte, gite; oître, croître, parore; ôle, contrôle, excepté dans il vole pour il dérobe; ôme, dans les seuls mots dóme et fantôme; ône, aumöne; ôte, cóte; ôtre, apôtre ; oûte, crodie, excepté dans absoute; ûte, chúte.

Toutes les pénultiemes syllabes des premieres et secondes personnes du pluriel du prétérit défini des verbes nous aimames, vous aimátes ; nous rendîmes, vous rendites; nous reçûmes, vous recules; nous retinmes, vous retintes.

Tous les mots qui ont les terminaisons précédentes, et dont les syllabes finales ou pénultiemes sont longues, y prennent l'accent circonflexe, et cet accent est conservé dans ceux qui en sont formés, ou qui y ont quelque rapport: bát, báter; arrét, arrêter; láche, lâcheté; téte, entéter, en-, tétement, etc.

Il У a plusieurs mots qui ne peuvent se ranger sous des terminaisons communes, et qui s'écrivent avec le même accent, aussi bien que leurs composés ou dérivés.

Ce sont, accoûtrer, aîné, báfrer, bailler, bá

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