Images de page
PDF
ePub

ziere, Pierre Fornier, François Bonail, Jacques Rozel, Loys Bosquier, Georges Ferrand, Loys Bertrand, Jacques Mazaudier, docteurs ez droitz et advocatz de Nismes, Loys Lagrange, Jehan Deyron, bourgeois, Gaucent Brozet, praticiens, et plusieurs autres habitants dudit Nismes, a présenté à Monsieur M. Robert des Georges, docteur ez droitz, Jehan Volontat, bourgeois, et Claude Roubert, laboureur, premier second et quart consulz dudit Nismes, là présents, certaine lettre missive du Roy, nostre sire, dressante auxdits seigneurs, consulz, en datte du vingtiesme du moys de novembre dernièrement passé, signée Charles et Robertet, par laquelle est mandé aux dits consuls de surseoir et tenir en suspens l'élection et nomination des consulz nouveaux en la présente ville, jusques la Majesté dudit seigneur soit arrivée en icelle, par quoy ledit Me Chabot, au nom que procède, a réellement baillé auxdits consuls ladite missive, de laquelle a requis par eulx estre faict lecture en présence des dessus nommés, et que, suyvant la volonté dudict seigneur, lesdits consulz aient à surseoir et tenir en suspens ladite ellection et nomination de consulz nouveaux jusques la Majesté dudit seigneur soit audit Nismes. Aultrement a protesté et proteste de l'infraction de la volonté du Roy, requérant acte et responce de la présente présentation, pour luy servir et valoir en temps et lieu, comme il appartiendra de raison.

Lesdits seigneurs consulz ayantz entendu la teneur de ladite missive, par lecture que là mesmes en a été faicte par ledit Me des Georges, premier consul, ont respondu qu'ilz veulent et offrent obeyr à la volonté du Roy, suyvant ce qui leur est mandé fere par ladite lettre, laquelle à ces fins ont retirée, estant de teneur.

DE PAR LE ROY,

Très chers et bien aimés, Pour ce que le temps de la charge et administration que vous aves en nostre ville de Nismes est espiré, et que nous debvons bien tost estre en vostre ville: A ceste cause, nous vous mandons et expressément en

joignons que vous ayés à surseoir et tenir en suspens l'eslection et nomination des nouveaulx consulz pour l'année présente, jusques à ce que nous soyons sur le lieu, et cependant vous ne délaisserés à tousjours continuer en vos dites charges, ainsi que vous avés cy-devant faict. A quoy vous ne fairés faulte, car tel est nostre plaisir.

Donné à Arles, le vingtiesme jour de novembre mil cinq eens soixante-quatre.

Ainsi signé CHARLES, et plus bas : ROBERTET (1). Et au-dessus est escript : « A nos très chers et bien amis, les consulz de nostre ville de Nismes. » Cloze et cachetée du cachet dudit seigneur.

Les consuls ont aussi requis acte de ladite présentation pour leur descharge et à ce qu'ils ne soient inculpés pour l'advenir de n'avoir gardé et observé les estatutz municipaulx de la présente ville. De quoy ledit seigneur lieutenant a ordonné estre faict acte, pour servir et valoir aux parties, comme il appartiendra par raison.

Faict ou que dessus, ez présences de Loys Gamet, Simon Deville, praticiens, demeurantz audit Nimes, et de nous Antoine Malian et Antoine Sabatier, notaires royaulx dudit Nismes, soubszignés (Ant. Sabatier, loc. cit., f. 193).

Avec cette pièce, nous clorons les documents se rapportant à cette époque troublée, non que la matière soit épuisée, mais par respect pour le lecteur. Nous jetterons un voile sur le reste, et en nous conduisant ainsi, nous donnerons une nouvelle preuve de notre impartialité.

Docteur PUECH.

(1, Le nom de ce secrétaire du roi est connu par plusieurs pièces de vers qui lui ont été dédiées par les poètes de la Pleïade. C'était un lettré comme Jean Nicot qui a rempli le même emploi auprès de Henri II.

FONDATION DITE DES QUATRE-PRÊTRES

FAITE EN L'ÉGLISE DE NOTRE-DAME DE VAUVERT

par Anglic Grimoard, cardinal d'Albane

L'AN 1379

Nous devons à l'obligeante entremise de M. Falgairolle la la communication de cet intéressant document existant, sur copie du XVIIe siècle, aux archives hospitalières de la ville de Nimes. Cette pièce fut délivrée, en effet, le 15 juin 1617, à Jacques de Burgata, l'un des quatre prêtres bénéficiaires de la fondation pour servir à un procès engagé entr'eux et l'abbaye de Saint-Gilles. L'original était déposé à cette époque, au château de la Voulte, dans les archives du duc de Ventadour.

L'acte de fondation fait en 1379, par le cardinal Anglic dans l'église de Vauvert, dont il était archidiacre, avait été précédé d'un autre, en date du 18 avril 1378, dont l'original en parchemin se trouve aux archives départementales; il est conçu dans les mêmes termes, mais contient quelques articles de moins. En revanche, il est accompagné du sceau du cardinal qui manquait, comme on le verra, à l'original de la pièce subséquente.

Le cardinal de Talleyrand, qui avait précédé Anglic à l'évêché d'Albane, avait légué une somme de deux mille florins d'or pour fonder deux chapellenies dans l'église de NotreDame-de-Posquières, ce sanctuaire vénéré et miraculeux, qui attirait encore les pélerins de tous les pays. Le frère d'Urbain V, chargé par les exécuteurs testamentaires d'assurer cette fondation, voulut, en sa qualité d'archidiacre de Vauvert, en doubler l'importance et porter à quatre le nombre

:

des prêtres chargés d'y célébrer l'office divin. Par le présent acte, il leur fit donc donation de plusieurs immeubles et revenus qu'il possédait dans le diocèse le mas de Stagel, avec les animaux et les instruments nécessaires à sa culture, diverses propriétés à Saint-Gilles, à Bellegarde et au Caylar, une maison à Générac, une autre à Vauvert et enfin, dans le territoire de cette ville, un moulin sur le Vistre avec tout son matériel d'exploitation. Il serait difficile d'évaluer l'importance de cette fondation; cependant les quatre paires de bœufs affectées au mas de Stagel peuvent donner une idée de la grande étendue de ses terres labourables et la somme de deux mille florins d'or, jugée indispensable par le cardinal de Talleyrand pour l'entretien de deux prêtres, fait présumer que les biens donnés par le cardinal Anglic devaient valoir au moins autant.

Les quatre chapelains devaient être désignés, parmi les plus recommandables, par l'archidiacre de Vauvert, et, à son défaut, par l'évêque, conjointement avec des syndics choisis. dans le pays, lesquels, devaient avec lui veiller à leur résidence effective et à la stricte exécution des conditions expresses que leur imposait l'acte de donation pour la gestion et la conservation des biens qui leur étaient confiés. Ils devaient, en outre, assister aux offices de jour et de nuit, comme le clergé de l'église de Notre-Dame, avec l'aumusse et le surplis, et vivre en communauté. En échange de ces libéralités, leur pieux bienfaiteur leur demandait instamment de prier, dans toutes leurs messes et oraisons, d'abord pour le cardinal de Talleyrand et le pape Urbain V, puis pour luimême, pour ses parents, amis, serviteurs, familiers et bienfaiteurs, et aussi, ajoute-t-il dans une pensée touchante et chrétienne, « pour tous ceux que nous ne connaissons pas et pour lesquels nous avons l'habitude de prier de tout notre cœur, In affectione orandi consuevimus.

Il ne reste, sur tous les biens énumérés par le cardinal d'Albane, aucune indication précise, si ce n'est le moulin sur

le Vistre, appelé encore des Quatre-Prêtres, et dont le nom perpétue ainsi le souvenir de son œuvre. Il est juste de consacrer ici quelques lignes à la mémoire du généreux fondateur nous les avons extraites du Gallia christiana et des vies des Papes d'Avignon de Baluze.

Anglic Grimoard, et non Angelic, Angelicus, comme l'appellent certains et notamment la copie du présent document, frère du pape Urbain V, naquit à Mende, de Guillaume Grimoard, seigneur de Grisac, et de Félicie Montferrand. Élevé au collège des chanoines réguliers de Saint-Ruff, près Valence, il devint chanoine de cet ordre, puis prieur de Saint-Pierre de Die; il fut nommé, dès qu'il fût prêtre, à l'évêché d'Avignon, le 12 décembre 1362 et promu au cardinalat le 14 octobre 1366. Urbain V le transféra plus tard à l'évêché d'Albano, il le lui fait pressentir dans son indult

de la même année,

se réservant l'évêché de la ville papale qu'il fit administrer par ses camériers.

Anglic a laissé la réputation d'un homme juste, sévère et très pieux. Il a fait de nombreuses fondations, à divers couvents de religieuses d'Apt et d'Avignon et aux chanoines réguliers de Montpellier. Il fit aussi élever une haute tour au château de Barbentane, place forte dépendante de son évêché. Le Pape le chargea de plusieurs missions importantes en Italie et l'empereur Charles IV lui permit de battre monnaie. Il prit parti pour l'anti-pape Clément VII qu'il reconnaît solennellement dans son testament du 11 avril 1388, « comme le vrai pasteur, chef et légitime époux de la sainte Église. Il avait obtenu de ce pontife et auparavant d'Urbain V, des indults l'autorisant à tester quoiqu'il fût profès de l'ordre de Saint-Augustin.

[ocr errors]

Il mourut à Avignon, le 18 avril 1388, léguant tous ses biens au couvent des chanoines de Saint-Ruff de Montpellier qu'il avait fondé. Il fut enseveli dans leur église, bien qu'il eût désigné pour sa sépulture celle du couvent de Valence. D'après ses dernières volontés, il devait être inhumé en habit religieux, au pied du maître-autel, « à l'endroit même

« PrécédentContinuer »