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pelle du Saint-Sacrement. Quelques mois avant sa mort, l'illustre prélat, eût la consolation de la bénir, le 7 juillet 1707. Mais les offices canoniaux n'en empêchèrent pas moins la réalisation des vœux de l'évêque. Le service paroisssial fut partagé entre Sainte-Eugénie et la nouvelle chapelle.

Le voyageur qui va en chemin de fer, de Nimes à Remoulins, remarque facilement, à la station de Saint-Gervasy, une montagne conique, dont la masse d'un vert profond tranche vivement sur l'étendue monotone des pâles oliviers. Âu milieu de ce cône, monte en ligne droite, un chemin, comme une raie blanche, un édicule le termine. C'est la montagne et la chapelle de la Croix. Là, chaque année, au 3 mai et au 14 septembre, des pèlerins viennent faire leurs dévotions. L'origine de cette affluence remonte aux premiers mois de l'année 1706. On sortait de la guerre des Camisards, les catholiques irrités et humiliés de tant d'outrages prodigués par les fanatiques aux monuments religieux de tout genre, ne manquaient pas de témoigner un zèle bien légitime en toute occasion favorable. Un berger de Provence, d'un âge assez avancé, venait quelquefois à Nimes pour ses affaires. L'idée lui vint d'ériger une croix sur la montagne de Saint-Gervasy. En bon chrétien, il commença par soumettre son pieux dessein à son évêque, Mgr Fléchier. Encouragé par le premier pasteur du diocèse, le berger mit aussitôt son projet à exécution. L'enthousiasme éclata dans les paroisses voisines, des processions se rendirent de toutes parts, à la Croix de St-Gervasy, les malades y accouraient en foule et on répétait partout e récit de nombreux miracles. La ville de Nimes ne fut pas la dernière à suivre ce mouvement et l'année suivante en 1707, M. le curé de la Cathédrale eût la consolation de conduire environ 4,000 pèlerins. « On avait prêché le Jubilé et le ven<dredi, écrit-il, nous allâmes en procession faire la commu<nion à Saint-Gervasy, marchant deux à deux, le cierge à la < main en allant et en revenant, ce qui fut d'une grande édi<fication. » Or St-Gervasy est situé à 10 kilomètres de Nimes et sur les 4,000 pèlerins, 2,000 firent la route avec le clergé

en ordre de procession; il faut bien l'avouer nous sommes, aujourd'hui, incapables de pareilles mortifications. Notons, avec M. Novy, qu'il y eût à cette procession des personnes de toutes conditions. Quels exemples pour le peuple, et si de tels encouragements au bien se multipliaient parmi nous que de fruits ne porterait pas l'édification partie des rangs élevés de la société !

En 1709 des pluies extraordinaires, entremêlées de froids excessifs, dit Ménard, causèrent d'affreux ravages dès le mois de janvier. Les blés et les oliviers périrent dans toute la France. Une disette s'en suivit, et le peuple vit mourir un grand nombre des siens. On se nourrissait de son, d'herbes, et chose inouie, d'un certain pain venu des Cévennes, fabriqué avec des coques de noix et des grappes de raisins desséchées, le tout pilé et travaillé en guise de farine, M. Novy se surpassa dans son dévouement envers les malheureux affamés, et grâce aux efforts combinés de toutes les bonnes volontés, il peut écrire dans son journal: « l'année a été « d'une fort grande disette, et presque à la famine, » Sans la charité, l'épreuve de la disette fut devenue le terrible fléau de la famine.

Le registre qui nous sert de guide, ne porte plus que deux paragraphes, écrits de la main de M. Novy; le premier est le récit de la maladie et de la mort de Monseigneur Fléchier, le second du curé de la cathédrale.

L'illustre évêque de Nimes, déja avancé en âge, prit part aux états généraux du Languedoc, qui furent tenus à Montpellier. Le dernier jour, le prélat assista à la messe de clôture. suivant l'usage. Or le temps était mauvais, et Monseigneur y prit un refroidissement qui donna lieu à la fièvre et même à une attaque. C'était au commencement du mois de février. Transporté à Nimes, le malade sembla revenir à la santé. Mais le mal l'emporta bien vite. Le prévôt du Chapitre donna les derniers sacrements au mourant, et M. Novy lui fit la recommandation de l'âme. Monseigneur Fléchier mourut avec sa lucidité d'esprit habituelle jusqu'à son dernier soupir, le

16 février 1710 à huit heures du soir; il avait soixante-dixhuit ans.

M. Novy nous donne le détail des cérémonies funèbres. Pendant huit jours le corps fut exposé dans une chambre du palais épiscopal, où une communauté venait chanter, le matin, la messe et le soir les vêpres. A l'enterrement, un ermite, suivant l'usage, ouvrait la marche, faisant retentir une clochette, et portant sur ses épaules l'écu des armoiries du défunt. Après l'ermite suivaient tous les pauvres des hôpitaux dont cinquante habillés aux frais de la succession: chacun portait un cierge à la main. Aux pauvres succédaient les officiers des terres dont l'illustre évêque était seigneur, puis venait le clergé, suivi de l'évêque d'Uzès officiant. Après le le corps, porté par huit curés en surplis, messieurs du présidial (cour d'appel) conduisaient le deuil, suivis de MM. les consuls en robe rouge. Le prévôt du Chapitre, messire Robert, fit l'oraison funèbre, avec un succès rare. A la fin de la messe, le corps fut descendu dans le caveau de la chapelle du SaintSacrement, où il est encore aujourd'hui (1892).

Une étroite amitié unissait le Curé de la cathédrale et l'évêque de Nimes. L'un et l'autre avaient été promus à leur dignité respective, la même année en 1687. M. Novy âgé d'environ trente-quatre ans et Fléchier parvenu à sa cinquantecinquième année, semblaient amenés par la Providence, à ce moment même de la vie où chacun possédait avec plus d'abondance les ressources qu'exigeait son ministère, le zèle actif au curé, une verte maturité au prélat. Le bien qui résulta de cette heureuse rencontre fut immense. La paroisse de la cathédrale peut regarder M. Novy comme un vrai fondateur; il dépensa à son service le meilleur de sa vie.

Son évêque disparu, le curé de Notre-Dame et Saint-Castor songea à sa retraite. Le repos lui était bien permis, après vingt-quatre ans de travail. Une stalle de chanoine devint vacante. M. Novy y prit place et demeura membre du Chapitre pendant quinze ans de 1711 à 1726. Les six dernières années de sa vie, s'écoulèrent dans la dignité de grand

archidiacre. Nous lisons dans les procès-verbaux du Chapitre: Messire Mathieu Novy, prêtre, chanoine, grand diacre de la cathédrale de Nimes, décédé lundi quatrième ⚫ novembre, mil sept-cent-vingt-six sur les cinq heures du soir, étant âgé d'environ soixante-treize ans, a été enterré le ⚫ lendemain dans le chœur de ladite église cathédrale, après ⚫ avoir fait et observé les prières et cérémonies en pareil cas < requises..

L'abbé FRANÇOIS DURAND, secrétaire archiviste du Comité,

NOTES

sur l'Histoire Religieuse de Saint-Jean-du-Gard

Le prieuré de Saint-Jean, dépendant de l'abbaye de SaintBérenger Barnier, prieur de St-Jean,

Gilles.

L'église.

est nommé abbé de Saint-Gilles.

Saint-Jean fut fondé par un essaim sorti de la grande ruche bénédictine.

On ignore à quelle date les moines, venus de Saint-Gilles, pénétrèrent dans le val de Gardonnenque, couvert de forêts et de broussailles. Il n'existe à cet égard ni documents précis, ni tradition même confuse. Les souvenirs locaux ont disparu; nul n'a pris soin de les recueillir.

Le premier document qui révèle l'existence de Saint-Jean est une bulle du Pape Innocent III, en date du 12 novembre 1208. Cette bulle confirme, en faveur de Pons Ier, abbé de Saint-Gilles, les possessions, droits et privilèges de ce monastère. Dans l'énumération des églises qui en dépendent, nous lisons Ecclesiam Sancti Johannis de Gardonnenca cum villa. Une cité naissante existait déjà autour de l'église. Les environs se peuplaient peu à peu. Au XIe siècle, les transactions deviennent fréquentes, régulières. Des scribes ou notaires les sanctionnent en les enregistrant.

Suivant la coutume bénédictine, l'arrivée des moines entraîna la création immédiate d'un prieuré. Les travaux de construction de l'église et du cloître commencèrent en même temps. Le prieuré, ses dépendances et sans doute un jardin s'étendaient jusqu'à une maison en moëllons taillés, à fenêtres à croisières, formant l'un des angles du carrefour appelé les quatre coins de Rose, »

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