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DE

FRANCE.

SUITE DE LA BRANCHE

DES BOURBONS.

LOUIS XIV,

Agé de près de cinq ans.

UN N mois s'étoit écoulé entre les der nières dispositions de Louis XIII et sa mort; pendant ce temps les alternatives de sa maladie varioient sans cesse le visage et la contenance des courtisans: quand le mal du roi augmentoit, les disgraciés nouvellement rappelés ne pouvoient s'empêcher de montrer de la satisfaction, à travers le sérieux que la bienséance leur imposoit; quand il di

Tom. XI.

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1643.

Confiance

Beaufort.

minuoit, les favoris du règne expirant reprenoient les apparences de la sécurité qu'ils n'avoient pas, mais qu'ils affectoient, pour tâcher de faire croire qu'ils ne craignoient point leurs ennemis. Cependant ces derniers s'attendoient à quelques revers, et les premiers à des faveurs qui les dédommageroient des humiliations passées. Cette persuasion inspira de la docilité et de la souplesse à ceux qui avoient été les maîtres, de la roideur au contraire à ceux qui avoient plié; dispositions qui firent prendre aux affaires un cours tout différent de celui qu'on avoit prévu.

Il étoit naturel qu'Anne d'Autriche de la reine en comptât par préférence sur les anciens confidens de ses peines; confidens dont quelques-uns pouvoient être regardés comme martyrs de leur attachement pour elle : le principal d'entre eux étoit le duc de Beaufort, second fils du duc de Vendôme. On prétend qu'il avoit su l'intérêt que la reine prenoit, dans le commencement, au succès des desseins de Cinq-Mars contre le cardinal; que le prélat voulut acheter l'aveu du duc par toutes les grâces et les faveurs qu'il pouvoit desirér; mais que Beaufort resta toujours inaccessible aux offres du ministre, et qu'il aima mieux

quitter le royaume que d'y rester exposé à parler. Quand il revint, la reine le reçut avec la plus grande distinction, et dit publiquement: Voilà le plus honnête homme de France. Elle lui donna, la veille de la mort du roi, une marque non équivoque de son estime. Le duc d'Orléans et le prince de Condé eurent alors quelque différend; et précisément le même jour, le maréchal de la Meilleraie, grand-maître de l'artillerie, reçut un faux avis, qu'au moment de la mort du roi on devoit l'arrêter avec tous les parens et les amis de Richelieu. Il manda, pour se défendre, les gens dépendans de sa charge. Anne d'Autriche, avertie de leur arrivée, s'imagina que c'étoient des troupes appelées par le duc d'Orléans ou par le prince de Condé, dans le dessein d'enlever le Dauphin et le duc d'Anjou. Elle fit venir le duc de Beaufort, lui remit ses fils entre les mains en présence de toute la Cour, et ordonna aux troupes de la garde de lui obéir comme à elle-même. Cette confiance en un homme si étroitement lié avec les anciens disgraciés, marquoit assez de quel côté alloient désormais pencher la faveur et le crédit.

1644.

Anne d'Autriche, en effet, parut Cabale des

A 2

importans.

Monglat,

t. 2, p. 84. Artagnan,

T. 1, p. 246.

1643. d'abord ne penser et n'agir que par l'inspiration de ceux des ennemis de l'ancien ministère qui se trouvèrent auprès d'elle à la mort de son mari. SaintIbal et Montrésor, ces deux hommes sombres, qui avoient autrefois tenu le poignard levé sur Richelieu, étoient comme les représentans du parti qui se forma alors. On l'appela la cabale des importans, parce que, fiers de la confiance de la reine, ils se donnoient des airs de suffisance et de protection. De ce nombre étoient des officiers, des gens de robe et des femmes. Ils avoient pour eux les maisons de Vendôme, de Guise et d'Epernon, les maréchaux de Vitri et de Bassompierre, et une foule de gens nouvellement échappés aux fers ou à la proscription: tous fidèles à leur haine pour Richelieu, mais se connoissant peu les uns les 'autres, ou s'étant oubliés dans les exils et les prisons; par conséquent sans lien d'amitié et d'estime, sans idée de la situation des affaires, et portant dans toute leur conduite la circonspection et la timidité que donne nécessairement le souvenir récent de la captivité.

Les disposi

tions de

La cabale compta d'abord beaucoup Louis XII sur Augustin Potier, évêque de Beauvais, dont la reine voulut faire un

changées.

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