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« de Richelieu : mais comme il avoit,
<< par son injustice ordinaire, le pou-
« voir de les retenir prisonniers tant
<< que bon lui sembleroit, rien n'a pu
« l'obliger à se défaire de tant de per
«sonnes de condition et de naissance
<< qui s'étoient voulu opposer à la vio-
<<< lence de son ministère. Tellement
<< qu'il faut laisser la liberté de retenir
« les prisonniers, sans connoissance
« de cause, tant que l'on voudra, ou
<< bien garder ponctuellement l'ordon-
<<nance des vingt-quatre heures; parce
« que, dans si
dans si peu de temps, les mi-
<<nistres, qui veulent tonjours couvrir
<< leurs crimes le plus qu'ils peuvent,
«ne pourront pas trouver l'invention
« de faire mourir les prisonniers
<< outre que leur mort étant ainsi pré-
« cipitée, ce seroit un soupçon, ou
<<< plutôt une conviction tout entière
« de leur tyrannie. Ces réflexions ra-
menèrent tout le monde à la loi des
vingt-quatre heures. La reine demanda
qu'elle fût de trois jours, et après bien
des difficultés on les accorda mais
elle ne voulut pas que cette restriction,
mise au pouvoir absolu, fût insérée
dans la déclaration qui devoit régler
les autres objets contestés: elle dit
qu'on devoit sc contenter de la parole,

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qu'elle donnoit, de ne faire arrêter personne pendant sa régence, sans les faire interroger dans les trois premiers jours de la détention. Le prince de Condé, qui ne prévoyoit pas qu'il se repentiroit un jour de n'avoir pas pris contre la reine d'autres précautions qu'une promesse verbale, engagea le parlement à n'en pas exiger davantage. Comme on n'insista pas dans les du 24 octobre, conférences sur la nécessité de re

Declaration

Histoire du

temps page mettre en vigueur l'arrêt de 1617, 386. contre le ministère des étrangers, la reine, qui voyoit son ministre sauvé accorda volontiers tout le reste, c'està-dire, presque tous les objets présentés par la chambre de Saint-Louis; elle s'en rapporta même au parlement pour la confection de la déclaration et des édits et arrêts qui furent publiés le 24 octobre. Ils portoient une diminution des tailles, la suppression. d'une partie des droits de tarif, des réglemens de finance, et enfin une assurance pour les officiers des cours souveraines, de n'être point troublés dans leurs fonctions par lettres de cachet ou autrement.

Bataille de

Ce même jour fut signée à Munster Lens, gagnée la paix dite de Westphalie, qui termina la guerre de trente ans. Elle avoit

par Condé.

été amenée par les négociations qui duroient depuis l'avénement du roi, et par les succès de la campagne de cette année, qui fut aussi vive que si la paix n'eût point été prête à se faire. Le prince de Condé envoyé en Flandre, avoit atteint l'archiduc auprès de Lens, dont celui-ci venoit de s'emparer. L'armée française étoit alors dans le plus mauvais état, mal payée, mal vêtue, minée par les maladies et la désertion; et, pour comble de malheur Rantzau, subordonné au prince, recevoit de la Cour des ordres immédiats, qui contrarioient souvent ses opérations. L'archiduc, profitant du peu de concert des chefs, du délabrement de leurs armées et de la supériorité dụ nombre, gaguoit toujours du terrein et s'étoit flatté, à la faveur des troubles de l'intérieur de reporter enfin le théâtre de la guerre sur le territoire de la France. Néanmoins à l'approche du prince, dont le caractère entreprenant étoit connu, il se fortifia dans sa position, et si bien que Condé, qui d'ordinaire ne voyoit rien d'impossible à son courage, prit le parti de décamper, 11 avoit espéré d'ailleurs, par cette demarche, amener l'archiduc à un changement de position, et il ne se trompa

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La Bavière

Turenne et

point sa retraite fut inquiétée el son arrière-garde attaquée, et même maltraitée. Mais le grand nombre d'ennemis que sa résistance mit en mouvement, décida celui de leur armée; et leur premier succès leur faisant augurer une victoire facile, ils sacrifièrent leur position à cet espoir. L'armée française revint dès-lors sur ses pas; et déjà en bataille dans le nouveau poste que lui avoit assigné son général, elle eut dès l'abord l'avantage de l'ordre sur l'armée espagnole, qui ne pouvoit se former qu'à mesure que ses bataillons arrivoient. Le reste de la journée répondit à la sagesse de ces premières dispositions, et le saug-froid du prince ne s'y fit pas moins remarquer que sa valeur. La déroute de l'ennemi fut complette et ne coûta aux Français que cinq cents hommes.

La branche impériale d'Autriche envahie par n'avoit pas été plus heureuse en AlleWrangel. magne. Turenne et Wrangel s'étoient portés sur le Danube, pour punir la défection de l'électeur de Bavière qui, après avoir reconquis tout ce qu'il avoit abandonné l'année précédente pour obtenir sa neutralité, avoit encore repoussé les Suédois jusque dans le pays de Brunswick. Ils attaquèrent

Mélander, général de l'armée impériale, à Summerhausen, au-delà du Danube, dans le moment qu'il se retiroit pour les éviter. Peu s'en fallut que son arrière-garde, à la tête de laquelle étoit le comte de Montecuculli, ne fut taillée en pièces par Turenne, qui se trouvoit à l'avant-garde de l'armée française. Mélander qui survint, la sauva, mais il succomba dans l'action. Les impériaux se retirant sur Ausbourg, mirent d'abord le Lech entre eux et les alliés, et bientôt après l'Ammer, l'Iser et l'Inn, en se retirant dans les pays heréditaires, et abandonnant la Bavière à la discrétion des Vainqueurs. L'électeur, âgé de soixante et dix huit ans, quitta Munich à la hâte et s'enfuit à Saltzbourg, d'où il pressa l'empereur de se prêter à la conclusion de la paix, seule ressource qui pût sauver ses états. Les pertes que de son. côté faisoit celui-ci en Bohême, où le général Suédois Konigsmarck, et le prince Charles Gustave, comte palatin de Deux-Ponts et depuis roi de Suède, venoient de lui enlever Prague, et de faire un butin immense, le déterminèrent aussi lui-même à mettre enfin un terme à cette longue et désastreuse guerre,

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